23- Fin de fourberie.
30 ÈME JOUR / 90.
Je n'avais toujours pas discuté avec Louis de ce qui s'est passé il y a deux jours.
Chaque fois qu'on se croisait, aucun de nous ne faisait allusion à ça et moi, je me sentais de plus en plus gênée en sa présence. Il l'a sûrement oublié parce que tel que je le connais, il n'aurait pas hésité à me mettre encore plus mal à l'aise.
- Anne ! Anne ! Je vous cherchais ! M'interceptait Adélaïde dans les couloirs.
- Oui, j'espère qu'il n'y a rien de grave.
- Si, c'est grave ! très grave !
- Qui y a-t-il ? Est-il arrivé quelque chose à quelqu'un ?
- Je plaisante. Ne faites pas cette mine. Pouvez-vous me rendre un service ?
- Oui, bien sûr !
- Accompagnez-moi Anne, je voudrais aller le revoir.
- Revoir qui ?
- Barthélémy.
Elle ne l'a donc pas oublié ? Cet enfant a véritablement réveillé quelque chose en elle !
- Mais, Barthélémy est à Paris.
- Oui, je sais.
- Et Rose, est-elle au courant de votre visite chez elle ?
- Oui. Aujourd'hui, c'est son jour de repos. Et j'ai envoyé un garde hier, lui dire que je viendrai aujourd'hui mais, je ne veux pas y aller seule.
- Que craignez-vous ?
- Je crains de ne pas rentrer. Plaisanta-elle.
- Ah oui ! La dernière fois, vous auriez pu rester si je n'avais pas été là.
- Alors, vous venez ?
- Vous y alliez quand ?
- Sans plus attendre, maintenant. Je voudrais tellement le revoir. Depuis notre dernière visite, je pense à lui et à ses petites mains ainsi que son adorable visage. Je lui ai même confectionné un bonnet pour le froid.
- D'accord, d'accord. Allons-y. Vous l'aimez vraiment à ce que je vois !
- Bien plus que vous ne le pensez.
- Et pourquoi ?
- Il me fait penser à quelqu'un que j'ai connu. Mais, on n'est pas là pour ressasser le passé, allez prendre vos affaires personnelles et rejoignez-moi dans la calèche !
******
Comme la dernière fois, Adélaïde ne voulait pas le lâcher, elle le tenait comme ci sa vie en dépendait.
Elle jouait avec lui depuis un bon moment . Et lorsqu'Adélaïde le tient, personne d'autre ne peut plus le prendre, c'est ainsi.
Un homme entrait subitement, dans le modeste logis de Rose.
- Alexandre ! Alla se jeter Rose, dans les bras de ce dernier.
- Alexandre ? Murmurais-je.
Je me retournais pour rencontrer l'invité de Rose. Et je vis que c'était le même Alexandre qui m'avait sauvée.
- Rose, vous vous connaissez ?
- Oui, c'est mon grand ami et voisin, Alexandre.
- Mais, c'est lui qui m'avait secouru lorsque je m'étais égarée.
- Alexandre, je te présente, l'infante Anne, la fiancée du Dauphin.
- Je le savais déjà. Votre altesse, ajouta-t-il en se courbant.
- Comment le saviez-vous ?
- Votre accent et vos manières.
- Ah oui ! Ils me trahissent toujours peu importe ma tenue.
- Ne négligez pas le fait que vous soyez connue de tous, peu importe ce que vous vous mettrez dessus votre altesse.
- Mais, que se passe-t-il ici ? Barthélémy doit faire sa sieste et vous faites du bruit ! Protesta Adélaïde.
- Navrée Adélaïde mais... Commençais-je à m'expliquer.
Je parlais mais je remarquais que la sœur de Louis, ne me suivait plus donc, je m'arrêtais.
Son regard se figea lorsqu'il rencontra celui d'Alexandre. Elle tomba raide, Barthélémy dans ses bras, dans un fauteuil, visiblement très choquée de le voir ici.
Se connaissent-ils ?
- Adélaïde ça va ? Demandais je en me déplaçant rapidement vers elle.
- Lui... ici ? Prononça-t-elle difficilement en le pointant du doigt.
