Prologue

03 ans plus tôt. Janvier 1741

Susanne se précipitait dans ma chambre.

- Anne ? Anne ? Ils s'en vont. Criait la jeune femme, aux longs cheveux bruns, essoufflée.

Son entrée me fit sortir de mes pensées, couchée sur mon grand lit, mon opuscule à la main, je sursautais à l'entente de ces paroles ne comprenant pas d'abord de quoi il s'agissait.

Mais qui s'en allait ?

Me levant promptement, après une minute de réflexion, je compris subitement de qui elle parlait.

- En êtes-vous sûre ? M'informais-je en jetant mon opuscule qui m'occupait à côté et faisant mine d'attendre une réponse.

- Oui oui... Dépêchez-vous, vous risquez de les manquer. Précisa-t-elle entre deux souffles.

- Où sont-ils ? Demandais-je en jetant des coups d'œil furtifs en direction du jardin, appuyée sur la chambranle de ma grande fenêtre.

- Vers la porte d'entrée. Ils font des adieux à vos parents.

Je me dirigeais vers cette huis là même à une vitesse inimaginable, laissant mes cheveux blonds danser au mouvement de l'air arachnéen sans prêter attention à ce que pouvait ajouter Susanne et ne me préoccupant guère des dégâts que je causais sur mon passage.
Les regards indignés des membres de la cour qui s'accrochaient sur moi, à cause de mon comportement qu'ils jugeaient scandalisant pour une personne de mon rang, je traversais le long couloir puis dévalais les escaliers comme si ma vie en dépendait.

Il m'était difficile de me déplacer aussi rapidement, ma robe verte étant énorme et inadéquate à la situation et mon corset qui commençait à me faire manquer de souffle mais il me fallait le faire mais Pourquoi me précipitais-je autant ? Ou devrais-je plutôt me demander pour qui ? Une question très difficile à répondre.

Je sentais juste que c'était une obligation, je ne pouvais quand même pas rester là à attendre son départ; je devais le voir même s'il s'agissait d'un adieu. C'était comme une mission pour moi.

J'arrivais enfin devant la huis d'entrée blanche dont les poignées étaient en or qui avait été laissée sciemment ouverte et je m'avançais en descendant les marches, vers cette forme qui me faisait volte-face.

J'aurais pu reconnaître cette forme entre mille, ces épaules larges, ces courts cheveux bruns avec des boucles qui lui donnaient un air enfantin, ce corps magnifiquement dessiné qui avait eu raison de plusieurs années militaires, ces 1,8m qui me surplombaient, c'était l'homme avec qui j'avais passé un mois entier entre les murs de ce palais. Enfin, dire que « j'avais passé » est un groupe de mots trop bien exagéré pour expliquer la situation.

Je restais comme ankylosée face à cette forme, essoufflée par la course que j'avais pratiquée, j'haletais avant de reprendre mes esprits pour poser la fameuse question qui me tracassait depuis l'annonce de Susanne.

- Comptiez-vous donc vous en allez sans me dire un adieu ?

Une dizaine de mètres nous séparaient, il se retournait donc brusquement pour me faire face, un silence s'en suivit aussitôt. Nous nous fixions intensément. Je pus le détailler une fois de plus, peut-être était-ce la dernière fois. J'observais ses atouts minutieusement comme s'il me fallait m'en imprégner pour ne jamais l'oublier. C'était comme si malgré tout, je m'avouais qu'on ne se reverrait peut-être plus jamais. Je m'efforçais de garder la face devant cette horrible pensée qui me désarçonnait à l'intérieur.

Ses beaux yeux bleus azur, sa mâchoire carrée, son nez crochu, et dire que peut-être je ne reverrai plus jamais ce magnifique visage.

On aurait pu rester ainsi toute la journée peut-être même toute une vie mais il fallait se faire à l'idée de son départ; c'était un fait et je savais que tôt ou tard, il s'en irait. C'est ainsi, hélas.

Je remarquais cependant, qu'il arborait fièrement les couleurs de son pays dont il en était le serviteur dans cet uniforme.

Pendant ce moment d'échange de regards, j'eus l'impression que nous étions seuls, dans une bulle, loin des drames de la cour, de toutes les obligations que nous imposait cette vie. Cela n'était pas très faux car il n'y avait presque plus personne dans le jardin, mes parents et les gens de la cour s'étant retirés, sa horde d'hommes s'étant regroupés vers la palissade, ils étaient en position de départ.
Nous étions seuls comme s'il n'existait personne d'autre mis à part nous. Quand j'y repense encore, il n'y a qu'un mois de cela, je ne connaissais pas qui il était.

