2. Le bal d'anniversaire.
Aujourd'hui était censé être un grand jour pour moi. L'un des plus beaux jours de ma vie selon mes chers parents car je devais être présentée au monde. Je me demandais si finalement ce bal avait été organisé en mon honneur ou en celui de mes parents vue qu'ils en faisaient trop pour un bal d'anniversaire.
Ces derniers étaient bizarrement au petit soin avec moi. Je craignais les retombées de cette gentillesse débordante. Ils étaient des manipulateurs, je les connaissais fort bien. Ils auraient pu devenir tout ce dont j'aurais voulu en ce moment, rien qu'en claquant des doigts : il y avait anguille sous roche !
Ils insistaient tant sur le fait que je sois aimable durant cette soirée. Je n'avais à m'occuper de rien comme à l'accoutumée, je devais me contenter de passer une merveilleuse soirée mais comment passer une merveilleuse soirée lorsque son cœur est ailleurs ? Lorsque sa vie n'est que tourments et contraintes ?
Je rêvais d'une autre vie, d'une meilleure vie ici ou ailleurs, peu importe...Son accent français me manquait...
C'est pourquoi lorsque je me réveillais ce matin, le royaume d'Espagne étant reconnu pour sa grande dévotion religieuse, je m'attelais à ma prière quotidienne comme à chaque matin; une prière dans laquelle, je remerciais le tout puissant pour toutes ses grâces et j'implorais une vie meilleure, remplie d'amour, peut-être avec lui.
Quelques temps après, Susanne entrait pour m'aider à me préparer. Et je l'accueillis avec des plaintes, adossée sur la chaise de ma coiffeuse, les cheveux hirsutes.
- Susanne, toujours rien! soupirais-je en cognant mon front contre la coiffeuse.
- Mais qu'avez-vous donc fait à vos cheveux ? Quel désastre ! Constata-t-elle abasourdie.
- Ne comprends-tu pas ? Il ne m'a toujours pas répondu ! Insistais-je.
- Et vos cheveux ?
- ... j'ai juste essayé de les coiffer et cela s'est mal terminé, expliquais-je sans vraiment comprendre pourquoi cela la tourmentait tant.
- Je vais appeler Alba pour qu'elle m'aide à vous préparer pour le bal.
Je décidais de jeter des regards à l'extérieur de la grande baie qui avait été laisser sciemment ouverte pour laisser entrer la lumière du jour et c'est là que j'aperçus mon frère, Charles.
Il discutait avec des membres de la cour avant qu'un garde ne vienne l'accoster et dans l'instant d'après, mon frère le suivit, je le vis se diriger vers les écuries distancé par ce même garde mais pour y faire quoi ?
Alba et Suzanne entraient pour me préparer. Malgré mon esprit tourmenté, je les suivais et j'appréciais le résultat final, après trois heures de temps.
- Que m'avez-vous fait ? Je suis ... je suis... articulais-je difficilement. Vous avez des mains de fées, finissais-je par conclure.
Elles avaient magnifiquement coiffé mes cheveux blonds, fait ressortir mes beaux yeux noirs et s'étaient contentées de me répondre avec leurs plus beaux sourires.
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C'était l'heure, j'étais à l'entrée de la salle du bal. J'attendais que l'on m'annonce, un page cria finalement :
- Son altesse royale, l'infante Marie-Anne-Victoire d'Espagne.
Sur ces mots, tous se retournèrent, ils esquissaient leur plus gracieuse révérence, je leur répondais par un sourire et une salutation. Ils se murmurèrent, me toisaient du regard, j'aurais cru lire de l'admiration dans les yeux de certains et de la condescendance dans les yeux des autres.
Je remarquais que tous les invités arboraient leurs plus belles tenues qui scintillaient de mille feux.
Je traversais fièrement la salle de trône qui avait été transformée en salle de bal, la tête et les épaules hautes, dans ma robe d'une couleur blanche qui mettait en valeur mes épaules et mes formes et ma couronne parsemée de diamants disposée sur mes cheveux blonds qui avaient été relevés en un simple chignon pour l'occasion.
Lors de mon passage, je profitais pour admirer la salle de bal, c'était la plus lumineuse et la plus radieuse des salles du palais. Les murs recouverts de parures, le plafond orné de petites plaques sculptées, un grand lustre ancien était disposé au centre. Un grand espace central faisait office de piste de danse. En période de bal, les meubles étant déplacés pour qu'il y ait assez d'espace afin que tout le monde puisse valser sur la piste. Les serveurs slalomaient entre les nobles, leur proposant les meilleurs décoctions. Les colonnes en marbres et les coins de la salle étaient décorés des magnifiques roses blanches que la Reine avait faites parvenir d'Angleterre.
