17- Quand le rêve devient la realité.
J'étais allongée sur mon lit. J'avais fait signaler à la famille royale que je m'étais foulée la cheville lors d'une promenade dans la forêt royale.
Ils avaient fait venir leur médecin qui m'avait consultée et suggérée de me reposer pendant trois jours.
Le soleil se couchait. Je cherchais les bras de Morphée depuis peu sans les atteindre.
- Je suis incapable même de dormir ! Grommelais-je
Quelqu'un frappa délicatement contre la porte avant de pénétrer dans ma chambre, m'interrompant dans mes lamentations.
- Votre altesse, j'espère ne pas vous interrompre.
- Princesse Eléonore, que faites-vous ici ?
- Nous sommes des amies. Et en temps que tel, il est de mon devoir de venir vous voir. J'ai appris votre mal et j'ai aussitôt accourue dans cette pièce pour constater votre état.
- Vous n'aurez pas dû vous déplacer pour une petite entorse !
- Vous aurez sûrement fait autant pour moi. Appuyait-elle avec un sourire.
Comment cette femme pouvait-elle être aussi fausse comme me l'a fait croire Adélaïde ? Il n'y a rien de mauvais en elle.
- Et ne vous inquiétez pas pour votre secret...
Je fronçais les sourcils.
- Quel secret ?
- Votre petite escapade à la capitale.
Je m'asseyais sur le lit.
Comment l'a-t-elle appris ?
Je feignais l'innocente.
- Croyez-vous sincèrement que je vais gober cette histoire selon laquelle vous vous êtes foulée la cheville sur le sentier de la forêt ? J'ai joué sur ce sentier pendant presque toute mon enfance et cela ne m'est jamais arrivé. Le Bon Dieu lui-même sait à quel point je suis un être fragile. Et votre médecin a dit que pour avoir eu une telle entorse, il faudrait que vous soyez tombée d'un cheval mais, vous l'avez niée.
Comment a-t-elle suivi ce qu'a dit le médecin ?
Il faudrait que soi elle ait quelque chose contre moi ou qu'elle s'inquiète réellement de mon état pour avoir fait une pareille analyse !
- M'Espionnez-vous, Eléonore ?
- Non, comment pourrais-je interférer dans votre vie privée ?
Elle le dit d'une manière faussement indignée et donc, qui ne me convainquit pas.
Ayant compris néanmoins qu'elle avait tout su par je ne sais quel miracle, j'avouais mes torts et lui conjurais de ne pas m'exposer.
- Pourrais-je compter sur votre discrétion ?
- Oui, bien-sûr nous sommes amies et bientôt de la même famille. Louis, n'en saura rien. Rassurez-vous. J'imagine sa réaction s'il venait à l'apprendre, quel fou furieux il serait !
Pourquoi préciser cela ? Était-ce une menace ? Me considérait-elle véritablement comme une amie ? Ou me voyait-elle comme une rivale ?
Eléonore était encore là lorsque Louis entrait sans crier gare. Il se jetait à mes pieds, prît ma tête entre ses mains, qu'il colla par la suite contre son torse après m'avoir regardé comme si j'étais la prunelle de ses yeux.
- Je viens d'arriver. Et ayant remarqué votre absence au dîner, l'on m'a informé de votre état. Ça va ?
Cette démonstration affective m'impressionnait et cette impression se lisait sur mon visage.
- Oui, Louis... ça va.
- Si vous saviez à quel point je ...
- ...À quel point vous êtes inquiet ?
- Oui. Vous m'avez fait une de ses frayeurs. Je n'aurai pas dû m'en aller et vous laisser toute seule ! Je m'en veux terriblement. S'il vous était arrivé quelque chose de pire, je crois que je ne me le serai jamais pardonné.
Il me serrait encore plus fort.
- Heureusement que vous avez suivi mes conseils et que vous n'êtes pas sortie ! Ça pourrait être pire !
Je me sentais très mal. Il était doux avec moi et croyait que je n'étais pas sortie. Fallait que je lui dise la vérité !
- Louis...
Il m'interrompît.
- ...Je vous emmènerai visiter la capitale lorsque vous vous porterez mieux, ne vous inquiétez pas. On ira où vous voudrez. Mais ne sortez jamais sans escorte ! Il pourrait vous arriver quelque chose.
Quel danger y-avait-il à s'aventurer à l'extérieur, hors de cette forteresse ?
Le visage serein de la princesse de Pologne n'était plus aussi serein malgré tous ses efforts.
- Je crois que je vais m'en aller et vous laisser.
- Eléonore, je ne vous avais pas remarqué.
- J'étais venue voir mon amie et maintenant, je m'en vais rejoindre vos parents.
Mon futur époux, n'avait pas prêté une seule oreille à ce qu'avait dit Eléonore. Celle-ci sortait, nous laissant seuls.
