Chapitre 1
Pourquoi étais-je arrivé en avance déjà ?
Je ne sais pas. Et je n'aurai clairement pas dû.
Ça faisait vingt bonnes minutes que je me posais la question. Que j'essayai de savoir le pourquoi du comment. Mais rien. Je ne comprenais pas ce qu'il m'était passé par la tête.
-Oh, pardon M. Stevens ! Je suis vraiment maladroite ce matin.
Je soufflai pour toute réponse. Vingt minutes, soit mille deux cent secondes pendant lesquelles Kate, si je me fiais à son badge, me frôlait ou me touchait «accidentellement». Cela faisait la quinzième fois. Et je dois dire que je commençais vraiment à perdre patience.
-Désirez-vous un café ?
-Volontiers.
Ses talons martelèrent le sol alors qu'elle s'éloignait et je soupirai d'aise avant de renverser ma tête en arrière et de fermer les yeux.
Bon dieu, que ce silence faisait du bien. Je me laissai doucement aller au calme, à la paix intérieure, m'intimant mentalement de ne pas l'étrangler sur le champ...
Jusqu'au moment où je me redressai brutalement en sentant une brûlure à la limite de mon entrejambe.
-Bordel de...
-Oh mon Dieu, je suis tellement désolée ! Je vais arranger ça, minauda la coupable en me mettant sa poitrine sous le nez, tout en frottant énergiquement sur la tâche avec une serviette.
Nom de... Tant pis pour la paix, le calme et le bien être intérieur.
J'eus une petite pensée pour Billy, certain qu'il allait me détester avant de tirer sur le bras de cette femme, qui me souriait de toutes ses dents, et de l'enfermer dans une pièce avec moi.
J'allais me faire un devoir de rectifier la situation.
*
Les mains dans les poches et les manches retroussées jusqu'au coude, j'entrai dans le bureau de Billy, mon employeur et accessoirement ami. Ça faisait quatre ans que je travaillais pour lui. Et je ne m'en plaignais pas. Loin de là. Je ne m'étais jamais autant fait de fric de toute ma vie.
Je refermai la porte derrière moi et le regardai, assit derrière son bureau. Comme d'habitude, ses courts cheveux blonds étaient négligés, ses yeux noirs charbons me regardaient fixement et sa carrure, moins imposante que la mienne, remplissait étrangement tout l'espace.
On ne croirait pas comme ça, mais sous ses allures de play-boy se cachait une véritable machine à tuer qu'il avait soigneusement rangée au placard.
Ce mec était doté d'un sang-froid à toute épreuve et était d'un sadisme inimaginable. Pour l'avoir vu à l'œuvre, je savais très bien de quoi je parlais.
-Salut Dam'. Allez viens, assieds-toi.
Je grimaçai sous le surnom utilisé. Je détestai ça. Et il le savait très bien.
-Quoi ? Tu préfères chaton ? Me demanda-t-il en souriant.
Je grimaçai encore plus. Nom de Dieu, pourquoi était-il mon ami déjà ?
Il éclata de rire à la vue de ma mine refrognée alors que je prenais place dans le fauteuil en bougonnant.
Il ouvrit la bouche, prêt à parler quand la porte s'ouvrit violemment et qu'une tornade rousse traversa la pièce comme un boulet de canon, déposa de ses doigts tremblants un papier sur le bureau avant de sortir précipitamment, tout en évitant soigneusement mon regard.
Billy ne prit même pas la peine de lire le papier et se pinça l'arête du nez entre son index et son pouce.
-Damian...
-Mmh ?
-Quand est-ce que tu arrêteras de menacer mes secrétaires ? C'est la cinquième ce mois-ci !
-Quand elles seront moins acharnées ?
-Mais ce n'est pas une raison bon sang !
Je ne répondis rien et il souffla fortement avant de m'insulter. Rien d'inhabituel en soit.
-Bon, comme tu t'en doutes, j'ai une nouvelle mission pour toi, se reprit-il.
Il accompagna ses mots en faisant glisser une pochette juste sous mon nez. Je m'en saisis et commençai à regarder le dossier.
-Une femme ? Demandai-je.
Billy hocha simplement la tête. Ça ne me plaisait pas trop. Je n'aimais pas tuer les femmes et les enfants. Certains auraient pu trouver ça macho ou sexiste, mais je n'en avais rien à faire.
