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— America ! brailla Pyper.

            Cette fille était une enfant. Toutes les émotions qu'elle ressentait étaient exacerbées, et elle ne pouvait s'empêcher de les faire jaillir sous la forme d'une voix de crécelle. Et généralement, d'un hurlement.

           J'enfilai à la hâte un top noir en maille fine dévoilant la brassière en dentelle de la même couleur qui me servait de sous-vêtement. Le tissu ajouré caressait doucement ma peau nue, provoquant des frissons le long de mon dos. Un short ébène complétait ma tenue un brin décalée.

           Je finis par descendre sous le regard scrutateur de mon amie, qui portait une courte robe toute aussi sombre qu'un ciel de nuit. Le vêtement était ouvert dans son dos, afin de dévoiler sa peau dorée par l'astre diurne. Ses yeux clairs m'examinèrent succinctement avant qu'un soupir las s'échappe de sa bouche vermillon.

— Et t'es même pas encore maquillée ?

            D'un geste vif, elle s'empara de sa trousse, en sortit mascara et rouge à lèvres bordeaux pour m'appliquer le tout avec forces plaintes. Elle était en train d'attacher mes cheveux - comme si je ne pouvais pas le faire moi-même - lorsque Lucky fit son entrée.

Mon cœur rata un battement, et les tremblements de mes jambes s'accentuèrent. Son regard s'accrocha au mien, le bleu de ses yeux sonda mon esprit, comme s'il y cherchait des réponses. La douleur qui l'habitait depuis que je le connaissais s'était estompée, et nulle ombre n'obscurcissait la clarté de ses iris.

Pyper lâcha brusquement mes cheveux, qui retombèrent en vagues bleu électrique sur mon visage, et se dirigea à grand pas, d'une démarche presque hautaine, vers la porte d'entrée. Je me retrouvai seule, face à lui, mon estomac se tordant en tous sens. Une appréhension tenait ma gorge en étau, submergeait mes nerfs. Lui-même hésitait, je voyais le doute contracter sa mâchoire, sa peur de me faire fuir le poussait à m'examiner.

— Salut..., chuchota-t-il.

Une vague de stress me percuta de plein fouet juste avant que je ne décide de prendre les choses en main. Il le fallait, pour nous.

— Arrête, ma voix claqua dans le silence qui nous enveloppait, arrête ça tout de suite.

Il recula, sa bouche se tordit dans un rictus de déception. Une onde de panique me poussa vers lui, j'effleurai délicatement son poignet pour éviter qu'il ne fuie.

— Arrête de faire comme si j'étais en sucre, murmurai-je, désormais si proche de lui que je pouvais distinguer des perles opale dans le bleu glacial.

Son souffle se répandit sur mon visage, lourd de soulagement, et il me prit dans ses bras. Nos torses se rencontrèrent en un contact enflammé qui fit s'emballer mon cœur, mes sens, brouilla mes pensées. Ses mains remontèrent le long de mes bras en une douce caresse, je me sentis basculer lorsque l'une d'elles atteignit mes cheveux. Tout mon corps était tendu de désir, une douloureuse attente contractait mes muscles, rendait mon souffle fébrile.

— America..., souffla-t-il à son tour, tu me rends dingue...

Et sa bouche s'empara avidement de la mienne, quoique son geste fut doux et tendre. Dans un mélange enivrant de délicatesse et de passion, il m'enlaça plus étroitement, je me sentis sombrer dans son étreinte rassurante. Mon esprit s'apaisa, me fit miroiter un endroit placide où je pourrais éprouver le bonheur, en la compagnie d'un homme sûr.

Un bonheur dont j'avais été privée mais qui m'attirait aussi sûrement qu'un aimant.

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