24- La deuxième fille

35 ÈME JOUR / 90.

- Anne ! Anne ! Il faut descendre ! Elle arrive !!! Me pressait Louise.

Nous nous dépêchions d'arriver dans le jardin pour accueillir la deuxième fille de Louis XV.
Henriette qui avait fait un petit voyage dans le sud de l'Europe, était rentrée la veille pour accueillir sa sœur et le mari de cette dernière comme l'avait suggérée la Reine.

Nous voyions le véhicule de la princesse Thérèse arriver jusqu'à nous. On m'avait vanté ses qualités, on m'avait dit qu'elle était aussi sociable que belle. C'était le moment de confirmer ces dires ou de les réfuter.

Les souverains étaient installés au centre et nous, nous étions derrière eux, à quelques mètres.

Le véhicule de voyage des futurs souverains du Danemark, s'arrêtait.
La princesse Thérèse y sortait majestueusement accompagnée de son mari, le prince Christian de Danemark. Elle était mince et fébrile.
Son visage était recouvert par un voile noir, le reste de ses vêtements étaient aussi de la même couleur.

Bizarre, alors que nous sommes en été ? Ou ne fait-il pas aussi bon temps au Danemark qu'en France ?

Son mari Christian de Danemark, était un homme mesurant environ deux têtes de plus que moi avec des cheveux blonds et une carrure imposante. Son visage ne laissait paraître aucune impression jusqu'à ce qu'il commence à discuter avec les souverains de France où il semblait imiter un sourire.

Arrivée au niveau de ses parents, Thérèse souleva son voile.
Elle avait une mauvaise mine, une mine fatiguée qu'elle avait essayé de cacher avec du maquillage. Elle n'était pas aussi fraîche qu'on le disait. Peut-être était-ce à cause du voyage même si son mari ne semblait pas aussi fatigué qu'elle.

- Ma fille ! Que vous arrive-t-il ?

- Rien mère, pourquoi cette question ?

- Votre mine !

- Le voyage a été éprouvant mère.

- Oui, belle-mère. Thérèse n'est pas habituée aux longues distances. Appuyait son époux.

- Vous avez l'air heureux ensemble. Puisse le Seigneur toujours vous combler mes enfants. Souhaita la Reine.

Thérèse lança un coup d'œil discret à son époux avant de répondre :
- Merci, votre majesté.

Elle semblait lassée malgré tous ses efforts pour montrer à tous qu'elle vivait dans un bonheur incommensurable.
Que peut-elle bien cacher ?

- ... comment se porte votre royaume ?

- Nous gérons une crise en ce moment mais rien de grave. Répondît Christian.

- Puisse le bon Dieu vous donner la sagesse pour régner tel un grand souverain. Souhaita le Roi.

- Merci votre majesté.

Son mari ne parlait pas du moins pas tant qu'on ne lui posait une question directement.

Après que l'épouse du futur Roi du Danemark ait salué le Roi et la Reine de France, elle saluait Louise et Henriette avant d'arriver vers Louis tandis que son mari discutait avec ses beaux parents ou du moins ses beaux parents l'interrogeaient et il répondait, en lançant des coups d'œil discrets à Adélaïde qui s'en aperçut et qui s'en réjouissait étonnamment.

- Deux ans ma sœur que vous êtes mariée et toujours heureuse ! Se ravissait Henriette.

- Oui, deux ans ! Fît Thérèse dans un souffle.

- N'êtes-vous pas heureuse ?

- Et vous ?

- Je le suis toujours. Mais, c'est vous la mariée.

- Je le suis aussi Henriette.

- J'espère que vous m'avez ramenée mes souvenirs !

- Bien-sûr Louise ! Vous aurez vos souvenirs.

- Louis, est-ce donc celle qui a conquis votre cœur ? Demanda Thérèse

- Oui, Si c'est bien lui qui a conquis le vôtre.

- Puisse le Bon Dieu bénir votre ménage comme il le fait pour nous chaque jour.

- Puisse t-il aussi, continuer de vous bénir.

Ils se prirent dans les bras et elle semblait se retenir de pleurer.

- Enchantée de vous rencontrer, Anne.

- Le plaisir est partagé.

Adélaïde toussa faussement pour briser ce moment; elle qui avait passé ces derniers jours enfermée, dans ses appartements.

Thérèse arriva devant sa soeur. Les deux femmes se fixaient d'un profond regard avant qu'Adelaide ne rompe cette monotonie en la prenant dans ses bras et en articulant : - Ma sœur !

Une larme coula de l'œil de Thérèse.

- Je ... débutais Thérèse qui fut interrompue par sa grande sœur comme ci elle savait de quoi elle voulait parler.

- Dites-moi plutôt comment vous allez et votre voyage ?

- Je vais bien. Le voyage s'est bien passé. Je croyais ...

- Shut... on aura le temps de déblatérer plus tard. En attendant, il faudrait que vous alliez vous reposer. Vous devez en avoir besoin.

******

Le Roi et la Reine de France, avaient fait préparer un dîner en l'honneur de leurs invités et ils nous avaient tous conviés ainsi que quelques membres de la cour à y participer.

- Que vous êtes ravissante ce soir votre altesse ! Flagornait le comte Guibert comme à l'accoutumée.

- Comte Guibert, où est donc votre épouse, la charmante Eloïse ?

- Elle semble indisposée votre altesse.

- Sait-elle que vous êtes accompagné par cette jeune demoiselle ?

