Chapitre XIII
Luke me montra seulement le couloir de droite.
- On n'est pas pressés dans l'immédiat. Tu auras tout le loisir de voir celui de gauche demain, à tel point que tu ne voudras qu'une seule chose, retourné dans ton lit.
Le couloir été illuminé par quelques rares torches au mur. Il prit la première porte à notre gauche et nous entrâmes dans un réfectoire.
- Comme tu peux t'en douter c'est ici que l'on mange mais c'est aussi la salle commune.
A l'énonciation du mot manger mon ventre se remit à crier famine. J'essayai tant bien que mal d'étouffer le bruit mais cela ne fit qu'augmenter mes gargouillements. Rien qu'à imaginer de la nourriture je me mis à saliver. Pour couper mon envie de me nourrir, je fis un rapide tour d'horizon. Il y avait des tables précaires partout avec de longs bancs de chaque côtés. Je me retournai vers Luke.
- Combien sommes-nous en tout ?
Mon ventre se remit à crier de plus belle.
- Une quarantaine ... Tu as faim ?
Je hochai la tête énergiquement. Il me fit signe de le suivre. Au fond de la pièce se trouvait une ouverture qui donnait sur la cuisine. Une table trônait en son centre autour du frigo et des cuisinières.
- Vous avez l'électricité et le gaz ?
Il se dirigea vers le frigo et sortit un plat déjà préparé.
- On a même de la tarte au chocolat. T'en veux ? Parce que sinon je mange tout.
- On fait moitié moitié ?
- Adjugé !
Il mit tout les plats sur la table et se coupa la moitié de la tarte. J'avais de nombreuses questions à poser mais ma priorité était de me nourrir convenablement.
- Où tu as appris à te battre comme ça ?
La bouche pleine. Je lui expliquai que mon père m'avait appris à me battre pour échapper à Nathaniel si jamais il m'attrapait.
- Ton père est décidément un homme réfléchi, j'ai hâte de le rencontrer.
Je me rappelai que Luke devait le voir pour moi.
- Tu lui diras que je l'aime ... Et que je rentre le plus tôt possible.
Penser à mon père me déchirait de l'intérieur. Il me manquait chaque jour un peu plus et je m'inquiétais pour lui. Valentina et Nathaniel allaient forcément s'en prendre à lui pour m'obliger à revenir.
Le regard marron de Luke me transperça. Il me regarda, le visage fermé comme aspiré par ...
-Le petit chef veut bien arrêter de sonder mon esprit ?
Il souria de tout ses dents et prit un morceau de tarte.
- Je ne lui dirai pas ...
Toujours tout sourire, je ne comprenais pas sa réaction. Décidément, je ne pouvais faire confiance à personne, tout le monde mentait à tout le monde.
- Tu es vraiment un ....
- Génie, je sais, tu me l'as déjà dit. En revanche tu diras toi-même à ton père que tu l'aimes.
Ma poitrine se libéra d'un poids : j'allais voir mon père, j'allais pouvoir tout lui dire, que j'allais bien et que je me battais pour une cause que je jugeais importante.
Jusqu'ici je ne m'étais pas vraiment posé la question, pourquoi est-ce que j'avais réellement rejoint la coalition. Certes je voulais ma bague et faire souffrir Valentina et son maudit fils. Mais je voulais venger ma mère, je voulais venger la vie normale que je n'avais jamais eue. C'était la faute à Valentina qui n'avait pas voulu donner un souverain, enfin elle avait manipulé tout le monde pour ne pas respecter l'accord avec les créateurs. Et pour cela je lui en voulais parce qu'elle avait agi dans ses intérêts et pas dans ceux de son peuple comme elle avait voulu me le faire croire.
- Luke, tu connais la reine de fer ? Clarabelle ?
- Oui c'est elle qui m'a demandé de retrouver sa fille- il laissa un temps d'arrêt et reprit- d'ailleurs elle t'a laissé une lettre.
Il se leva et prit son havresac d'où il sortit une enveloppe soyeuse. Il me la tendit et quand je la pris je fus saisie de panique. Ma mère à qui je n'avais jamais parlé depuis 20 ans ... Cette mère que j'avais pleurée le soir, ou cette même mère qui aurait dû me donner des conseils sur la vie.
J'ouvris la lettre, tremblante, et commençai à lire.
"Ma fille chérie,
Je t'adresse cette lettre, peut être 20 ans plus tard mais je veux que tous sachent que j'étais là tout le temps sauf que la bague t'empêchait de me voir... Tu sais cette "sécurité enfant " comme tu le dis souvent. Cette réplique nous a fait de nombreuses fois rigoler ton père et moi. Et avant que tu poses plus de questions, oui ton père et moi nous nous voyons toujours... Je suis tellement désolée ma chérie. Je suis en tout cas heureuse que Luke t'ait trouvée, vous allez accomplir des choses merveilleuses tous les deux. À l'occasion viens me voir ! Je vais aborder certain points rapidement mais de toute évidence je ne pourrai pas tout démêler là maintenant...
Bon alors commençons par la base : Valentina.
Fais bien attention à elle ! Elle peut s'immiscer dans ton esprit et je soupçonne son fils de faire pareil. Elle pourra faire de toi tout ce qu'elle veut et toi tu n'y verras aucun souci, tu n'attendras que ça, même. La vulnérabilité à l'état pur... La seule façon de sortir de son envoûtement c'est la colère, celle qui est destructrice, mauvaise et ensuite l'épuisement et si possible faire boire du "loililor" un breuvage dégoûtant en soi mais qui fait des miracles. Je dois aussi te prévenir pour ta bague mais pas dans une lettre...
Viens me voir, s'il te plaît Katelhyne, viens me voir.
Ta mère, Clarabelle.
Luke savait déjà que j'étais sous l'influence de Valentina. C'est pour ça qu'il a voulu que je me batte, c'est pour ça aussi qu'il m'a fait boire le lolilor ... Ainsi, ma mère lui faisait confiance. Ma mère qui voulait me voir et qui m'avait déjà vue auparavant mais cette fichue bague ne me permettait pas de la voir, j'avais beau aimer cette bague, à cet instant précis je ne voulais plus en entendre parler.
- Tu veux quelque chose ?
Luke me coupa dans ma réflexion.
- Non ça ira, je veux juste dormir un peu.
Luke se leva et je fis de même. Il me mena dans les dortoirs. De nombreuses filles dormaient sur un côté de la pièce tandis que les garçons étaient de l'autre. Il y avait une couchette vide. Je me dirigeai vers elle mais Luke m'arrêta avant et me guida vers une autre porte qui donnait sur un autre corridor.
- La première porte c'est celle de Marta. La deuxième de Parker, la troisième la mienne et la dernière c'est la tienne maintenant.
- Maintenant ? Avant elle appartenait à qui ?
Il ouvrit la porte et secoua la tête.
- Demain on aura tout notre temps.
Sur ce, il referma la porte et me laissa seule dans la chambre avec mon sac à dos. Je dirigeai vers le lit et regardai. Une porte, une bougie, le lit. Le matelas était nu et froid, je n'avais pas de draps. Tant pis je m'allongeai, me couvris de mon manteau et dormis.
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