Même Longueur d'Onde
Ma respiration s'accéléra tandis que mon cœur cognait dans ma poitrine. Ah... C'était déstabilisant. Ma gorge se noua alors que je sentais son souffle caresser ma peau. Cette sensation m'était familière, comme un pressentiment de déjà-vu. Mon cœur manqua un battement alors que je croisais son regard. Je n'avais aucune envie de reculer ou de m'échapper. J'avais cette impression d'être prisonnière de son regard, captivée par ses pupilles de sang. Deux perles brillantes qui cachaient bien des choses.
-Pourquoi tu ne... me laisse pas juste partir ?
Fis-je doucement. Il eut un léger sourire en coin et s'écarta alors de moi. Son sourire malicieux en disait long, et il mit fin à la conversation en quelques mots énigmatiques.
-Tu verras bien. Ou pas.
Par la suite, les jours passèrent sans que je ne puisse les différencier. Je m'étais acclimatée à la chambre de Ben et à ses moindres recoins rapidement, il n'était pas toujours méchant avec moi, mais il ne me laissait jamais sortir, sous aucun prétexte. Ben ne m'apportait pas toujours des repas, mais curieusement, je ne ressentais pas le besoin de manger. Pour ce qui était de dormir, c'était la même chose. Mais par automatisme, quand il faisait nuit noire à la fenêtre, je me couchais dans le lit que Ben me laissait pour dormir. Ces détails ne me dérangeaient pas plus que ça, j'étais trop occupée à chercher les bonnes questions à poser. Et j'en avais beaucoup, des questions. D'ailleurs, Ben me posait régulièrement des questions, me demandant si je me souvenais de quelque chose. A chaque fois que je répondais par la négative, il m'offrait un léger sourire que je dirais... Encourageant. Puis il retournait à ses activités, quelles qu'elles soient.
J'avais le droit de jouer avec lui à ses jeux vidéos, c'était amusant, mais il n'était pas toujours présent. Je m'ennuyais pas mal toute seule dans ces moments. Ma mère et mes amis me manquaient... Mais Ben m'avait dit que je pourrais les revoir bientôt.
Un jour où regarder par la fenêtre m'avait finalement lassée, je m'en détournais en soupirant et me laissait tomber sur le lit, rebondissant légèrement. Mon regard s'attarda sur la porte. Fermée, comme d'habitude. Ben m'avait dit que ça n'était pas pour m'empêcher de partir, mais pour empêcher des gens d'entrer. Et je le croyais. Il ne m'avait pas fait le moindre mal, et me traitait bien... Ce n'était pas de la naïveté. C'était un bon pressentiment. Je me levais au centre de la pièce, enjambant la pagaille de piles de CDs, jeux vidéos et câbles. Je manquais même de peu d'écraser un Trine 2. Une fois devant mon ordinateur poussiéreux, je tapotais la surface de la paume de la main comme je le ferais sur l'épaule d'un vieil ami.
-Eh ben mon vieux, tu as vu de meilleurs jours.
Je soufflais, et de la poussière s'éleva dans les airs pour retomber un moment après. Même ma main avait laissé une trace sur la surface métallique. J'étais un peu nostalgique, et j'avais envie de voir mes anciennes photos de vacances enregistrées dessus.
-Hmm... Je me demande si Ben peut te réparer. Peut être qu'il l'a déjà fait ?
Je pressais mon index sur le bouton de démarrage. Un vrombissement retentit, indiquant que l'appareil était allumé. Mais il ramait beaucoup, il devait probablement aussi bien y avoir de la poussière à l'intérieur. Je passais sous la table en m'accroupissant, avant de bidouiller un câble pour le relier à l'écran de Ben. Je dû faire plusieurs aller retour sous la table et face à l'écran, jusqu'à ce que mes tentatives s'avèrent concluantes. J'étais couverte de poussière. Bon, au moins, Ben n'aurait plus à faire le ménage, pensais-je avec ironie. Je chassais au mieux les pelotes grisâtres, avant de m'asseoir devant l'écran, poussant une boîte en plastique pleine de câbles pour me faire une place au sol.
-Heh, ça fonctionne !
Ma fierté fut pourtant de courte durée. l'écran me renvoyait l'écran lui-même. Je restais statique. Il me fallut quelques secondes pour me remettre de la stupeur.
-Euh... Il y a un problème.
Je me redressais, avant de me figer à nouveau. Le mouvement à l'écran était identique.
-...Est-ce que... Est-ce que c'est relié à ce que je vois ?