- Oui, c'est un ami de Rose. Que vous arrive-t-il ?
- Il n'est pas censé être là. Non ! Non ! Non !
Mes doutes se confirmèrent. Ils se connaissaient.
Alexandre quant-à-lui, la dévisageait d'un regard froid, plein de ressentiment.
Elle se leva, me donna Barthélémy et alla vers lui en pleurant et en maintenant son regard sur l'hôte de Rose et Marguerite.
- Je suis désolée. J'ai tellement de choses à te raconter... écoute ...
Il l'arrêta d'une main et sortît sans piper mot.
Je savais qu'Adelaide n'avait pas bonne réputation mais qu'avait-elle bien fait à Alexandre, - cet homme au grand cœur - pour qu'il la traite ainsi ?
Adélaïde pleura de plus belle.
Alexandre revînt.
- Ce qui s'est passé, c'est le passé. N'essaie plus jamais de m'expliquer quoique ce soit. Tu as gâché ma vie, ta famille et toi. Et moi, qui croyais que tu me considérais, que nous étions des amis ! Ajouta-il très en colère avant de repartir.
Qu'est-ce qui a bien pu briser cette grande amitié ?
******
Après le départ d'Alexandre, Adélaïde n'était plus la même, elle avait perdu son étincelle et avait demandé à rejoindre le palais - sans nous expliquer d'où elle connaissait cet homme - . Ce qu'on fît par la suite mais le trajet fut long tellement le silence était pesant. Et lorsqu'on arriva au château, elle monta directement dans ses appartements sans me laisser le temps de lui proposer de l'accompagner. Je fus ainsi, obligée de rejoindre les miens sous le champs.
La fiancée de Benoît était dans ma chambre assise sur mon lit, entre plusieurs lettres.
- Eléonore ? Que faites-vous ici ? Au milieu de toutes ces missives ?
- J'en ai marre. Dit-elle avec une voix éreintée ce qui me fît comprendre qu'elle était entrain de pleurer.
- Qu'avez-vous ?
- L'amour ! L'amour me fait souffrir. Et pourtant, j'ai tout. Je m'assure de toujours laisser une trace où je vais. Tout le monde souhaiterait m'avoir pour épouse sauf lui...
Je lançai un coup d'œil sur les écritures inscrites sur ces lettres.
- Mais je reconnais ces écritures ! M'exclamai-je.
- Je m'en serai doutée !
- C'est mon écriture ! Que faites-vous avec ça ? Où les avez-vous eues ?
- Ce sont les lettres que vous avez envoyé à Louis durant toutes ces années.
- La question c'est comment sont-elles arrivées dans vos mains ?
- Regardez ! C'est celle où vous lui avez dit à quel point il vous manque et que vous souhaiteriez le voir au plus vite.
- Eléonore !
- Je vais lire un passage de celle-ci :
« Mon cher Louis, cela fait treize mois que vous nous avez quitté mais j'ai l'impression que ça fait plus.
M'habituer à votre absence, serait comme m'enlever une partie de moi et qui deviendrai-je sans une partie de moi ?
Pourquoi ne me répondez-vous pas ? Trop de temps s'est écroulé mais mes pensées convergent toujours en votre faveur...
Hier, j'ai fêté mes 17 ans et le vœu que j'ai fait dans ma prière, c'était de vous revoir un jour mais quand viendra ce jour mon aimable soldat ? Même si je crois en la puissance céleste, je crois aussi qu'il est bon de provoquer son destin surtout lorsque toutes les conditions sont réunies pour nous contraindre à accepter un destin qui n'est pas le nôtre... »
- Là, ce n'est que le début. Dans la suite, vous vantez ses qualités. Que vous êtes ennuyeuse ! Croyez-vous vraiment que les hommes aiment ce genre de femme ? Non ! Ma chère ! Vous avez encore beaucoup à apprendre à ce que je vois.
Rétorqua-t-elle avec un ton ironique.
- Vos parents au moins savent que vous aviez écrit ce genre de lettres ? A un soldat de l'armée française de surcroît ?
Ajouta-elle avec le même ton.
- Eléonore qui vous a remis ceci ? Demandais-je, énervée.
