19- Les émotions parlent (I)

25 ÈME JOUR / 90

Les deux souverains de France, étaient majestueusement assis sur leurs trônes, ils m'avaient convoquée ce matin pour une raison inconnue.

La tête légèrement baissée, les bras descendant le long de mon corps, j'étais placée devant eux attendant leurs recommandations.

Marie Leszczynska, soucieuse, laissa échapper une plainte :
- Mais où diable peut-il être ?

Son mari essaya de la calmer et appela un garde à qui, il murmura quelques mots.

Le garde s'en alla, exécuter - fidèlement - les ordres du Roi.

Et la minute d'après, mon plus grand tourment franchissait le seuil de la porte  de la salle du trône, l'inondant de son parfum robuste.
C'était la première fois depuis une dizaine de jours que je revoyais ces yeux bleus que je reconnais à leur effrayante malice, ce corps de soldat, cette fausse mine sérieuse, cette coupe de cheveux enfantine et le sentiment qui m'étreignait à ce moment là, était... sibyllin.

Son corps se déplaçait de la porte d'entrée jusqu'à l'endroit où j'étais placée depuis quelques minutes.
Il était posé là comme un poteau, à ma droite à à peine dix mètres de moi. Il saluait ses parents et me saluait froidement sans me renvoyer un seul regard.

Cet homme était décidément un casse-tête pour moi.

Mais, je devais l'admettre : son indifférence me faisait effroyablement souffrir. Qui l'eut crût ?

Il ne voulait pas me sentir et je n'allais pas  non plus, le forcer.

- Éh bien, je vous ai fait venir ici tous les deux parce qu'il paraît qu'un conflit est né entre vous et que vous ne parveniez pas à le résoudre. Énonça le Roi.

Louis et moi lancions des regards interrogateurs à l'intention du Roi et de la Reine.
Comment le savaient-ils ?

- Ne nous regardez donc pas avec cette mine ! Croyiez-vous vraiment que quelque chose pourrait m'être inconnue dans ce palais qui est le mien ? S'indignait la Reine.

- Je suis au courant de tout. Sachez-le même si fréquemment, je feins l'ignorante... car il n'est pas prudent de tout révéler. Dit-elle en regardant son fils aîné d'un regard accusateur tandis que Louis détournait sa face comme s'il avait été démasqué.

Je le savais ! Cette femme est donc au courant de tout sur Louis !

- Louis, de vous, rien ne peut plus me surprendre. Mais, de vous, Anne ! je suis déçue. Pourquoi n'êtes-vous pas venue m'en parler ? se plaignait la Reine.

Je baissais ma tête, honteuse.

- Anne, ma chère enfant, j'ai appris votre petite escapade et je vous rassure que je comprends vos intentions mais, il n'est rationnel de sortir d'ici sans escorte.

- Père, ne vous fatiguez pas à lui expliquer quoique ce soit. Elle ne vous écoutera pas. Ce n'est qu'une enfant gâtée habituée à être comblée qui se plaint sans cesse de son existence et veut toujours plus car elle ne peut se contenter de ce qu'on lui donne ...

Un tas d'émotions refoulées ! C'est donc là son avis sur moi ?

Il avait émis ces paroles en me regardant droit dans les yeux avec répugnance. Et moi, je n'avais pu que lui renvoyer une expression faciale remplie de mauvais sentiments.
Je ne me serai pas gênée de lui dire ses quatre vérités si nous n'avions pas été en présence de ces deux autorités pour qui, j'avais beaucoup de respect contrairement à lui.

- Ne parlez donc pas ainsi à votre future femme ! Où est passé votre bon sens et votre courtoisie ? Sermonnait le Roi.

- Une femme que vous avez choisi pour moi sans mon accord. J'aurais pu trouver mieux moi-même...

Mieux ?

J'ai reçu ces paroles comme un couteau qui me transperçait le cœur. J'aurais indiscutablement fondu en larmes si je n'étais pas devant lui mais, je devais me montrer forte et ne pas me laisser vaincre par quelques inepties prononcées par une personne aussi puérile. Qu'il continue donc à se rendre ridicule, je ne protesterai pas ! Le silence tue plus que les mots. -

- ... Qui vous a donné l'autorisation de parler ? Est-ce donc comme ça que je vous ai élevée Louis ?

- Navré, mère. Dit-il d'un air mi contrit mi agacé.

- J'espère vraiment que vous l'êtes !

- Où allez-vous ? Demanda le Roi à Louis.

- La discussion est finie. J'ai des affaires importantes qui m'attendent.

- Personne ne vous a demandé de partir et je ne me souviens pas vous avoir dit qu'on avait terminé. Jusqu'à preuve du contraire, je suis celui qui vous dit quoi faire. Mais, que vous arrive-t-il ? Pourquoi ce comportement enfantin ? A votre attitude, on en conclut que c'est vous l'enfant gâté. Dit le père de Benoît, en insistant sur chaque syllabe de : c'est-vous-l'en-fant-gâ-té et en lui pointant du doigt.

- Louis, votre comportement me chagrine.  Et vous osez nous ridiculiser de la sorte devant Anne ! Ressaisissez-vous mon fils ! Je n'ai pas élevée un perdant. Intervenait la Reine.

- Votre sœur, Thérèse sera en visite ici dans quelques jours accompagnée de son mari, le futur Roi de Danemark. Tachez s'il vous plaît, de ne pas nous ridiculiser comme vous seul, savez le faire Louis ! Suppliait la Reine, désespérée, environ une trentaine de secondes plus tard.