- Je suis heureux que vous n'ayez rien de grave et je vous promets de prendre soin de vous à partir de maintenant.
Il était si aimable pourquoi ne devrais-je pas profiter ? Juste un instant : Profiter, juste de sa présence, de sa chaleur, de son affection, de sa tendresse, de son... amour.
- Avez-vous dîné ?
- Oui, Sophie est montée avec un plateau pour moi.
- De quoi avez-vous besoin actuellement ? Dites le moi et je ferai tout mon possible pour l'obtenir.
Ah ! S'il pouvait savoir que la seule chose que je veux et que j'ai toujours voulu est juste là, située dans sa cage thoracique ...
Je plaçais une main sur sa poitrine.
- Je n'ai besoin de rien actuellement. Mentais-je.
Décidément, c'était une journée de mensonges et de tromperies pour moi. Comme on dit, un mensonge entraîne une autre !
J'étais mal assise. Il le remarqua, ajouta des coussins derrière moi et s'assît juste en face.
- Merci. Pourquoi ce changement de comportement subit avec moi ?
- Je ne voudrais pas qu'il vous arrive quelque chose par ma faute.
- Si ce n'est ça, rien n'est de votre faute et vous le savez.
- Non, vous ne comprenez pas.
Il se levait et se plaçait face à la baie, agité.
- Expliquez-moi donc !
Il se retournait et sans même me lancer un regard, il dit :
- Vous êtes sous ma responsabilité dans cette cour. Je me dois de vous protéger. S'il vous arrivait quelque chose, je serai la personne à qui on viendrait demander des comptes.
C'était trop beau pour être vrai. Il ne le faisait que par obligation et non par... amour.
Il me faisait face et me regardait avec un regard remplit de douleur
- Mais... continuait-il, je le fais aussi pour une autre raison.
Serait-ce ... ?
- Laquelle ? M'empressais-je de demander.
- C'est personnel.
Il changea d'humeur, passant de la tristesse à l'inquiétude après m'avoir entendu tousser.
- Voulez-vous boire de l'eau ?
- Un peu, s'il vous plaît.
Il renversa de l'eau de la carafe dans un verre qu'il me tendît.
- Merci. Vous êtes aimable.
- Pas plus que vous.
- Louis, êtes-vous entrain de me complimenter ? Plaisantais-je
- Un parole louangeuse ne saurait suffire pour vous dépeindre tant vous êtes extraordinaire.
Je rougissais, mal à l'aise.
- J'adore les plaques rouges qui apparaissent sur votre cou quand vous êtes gênée.
- Louis...
- Il m'arrive parfois de vous traiter mal mais sachez que la seule chose que jeux c'est vous protéger. Vous êtes une bonne personne et la seule en qui j'ai réellement confiance.
Je me sentais de plus en plus coupable.
- J'ai besoin de dormir. Lâchais-je
- Laissez-moi vous aider.
J'avais honte de moi, de mon comportement, je me couchais et faisais dos au dauphin.
Mes yeux commençaient à somnoler et je m'endormis. Je me souviens avoir rêvé ce jour là de Louis. L'air fourmillait de Louis Ferdinand.
Je me réveillais au beau milieu de la nuit, croyant que la tendresse de Louis n'était qu'un rêve de plus, qu'une conception de mon esprit, qu'un fruit de mon imagination débordante car cela était pour moi, impossible. Depuis mon arrivée dans ce palais, notre relation a pris un autre tournant.
Et lorsque mes yeux croisaient un homme endormi sur une chaise près de mon lit, je me sentis soudain, plus mal. Plus mal, parce que Louis n'aimait pas les mensonges et je lui avais menti sans réticence et aussi parce qu'il avait veillé sur moi pendant que je dormais, comment pourrait-on être plus bon ?
Je me sentais ignoble, horrible. Comment ai-je pu profiter de lui ainsi ?
- Louis... le réveillais-je doucement.
Il se réveillait brusquement et avait l'air aussi inquiet que lorsqu'il a mis les pieds dans cette pièce.
- Qui y-a-t-il ? Avez-vous besoin de quelque chose ?
- Non... je me demandais juste pourquoi êtes-vous resté ici ?
- C'est mon devoir.
- Cette chaise est-elle confortable ?
- J'ai vécu bien pire. Plaisantait-il
- Je n'en doute pas.
- Vous pouvez-vous recoucher à présent. Je crois savoir que vous avez besoin de repos.
- Ne vous y mettez pas non plus. Grognais-je
- Ordre du médecin.
- Je pourrais m'endormir tranquillement si je vous sais sur un lit confortable.
- Je ne quitterai pas cette chambre ce soir.
- Venez alors partager ma couche. Il y a assez de places pour nous deux.
- Voulez-vous me rendre fou ?
- Vous rendre fou ?
