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Avant

Mon ventre se gonfla sous l'inspiration que je pris, et repoussa sa main plaquée sous mes côtes. La mélodie se déroulait dans mes oreilles, douce et poignante ; harmonieuse. Ma voix ne tarda pas à retentir dans la pièce, l'emplissant de son timbre si rauque, prêt à se briser à chaque note ; fragile.

Je sentais ses yeux sombres me scruter, attentifs à la moindre hésitation, à mon souffle qui menaçait de trembloter, à ma voix sur laquelle j'en étais réduite à forcer pour atteindre les notes. Sa main n'avait pas bougé, absorbait le stress qui nouait mes entrailles, me réconfortait par sa chaude présence. Elle bougeait sur le tempo lent de la musique, au rythme de mes inspirations sèches.

« I wish nothing but the best... for you »

Une larme humidifia mon œil, l'émotion enserrait ma gorge en un étau qui me parut presque meurtrier. Mais il était à mes côtés, me soutenait coûte que coûte, désillusion après désillusion, s'appropriait mes déceptions pour me permettre de respirer. De chanter.

« Don't forget me, I beg »

Sa voix s'éleva comme un murmure, s'enroula autour de la mienne dans une caresse furtive. Elles dansèrent ensemble dans l'atmosphère électrique. Elle voguèrent sur la tristesse. Elle s'accrochèrent l'une à l'autre, incapables de vivre séparément. Sa main s'empara de mes doigts tremblants lorsque l'émotion fit bourdonner mes tympans, trembler mes membres. Mais pas mon souffle.

« Sometimes it hurts instead »

Mon unique larme s'échappa et dévala ma joue si vite que je n'en sentis pas le contact, l'humidité caressante, la douceur passionnée. Mon cœur fut broyé par tous les sentiments qui accompagnaient cette perle d'eau salée. Tout mon corps fut pris de violents spasmes qui ne réussirent pas à me déconcerter. Mais Teddy craqua, ne put continuer à chanter. Je savais qu'il percevait ma détresse, qu'elle le bouffait autant qu'elle m'étouffait.

J'étais confinée dans un bocal rempli d'eau, et l'air diminuait inexorablement à mesure que je chantais. Mais je ne pouvais pas m'arrêter, car c'était devenu ma raison de vivre, le seul souffle capable d'empêcher ma noyade. Le chant était nécessaire à ma survie.

Et Teddy m'aidait à maintenir ma tête hors de l'eau trouble. Je lui faisais confiance, bien que notre relation n'ait pas toujours été au beau fixe. Lui aussi m'était devenu presque indispensable, et ce, en peu de temps.

La dernière note retentit, je me tus dans un claquement de mâchoire sonore qui serait coupé au montage. Loin de me préoccuper du devenir de notre reprise, je m'écroulai à même le sol au moment où mes jambes me lâchèrent. J'exhalai un souffle que j'autorisai à être tremblotant, tentai de maîtriser les battements erratiques de mon cœur.

Mon ami s'accroupit à mes côtés, son bras se glissa dans mon dos pour me rapprocher de lui. Sa présence réconfortante m'apaisa immédiatement, mais sans faire disparaître cette chape de douleur qui alourdissait mon cœur. Comme si un boulet lui était attaché et qu'il sombrait progressivement dans ma poitrine.

À mon image, il tombait irrémédiablement vers des profondeurs incertaines et sombres ; furieusement attirantes.

Je voulais m'y perdre, m'y noyer. Oublier.

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Someone like you, Adele

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