- Et dire que nous croyions que ce mariage serait une bonne chose pour vous. Notifiait tristement le Roi en soutenant sa tête avec la paume de sa main droite.

- Que voulez-vous dire père ?

- Nous ne l'avons pas choisi par hasard. Anne, vous êtes certes magnifique, douce et intelligente mais, je vous ai choisi pour être la future Reine de ce grand royaume et surtout, la femme de mon fils exigeant parce que j'ai appris que vous vous étiez rapprochés tous les deux au palais de Madrid il y a plusieurs années aujourd'hui et que vous aviez pu toucher ce cœur de rocher qu'a Louis. Mais, je me rends compte que Louis ne changera jamais, que mon choix ne fait que l'enfoncer.
Quelle triste nouvelle pour moi !
Nous apprenait le Roi, abattu.

- Nous ne pouvons pas retourner en arrière, cependant. Louis ! Vous allez devoir vous conformer aux décisions de votre père ! Exigea Marie Lezczynska.

Ce dernier ne pipa mot. Il resta silencieux tel que quelqu'un qui avait reconnu son tort ou qui préparait silencieusement sa vengeance.
Sans prévenir, il tourna les talons, direction la porte tandis que des cris se faisaient entendre de l'autre côté de cette porte, interrompant Ferdinand dans sa marche :

- Sombres idiots ! Ne vous ai-je pas déjà dit que j'ai une audience avec le Roi ? Laissez-moi passer ! Mais, laissez-moi passez ! Crétins, incapables, je passerai que vous le vouliez ou pas ...

Qui ose blasphémer dans ce palais ?
Cet homme ne s'exprimait décidément que par B et F.

Louis s'apprêtait à sortir et un homme un peu plus âgé que lui, accéda à la salle en trombe, le renversant. Je suppose que c'est lui qui émettait ces paroles indécentes. Je me suis retenue de ne pas éclater de rire ne l'avait-il pas bien mérité, une humiliation pareille ?

L'homme qui était entré sans permission alla vers le Roi et la Reine, des gardes cherchaient à le saisir lorsque leurs maîtres les en empêchèrent par un geste de la main.

- Qui y a-t-il de si urgent monsieur pour faire tout ce vacarme ? Demanda le Roi à l'homme qui ne s'exprimait que par B et F, il y a quelques secondes.

- Serait-ce là l'infante d'Espagne ? L'inconnue que vous nous avez ramené pour diriger notre royaume ? Et celle pour qui, vous avez dépensé une sacrée fortune pour qu'elle soit là en ce moment ?

Je ne comprenais rien. Que me reprochait il ?
Il se retourna.

- Ah !!! Le fils prodigue ! Celui pour qui le Roi serait capable de vendre le royaume et ses habitants.

-Veuillez taire ces paroles insensées avant que je ne vous enferme dans un cachot !

- Je n'arrêterai que quand j'aurai terminé.

Quel affront ! Cet homme n'a pas froid aux yeux !

- Vous-même vous savez que votre règne arrive à sa fin... votre descendance s'éteindra et on n'oubliera qui était le grand Roi Louis XV, vous n'êtes que le bien aimé de quelques naïfs du peuple.

- Vous tous, bande de profiteurs ! vous payerai pour tout ce que vous nous faites Subir. Vous avez certes le Royaume d'Espagne de votre côté, mais, nous sommes encore plus forts... ce royaume d'Espagne est devenu l'ombre de lui-même d'ailleurs ... Oui, votre altesse, on est au courant de tout ! Ajouta-t-il après avoir remarqué l'étonnement sur mon visage.

- Gardes ! Cria la Reine.

- Emmenez-le ! Exigea-t-elle.

- Qu'il m'emmène donc, mais, sachez que nous sommes nombreux, faites attention où vous poserez vos pieds, à ce que vous mangez, nous sommes partout ...

Les gardes le tiraient vers la sortie par force pour l'emmener dans les profondeurs du château. Les souverains étaient toujours sur le choc.

Je croisais le regard de Louis et ces subtiles et terribles mirettes me rendaient mon regard curieusement avec un soupçon de « je te l'avais bien dit »

« Et puis quoi encore ? Comment aurais-je pu devenir que ta famille passait par autant d'épreuves ? » Renvoyait mon regard.

- Veuillez vous retirer s'il vous plaît. Je dois m'entretenir avec quelques personnes. Me demanda Louis XV.

Bizarrement, cette situation ne m'embarrassait pas autant qu'elle le devrait. J'avais envie d'en savoir plus. L'envie de sortir pour aller rencontrer et explorer un «univers» différent du mien, m'étreignait fortement.

- D'accord, votre majesté. Dis-je avant de m'en aller.

Je savais que même si je posais des questions, on ne me répondrait pas.

Et donc, d'après tout ce qu'il s'est passé, J'en conclus que le Roi m'a choisi pour deux raisons : la première c'est dans l'espoir que je touche le cœur de son fils et la plus importante, pour un soutient militaire.

Je n'étais pas seulement un objet que pour mes parents alors ! Les émotions ont parlé et m'ont révélé la véritable raison de ma venue ici !

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Intéressant ! Il se passe des choses étranges dans la famille royale ! Trop de cachoteries à mon goût.

Anne, découvre nous les choses dis donc ! Nous sommes impatients là, n'est-ce pas ?

Please, Don't Forget VOTES ! 😉

PS : MON OPÉRATION S'EST BIEN PASSÉE ! Je reviens en force les gars et les filles 🌝.

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