Absolument confuse, je vérifiais ma théorie en regardant plus à gauche. Le mouvement de l'image était identique. Mais... Je n'étais pas une caméra, que je sache ! Et puis, où était le programme de l'ordinateur ?! Le souvenir du moment où j'avais coupé le courant de l'ordinateur me revint. Sans courant, j'avais cru dépérir. Mon imagination se mit à s'affoler, mais je me ressaisissait prestement, secouant la tête.
-Pfft, n'importe quoi. Ça ne se peut pas. Cela dit... Je ne sais pas comment fait Ben pour sortir des écrans et flotter dans les airs.
Si je m'étais ennuyée un peu plus tôt, je venais de trouver de quoi occuper les heures suivantes, laissant mon imagination envisager toutes sortes de possibilités, plus absurdes les unes que les autres. A la tombée de la nuit, Ben entra dans la chambre par la porte, une boîte en carton dans la main. Je m'installais plus confortablement au sol, les jambes croisées, sourire aux lèvres en accueillant le jeune homme gaiement. J'avais déjà éteint mon ordinateur et débranché l'écran, prévoyant de l'interroger à une heure plus propice à ce sujet.
-Salut ! Qu'est-ce que c'est ?
Je désignais la boîte du menton. Il s'assit à côté, me laissant entrevoir le logo de la pizza. J'aurais aussi pu deviner facilement avec l'odeur. Il me la mit dans les bras, et ce simple rapprochement me porta l'odeur du sang aux narines. Ça n'était pas la première fois. Et ça venait de lui, mais c'était discret. Mon regard s'attarda sur ses boucles blondes, sur son cou fin et sa peau pâle.
-Je crois que t'aime ça.
-Hm...? Oh, la pizza ?
Il pouffa de rire.
-Quoi d'autre ?
Mes joues chauffèrent d'embarras, et j'hochais positivement la tête pour toute réponse. J'ouvrais tranquillement la boîte, pas étonnée de voir qu'il avait prit ma préférée. Je me servais une part, pensive. J'avais des questions à lui poser... Mais je savais que j'allais encore me dégonfler.
Je relevais la tête pour l'observer discrètement, mais ma tentative ne passa pas inaperçue, puisque ce dernier me fixait avec insistance. Depuis combien de temps ?
-Humm... Tiens.
Je poussais la boîte près de lui pour qu'il se serve aussi et dégustais ma part en prenant mon temps. Je me léchais les doigts puis me resservit une autre part, alors que le jeu vidéo de Zelda entrait dans mon champs de vision.
-Merci.
-Dis, on pourrait jouer à Zelda ce soir ? Je suis sûre que tu aimes ce jeu vu comment tu t'habilles.
Ricanais-je. Il me lança un regard narquois. Là, on parlait de choses qui le passionnaient assurément. Il était toujours très enthousiaste pour parler de ses jeux.
-Ouais, lequel ? Breath of the wild ? Awakening ?
-Comme tu veux !
Rétorquais-je hâtivement en attrapant au moins trois jeux avec l'image de Link. Il avait eut la même réaction, et m'observait avec amusement. J'avais l'impression d'être complice avec lui, et sa chambre était notre repaire. Je réprimais un gloussement, avant de pointer du doigt le jeu intitulé skyward sword. Il approuva d'un hochement de tête.
-J'aime bien celui là aussi. Tu branches les manettes ?
-Ça marche !
Je choisissais deux manettes dans le bac en plastique, et je les branchais pendant qu'il lançait le jeu. Enfin, je retournais à ma place. Ben se plaça derrière moi pour prendre sa manette, et enroula un bras autour de ma taille pour me rapprocher. Je me laissais faire, entourée de ses jambes. L'un contre l'autre, nous avions le regard rivé sur l'écran. Mon cœur battait à toute allure, et je pressais mon dos contre Ben, ressentant l'allégresse du jeu dans mes veines. Avant de sélectionner le menu du jeu, je tournais la tête pour regarder le blondinet dans les yeux, l'air soudain intransigeant. Je lui donnais un coup de coude pour qu'il détache ses prunelles sanglantes de l'écran et obtenir son attention.
-Je me suis ennuyée toute la journée sans toi !
Ses yeux s'écarquillèrent et il me dévisagea, bouche-bée. Puis la peau pâle de son visage vira au rouge, sous ma moue boudeuse. Il se gratta la nuque, gêné.
-La prochaine fois tu rentreras plus tôt ?
-O-Oui, je vais essayer...
Promit-il, la pointe de ses oreilles basse et écarlate. Je reprenais ma contemplation de l'écran en me mordant la lèvre inférieure. J'étais calme à l'extérieur, silencieuse... Mais intérieurement c'était l'hystérie.
Comment avait-il fait, là, à l'instant ?!
Cet air...
C'était si mignon !
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