{2} L'homme en noir
Point de vue Akisa:
« T »...
Depuis quand la lettre T est un nom ?
Et surtout, pourquoi ne veut-il pas me dire son nom complet ?
Peut-être pour paraître plus mystérieux qu'il ne le laisse penser ? À moins qu'il serait amnésique et qu'il n'aurait vu qu'une lettre gravée sur un de ces objets comme seul souvenir ? Ou alors, c'est le type de personne à ne pas faire confiance à n'importe qui. Pour ça, je peux comprendre !
Il a au moins été indulgent de me dire une lettre ! Même si c'est assez peu, je trouverais bien son nom un jour !
Il est tellement énigmatique...
Par sa faute, je me pose trop de questions sans réponse...
C'est agaçant...!
« Vous me regardez avec une certaine curiosité...,prononça-t-il, ce qui me fit sursauter car j'étais totalement perdue dans mes interrogations; ses paroles m'ont ramené en un rien de temps à la réalité.
- Je ne suis pas curieuse ! protestais-je.
Je veux juste... « Passer le temps » !
Je le vis me regarder avec ses grands yeux noirs, son attitude était neutre. Je pense bien que ceci ne l'intéressait pas.
Son regard se dirigea d'un coup vers la droite.
- Parler pour passer le temps ? Il y a des choses bien plus intéressantes à faire pour quelque chose comme ça !, dit-il avec un ton légèrement plus amusé. La froideur dans sa voix semblait s'être effacée dans ces quelques mots.
- Je préfère parler ! Je ne parle seulement qu'à des personnes que je connais bien, d'ordinaire.
- Pourquoi changerais-tu tes habitudes ?
La flamme de colère que je gardais en moi commença à grandir davantage en entendant cela. Serait-il en train de me dire de ne pas lui parler ? En plus, il se met brusquement à me tutoyer, quel sans-gêne !
- Vous m'intriguez !, dis-je sans scrupules.
- Je t'intrigue ?
Sa voix redevint glaçante. C'est vrai...
Pourquoi cherchais-je à parler avec lui alors que je ne le connais pas vraiment, finalement ? Pourquoi préoccupe-t-il mon esprit depuis hier soir ?
- Si c'est le destin que nous nous voyions de nouveau comme vous dites, alors autant faire connaissance, vous ne croyez pas ? Vous connaissez déjà mon nom donc...
J'avais choisi d'esquiver sa question.
Il semblait dur à comprendre. Pourquoi me tutoyer, maintenant ? Je me demande s'il ne vivrait pas dans un autre monde...
Ma proposition semblait l'avoir rendu heureux. Il eut un petit sourire au coin des lèvres. Mais bizarrement, je sentais mon cœur battre avec rapidité, mon corps devenait pétrifié; presque comme si j'étais entrée dans une chambre froide juste avant.
C'est alors que j'eus directement les réponses à mes propres questions: je cherchais à lui parler et en connaître plus sur lui car il m'inspirait une peur inconnue.
Cet idiot solitaire, sombre, perdu et énigmatique me faisait peur !
Ces sentiments... Ça ne me ressemblait pas...
- Si ça te fait plaisir !, répondit-il.
Je lui pris énergiquement le bras. Ses yeux me regardaient avec étonnement.
- Allons quelque part, on sera mieux !
Il n'était pas trop à l'aise mais se laissait guider. Je me demandais pourquoi je faisais ça. Peut-être pour me forcer à ne pas avoir peur de lui et pour ne pas qu'il le remarque, sûrement !
•••
Nous nous dirigeâmes dans un lieu beaucoup plus illuminé, je tenais toujours mes baguettes d'un bras et serrait la manche de son haut noir en marchant. Quant à lui, il ne cessait de me regarder. Il ne comprenait pas où je voulais en venir. Une chose est sûre: les endroits moins obscurs étaient bien plus chaleureux !
Nous passâmes sous un arche illuminé par une guirlande, on aurait dit un assemblage d'étoiles. Les lumières donnaient un bref éclat dans ses yeux noirs de jais. Je choisis de nous installer sur un long banc près de l'arche.
- C'est beau ici, vous ne trouvez pas ?
C'est plus agréable pour parler !
- C'est sûr que c'est certainement mieux que dans la rue !
Je me rendais compte qu'il me répondait sans aucun brin d'hésitation, pas vraiment comme hier où il semblait très renfermé ! Pourtant, l'expression mal à l'aise de son visage le contredisait un peu. Au moins, je ne voyais plus le regard étrange qu'il m'avait adressé tout à l'heure et hier soir, ce regard fixe comme si ses yeux d'encre pouvaient être des balles de fusil.