-Et qu'est-ce qu'elle a fait ?
Cette question, je la posai à chaque fois. Savoir le pourquoi du comment était pour moi primordial. On ne tuait pas un voleur et un tueur de la même façon. L'un mourrait rapidement. L'autre non. Autant éviter de gaspiller du temps inutilement.
-On ne sait pas.
-Quoi ?
-On ne sait pas, répéta-t-il. On ne nous a donné aucune information. Juste qu'il fallait l'abattre au plus vite.
Je hochai la tête en fronçant les sourcils. Il y avait quelque chose de louche.
-J'ai quelque chose d'autre à savoir ?
Billy s'enfonça dans son fauteuil en soupirant. Il y avait bien quelque chose qui n'allait pas.
-L'employeur a disons... des demandes particulières.
-Comment ça ? Demandai-je suspicieux.
-Cette femme est assez connue. On ne peut pas s'en débarrasser d'un coup sans attirer l'attention. Tu n'en sortirais pas indemne et lui non plus.
Jusque-là, ça me semblait logique. Il voulait assurer ses arrières et c'était parfaitement compréhensible.
-Et qu'est-ce qu'il propose ?
-La ville où elle vit est étroitement surveillée. Tu ne peux pas rentrer comme une fleur sans te faire repérer alors...
-Attend, le coupai-je. Comment ça la femme est étroitement surveillée ?
-C'est la fille d'un alpha, me répondit-il en soupirant.
Oh merde... Ça compliquait considérablement les choses.
-Donc je disais, reprit-il en m'adressant une œillade noire que j'ignorais superbement, il faut que tu t'incrustes dans cette ville. Que les habitants te fassent confiance. Et seulement à ce moment-là tu pourras l'éliminer.
Je ne le sentais pas. Cette mission puait à plein nez. Et mon instinct me hurlait de refuser. Pourtant, les mots sortirent de ma bouche sans aucune retenue.
-Et il me donnerait combien ?
-Un million de dollars.
Un million. Un million de dollars pour tuer une simple femme. Jamais on ne m'avait proposé autant. Et je dois dire que ça m'intriguait.
-Ok. Dis leur que j'accepte.
-Parfait. Tu prends l'avion demain matin pour la Norvège.
-Quoi ? Attends, c'est quoi ces conneries ?
Il me faisait quoi là ? J'avais toujours spécifié que je voulais rester sur le continent. Changer de ville ne me dérangeait pas du moment que je restais sur le même sol. Mais là... ?
Ça ne faisait pas partit du contrat.
-Je n'y peux rien, me répondit-il complètement hermétique à mes remarques. Je connais tes exigences et j'ai toujours tout fait pour les respecter. Sauf que là, l'ordre ne vient pas de moi. Alors tu vas bouger ton joli petit cul et prendre cet avion.
Je soufflai doucement. Ça ne me plaisait pas. Mais alors pas du tout. Sauf que j'avais accepté. Et que je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. Merde !
J'allais protester davantage mais un coup d'œil en direction de Billy m'apprit qu'il ne valait mieux pas. Ses yeux étaient entièrement noirs et son corps entier semblait crispé de colère contenue. Une autre chose à savoir sur lui, il n'aimait absolument pas que l'on insiste ou qu'on le contredise. Et la patience n'était pas son point fort. Bien au contraire.
-Je ne savais pas que tu fantasmais sur «mon joli petit cul», dis-je en bougeant exagérément mes sourcils pour détendre l'atmosphère. Et il le fallait. Il pouvait me sauter dessus d'un instant à l'autre. Dans tous les sens du terme.
-C'est ça. Allez sors de là, dit-il en rigolant.
-Et en plus tu me mets à la porte ? Continuai-je en plaisantant.
-Damian...
Sa voix s'était faite plus rauque, plus grave. Beaucoup plus dangereuse. Je levai les mains en signe d'innocence, mon sourire toujours au coin de mes lèvres et secouai doucement la tête avant de sortir de son bureau.
Autant de ne pas tenter le diable. Parce qu'une chose était certaine, ce mec en était sa réincarnation.
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Voilà pour ce début ! Qu'en pensez-vous ? Merci de me laisser vos avis, ça me ferait super plaisir !
Des bisouus !
Elena
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