Ma bouche rendue sensible par ses baisers fiévreux exhala un souffle torturé, entre désir, peur, et attente insoutenable. Je voulais toujours plus de sa peau contre la mienne, de ses mains sur mon corps, de nos respirations emmêlées. Je le voulais, lui.

Ses yeux, parés de reflets magnétiques, s'immiscèrent dans mon âme, si intenses qu'ils semblaient fouiller mon esprit. Un long frisson que je ne pus réprimer me traversa sous la profondeur de son regard brillant, de désir, mais aussi de ce qui me sembla être une affection dévastatrice. Je me sentais disséquée, déchiquetée de l'intérieur, comme s'il retournait l'essence même de mon être afin de mieux m'atteindre. Mais surtout, il voulait me comprendre, et savoir si j'en avais envie, moi aussi.

Mes doigts effleurèrent sa joue parée d'une barbe discrète, l'argent disparut de ses prunelles pour être remplacé par de l'onyx, un désir presque liquide qui me coupa le souffle. Alors il m'embrassa, et je me sentis revivre, à nouveau capable de respirer. Sa main partit à la découverte de ma poitrine encore parée de ma brassière en dentelle, une sensation de plaisir grisante s'empara de mon bas-ventre sous son léger contact. Sa bouche ne tarda pas à me procurer des palpitations délicieuses, je fus emportée vers des limbes embrumées, un endroit où le temps s'était arrêté pour nous permettre un tête à tête incandescent.

Mon jugement s'obscurcit pour réduire le panel des possibilités qui s'offrait à moi. De cette étreinte, il ne restait qu'une seule issue, irrémédiable, délicieuse. Cette révélation agit comme un électrochoc sur mon esprit, et je m'animai, sûre de moi.

Ses yeux étaient toujours plantés dans les miens, semblaient guetter un possible retournement de situation. Pourtant, je n'avais jamais été aussi persuadée de vouloir une chose. En l'occurrence, lui.

        Son corps m'entraîna alors dans un tourbillon de sensations incroyables, saisissant tout mon être de spasmes délicieux, jusqu'à notre union parfaite. Durant un instant, il fut aussi proche de moi que nul autre ne l'avait été auparavant. Son esprit fusionna avec le mien, et ils voguèrent dans la petite pièce, enlacés jusqu'à l'étouffement. Nos âmes s'accordèrent sur une valse dont le tempo suivait les battements de nos cœur, tournoyèrent en parfait synchronisme.

          Plus que son sexe qui épanouissait le mien, c'étaient tous mes tourments qui s'apaisaient sous son souffle rapide. Un tremblement s'empara de mes membres engourdis de plaisir, des perles salées se déversèrent entre nous, scellant ce moment à l'écart de tout dans ma mémoire. Son regard me sonda, un éclat de fer transperça le nuage sur lequel nous reposions, il s'éloigna brusquement. Je le retins, le serrai si fort en mon sein que rien n'aurait pu s'immiscer entre nous. Pas le moindre doute, la moindre peur.

Les larmes qui m'avaient échappées n'étaient pas dues à un quelconque regret, mais à une émotion si forte qu'elle me bouleversait. Mon attachement pour lui avait encore grandi, m'amenant au bord d'un gouffre au fond assombri d'une brume opaque. Ne restait qu'à savoir si j'étais prête à sauter.

Et si, parasitée par des souvenirs malsains, je m'écraserais, seule.