10- La tentative ... ratée
05 ÈME JOUR / 90.
- Sophie, Rose pouvez-vous me renseigner sur la famille royale ? Je le demande parce que j'ai remarqué qu'ici ce n'est pas comme en Espagne et dans le but de m'intégrer plus facilement, je voudrais en savoir plus sur ma future belle-famille. criais-je aux deux femmes qui préparaient mon bain dans l'intention de leur soutirer quelques informations qui pourraient m'aider à mieux comprendre certaines choses car, presque deux jours s'étaient déjà écroulés et je n'avais rien appris.
Sophie me rejoignait dans la chambre où je brossais tranquillement mes cheveux devant un miroir.
- Eh bien, votre altesse, je ne pus vous dire ce que vous ne savez déjà. M'affirma Sophie.
- Poursuivez.
- C'est une famille chaleureuse qui a des tourments comme toutes les autres familles.
Rose nous avait rejoint et je ne la remarqua que lorsqu'elle émît ces mots :
- Moi, je ne pense pas. S'opposa Rose.
Je me tournais vers elle.
- Rose, avez-vous quelque chose à m'apprendre ?
Décidément, Rose semblait plus réceptive que Sophie.
- Mais, Rose, ne parlez pas de ce qui ne vous regarde pas. Chuchotait Sophie en arrêtant le bras de cette dernière.
- Lâchez-moi ! Elle veut juste connaître où elle met les pieds et moi, je vais l'orienter !
Elle avançait d'un pas et moi, je me levais.
- Votre altesse, je sais que je risque d'être renvoyée chez moi mais, vous devez savoir que votre futur époux a beaucoup fait parler de lui entre les murs de ce palais, et que votre future belle-mère est une perfide qui a renvoyé ma sur cadette sans aucune raison valable. Et nous ne sommes que deux, qui subvenons aux besoins de notre famille qui vit en province.
- Vous ne serez pas renvoyée. Mais, dites-moi comment Louis a pu faire parler de lui ? Et qui est votre sur ? L'interrogeais-je en fronçant les sourcils.
- Par ses ébats sexuels bien évidemment.
Un sifflement se fît entendre dans mes oreilles, j'avais l'impression que mes jambes se ramollissaient et que je finirai par m'écrouler sur le sol froid. Quoi ?
Mais je me repris en main et demandais plus d'explications après m'être assise sur le bord de mon lit avec l'aide de Sophie.
- Regarde comment tu as réussi à troubler madame ! Gronda Sophie.
- C'est bon Sophie ! Pouvez-vous m'éclairer Rose ?
Cette dernière hésitait mais je la rassurais par une promesse.
- Je vous promets de faire quelque chose pour vous et votre famille.
La jeune blonde continuait toujours hésitante :
- C'était avant votre arrivée. Le dauphin multipliait les conquêtes. On l'a vu en journée avec des duchesses, des comtesses, des vicomtesses, des ladies et même des femmes du bas peuple dont il pouvait facilement s'offrir des services et en soirée, il nous arrivait d'ouïr des cris dans le couloir provenant de ses appartements. L'on se demandait pourquoi il se comportait ainsi et malgré toutes ses compagnes, il semblait souvent, si malheureux et si solitaire.
- Était-ce en rapport avec la princesse de Pologne ?
J'avais peur que mes soupçons se confirment.
- Je n'en sais rien. Tout ce que je pus vous dire c'est qu'il y a presque quatre printemps déjà, je venais de commencer mon service dans cette cour, lorsqu'on a retrouvé le dauphin ivre mort devant la porte de " The Red Home ".
- The Red Home ? Quel est ce lieu ?
- C'est un endroit où l'on retrouve ... vous voyez... des... femmes qui font des folies de leur corps. Dit-elle timidement.
C'était avant que l'on ne se rencontre alors.
- Depuis trois ans, il a changé. Il semble respecter plus les femmes, même si tout le monde le soupçonne d'avoir encore des maîtresses non officielles. Cependant, depuis votre arrivée, rien ne se fait ouïr. Je n'ai suivi aucune rumeur. Me rassura-t-elle.
J'en avais assez entendu.
Des fois, vaut mieux ne rien savoir.
- Merci, pour tout Rose. Tout ce que vous m'avez révélé restera entre ces murs. Je compte sur votre discrétion Sophie.
Cette dernière hochait la tête.
Je me levais pour prendre un collier parsemé de diamants dans ma boîte de bijoux et le lui remettre.