Je poussais un petit soupir puis le regarda fixement, déterminée.
- Je vais venir droit au fait: comment cela se fait que nous nous soyons revus ? Vous m'espionnez ?
Sur son visage, seulement ses yeux exprimaient un sentiment. Il était surpris par mes questions. Il devrait y être habitué après tout ce que je lui ai demandé !
- Je pense que ce n'est qu'un hasard.
Je ne sors que la nuit et j'ai l'habitude de prendre certains chemins, il s'agit seulement d'une coïncidence. me déclara-t-il avec sérieux.
Je suis sûre qu'il a pensé que je le prenais pour un tueur ou un stalker ! En même temps, il a la tête de l'emploi !
- À moi de te poser une question. lança T.
Est-ce que personne ne s'est jamais moqué de toi à cause de ton apparence ?
Si je m'attendais à cette question...
Peut-être que cette question-là sentait le vécu. Son vécu. Son passé. Ou même son présent.
- Non, jamais. Je méprisais les autres, je préférais rester seule dans mon coin plutôt que de parler à tous mes camarades de classe puérils et qui souriaient bêtement ! La seule personne à qui je parlais petite, c'était à mon grand-frère.
Même en éprouvant quelques sentiments de crainte à son égard, je lui parlais un peu de moi; je ne faisais cela avec aucun inconnu pourtant.
- Toutes mes condoléances...
Je sentis dans sa voix cet air triste, il montrait bel et bien de la compassion pour moi.
- Non, ne dites rien... Je sais qu'il n'est pas mort. Il est juste parti du jour au lendemain, il m'a laissé, livré à moi-même pour je ne sais quelle raison.
Mais je sais qu'il est toujours vivant, je le sens. Et je ne renoncerais jamais, je ne me dirais jamais qu'il lui est arrivé cela, ce serait trop atroce !
D'autant plus que c'est une des seules personnes en qui j'ai donné toute ma confiance...
Je sentais les larmes me monter aux yeux. Parler de mon grand-frère comme ça, c'était comme une femme parlant de son mari parti pour un long voyage, peut-être sans retour...
Mes mains posées sur mes genoux serraient avec force mon pantalon rouge. Des larmes se mirent à ruisseler le long de mes joues et tombèrent, tâchant mon vêtement. Je n'avais pas pu les contenir.
- Inutile de te demander si tout va bien... Désolé de t'avoir posé la question..., prononça-t-il, tristement.
- Non, c'est moi qui ai commencé à parler de grand-frère. Ce n'est pas votre faute...
Je sentis la tiédeur de sa main se poser sur la mienne. J'eus un brusque coup de froid à ce contact. Je levai la tête, le regardant. Je ne le savais pas si tactile.
- Il te manque mais tu ne le reverras peut-être pas avant un long moment... Mais tu le reverras un jour.
Sa froideur, puis sa tristesse avait laissée place à une voix réconfortante. Peut-être l'avais-je jugé trop vite ? Peut-être était-il comme tout le monde, donc pourquoi aurais-je peur de lui ? N'arrivais-je pas à m'habituer à son apparence ? Le physique froid et malveillant qu'il dégageait contrastait avec son caractère mystérieux. Je sentais qu'il avait malgré tout des sentiments, un cœur sous les mauvaises ondes que son apparence créait.
- Vous avez sans doute raison...
Je lui souris, pleine de reconnaissance.
À priori, il n'était pas spécialement habitué à ce que l'on le remercie de cette façon. Il me lança un regard étonné puis bascula son regard vers la gauche. Était-il gêné ? Il avait déjà fait un effort en mettant sa main sur la mienne, peut-être ne voulait-il pas en faire plus ?
Cependant, il y a autre chose que je voulais savoir...
- Pourquoi vous êtes-vous mis à me tutoyer subitement ?
- Je n'ai jamais été très vouvoiement, tout le monde me tutoyait, c'est devenu une habitude. Mais j'ai préféré te vouvoyer par politesse pendant un moment.
- C'est bien de vous être adapté.
Je lui souris à nouveau. Bien évidemment; il me regarde avec surprise. Il ne comprend pas pourquoi mais pour moi, ça me détend un peu. Ça me rassure même; de me dire qu'il peut se sentir gêné, embarrassé ou même troublé malgré la peur qu'il m'inspire.
Je regardais son visage puis baissa la tête, regardant sa main qui n'était pas sur la mienne.