Elle essuya ses larmes, se leva et commença à me tourner autour comme un prédateur.
- Éh bien, éh bien ! la douce Anne n'est pas aussi douce que ça ! Donc, vous vous mettez aussi en colère ? Ne savez-vous pas que vous pêchez en vous mettant dans cet état ? Je ne suis donc pas la seule à jouer un double jeu ! S'indigna-t-elle faussement.
- Eléonore !
- C'est moi ! Oui ! C'est moi ! J'en ai marre d'être la gentille fille qu'on ne voit jamais !
- C'est vous quoi ?
- C'est moi qui ai intercepté toutes vos missives. Louis ne vous mentait pas lorsqu'il vous disait qu'il n'avait jamais rien reçu.
Ma bouche s'entrouvrit, je froissais les sourcils avec une expression faciale qui décrivait le degré d'étonnement dont j'étais sujette.
- Ne soyez pas aussi surprise ! Moi, qui vous croyais plus intelligente; quelle déception ! Ça a été si facile. Comme vous le savez, je suis une amie de la famille depuis belle lurette et je séjourne dans ce palais chaque année. Je me suis faite des alliée ici, dans ce château, et ce sont eux qui m'ont aidés. S'il n'y avait pas eu cette mégère d'Adélaide, mon plan se serait déroulé comme prévu. J'aurai eu Louis pour moi et vous aurai évincé.
- Vous ne l'aurez jamais !
- Qu'en savez-vous ? Par le passé, il a été à moi mais cette anglaise ! Elle est venue tout gâcher ! Et vous, l'avez-vous déjà eu ? Savez-vous ce que ça fait de ressentir le corps chaud de Louis nu contre le vôtre ? Savez-vous ce que ça fait lorsqu'il parcourt votre corps avec sa main ? Lorsqu'il dépose des baisers sur votre corps tout entier ? Ou lorsqu'il vous regarde avec un regard remplit de passion et de désir ?
Je baissais ma tête, gênée car je ne connaissais rien de tout ce qu'elle venait d'énoncer.
- Je m'en doutais bien. Vous n'êtes qu'une petite sotte qui croît qu'elle pourra rivaliser avec une femme, une vraie femme telle que moi ! Louis sera à moi, ou à personne malgré toute la souffrance qu'il m'a infligée. Je devrais me débarrasser de lui mais l'amour que j'ai pour lui est encore plus fort que la haine que je ressens à son égard. Je le veux pour moi toute seule et je l'aurai !
- Serait-ce une déclaration de guerre ?
- Prenez le comme vous voudrez. Je venais juste vous prévenir car il risque d'y avoir dès dommages... collatéraux. Regardez j'ai déjà mis la famille royale de mon côté et vous qu'avez-vous comme arme ?
- Vous seriez surprise si je vous le disais. Je ne vais pas gaspiller ma salive à discuter avec une femme qui a perdu son bon sens. Maintenant, tout s'éclaire c'est vous qui me créez des ennuis avec Louis !
- L'on dit qu'il est imprévisible et pourtant, ce n'est pas le cas. Il est tellement prévisible, ce Louis. Je le connais plus que moi-même.
- Veuillez sortir d'ici Eléonore !
- Ne criez pas, je ne comptais pas m'éterniser dans ce trou. Gardez vos maudites missives ! ( elle les balançait par terre).
Et, retenez bien ceci : "L'insurrection est l'accès de fureur de la vérité." "Gardez-vous de négliger une amante en fureur qui cherche à se venger." Je sais que vous êtes assez intelligente pour ne pas aller raconter tout ce qui vient de se passer. Passez une belle soirée, Anne et faites très attention à vous, il pourrait... vous arriver quelque chose.
C'était la fin de la fourberie; son jeu était dévoilé. Elle venait de me déclarer la guerre ! Eléonore n'était pas l'ange qu'elle prétendait être, l'intuition d'Adélaïde ne l'a pas trahie.
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Le titre du prochain chapitre : La deuxième fille.
Ce titre vous parle-t-il ?
Même si c'est pas le cas, découvrons le en lisant !
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Je me suis presque rattrapée comme prévu. J'étais en retard de six chapitres, j'en ai publiés quatre, il ne me reste plus que deux.
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