C'était juste magnifique !
Je voulais me convaincre que j'allais passer une bonne soirée mais l'image de Charles, quelques heures plus tôt, me hantait. Je rejoignis mes parents, prenant place à la gauche de la souveraine sur le trône où j'admirais aisément toute la salle.
On annonçait la première danse, et mon père me demanda de lui accorder cette danse, ce que je fis. Puis s'enchaîna, une deuxième danse avec un Duc d'Angleterre, une troisième avec un Compte du Danemark, une quatrième avec le futur Archiduc d'Autriche. J'étais si convoitée que j'ai dû me retirer dans un coin pour échapper à mes prétendants pour siroter tranquillement mon breuvage. Hélas, ma tranquillité ne dura que quelques secondes, le Roi me sollicitant pour me présenter à quelques personnalités qu'il jugeait importantes.
Ce fut tout d'abord l'ambassadeur de France en Espagne, puis celui d'Espagne en France, ensuite les ducs d'Aumont, de Noailles, de Bourbon Condé, de Candale, d'Antin, d'Anville, d'Aumale, de Caderousse, de Crillon, de Gadagne, d'Isnards. Mon père me présenta aussi à des comtes, des marquis et des vicomtes mais je n'ai pu retenir que le Comte de Thomond et le vicomte de Clare. Ils étaient tellement nombreux qui désiraient me rencontrer que je me contentais de leur montrer mon plus beau sourire sans faire attention à leurs noms et titres et à tout ce qu'ils pouvaient raconter, ma tête étant déjà assez surchargée. Cependant, je ne pus m'empêcher de relever les dires d'un noble de la Russie qui ne faisait que vanter les qualités de son Tsar comme si j'avais été sa promise.
Ça faisait des heures que je cherchais du regard mon frère, qui ne s'était pas présenté durant toute la soirée, tout le monde me faisant croire qu'il ne savait guère où Charles se cachait et dès que je l'aperçus enfin, je m'excusais auprès de mes hôtes pour me diriger vers lui.
Je zigzaguais entre les invités avec pour objectif de rejoindre Charles qui discutait avec le duc d'Algete. J'étais si pressé que je ne remarquais pas l'homme qui se dirigeait vers moi.
Je le heurtais ; remarquant ma faute, je me confondais en excuses.
- Je suis navrée... monsieur... veuillez... veuillez pardonner ma maladresse.
J'avais taché sa toilette. Et il n'avait prononcé que ces mots :
- Une princesse telle que vous ne doit jamais s'excuser. Veuillez plutôt me pardonner, j'aurais dû regarder où je pose mes pieds.
- Mais...
Il disparut aussitôt comme il avait apparu, tout s'est passé si vite; je n'avais pas eu le temps de bien l'observer car mes yeux étaient concentrés sur la tache de vin sur sa tenue. J'avais juste remarqué son anneau. C'était un anneau en argent dans lequel était ancré une pierre précieuse, un saphir bleu.
Je continuais mon chemin vers mon frère qui avait changé d'emplacement, il se dirigeait à présent vers l'extérieur. Je le talonnais jusqu'au jardin. On aurait cru qu'il attendait quelqu'un, je l'espionnais derrière un arbre et lorsqu'il finissait de discuter avec son rendez-vous qui lui remettait un papier, je décidais de l'affronter.
- Pourquoi tous ces mystères Charles ?
Il fut surpris de constater ma présence.
- De quoi parles-tu ?
- Ça fait des jours que j'ai remarqué ton comportement étrange. Tes échanges secrets avec des gardes. Que se passe-t-il ?
Il me fixait pendant un long moment, le visage impassible.
- Il y a des moments où laisser parler le silence est meilleur que les mots qui devraient être prononcés.
- Je ne te comprends pas. Mais de quoi parles-tu ? As-tu un problème ? Si oui parles moi je suis ta sœur peut-être pourrai-je t'apporter de l'aide ou ...le royaume traverse-t-il un problème ? Si oui fais moi en part je suis une héritière tout comme toi, je suis en droit de le savoir ! m'exclamais-je désespérément.
- Tu le sauras bien assez tôt. Trancha-t-il avant de détourner les talons.
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Du John JOOS ( Que j'ai légèrement modifié) dans l'air 🙃. Qui a remarqué ?
Hum mais que se passe-t-il donc dans la famille royale d'Espagne ? Pourquoi Charles fait-il autant de mystère ? 🤔
Qui est l'homme qui a bousculé Anne ? Et pourquoi ce noble russe fait les éloges de son Tsar ?🤔
Dites-moi en commentaires ce que vous pensez de ce chapitre.
Et n'oubliez pas de VOTER ! ☺️
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Chapitre clos !
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