Chapitre VII


J'étais assise en face d'un bureau extrêmement couteux, mais ce qui me perturbait le plus était mon interlocutrice :


" La reine impériale Valentina ". Tout comme son fils, elle dégageait ce même air de puissance et d'éternelle insatisfaction. Sur le bureau se trouvait ma bague, la regarder me rendait malade je me sentais vulnérable et faible sans, je détestais cela.

-Je vous trouve bien nerveuse Mademoiselle Brooxe. Auriez-vous donc peur de moi ?

Ce n'était pas de la peur mais assurément de la haine. C'est à cause d'elle que je suis en Faerie, c'est à cause d'elle que son pays se meurt. Mon père m'avait déjà parlé de la tristement célèbre Valentina et le fait d'être à ses côté me mettait hors de moi. Si ma mère n'étais pas venue avec Frank et moi c'est bien à cause de Valentina. Mais cela je ne voulais pas y penser mais maintenant ma seule pensée était de l'étrangler. Soudainement, une vague de soulagement se fit sentir en moi, je me sentais béat et heureuse.

-Tout au contraire ... Je me coupai subitement. Je ne savais pas comment m'adresser à une reine.

-Ma reine. Termina-t-elle pour moi.

Elle se leva et me fit face. Je ne pus m'empêcher de regarder cette beauté surnaturelle. Tout en elle inspirait la confiance, toutefois je savais pertinemment qu'il ne fallait pas se fier aux apparences.

-Au contraire, tu peux tout à fait te confier. Je ne suis pas ton ennemi, je recherche le bonheur de mes sujets. Tous mes projets ont un objectif commun : que mon peuple soit libre de ses choix. Je ne suis pas la méchante reine qui réprime tout et un chacun. En revanche ta mère la reine Clarabelle ne pense pas comme moi, elle juge toutes personnes qui ne sont pas riches et puissantes inférieures à elle. Pourquoi crois-tu qu'elle t'a abandonné ? Et tu n'es pas la seule, la population de son royaume en souffre beaucoup. Il est impératif pour moi de les aider, j'ai, par conséquent, ouvert mes frontières pour que les martyrs du régime de fer se réfugient ici en Antarcie. Mais là n'est pas le problème, cette usurpatrice détient la Violine, une pierre qui concentre tous les pouvoirs de la Faerie. C'est pour cela que je t'ai fait appeler, il nous faut cette pierre qu'elle que soit le prix à payer. Clarabelle est mauvaise, si elle utilise la Violine à tort, la Faerie pourrait disparaître pour toujours ainsi que tous ceux qui y sont nés comme toi ou ton père Frank.

Je la fixais comme si le voile qui couvrait mes yeux s'était retiré. Elle se préoccupait de son royaume et même au-delà... Même de mon père. Son discours m'avait surprise. Je me sentais toute euphorique à l'idée de participer à cette ...

-Chasse, ma petite porteuse, une chasse.

Une chasse... Ce mot avait un goût de nouveau, de danger et d'inconnu qui, à ce moment précis était vital. Il fallait que je chasse cette pierre, le besoin était là : présent et enflant. Il ne demandait qu'à sortir. Je reportais mon attention sur ma reine, la seule mère qui pourrait me donner ce que j'avais besoin. Elle me fixa avec un petit sourire aux coins des lèvres.

-Alors Katelhyne ? M'autorises-tu à t'appeler comme cela ?

J'hochais la tête en signe d'approbation.

-Es-tu des nôtres ? Dit-elle en me servant un verre contenant un liquide incolore, de l'eau sans aucun doute. Je pouvais avoir confiance en ma reine.

-Oui je l'étais, je le suis et je le serai ! Je serai toujours des vôtres ! Je le promets.

Ma reine me regarda avec un regard entendu. Elle fit venir un serviteur pour me montrer ma nouvelle chambre puis elle me congédia. En sortant j'entendis parler d'un mouvement rebelle qui se faisait appeler la coalition. Le serviteur referma la porte et me poussa gentiment devant.

Il se révéla d'une gentillesse inépuisable. Je profitai de lui pour qu'il me fasse visiter la bâtisse. Le château était encore plus grand que je l'imaginais. Je tenais à retenir les moindres détails qui me permettaient de me repérer dans ce dédale de pièces et de couloirs. Quand la visite fut finie le serviteur m'accompagna jusqu'à ma "suite". Celle-ci était très grande, elle pouvait contenir jusqu'à 5 fois ma chambre.

Je remerciai mon accompagnateur. Mais il resta aussi stoïque qu'une des statues du jardin royal.

- Vous pouvez partir vous savez ...

