7- Quel bal ! (II)
Nous exécutions une valse au centre de la salle de bal sous les regards inquisiteurs de tous les invités, Louis et moi après avoir au préalable, retiré nos masques.
Les autres invités vinrent nous rejoindre petit à petit, chacun avec sa cavalière.
-Vous m'avez menti ! Affirmais-je dans le creux de son oreille.
- A quel propos ?
- Vous m'avez dit que vous vous appeliez Ferdinand ! Et je découvre à présent que ce n'est pas le cas. Dis-je légèrement outrée.
- Je m'appelle Louis Ferdinand. Vous n'avez pas cherché à savoir mon autre nom Victoire. Précise-t-il en prononçant délicatement mon prénom entre ses lèvres.
Il était le seul à m'appeler comme ça quand ça l'arrangeait, et la manière dont ses lèvres insistaient sur le « re » Humm
Je me souviens encore ... mais qu'est-ce que je fais ? Je devrais être fâchée au lieu de me souvenir d'un bon moment passé avec lui ! Anne reprends-toi ! Il le faut, ne perds pas la tête devant lui, à cause de lui ! Me rappelait ma conscience.
Je devais me reprendre.
- Mais votre identité, vous aviez dit que vous étiez dans l'armée et qu'à présent, vous êtes un apprenti. Si ça n'est pas un mensonge, alors de quoi s'agit-il ?
- J'étais en effet dans l'armée de France, il y a trois ans environ. J'ai démissionné pour me consacrer corps et âme à l'apprentissage de ma future fonction, celle de Roi de France. C'est pourquoi je vous ai dit que je suis apprenti mais vous n'avez pas cherché à savoir pour quelle fonction, cela m'arrangeait d'ailleurs. Je suis un apprenti à la fonction de Roi. Dit-il d'un air mi amusé mi sérieux.
- Non ne jouez pas avec moi, ne me prenez pas pour une sotte !
- Comment pourrais-je ? Affirma-t-il avec un sourire moqueur en me faisant tournoyer sur mes talons.
- Vous ne m'avez jamais dit que vous êtes le fils de LOUIS XV et Dauphin de France ! Vous avez osé mentir à toute la cour d'Espagne !
- Détrompez-vous, vos parents connaissaient mon identité.
- Pourquoi m'avez-vous menti ? Je croyais que nous étions amis !
- Je ne vous ai pas menti, j'ai juste omis de préciser que j'étais l'héritier de la couronne de France. Nous avions été attaqués en décembre 1740, comme vous le savez, et j'avais décidé avec mes hommes et vos parents de ne pas divulguer mon identité de peur qu'il y ait un ennemi de la France dans votre palais, qui en veuille à mon père et donc, à moi. Comprenez-moi, nous venions d'être attaqués, je ne voulais prendre aucun risque pour vous, comme pour moi.
- Vous auriez pu me l'écrire dans l'une de vos deux lettres tout de même !
- Je n'y ai pas songé. Je n'ai pas trouvé cela nécessaire quand je croyais que nous ne nous reverrions plus. En plus ce ne sont pas des choses qu'on raconte dans une lettre. Ajouta-t-il d'un air contrit qui ne me convainquait toujours pas.
- Je comprends pourquoi vous avez ignoré mes missives !
- Vos missives ? M'interrogea-t-il surpris
À ce moment, il m'avait fait pivoter sur mes talons de telle sorte que nos visages se rencontrèrent; mes cheveux bouclés balayaient à présent le sol, j'étais étendue dans ses bras, nous nous jaugions du regard, ses yeux bleus plongés dans les miens, noirs : c'était la fin de la danse et les seuls mots qui purent sortir de ma bouche étaient :
- El tiempo crucifica falsas promesas. 1*
Je me redressais et m'en allais loin de lui à toute vitesse à l'instant même.
Il essaya de m'arrêter, mais le duc de Normandie venait à sa rencontre et il fut obligé d'abandonner sa tentative.
Pourquoi étais-je aussi en colère alors que ma prière avait été exaucée ? J'avais l'homme de mes rêves mais je n'étais pas satisfaite.
Il était aussi beau qu'on le prétend, aussi respectueux que ses géniteurs. Il possédait toujours le même humour, la même contenance mais n'avait pas été sincère. Serai-je heureuse à ses côtés comme je l'ai été autrefois ?
L'ennui étant devenu mon seul compagnon dans la salle de bal, je m'étais retirée à l'extérieur du château, loin de lui.
Je ne m'ennuyais pas comme je le prétendais car, tout le monde ayant découvert mon identité et appris la raison de mon arrivée, ils se précipitaient tous vers moi pour faire la conversation. Et c'était ça, leurs conversations qui m'ennuyaient.
Je m'aventurais seule dans les jardins du château qui m'avaient l'air paisibles à cette heure tardive.
Je slalomais entre les bosquets pourvus de quelques fleurs en pensant à Charles, à comment il travaillait pour gérer la crise économique qui touchait le royaume d'Espagne, seul, dans son coin, sans l'aide de quiconque comme devrait le faire un souverain, c'était très admirable et moi qui l'avais mal jugée et qui me plaignais pour avoir été "vendue" !
Je décidais de m'avancer vers les sentiers battus qui donnaient sur la forêt royale et que vois-je ?
Un jeune homme et une jeune fille se tenaient à quelques mètres de moi, dans la pénombre de la nuit. Ils se disputaient, leurs éclats de voix en étaient la preuve.
Le jeune homme portait les couleurs de la France comme le Roi, Louis et certains membres de la cour. La jeune femme quant-à-elle, avait une toilette assez simple, trop simple je dois l'avouer, elle portait juste une simple robe blanche.