Soudain, quelque chose ou disons plutôt un cliquetis me tira de mes pensées.
C'était sa voix qui était à la fois rauque et sensuelle.
Il s'avança doucement, pris mes mains entre ses paumes. Ce contact avait le don de me procurer un frisson agréable. Il les contempla un moment, comme s'il se retenait de faire quelque chose et son regard était, cette fois-ci, plus intense. J'arrivais à lire du chagrin et de l'effroi dans ses yeux pour la première fois.

- Les adieux ne sont pas de mon fait. A-t-il répondu.

- Vous reverrai-je un jour ?

- Il se peut que oui comme il se peut que non. Mais sachez que je vous porterai dans mes pensées peu importe où je serai. Vous êtes la personne la plus merveilleuse que j'ai eu l'honneur de rencontrer ici, en Espagne.

- Pourrons-nous correspondre ?

- Pourquoi voulez-vous compliquer les choses Anne ? Rétorqua t-il en posant sa douce main sur mon visage pour essuyer une larme qui s'échappait de mon œil gauche.

- Je prie pour vous revoir.

- Peut-être le père céleste agira en notre faveur qui sait ?

Je le détaillais du regard une énième fois.

- Je dois y aller Anne. Dit-il en laissant tomber sa main le long de mon corps ce qui provoquait en moi d'étranges sensations.

Il s'apprêtait à tourner les talons, lorsque je le retenus d'une main. Je brûlais d'envie de lui dire quelque chose mais quoi ? Moi-même je ne savais guère de quoi il s'agissait.

On se jaugeait une fois de plus. Il y avait une lueur dans ses yeux que je ne pus identifier. C'était la fin. Je le savais, je le sentais.
Il me lança un dernier regard et se précipita vers sa monture sans jeter un coup d'œil derrière lui. Je le voyais traverser la palissade au beau milieu de ses hommes et tout me revenait soudain, de plein fouet.

01 mois plus tôt : décembre 1740.

- Qu'y a-t-il ? Qui sont ces gens ? Interrogeais-je Susanne perdue face à cette pléiade d'hommes qui avait envahi la partie inférieure du palais.

- Il s'agit des soldats de la cour royale de France, votre altesse.

- Arrêtez avec votre altesse Susanne, vous savez bien que nous sommes plus qu'une princesse et sa dame de compagnie !

- D'accord votre Alt... Anne.

- Et que font ces hommes ici ?

- Revenant de leur bataille triomphante, sur leur retour pour paris, ils furent attaqués et leurs assaillants triomphèrent. Ils ont été conduits ici sous les ordres de votre père pour bénéficier des soins nécessaires. Ils s'en iront dès qu'ils se porteront mieux.

- Et qui est cet homme debout à l'air courageux ? Il paraît pourtant blessé mais il s'occupe de ses compagnons.

- Il s'agit d'un certain Ferdinand, c'est leur chef d'armée.

Je n'attendis pas qu'elle en ajoute plus, je me dirigeais vers l'homme effaré.
Je lui proposais mon aide pour soigner ses blessures mais il résista; il craignait le sort de ses hommes. Il allait d'un côté à un autre pour constater l'état de ses amis.
J'essayais de le convaincre qu'il avait lui aussi besoin de soins et à chaque fois, il protestait.

Je me suis vue à admirer son courage dans ma belle robe blanche qui m'enveloppait et épousait parfaitement mes formes.

Je détournais les talons pour m'en aller, Susanne m'ayant annoncée l'arrivée de mon précepteur de tapisserie et à peine, j'eus tourné le dos que le jeune homme s'était effondré sur le sol froid.
Le bruit sourd que fît sa chute, me faisait me retourner furieusement.

L'homme se réveilla dans la soirée, à l'heure du dîner. Il avait visiblement eu un violent choc à la tête qu'il avait négligé. Néanmoins, je m'assurais que lui et ses hommes se portaient à merveille car voir ainsi des hommes souffrir pour leur patrie, me déchirait intérieurement.

Je descendais après le dîner pour nourrir moi-même notre cher Ferdinand.

- Je ne doute pas de votre courage mon cher Ferdinand mais vous devez penser à vous. Dis-je en prenant place auprès de ce dernier, après avoir constaté qu'il était réveillé.

- Qui... qui êtes-vous ?

- Éh bien je suis comme votre bonne fée. Répondais-je avec un léger sourire. Maintenant, vous devez vous abreuver.

- Merci... mais... comment vont... mes hommes ? Dit-il douloureusement en se redressant.

- Recouchez-vous, ils vont bien. Demain, si vous allez mieux, vous irez les voir.

C'est là à ce moment précis que tout commençait, il représentait la liberté que je n'avais pas et tout ce qui m'était interdit jusqu'à ce que je me rende compte du contraire...

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Amoureuse des histoires d'amour royales, j'ai décidé de me lancer dans la rédaction de ce livre et de me substituer à cette princesse car je suis nulle pour raconter les histoires 😆.

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