Chapitre 14.1
Bonsoir ! Vous allez bien ? Je suis vraiment désolée pour le retard ! J'espère malgré tout que vous apprécierez le chapitre.
Bonne lecture !
Des bisouus !
Elena
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Cela faisait cinq bonnes minutes que nous nous regardions en chien de faïence. Il y avait premièrement l’alpha : installé nonchalamment sur son fauteuil, il semblait plus que blasé. Son regard sur nos personnes, loin d’être tranchant, restait dérangeant. Et puis il y avait la femelle alpha. Elle avait un charisme à couprr le souffle, doublé d’une autorité naturelle. Elle n’était qu’assise, mais la domination suintait par tous ses pores. Nous n’étions pas ses loups et elle nous le faisait clairement comprendre. Cependant, elle ne pouvait dissimuler cette lueur qui faisait briller ses yeux à chaque fois qu’elle posait le regard sur cet homme au fond de la pièce.
Son fils.
Nous avions directement deviné qui il était. Non seulement son odeur le trahissait, mais la ressemblance avec sa mère était frappante. Evidente.
Et avec Billy, nous serrions les dents depuis. Nous n’avions pas été mis au courant de ce "léger" détail, tout comme nous ne savions pas qu’il y avait plus d’un millier d’habitants à Mørk Dal. Ça voulait dire qu’il y avait bel et bien une taupe dans notre organisation. Et cela ne nous plaisait pas du tout.
Pour couronner le tout, ledit avait engagé un combat de domination contre Billy. Ses yeux bleus le toisaient avec mépris alors que son aura cherchait à tout prix à l’écraser. Je ne savais pas ce qu’il avait vu en Peterson pour être aussi vindicatif mais ça ne présageait rien de bon. J’espérais simplement qu’il ne le convoquerait pas en combat singulier. Non pas que j’avais peur pour mon ami. Bien au contraire. Billy était… Disons qu’il aimait bien trop le combat pour ne pas se donner à fond dans chacun de ses duels, il le tuerait à coup sûr et nous serions démasqués sur le coup. Tout, absolument tout puait dans cette mission. J’avais l’horrible impression que rien ne nous était favorable, que l’on nous mettait des bâtons dans les roues pour nous empêcher d’avancer. Ce qui n’avait aucun sens.
Mais en soit, rien n’avait de sens depuis que j’étais ici alors…
-Min kjære ? Murmura David Jones.
Le chuchotement de David Jones fit éclater la tension qu’il y avait entre nous. Lorsque la femelle alpha se leva gracieusement en réponse et vint se poster devant nous, nous ne bougeâmes pas d’un pouce. Ce qu’il se passait était un geste fort pour nous, les loups. Notre société, bien trop patriarcale, laissait les mâles gérer les conflits, reléguant les femelles derrière comme si elles n’étaient rien. Et ce, même à puissance égale. Ainsi, en laissant le commandement à sa femme, David Jones nous signifiait qu’ils étaient deux à prendre les décisions, qu’ils étaient également deux à punir si nécessaire. Ce qui ne nous arrangeait pas. Avoir un alpha sur le dos était quelque chose mais en avoir deux… Ça devenait compliqué.
-Votre motif de venue ?
Sa voix, ferme et claire, s’adressait directement à Billy. Il n’y avait aucune forme de politesse entre eux. Et il n’y en aurait pas tant que nous n’aurions pas fait nos preuves.
-Je viens rendre visite à un ami qui a emménagé il y a peu. Comme convenu, j’officialise ma visite auprès des alphas locaux.
-La durée de votre séjour ?
Je me désintéressais de la conversation pour observer le bureau de David Jones. Après tout, Billy était un grand garçon qui pouvait régler quelques détails administratifs tout seul.
Je laissai mon regard balayer la pièce, de toutes les façons possibles et inimaginables. Mais je devais me rendre à l’évidence, la pièce était malheureusement toute simple. Un bureau, quelques fauteuils, des petites commodes, un sofa, quelques tapis, tableaux et bibelots. C’était assez neutre, dans les tons marrons et noirs avec quelques touches de blanc. Il n’y avait aucune information à glaner dans ce type de pièce. Tout était très bien rangé et impersonnel. Peut-être un peu trop. Avec le temps, nous apprenions à nous méfier des choses trop belles et trop lisses. On les avait généralement bien trop astiquées pour qu’elles ne soient pas suspectes.
-Damian Stevens ?
Je me retournai et aperçu le frère d’Elisabeth Jones à deux pas de moi. Il s’était approché de moi sans un bruit. Pour quelle raison ? Je n’en savais fichtrement rien.
-Lui-même, lui répondis-je. Et vous êtes ?
-Alexander Jones. Cadet de la famille et prochain alpha.
Grand brun aux yeux bleus, Alexander était le portrait de sa mère. Mais ça s’arrêtait là. Si sa mère semblait bienveillante, lui semblait suffisant, hautain, assoiffé de pouvoir. Il n’avait absolument rien en commun avec le reste de la famille Jones. D’ailleurs, je tiquai sur un détail.
-Prochain alpha ? N’est-ce pas à l’aîné de l’être ?