- Prenez ceci pour vous remercier de votre collaboration. Je ne peux réparer ce que la Reine vous a fait subir car vous savez, c'est la Reine et je n'y peux rien. Par contre, je peux vous aider présentement. Ce collier coûte assez pour subvenir à vos besoins pendant des mois. Si vous rencontrez un autre problème, faites-moi signe, je suis disposée à vous aider.
- Votre altesse... Merci. Vous ne savez pas comment ça va nous aider. Je ne doute pas que vous serez une très bonne Reine. Dit-elle en laissant couler une larme.
- Cela me fait plaisir. En plus, vous m'avez gentiment aidée.
******
J'entrais furieusement dans la chambre de Louis Ferdinand après qu'un garde m'ait laissé passer.
Un grand lit se trouvait vers la baie en face de la porte d'entrée et un petit salon dans lequel il était confortablement installé, était repéré à l'entrée de sa chambre.
Il était dos à moi, accaparé par son ouvrage en dégustant son verre de jus de fruits frais, un genou sur l'autre.
- Louis Ferdinand ! Criais-je du mieux que je pouvais.
Malgré ma tentative, il n'esquissa aucun mouvement, toujours aussi focalisé sur son ouvrage mais, rétorqua :
- Est-ce donc une façon de retenir l'attention de son futur époux ?
Il sirota une gorgée de sa boisson tandis que je croisais mes bras en dessous de ma poitrine et le contournais de telle sorte que je fus face à lui.
- Si les servantes ne faisaient pas autant d'éloges de vos prouesses sexuelles, je ne viendrai pas vous déranger.
- Ma virilité n'est plus à prouver alors. Ajouta-t-il avec un sourire moqueur en fermant son ouvrage puis, se leva pour me faire face, toujours avec le même sourire.
Il pinça mon menton.
- Ne soyez pas jalouse. Vous êtes la seule à qui je promettrai fidélité, amour, loyauté, bonheur dans moins de trois mois.
- Arrêtez de dire des sottises, je ne suis pas jalouse. Précisais-je en me tournant.
Il arrêtait mes épaules, penchait sa tête dans le seul but de rapprocher son visage de mon cou au point où je réussissais à ressentir son souffle chaud qui venait s'échouer au niveau du creux de mon cou comme des vagues sur des rochers. Je fermais les yeux pour savourer cet instant avant de me retourner uniquement, pour me ressaisir afin de ne pas me laisser emporter par ce geste intimidant.
C'était pire, hélas, mon visage croisa immédiatement le sien et nos souffles se rencontrèrent. Il frappait à présent, mon visage.
Mes yeux noirs percevaient la profondeur de ses yeux bleus. Il semblait si différent. Sa pupille se dilatait. J'eus l'impression qu'il arrivait à lire en moi.
Son visage restait impassible. Il m'était difficile de deviner ses intentions.
Plus il avançait vers moi, plus je reculais jusqu'à affronter le mur. Mes jambes faiblissaient. Il enroula un bras autour de ma taille, me cala contre son torse chaud et murmura au creux de mon oreille : « vous me rappelez à quel point je suis humain ».
J'étais entre lui et le mur, déstabilisée, à sa merci. Son parfum enivrant me faisait perdre la tête, mon corps frissonnait sous mon corset, mon cur battait à tout rompre, mes cils vacillaient à son rythme. Je sentais mon cerveau se déconnecter de mon corps, mes fonctions cognitives m'abandonnaient, je perdais possession de mon être petit à petit.
Je sentais une chaleur me parcourir le corps. Je ressentais une sensation renversante, inexplicable et très intense. Serait-ce ça, l'amour et ses papillons dans le ventre ?
Il me regardait comme s'il arrivait à deviner mes pensées, souriait légèrement, me serrait de plus en plus fort contre lui et rapprochait son visage du mien lentement.
Je me laissais faire, intimidée. Et, lorsqu'il s'apprêtait à prendre possession de mes lèvres, et de mon corps ... une personne entrait, nous interrompant. Je me défaisais de son étreinte et renouais avec mes sens et mon être tout entier, soulagée.
- L'on m'a informée que je vous trouverai ici... j'espère ne pas vous déranger. Exprima une voix féminine.
C'était la princesse de Pologne mais que faisait-elle ici, dans les appartements de Ferdinand ?
Je me tenais à la droite de Ferdinand.
- Que voulez-vous Eléonore ? S'empressa de demander Louis.