- Pourquoi avez-vous ces ciseaux ?
J'avais dis à haute voix ce que je pensais enfouie dans ma mémoire... Ce n'était pas le moment d'être maladroite !
- Je les aie depuis un moment, tu n'avais pas remarqué ?
- Non... Je... Je n'avais pas vu...
La peur me saisit de plus belle, en pensant que je pourrais lutter, ces ciseaux étaient dans cette main, et je ne cessais de les fixer.
- I-Ils vous servent à quoi ?
Je crus qu'il allait rire de mon bégaiement idiot, mais il se contenta de tenir de ses deux mains ses ciseaux et les tritura en les regardant.
- Ils me servent à me défendre, après tout, il y a des gens assez fous pour venir menacer dans les lieux publics...
Je me faisais sans doute des films, il avait donc cela depuis un moment ? Il les tenait fermement. Ce simple objet semblaient être ce qu'il y avait de plus cher pour lui en voyant la manière dont il le touchait.
- Je vois...
Il devait avoir des tonnes de problèmes, ce doit être pour cela qu'il veut donner une image effrayante de lui-même; pour être craint et que l'on ne se mette pas à l'harceler.
Il remonta doucement la manche bouffante de son sweat. Il avait une montre digitale, elle indiquait dix-neuf heures moins le quart.
- Je dois y aller..., déclara T avant de se lever du banc.
Il s'immobilisa d'un coup. J'étais toujours assise et tenait la manche de son bras droit, celui au poignet nu.
Il tourna la tête avec grande surprise.
- Je suis désolée de vous avoir fait ressurgir ce qu'il a pu se passer dans votre passé... Il n'a pas dû être facile à cause du jugement que devait vous porter les autres... Et qu'en plus de cela, vous soyez obligé de vous balader avec quelque chose pour vous protéger...
À cet instant, j'eus cru qu'il se mettait à rire nerveusement. Mais il n'en était rien, il était vraiment en train de se fendre la poire. J'hallucinais: il se moquait de moi ! Quel abruti !
- Qu'est-ce qu... ?!
Une fois s'être calmé, il m'expliqua clairement:
- Je pense que tu t'es faite de fausses idées quand je t'ai posé cette question peu commune, je sais; mais, de mon côté, je n'ai jamais eu d'harcèlement ni de tout ce que tu m'as dit. Il faut dire qu'avec ma tête, on n'a pas vraiment envie de me faire quoique ce soit !
Il faut bien dire que je l'avais remarqué...
- Et pour les ciseaux ?
- Ça ? Ce n'est qu'un objet défensif, on n'est jamais trop prudent !
- Donc tu...?
- Non, je n'ai jamais eu de persécutions !
Ça nous fait un point commun puisque toi non plus !
Je le regardais d'un air hagard. Je ne comprenais plus ce qu'il se passait, il semblait s'ouvrir progressivement à moi, il se sentait beaucoup plus à l'aise que hier; c'était certain.
- Ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé comme ça ! C'était agréable, merci Akisa ! me remercia-t-il.
- Je vous en prie, T !
- Je n'ai jamais autant ri que ce soir-là ! À une prochaine fois, peut-être ! ajouta-t-il avant que je ne lui lâche la manche pour qu'il puisse partir.
Finalement, il a bien aimé parler. Je le voyais s'en aller plus gaiement. Une fois qu'il fut assez loin de moi, je repris ce que j'avais acheté à la boulangerie et me rendit chez moi. Unki n'en croira pas ses yeux quand je lui raconterais ce qui m'est arrivé ! Elle ne se rendra sûrement pas compte à quel point elle avait raison; le monde est plus petit que l'on ne le croit !
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Voici le chapitre 2 enfin là ! 😊💙
C'est le commencement d'une rencontre pour le moins particulière 😊💙
Beaucoup de questions se posent sur ce T 😊💙
Que pourrait-il se passer d'autre ? 💙
En tout cas, j'espère que ce chapitre vous aura plu, il est plus long que le précédent, je l'avoue, haha ! 😆💙
Au fait, si vous voulez savoir plus de choses sur Akisa, vous pouvez aller regarder la partie Third de Consciences en folie ! 😊💙
Désolée pour cette auto-pub, haha 😆💙
Je sais que la publication de mes chapitres sont totalement irréguliers mais, je pense que ce n'est pas la peine de me fixer une date, je sens que je ne serais jamais en avance ! 😆💙
Je vous fais de gros bisous mes petits nuigurumis ! 😊😚💙
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