- Êtes-vous sûre de me vouloir auprès de vous ? ... Tout le reste de la nuit ?
- Si j'en étais pas sûre, je ne vous l'aurais pas proposée. On dormira chacun de notre côté. Faites-moi ce plaisir. Je me sens déjà assez mal de vous voir souffrir ainsi.
- Je vous demanderai juste de ne pas me toucher.
- Pourquoi voudrais-je vous toucher ?
Il enleva ses bottes et sa chemise. Je détournais mon regard.
- Vous pouvez regarder. Pour moi il n'y a pas de différence maintenant et dans soixante-dix neuf jours. De toutes les façons, c'est ce corps que vous verrez durant toute votre vie. Dit-il avec ce sourire moqueur dont lui seul possède le secret.
- Dormez-vous sans chemise ?
- Oui.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est mieux ainsi...Faites-moi une place.
Je lui cédais une place et tournais mon visage de l'autre côté.
Ma respiration s'accélérait. Je me forçais comme je pouvais de la contrôler mais mes efforts furent vains. Il avait un pouvoir sur moi.
Je ne sais combien de fois, j'ai voulu me retourner vers lui pour bader son corps.
À chaque fois qu'il est prêt de moi, une sensation bizarre m'étreint, j'ai l'impression de vivre, tous mes sens se mélangent. Je ne veux qu'une chose, sentir son corps près du mien.
D'un coup, mes yeux se fermèrent tous seuls, me plongeant dans un monde où tout est possible.
******
12 ÈME JOUR / 90.
C'était l'aube, et par inadvertance, je me retournais et posais ma main sur quelque chose de chaud : c'était le torse de Louis !
Il se retournait donc, se mettait à califourchon sur moi. Son corps sur le mien me faisait réaliser à quel point je le désirais.
Il suffit juste que sa peau effleure la mienne pour qu'un frisson me parcourt le corps tout entier.
- Je vous ai demandé de ne pas me toucher.
Je ne savais pas quoi dire. J'ouvrais la bouche mais rien ne sortait, mon cœur battant la chamade. Il se pinçait la lèvre, inspirait grandement, passait une main autour de moi tandis que l'autre, caressait légèrement le long de mon corps.
- Ce... n'é... tait pas mon... but. Bégayais-je finalement.
Mon beau brun ancra ses yeux dans les miens, pencha sa tête et lorsque je croyais qu'il m'embrasserait avec ses magnifiques lèvres pleines qui ne demandent que ça, il se contentait uniquement de déposer un doux baiser sur ma joue.
- Je ne profiterai jamais de vous. Dit-il avec un œil aguicheur.
Il tapotait du bout de ses doigts, mon nez fin. Je réalisais à ce moment à quel point j'avais été sotte. On aurait dit une godiche de 14ans !
Je n'arrêtais cependant de me poser ces questions : L'aurais-je laisser faire ? Ou lui aurais-je fait comprendre que je n'étais pas l'une de ses multiples maîtresses ?
Il portait sa chemise.
- Avez-vous passé une belle nuit ? Me demanda-t-il.
- Oui, même si vos ronflements ont tout fait pour que ce soit possible. Et vous ?
- Malgré la torture d'avoir le corps d'une belle jeune femme si proche et de ne pas le toucher, j'ai bien dormi.
Je rougissais et avant même que je ne pus m'exprimer, quelqu'un demanda à entrer.
- Votre altesse...
- Que puis-je faire pour vous ?
- Je suis venue préparer l'infant Anne.
- Je m'en vais mais je reviendrai. À plus, ma toute belle.
Il prenait ses bottes et s'en allait.
*****
- Quelqu'un a retrouvé Max. M'informa Rose.
- Ce doit être Alexandre. S'est-il présenté ?
- Non. Il avait une cape noire qui le couvrait parfaitement et aussitôt qu'il a présenté Max comme un cheval appartenant au palais, aussitôt il s'en est allé, d'après Sam.
- Vous ne m'avez toujours pas dit Rose, comment vous le connaissez.
- Qui ?
- Alexandre.
- Je...
Rose fut interrompue.
Comme hier, il avait fait une entrée fracassante mais cette fois-ci, sa gaieté habituelle s'était en allée pour laisser place à son accidentelle morosité. Il me fusillait d'un regard noir au point où j'en ai eu la chair de poule.
- Pourquoi m'avez-vous menti, Anne ?
- Menti ? Mais à propos de quoi Louis ?
- Arrêtez de feindre l'innocente et avouez que vous êtes sortie, hier sans mon consentement ! Et dire que j'avais confiance en vous...
Il me dévisageait avec un regard qui montrait à quel point j'étais indigne.
Mais, comment le sait-il ?
- Votre visage d'ange cache bien votre jeu. Vous êtes toutes pareilles !
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Les rêves peuvent devenir réalité cependant, ils peuvent virer au cauchemar !
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