Chapitre I
Semblable à des lucioles, les petites créatures me tiraient les habits et les cheveux. Elles virevoltaient autour de moi. Je levai les bras et comme attirées, elles se posèrent dessus. Tandis que je me laissais transporter, je ne voyais pas l'armure de fer me suivre. Je voulais aller jusqu'au bout avec les petites fées luisantes voir ce pour quoi elles me guidaient à travers la forêt. Je marchais sans m'inquiéter, l'armure pouvait bien me tuer je m'en fichais ... Mourir parmi les fées n'est-ce pas la mort la plus délicieuse ? Et puis, je pouvais contrôler ses mouvements s'il voulait m'empêcher d'atteindre mon but.
J'émergeais de ma stase comme lorsque l'on s'échoue sur une plage alors que l'on se noie. Je ne voulais pas mourir ! Je ne voulais pas voir ce que ces horribles créatures voulaient me montrer. Je me retournai vers l'armure, avec son casque et sa visière je ne pouvais pas voir qui était dedans.
Mais qu'importe je suis unique.
-Mademoiselle Brooxe ?
Je suis puissante.
-Mademoiselle il faut vous réveiller.
Je me concentrai sur la carcasse de fer pour la neutraliser. Comme d'habitude mon nez se mit à saigner, avec ma bague je n'arrivais jamais à puiser dans l'essence même de ma magie. Pierre fondatrice ? Foutaise ! Elle agissait plutôt comme une sécurité enfant. Cependant, l'armure ne parût pas bouger ni par sa volonté ni par la mienne. Une des fées me tira violemment les cheveux.
-Mademoiselle Katelhyne Brooxe !
Je regardais autour de moi, j'avais tout simplement rêvé. La personne en face de moi n'était pas une armure et aucune fée ne m'avait tiré les cheveux. Il s'agissait en revanche d'une hôtesse de l'air accompagnée par un garçon de 7 ans environ, ce dernier avec les yeux rougis et semblait sur le point de faire un caprice.
-Rends-moi ma place ! Tu n'as pas le droit c'est mon siège ! La dame elle a dit c'est mon siège !
L'affreux morveux ne faisait pas que crier, il tapait du pied et pleurait si fort que tout le monde me regardait. J'entendis même une femme du rang arrière dire à une nouvelle arrivante que j'étais une affreuse jeune fille qui avait osé frapper le petit pour lui avoir dit de partir alors que celui-ci avait payé pour cette place. Le mensonge m'a toujours hérissé le poil, je voulus fermer le clapet de cette vieille chouette mais l'hôtesse m'interpella.
-Mademoiselle Brooxe l'avion a atterri, vous pouvez quitter votre siège et aller chercher votre valise.
Je me levai et pris ma veste. L'hôtesse partie plus loin pour aider quelqu'un d'autre. Le gamin joufflu avec des cheveux bouclés et bruns ressemblait à un mouton à qui on avait raté la tonte. Il prit place dans le siège non sans plisser ses petits yeux marron et sans me tirer la langue. Agacée je lui saisis l'épaule fortement.
-On ne t'a jamais appris à dire s'il te plaît ? Tes parents n'ont pas le temps de t'éduquer ?
-Lâche mon épaule tu me fais mal !
Je le lâchai brusquement et m'éloignai. Quand je voulus sortir de l'avion une femme me barra la route. Elle avait les mêmes yeux de fouine de ce qui semblait être son fils.
-Je voudrais passer.
La femme me sourit avec amertume.
-On dit s'il te plaît avant.
Je passai sous son bras qu'elle avait tendu pour m'empêcher de passer.
-Vous avez l'air aussi idiote que votre fils ça doit être génétique - je mis la main sur le cœur et fis semblant d'être profondément touchée - vous avez toute ma pitié.
Si mon père avait été là il m'aurait sûrement dit que le sarcasme est un vilain défaut mais à vrai dire c'est de sa faute si je suis comme ça, il en fait tout le temps et petite je trouvais ça tellement rigolo que j'ai essayé et de toute évidence j'avais adopté l'idée.
La mère me fit un signe pas très élégant avec son majeur. Cette réaction me fit rire et même quand j'eus récupéré ma valise je ricanais toujours, décidément j'avais perdu tout sens de la collectivité.
En sortant la première chose que je vis c'était mon père, radieux, il souriait tellement qu'il devait avoir mal aux joues. Je savais très bien ce qu'il pensait, sa petite fille était rentrée à la maison. Je me dirigeai vers lui en courant et le pris maladroitement dans mes bras à cause de ma valise.
-Le voyage s'est bien passé ?
-Oui j'ai dormi presque tout le long.
Je préférai passer l'incident de tout à l'heure sous silence, il était déjà inquiet que je prenne l'avion toute seule je ne voulais pas l'inquiéter plus que nécessaire. Je pris le temps de le regarder, avec ses cheveux courts et blonds ainsi que ses yeux bleus il incarnait la figure du papa gâteau par excellence même si les gâteaux c'étaient pas forcément son truc. Il était grand - plus grand que moi et pourtant je mesurais 1m72 - et il portait son costume de promoteur immobilier bleu.
-Tu as eu des rendez-vous ce matin ?
-Oui aujourd'hui je suis sur une affaire de terrain à vendre pour un centre commercial à Atlanta. Je vois grand pour ce projet tu sais. Je me demande si nous pourrions y construire une piscine dedans ! Il est juste à l'angle de Peachtree Road. Avec l'équipe on tient à l'appeler Lenox Square Mall.
- Ça m'a tout l'air intéressant ! Mais l'idée de la piscine tu devrais oublier ... Peut-être un cinéma ?
-Tu crois ? En tout cas c'est vrai que la piscine ce n'est pas forcément attractif en hiver mais en été c'est une autre histoire ! Ce qui m'embête c'est que l'idée du cinéma n'est pas mal ... Tu sais quoi ? Et si on proposait les deux ?
De mon père, Frank Brooxe, le grand optimiste et rêveur qu'il est, cette réaction ne m'étonne plus depuis longtemps. Petite il m'avait demandé si je voulais de la véritable barbe-à-papa sur un pan de mur de ma chambre, j'avais à mon grand soulagement et celui de la femme de ménage, refusée.
-Je pense que c'est une bonne idée.
Il prit ma valise et la déposa dans la voiture.
-Allez, on rentre depuis le temps qu'on crapahute.
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