- J'ai cru qu'on pourrait s'entretenir un instant.
- Comme vous le voyez, je suis occupé. Peut-être plus tard, nous aurons l'occasion de parler mais pas dans cette pièce.
Il prononçait ces paroles avec une fermeté qui me plaisait beaucoup. C'est bien de définir des limites.
La princesse restait sans rien dire.
- Vous pouvez disposer à présent. L'on se verra plus tard, s'il vous plaît.
Le fait qu'elle soit sortie en baissant la tête, montrait la honte qu'elle éprouvait même si, j'avais cru lire une petite colère sur son doux visage. Il avait été dure avec elle, froid mais poli.
- Pourquoi aviez-vous été aussi dure avec elle ?
- Pour la simple raison qu'elle m'a interrompu pendant un moment important.
Je rougissais à l'entente de ces paroles.
- Pourrait-on continuer là où on s'est arrêté ? Ajouta-t-il.
Il me fallait trouver une excuse pour me sortir de cette affaire.
- Il n'y a rien à continuer. Expliquez-moi pourquoi Eléonore est venue vous chercher ici.
- Vous l'avez bien entendu. Elle est venue pour s'entretenir avec moi. S'expliqua-t-il avec des gestes.
- À quel propos ?
- Comme vous l'avez vu, elle n'a pas eu le temps de me dire quoique ce soit.
- Vous me dites bien toute la vérité ?
- Que voulez-vous savoir de plus ?
- Ce que vous ressentez pour elle.
- C'est la fiancée de mon frère. Donc, je ne peux ressentir que de l'amitié pour elle.
- Je vous ai observé et j'ai remarqué la manière dont vous posez les yeux sur elle.
Je baissais ma tête, gênée par ce que j'avais affirmé.
- Mais, que dites-vous là ? C'est absurde !
- Je suis sûre qu'il y a plus. Insistais-je
Un sourire se dessinait sur son visage.
- Serez-vous jalouse ?
- Non, bien-sûr que non !
- M'aimez-vous ?
Je fronçais les sourcils, abasourdie par ces questions.
- Arrêtez avec vos questions importunes.
- De toutes les façons, j'ai déjà les réponses à ces questions.
- Qu'insinuez-vous ?
- Vos yeux et votre corps ont parlé pour vous toute à l'heure.
- ... un moment de faiblesse, rien de plus. Expliquais-je timidement.
Il ricanait. Et se tordait dans sa moquerie.
- Qu'est-ce qui vous amuse ?
En tentant une approche plus responsable, il ajouta d'un air sérieux, en plaquant mes mains contre le mur pour m'empêcher de m'enfuir et de me forcer à rencontrer son regard :
- Qui se prive d'espoir, se prive de chemin. Et c'est votre cas.
Puis, il retira ses bras, je fus déçue malgré tout par ce geste. Il se retournait et faisait mine de réfléchir.
Je l'observais de dos et la vue me plaisait.
Je me souvenais de quelque chose et je l'exprimais sans aucune crainte :
- Vos surs ont éveillé ma curiosité.
Doucement, il se tournait et me lançait un regard perplexe pour m'encourager à poursuivre.
- Louise m'a vaguement parlée de quelque chose qui ce serait passé avec une femme il y a quelques jours. Adélaïde a quant-à-elle, insinué qu'il s'est passé quelque chose entre vous et une femme, je suppose qu'il s'agit de la même femme. Et je me suis renseignée auprès de quelqu'un ( il n'est pas judicieux de mentionner le nom de la servante Rose ) qui m'a fait comprendre que vous aviez passé une période difficile. Avez-vous omis de me renseigner sur quelque chose d'important ? Exposais-je avec calme et réticence.
Il ne répondait pas, d'une manière douce, je persistais :
- Devrais-je savoir quelque chose Louis ?
Sa mine avait changé. Elle était serrée à présent. C'était comme ci j'avais ouvert une blessure du passé.
- Rien qui ne vous concerne. Veuillez m'excuser, j'ai failli oublier mon entretien avec mon père et un conseiller. Notait-il précipitamment.
J'aurais mieux fait de me taire.
Il me raccompagnait jusqu'à la porte et aussitôt que j'eus traversé le seuil de celle-ci, il la ferma brusquement. J'ai appris à le reconnaître, je savais qu'il m'avait menti mais pour quelle raison?
Louis Ferdinand, que me caches-tu ?
_____________________
Chapitre bonus !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top