Il restait muet.
Je l'abandonnais car j'étais à la recherche de mon futur et tendre époux.

- Thérèse ! Que vous semblez rayonnante !

- Épargnez-moi vos compliments. Rétorqua t-elle agacée.

- Pardon ?

Elle avala rageusement un demi verre de vin en une seule gorgée.

- À quoi cela sert-il de paraître radieuse aux yeux de tous si devant son mari, on n'est rien de plus qu'un pot de fleurs, qu'une décoration acquise ?

- Votre mari ne vous complimente-il pas ?

- Ne me parlez pas de celui là. Il a le mérite de ne pas flatter et de rester d'une humilité déconcertante. Tout d'ailleurs est déconcertant chez lui.

- Thérèse...

- Je vais aller me resservir. J'en ai besoin mais avant, prenez à cœur mes propos : Ne vous mariez jamais sans amour; il n'y a rien de pire que de se marier avec quelqu'un qui ne vous regarde pas, qui meurt d'amour pour une autre et qui ne pense qu'à elle tout le temps : l'erreur de ma vie a été d'accepter ce mariage et maintenant, je dois en payer les conséquences. Dit-elle évasive.

- Je vais me resservir. Si on me cherche, je serai où il y a le plus de vin. Ajouta-elle avec indifférence.

Pusillanime ? Non, elle ne l'était pas !
Blessée ? Oui, elle l'était !
Son mariage était en fait une catastrophe et j'avais de la peine pour elle.

Mon regard était resté accrocher sur ma future belle-sœur jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la foule et que je me perde dans mes pensées. Voulais-je vraiment ce mariage avec Louis ? Même si ce n'était pas le cas, le choix n'était pas le mien. La décision était déjà prise et tout le monde était au courant de cette union qui devait avoir lieu dans moins de deux mois.

- Anne ? Anne ? Anne ! M'interpella Adélaïde.

- Vous semblez perdue. Qui y a-t-il ?

- J'ai de la peine pour votre sœur.

- Ne vous en faites pas autant. Elle ne le mérite pas. Dit-elle sèchement et naturellement.

A quoi joue Adélaïde ?

- Adélaïde ?

- Oui.

- Pourquoi autant de ressentiment ? N'est-elle pas votre sœur ? Les sœurs ne sont-elles pas censées êtres unies comme les doigts de la main ?

- J'ai Henriette et Louise pour ça.

- Et Thérèse alors ? Pourquoi ne pas lui pardonner ?

- Même s'il m'arrive de le vouloir un jour, je ne le pourrai.

- Vous devez essayer Adélaïde. Des fois, vous me semblez plus froide que Louis et aussi méchante qu'Eléonore.

- Vous ne comprenez pas. Je n'ai pas seulement perdu l'amour de ma vie de par sa faute mais autre chose car, de cet amour est né, quelque chose, quelque chose de grand, de puissant. Et ma chère sœur, demeure la responsable de la perte de mon âme. Dit-elle avec indifférence.

Elle prenait un verre de vin sur un plateau et me tournait les talons, un grand sourire affiché sur son visage.

Je l'observais de loin jouer de ses charmes devant le mari de sa sœur qui ne semblait pas indifférent à sa beauté, il lui souriait tendrement tandis que de l'autre côté de la pièce, Thérèse ne faisait qu'abuser de l'alcool.
Elle finissait par se lasser du spectacle et rejoignait le couloir sous l'expression satisfaite d'Adelaide.

Je voyais enfin mon futur époux, qui semblait occupé avec Eléonore.
Cela me faisait bouillir de l'intérieur mais je devais m'imposer et ne pas la laisser s'approcher de lui.

J'avançais donc rapidement vers eux. Elle était fiancée à Benoît et moi, j'étais à Louis. Pas l'inverse !

Je courais presque vers eux lorsque je sentis quelqu'un me prendre le bras.

- Benoît, pouvez-vous patienter ? J'ai une affaire urgente qui requiert une attention particulière.

- Je ne tiens pas à vous retenir longtemps. Ceci est arrivé pour vous et j'ai trouvé nécessaire de venir vous la remettre en mains propres étant donné que je suis allée récupérer un courrier personnel, j'ai vu le vôtre et j'ai décidé de le prendre et de venir vous le remettre personnellement.

- Merci, Benoît; vous êtes un gentleman. C'est très touchant venant de vous.

- Je vous en prie, votre altesse. Permettez-moi de me retirer. Dit-il en faisant une révérence.

J'ouvrais la lettre que m'avait remise Benoît et une fois de plus, elle était anonyme et l'envie d'être choquée n'a guère traversé mes pensées.

« Je sais que je deviens lourd et croyez-moi, je n'essaie pas de créer le doute en vous. Mais, considérez-vous que Louis de France soit l'homme idéal pour vous ?
Je suis sûre que j'arriverai à mieux vous traiter que lui il ne le fait.
Un homme qui a des conquêtes par ci par là ne sera jamais un bon souverain encore moins un bon mari !
Réfléchissez bien ma belle. »

Je regardais Louis sourire à Eléonore et je commençais à me poser des questions : Mon prétendant anonyme n'avait-il pas raison ? Si je m'unissais à lui, mon destin sera-t-il différent du présent de la deuxième fille de Louis XV ?

Un manque d'amour entraîne inéluctablement une perte de confiance en soi et c'était mon cas en ce moment. Que faire pour avoir ton amour Louis et ne pas finir comme ta sœur Thérèse ?

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De retour‼️❤️️🤗

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