Chapitre XVII


- Et alors ?

- Et alors, Luke c'est tout ce que tu trouves à dire ? Et alors ?

- Je te protège, tu as entendu ce qu'il a dit à ton sujet ?

Je secouai la tête. Cet idiot n'avait rien compris.

- C'était de la provocation, c'est tout !

- Katelhyne...

Luke voulut se saisir de mon épaule mais je me dégageai.

- Becca, on s'en va.

Becca sortit de sa cachette et me rejoignit. Lorsqu'elle passa devant Luke, il souffla bruyamment. Je me dirigeai vers la porte avec mon amie. Je voulais me réfugier dans ma chambre le plus vite possible, prendre mes affaires et partir d'ici. Mais je devais contrer cet instinct naturel qui me broyait de l'intérieur. Il faisait de moi quelqu'un que je détestais plus que tout.

Becca était toujours derrière moi tandis que j'étais plongée dans ma lutte.

- Si tu t'efforces toujours d'être normale, tu ne sauras jamais à quel point tu peux être exceptionnelle, Maya Angelou.

Je haussai un sourcil.

- Tu comprendras le moment venu.

Elle s'éloigna en direction des dortoirs. J'étais à nouveau seule. C'était ça ma vie ? N'être comprise que par moi-même ? Inciter les autres à commettre le mal ?

Je partis dans le sens inverse de Becca, pour m'enfoncer plus profondément dans les entrailles de la coalition. Je passai devant un groupe d'entraînement à la magie. Marta et Parker faisaient une démonstration. En me voyant, Claire et Elora me firent signe de venir les rejoindre. Je continuai à marcher sans but précis. Demain j'aurais mon premier cours avec Luke et Natchos, sans doute mon premier fiasco. Mais je devais tout donner pour vaincre Nathaniel et sa mère. Je voulais récupérer ma bague. Je voulais apprendre à connaitre ma mère mais par dessus tout je voulais voir mon père.

- Ma katelhyne, ma chère katelhyne ... mais où es-tu ?

J'étais assise sur le sofa de notre salon. Mon père se tenait la tête entre les mains, les épaules avachies par la tristesse et le désespoir.

- Papa...

Je me jetai sur lui, mais il ne le vit pas.

- Papa s'il te plaît je suis devant toi !

Il commença à pleurer, ses épaules tressautèrent au rythme de ses sanglots. Le voir comme ça me rendait vide, je ne créais rien de beau. J'avais détruit mon père, ma naissance avait séparé mes parents. Je ne faisais que le rendre malheureux.

Je pris sa main et pleurai avec lui.

- Je suis désolée papa... je suis désolée de ne pas être celle que tu voudrais que je sois, je m'en veux tellement, si tu savais papa... regarde moi, je suis là !

Je frappai la vitre de notre maison, le verre se déroba sous ma main.

- Papa regarde moi ...

Je m'écroulai à ses pieds.

- Je t'en supplie. Chuchotai-je.

On toqua à la porte de notre maison, mon père me regarda enfin dans les yeux. Je me levai tout en prenant soin de ne pas rompre le contact visuel. Erreur, il s'agissait de son reflet dans le miroir qu'il regardait. Son reflet qui trahissait ses yeux bouffis et rougis. Les coups à la porte s'intensifièrent.

- Si tu m'entends Katelhyne, je t'aime ...

Il alla ouvrir la porte, je le suivis. Je le suivrais jusqu'au bout du monde sans me poser de questions. Mon père est sans aucun doute la personne envers qui j'ai le plus confiance malgré les apparences.

Il tourna la clé dans la serrure et baissa la poignée. Des hommes armés entrèrent et pointèrent leurs fusils sur mon père. Il leva les mains, signe qu'il capitulait.

Ça ne lui ressemblait pas ... mon père se battait pour ses intérêts.

Nathaniel, suivi de Valentina, entrèrent à leur tour.

- Bien le bonjour Frank ! Chantonna-t-elle.

Mon père garda le silence.

-Tu n'es pas tellement bavard ... serait-ce parce que ta fille a disparu ? Je tiens à te rassurer, nous l'avons perdue nous aussi !

Nathaniel rigola avec sa mère.