-Bien je n'attendais que votre ordre.

Il se retourna et s'éloigna tranquillement. Cette parole me mit mal à l'aise. Je n'aimais pas dicter la conduite des autres. Je me mis à le suivre dans le couloir pour le rattraper. Je lui saisis le coude.

-Vous n'êtes pas obligé d'attendre que je vous dise les choses, si vous voulez partir vous pouvez mais par pitié n'attendez pas d'ordre de ma part sur comment vous devez vous comporter.

-Est-ce un ordre mademoiselle ?

Je soufflai bruyamment.

-Oui, c'est le cas.

-Vous n'êtes pas comme les autres.

-Comment ? Qui sont les autres ?

-Je ne dois pas en parler, je l'ai promis. Mais il est vrai qu'il se fait rare que quelqu'un de votre rang soit aussi réticente à donner des ordres.

Je ne savais pas comment réagir face à cette confidence. Savait-il que ma mère était reine du royaume de fer ?

-Mer..Merci beaucoup.

Il s'avança vers moi et me plaqua ses mains devant ma bouche.

-Ne remerciez personne ici ! C'est compris ! Jamais !

Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. L'homme aimable et poli était parti, dans ses yeux je vis un éclair de danger. Pourquoi ne pas dire merci ? C'est de la politesse pur, tout le monde devrait en faire autant. Je le regardai, perdue.

-Vous ne comprenez pas ... Personne ne vous en a parlé ?

Devant mon air d'incompréhension il comprit que non.

-Venez, il ne faut pas que l'on reste dans le couloir, des oreilles indiscrètes s'y trouvent. Me permettez-vous de parler dans votre chambre, pour le moment c'est un lieu sûr.

Je le laissai faire, toujours aussi perdue mais surtout noyée dans mes questions.

Lorsque nous entrâmes dans ma chambre il ferma la porte à double tour. Je partis m'installer sur le canapé, il fit de même.

- Bien, avant que je commence promettez-moi que jamais vous ne direz que c'est moi qui vous ai renseigné.

-Je promets.

-Allons bon par où commencer...

-Il me semble que la raison de ne jamais dire "Merci" est un bon début.

-Dans notre monde, remercier une quelconque personne signifie que vous lui êtes redevable. Il peut tout vous demander même de vous tuer... Et vous serez obligée de lui obéir. Car c'est une sorte de promesse. Savez-vous que toutes nos guerres étaient à l'origine des promesses non tenues ? Car une promesse c'est s'engager jusqu'à ce que votre parole soit respectée. Il est impératif pour vous Kathy de ne jamais faire confiance à notre peuple. Nous sommes tous des manipulateurs et des menteurs pour les plus expérimentés. Vous devez me le promettre ! Jamais plus vous ne remercierez quelqu'un et vous ferez très attention aux promesses que vous ferez à l'avenir.

Foutaise tout cela, ma reine m'avait affirmé que son peuple était juste, gentil et digne de confiance. Néanmoins, je choisis de jouer le jeu du serviteur.

-Je promets de faire attention à mes paroles. Ne vous inquiétez pas la situation est sous contrôle.

-Vous ne me croyez pas ... Je dois donc vous le prouver.

Il s'arrêta de parler et sembla réfléchir à un moyen de me prouver ma stupidité.

-Bientôt je vous recontacterai et vous serez obligée de me croire, je vous le promets sur ma vie. Si ce n'est pas le cas je n'ai plus qu'à mourir.

Sur ce l'homme partit me laissant seule dans ma chambre. Je me dirigeai vers le lit. Il y avait une robe longue et bouffante dessus ainsi qu'une note :

"Mค ςђèгє Kคtєlђyภє,

Je t'ai fait parvenir cet habit pour le dîner de ce soir. Met-la et arrange-toi pour être présentable. Je te donnerai la suite des indications pour ta chasse ce soir à 18h précise. Soit ponctuelle.

Vคlєภtเภค."

Je consultai ma montre, il était 17h54. Je me précipitai à mettre la robe, à essayer de nouer le corset dans mon dos, à me brosser les cheveux dans la salle de bain, et à me faire un chignon. Il était 17h59... je partis de la chambre en courant et empruntai le couloir que le serviteur m'avait montré. J'étais devant la porte de la salle à manger. Je toquai, trois coups rapides.

Pan, pan, pan.

Mon cœur battait au même rythme.

Un major d'homme ouvrit la porte... C'est le serviteur de tout à l'heure. Il s'approcha de moi et me dit que je suis en retard de 15 minutes.

J'entrai dans la pièce et vint m'asseoir à la place indiquée par ma Reine. Sur le côté à gauche.