J'arrivais à la distinguer malgré l'ombre du crépuscule grâce à la lumière des étoiles. Elle était mince, avec des cheveux blonds ou dorés, un visage charmant, candide et légèrement triste, sûrement plus jeune que moi. Elle avait une beauté naturelle et un charme pure indéniable.
Le jeune homme qui avaient de courts cheveux bruns bouclés, un visage fin qui semblait avoir le même âge que moi ou plus, tourna son visage déformé par le mécontentement, vers moi, j'eus l'impression de l'avoir déjà vu.
C'était l'homme qui se tenait à la gauche du Roi ! Mais, qui était-il ? Et que faisait-il ici et avec elle ?
Il me remarquait, m'ignorait et puis, s'en allait d'un pas décidé abandonnant la jeune fille à son propre sort et se fichant de ce que je pouvais penser.
Je m'approchais vers cette dernière qui s'était laissée glisser contre un arbre et pleurait à présent, à chaudes larmes.
- Calmez-vous. Mais, que vous arrive-t-il ? Et que faisiez-vous ici avec ce jeune homme?
- Vous ne sauriez comprendre. Fît-elle dans un souffle.
- Croyez-moi, je pourrai. Répondais-je l'air songeur, en m'installant à côté de cette dernière.
- Et vous, que faites-vous ici ? Vous devriez être en train de profiter du bal.
Je tournais légèrement la tête vers elle pour lui répondre.
- Je voulais prendre de l'air et j'ai trouvé bon de m'aventurer par ici. Pour quelle raison vous vous êtes isolés ici avec ce jeune homme ? Demandais-je en fronçant les sourcils.
- C'est tellement si compliqué. Se justifiait-t-elle en essuyant ses larmes.
- Je crois être en mesure de comprendre. Dis-je avec un léger sourire dessiné sur mon visage dans le but de la réconforter et de la mettre en confiance.
- Vous devez sûrement être l'une de ses aristocrates venue d'un autre pays spécialement pour ce bal.
- Qu'est-ce qui vous fait penser cela ?
- Votre toilette en dit long sur votre rang. Et votre accent trahit vos origines.
Et cela était fondé car, à cette époque, les plus riches possédaient les plus somptueuses tenues.
- Ne vous fiez pas aux apparences ma chère... m'expliquais-je, attendant qu'elle me dise comment elle s'appelle.
- Désolée, je dois y aller. Ce fût un plaisir tout de même. Dit-elle en se levant brusquement pour se perdre ensuite dans la noirceur de la nuit.
J'étais à nouveau seule, je me levais et me dirigeais vers le lac.
J'arrivais et constatais qu'il y avait déjà quelqu'un, je me retournais donc pour m'en aller.
Mais une voix me retînt.
- Je vous attendais. Se contentait-il de dire dans un éclat de voix ce qui me poussa à me retourner.
Il s'avançait vers moi.
- Je ne suis pas d'humeur pour écouter je ne sais encore lequel de vos mensonges Louis ou Ferdinand. Dis-je épuisée, en tournant les talons dans l'intention de m'en aller, mais je fus retenu dans mon élan car il héla mon bras et me força à lui faire face, son torse contre ma poitrine.
- Veuillez me lâcher Ferdinand, s'il vous plaît. Dis-je d'une voix basse et émouvante.
- Votre visage est charmant et triste, avec plein de choses luisantes, des yeux luisants, une bouche luisante et passionnée; votre voie est un excitant que je trouve difficile à oublier malgré les trois années écoulées, passées loin de vous. Fit-il en me regardant droit dans les yeux.
- Que voulez-vous dire ? Demandais-je en espérant intérieurement qu'il me dise ce qu'il n'a pas pu, il y a trois ans.
- Rien que vous ne sachiez déjà.
D'une manière nerveuse, il me lâcha avant d'ajouter d'un air plus serein, que vouliez-vous dire dans la salle de bal avant de vous en aller ?
- Ce que la mémoire d'un cœur retient, le cerveau ne peut l'effacer.
- Je vous avoue ne rien comprendre.
- Moi-même j'avoue ne pas vous comprendre. Mais je vais vous expliquer. Il y a quelques années de cela, lorsque vous vous en alliez du royaume d'Espagne pour rejoindre les vôtres, vous m'aviez promis de ne jamais m'oublier. Je me souviens encore, vous disiez " je vous porterai dans mes pensées peu importe où je serai. Vous êtes la personne la plus merveilleuse que j'ai eu l'honneur de rencontrer." c'était les mots que vous aviez prononcé avant de vous en aller mais, je constate que vous m'avez oublié, vous n'avez même pas pris la peine de répondre à mes missives et comme ci cela ne suffisait pas, je découvre que vous m'avez menti. Exprimais-je avec dédain.
- Je ne vous ai pas oublié. J'ai juste pensé que vous ignorer serait plus facile. Et de quelles missives parlez-vous ? Je n'ai jamais rien reçu.
- Arrêtez de mentir, je les ai toutes envoyées à l'adresse que vous m'aviez communiquée.
- Non. Si vous l'aviez fait, je les aurais reçu mais je vous assure que rien ne m'est jamais parvenu.
-1* le temps crucifie les fausses promesses.
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Intéressant !
Ferdinand n'est autre que notre cher LOUIS ! Quelle nouvelle pour Anne, qui devrait s'en réjouir mais notre chère Anne ne supporte pas qu'on la prenne pour une sotte comme elle le dit si bien.
Mais qui sont ce jeune homme et cette jeune fille cependant ?
Vous le découvrirez si vous continuez de lire ☺️.
N'oubliez pas de VOTER ! 🤗
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Bonne nuit 💤.
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