- Perdue en pleine nature hostile de la Faerie. J'espère au moins qu'elle est morte.

Frank secoua la tête...

- Vous avez besoin de la violine et c'est elle qui l'a.

Valentina agita sa main sous le nez de mon père pour changer de sujet.

- Tu as vu ma nouvelle acquisition, ma toute nouvelle bague ?

Les yeux de Frank s'ouvrirent si grands que je me demandai comment c'était possible.

- Katelhyne !

- Papa ! C'est un piège, elle ne le sait pas ! J'avais beau crier il ne m'entendait pas.

- A quoi sert-elle ?

- A rien ...

- Mensonge ! cria Nathaniel.

- Chéri, calme toi, laisse ta mère faire.

Nathaniel se retourna vers elle. Valentina se rapprocha de Frank et lui prit le menton.

- PARLE !

Mon père ne dit toujours rien.

- Très bien, je vais devoir le faire moi-même.

Elle retroussa sa lèvre supérieure et fronça les sourcils. Mon père se mit à hurler à terre, tout en convulsant.

- Papa ! Papa ! Non, papa !

Cette vision d'horreur me remplit d'une rage indescriptible.

Je me jettai sur Valentina pour la tuer. Contre toute attente je pensais que cela n'aurait servi à rien et que tout comme mon père elle ne m'aurait même pas sentie. Cependant elle tomba à la reverse. Mon père continuait à convulser mais il ne criait plus. Je me focalisai sur Valentina. Je la griffai, je la frappai, je m'acharnai.

Elle se débattit contre un fantôme invisible. Avec toute ma volonté je pris le vase de l'entrée et lui jetai au visage. Il se brisa, je saisis un morceau et lui entaillai la joue. Je voulus me charger de sa gorge mais on me tira en arrière. Grâce à cela elle para mon coup et me coupa la tempe. La brûlure de la porcelaine cisaillant ma peau me rappela la douleur de mon père.

- Papa, noon!!

Valentina se leva tandis que je me débattais. Elle se diriga vers la porte avec Nathaniel qui l'attendait dehors.
Sa majesté impériale exigeant une seule chose :

- Tuez le ! Et envoyez son sang à sa fille.

Un homme s'approcha de mon père et lui entailla la peau. Il imbiba un tissu blanc qui devint rouge au contact de son sang. L'homme se recula. Les autres armèrent leurs fusils et tirèrent. Je fermai les yeux.

- Je t'aime aussi, papa.

Quand j'ouvris les yeux, je voulus pleurer mais rien ne sortit, je savais que ce n'était pas une vision mais bien la réalité. Mon père avait était tué par Valentina.

Je me frottais les yeux, ma vision était trouble, je ne voyais plus rien.

- Papa ! Criai-je.

Les larmes coulèrent, malgré toute ma volonté, je me maudissais. J'avais ruiné ma famille. J'aurais dû rester avec mon père à Atlanta et ne jamais connaître Nathaniel.

"Tu sais autant que moi que cela n'aurait rien changé, nous étions destinés à venir ici."

Je perdais la tête, je voulais jouer les guerrières mais il fallait se rendre à l'évidence : je ne servais à rien dans ces mondes. Les royaumes de Faerie autant que mon monde regorgent d'êtres horribles : tueurs, violeurs, assassins... l'être humain n'est pas parfait, certes, mais nous arrivons à un stade où l'être humain a perdu sa condition d'homme. Il est désormais dicté par l'instinct animal. J'allais donc apprendre à me battre, j'allais venger mon père. C'était mon unique but.

"Tu oublies notre bague, Katelhyne..."

Au diable cette bague, c'était elle qui me faisait tout ces soucis et puis Valentina pouvait faire ce quelle voulait de ce monde, ce n'était pas quelqu'un comme moi qui pourrait l'en empêcher.

"Tu iras chercher la bague !"

Tais-toi conscience, je décide maintenant !

Je réprimai cette voix au plus profond de mon être, comme lorsque j'étais petite. Comme lorsque je n'avais pas la bague. C'en était assez, je partis vers ma chambre et m'allongeai dans mon lit. Mon sommeil fut hanté de cauchemars plus atroces les uns que les autres.

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