-Katelhyne, cette robe vous va à ravir...

Heureuse que ma reine aime ma robe je m'empressai de la remercier.

Elle leva la main et me coupa.

-Ttt, chérie ! Tu attends que je finisse ma phrase. Bref, je disais qu'en revanche ta coiffure laisse à désirer.

La personne en face de moi prit la parole.

-En fait ce que ma mère veut dire c'est que tu es moche et que tu as besoin de quelqu'un pour te rendre acceptable. Même avec toute la volonté et magie du monde, ce sera compliqué.

-Nathaniel ne soit pas si désagréable avec elle. D'ailleurs j'ai une excellente nouvelle pour toi tu vas pouvoir participer à ma chasse.

-Enfin, mère je pensais que vous ne me le proposeriez jamais. Qui est mon coéquipier ? Walace ?

-Coéquipière mon chéri, cette année il y aura une fille.

Nathaniel se releva d'un coup, me regarda puis regarda Valentina. Ce manège dura quelques secondes mais cela me parut interminable.

-Nooon ! La seule fille qui peut y participer est morte !! C'est Lucy la seule et l'unique c'est elle ou personne d'autre ! Tu peux pas remplacer ma sœur par ....

Il me désigna de la main avec une mimique de dégoût.

-Elle !

Jamais quelqu'un ne m'avait autant détesté que lui. Je me sentis nulle et pas à ma place, comme une cuillère en plastique dans un service d'or.

Lassée de faire semblant d'accepter l'idée que cette enflure puisse me jeter ma veste à la figure, me faire paraître pour une moins que rien, de m'avoir kidnappée pour qu'on puisse m'entailler le bras et d'avoir saboté le seul cadeau que ma mère m'avait fait soit ma bague. Je me suis mise à pleurer à chaudes larmes silencieusement. Je me suis levée et suis partie dehors dans le jardin. Je voulais rester seule. Une fois sur place je me suis réellement laissée aller, je ne me préoccupais pas de faire du bruit ou d'avoir l'air minable.

Des pas se firent entendre derrière moi, je m'arrêtai de respirer.

Mais j'étais obligée de reprendre mon souffle. Alors, je me remis à pleurer en pensant que je n'étais qu'une bonne à rien, mais surtout que j'étais seule. Toute seule. Désespérément toute seule dans un lieu étranger qui sortait tout droit d'un conte de fée. Et que je me sentais tombée dans un piège dont j'ignorais la nature.

Les pas se sont rapprochés et des excuses se firent entendre. Je me retournai vivement et vis un homme à la mine désolé. Il avait l'air en piteuse état, sa veste était déchirée, son pantalon sale et ses cheveux étaient crasseux.

-Je suis désolé de vous avoir importuné je pensais qu'il n'y avait personne...

Je continuai de pleurer, je n'arrivais plus à m'arrêter. L'homme se rapprocha et me prit dans ses bras. Devant une bonté pareille je me sentais moins seule. Mes larmes cessèrent, il me proposa une tasse de thé qu'il sortit de sa main - de la magie m'a-t-il dit- je l'acceptai sans rechigner. Je pris la tasse et en vida le contenu.

Soudain, je me sentis plus joyeuse. Je me levai, et commençai à chanter et à danser dans la neige. Je dirais comme une enfant, insouciante et naïve.

Je vis Nathaniel qui arrivait en courant vers moi. Je ramassai de la neige et lui envoyai dessus. Il ne sembla pas le remarquer. Il saisit l'homme par l'encolure de sa veste et le leva. Ses pieds battaient désespérément l'air à la recherche d'un appui.

-Que lui as-tu donné ? Dit Nathaniel agressivement.

-Du gladour. La potion joyeuse. Dit l'homme soudainement apeuré.

Il lâcha l'homme qui partit en courant. Il se retourna et s'approcha de moi.

Je lui souris d'un vrai sourire dont j'avais oublié l'existence. Un sourire qui prouve que vous êtes heureuse.

-Tu as eu de la chance, cet homme est très dangereux c'est un magicien noir !

-Alors je dois remercier mon preux chevalier qui est venu me sauver. Dis-je en éclatant d'un rire cristallin.

La tête qu'il fit était sublime, je suis sûre que même sans potion j'aurais eu une crise. Alors, je me suis jetée à ses bras en riant.

Je feignis d'être une pauvre demoiselle en détresse. Ce qui fit rire Nathaniel, soudainement devenu jovial. Il me prit par la taille et me porta dans ses bras tout en jouant le rôle du chevalier. Nous nous amusâmes tous les deux pour une fois insouciants de nos disputes. Seul le moment présent comptait.

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