Cela était ainsi. Chaque aîné devenait alpha à la suite de ses parents, sauf en cas d’alliance ou de mariage, auquel cas la femelle alpha devait rejoindre la meute de son mari. Dans ces situations bien précises, le flambeau était passé au cadet et aux frères et sœurs restants. Si la lignée n’était composée que de filles alors celles-ci pouvaient tout à fait nommer des successeurs. Mais jamais, au grand jamais, le cadet ne prenait le pouvoir avant l’aîné. Il fallait être d’une cruauté sans nom pour le faire. Car dans ces conditions-là, nous enlevions absolument toute dignité et crédibilité à l’aîné. Comment diriger une future meute si même nos parents rechignaient à nous laisser diriger la leur ? Si même aux yeux de nos parents nous n’étions pas fiables, pourquoi l’être aux yeux des autres ? Les loups alphas ainsi dénigrés devenaient alors des solitaires. Et il n’y avait pas pire châtiment pour un loup. Celui-ci était fait pour vivre entouré des siens. S’il n’y avait plus personne, il s’étiolait. Il pouvait bien évidemment survivre mais les conditions restaient très compliquées.
Quoiqu’il en soit, David Jones ne me semblait pas être un alpha cruel. Alors pourquoi faire ça à sa fille ?
-Elisabeth ? Ricana son frère. Cette petite garce n’est qu’une bonne à rien, cracha-t-il. C’est à peine si elle est capable de…
-Alexander !
C’était la femelle alpha qui venait de parler. Elle ne l’avait pas simplement réprimandé… Non, elle avait utilisé son aura d’alpha pour le faire taire. Si nous avions vu une femme fière de son fils au début de l’entretien, il n’en était désormais plus rien. Son pouvoir s’échappait de son corps en volutes presque palpables alors qu’elle le fusillait du regard. Tout son corps semblait tendu à l’extrême, prêt à combattre son propre enfant pour l’outrage qu’il venait de commettre.
Quant à David Jones, il le regardait passivement alors qu’une veine commençait à gonfler dangereusement sur son front. Il semblait au bord de l’explosion.
Et la femme de l’alpha semblait l’avoir compris puisqu’elle ne s’embarrassa pas plus longtemps de nous et nous jeta littéralement dehors comme des malpropres. La porte se referma à quelques centimètres à peine de nos nez, nous laissant complètement hébétés. Déjà, quelques éclats de voix retentirent à l’intérieur. Ils n’avaient pas perdu de temps.
-Tu, hum.
Billy se racla la gorge avant de continuer.
-Tu sais ce qu’il vient de se passer ? Se reprit-il.
-Non, lui répondis-je. Et je ne cherche même plus à savoir ce qu’il se passe dans cette foutue meute.
Après tout, ce n’était pas mon job. On m’avait payé pour tuer quelqu’un. Alors oui je devais m’acclimater mais certainement pas jouer les petits détectives. Bon sang j’avais autre chose à faire !
Je ruminais en descendant ces foutus escaliers et mon humeur ne s’améliora pas en voyant le sorcier. Bon sang il ne manquait plus que lui ! Pour le moment, il ne m’avait pas vu alors j’en profitai pour le détailler pendant que nous nous rapprochions inexorablement de lui. Si son bas représentait un simple pantalon, le haut était on ne peut plus excentrique. D’un violet un peu douteux , très volatile et rempli de breloques en or qui tintaient à chacun de ses mouvements. Sa tenue vestimentaire était à son image, contradictoire. D’ailleurs, il parlait gaiement à un loup qui n’en avait cure, et qui l’ignorait donc superbement. J’allais en profiter pour passer discrètement quand son regard noir tomba aussitôt dans le mien. Un frisson me parcourut l’échine alors que les traits de son visage s’illuminèrent et qu’il avança rapidement vers moi.
-Oh mon petit Hauge ! Roucoula-t-il.
Dans le même temps, il me prit dans ses bras et je résistai de tout mon être pour ne pas le tuer, là, maintenant.
Je ne supportai pas les contacts.
-Comment vas-tu ? Pas trop mal à la tête en ce moment ? Me demanda-t-il en me tenant par les épaules.
Je le regardai, perplexe avant de répondre.
-Pas plus que d’habitude.
-Oh ? Alors ça ne va pas tarder ne t’en fais pas.
Il accompagna ses paroles d’un grand sourire alors que je le regardai de travers. Que m’avait-il fait, ce sorcier de malheur ?
-Ne me regarde pas comme ça mon petit loup. C’est pour ton bien que je le fais.
Il m’attira de nouveau à lui et m’enfermai dans son étreinte. Brutale, douloureuse, impossible à défaire. Et je compris aussitôt. Ce n’était plus lui aux commandes, c’était le sorcier noir.
-Quand tu auras mal, laisse la douleur t’envahir et délecte-t’en.
Je sentis dans le même temps ses doigts s’enfoncer dans ma peau et je luttai pour ne pas bouger. Il me tuerait aussitôt. J’en étais certain.
-Lutte et tu mourras, reprit-il.
Il me relâcha suite à ces mots et se mit à éclater de rire comme un dément avant de reprendre sa route.
Je le regardai partir, un peu hagard avant de réaliser une chose.
Un sorcier noir venait de me mettre en garde. Et ça ne présageait rien de bon.
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