4ème mois - partie 2
Alice avait été d'un grand réconfort depuis plusieurs jours. Elle avait respecté mon souhait de garder le secret sur ma grossesse malgré le fait qu'elle était en désaccord avec ça. En échange, je lui avais promis de ne pas trop traîner à en parler à mes parents. Le promettre avait été chose aisée, mais pour ce qui ait de tenir parole, j'allais devoir faire un gros effort.
Ainsi, afin de reculer au maximum l'échéance, toute activité pour me rendre indisponible était bonne à prendre. Ce jour-là, j'avais alors décliné une nouvelle fois le repas que ma mère me proposait, et, pour l'empêcher de cogiter, j'avais prétexté avoir énormément d'entretiens d'embauches. Ce qui était bien évidemment totalement faux. Toutefois, cette excuse semblait lui suffire et ravir mon père par la même occasion.
Ce jour-là, mon frigo étant désespéramment vide, je me décidai enfin à sortir de ma grotte afin d'aller faire quelques courses. J'avançais tranquillement dans les rues, profitant de la brise légère et des quelques rayons de soleil qui venaient lui chatouiller chaudement la peau. L'automne était bien avancé malgré le doux climat de ces derniers jours. Je me demandais si l'hiver serait tout aussi doux ou bien, comme l'année dernière, les températures allaient chuter d'un seul coup? Alors que je réfléchissais à cette question, je sentis tout d'abord mon corps se réchauffer de façon exagéré. Mon tee-shirt commença alors à me coller à la peau, et je résistai à mon besoin de me dévêtir.
La supérette était encore à une dizaine de minutes à pieds, et je commençais à me rendre compte de la difficulté que j'avais à me mouvoir. Au bout de quelques minutes, je fatiguai déjà, mais n'étant plus très loin, je décidai de prendre sur moi et de parcourir la petite distance me séparant du magasin. Mon cœur s'accéléra alors et ma vision se troubla. Ho non! Mauvais signe! Je voyais des personnes passer devant moi sans se préoccuper de mon état. Mes oreilles commencèrent à bourdonner tandis qu'à travers l'épais voile noir qui me brouillait le vue, je distinguais les immeubles valser entre eux.
Je chancelai en essayant d'atteindre le banc qui se trouvait à quelques mètres de moi. Je n'allais pas y arriver. Je me sentis tomber sans pouvoir contrôler mon corps. L'obscurité m'envahissait tandis que mon esprit se déconnectait du monde extérieur. Ma course vers le sol fut alors stoppée net. J'étais en sueur, tremblante, et mon cœur menaçait d'imploser. Je mis un temps fou avant d'ouvrir les yeux et la première chose que je vis fut son regard. Des yeux d'un bleu azur, magnifique. Un nez légèrement pointu. Une bouche pulpeuse, rose pâle, qui semblait dire quelque chose. Des cheveux courts et bouclés d'un blond foncé.
-..bien madame?
Je fronçai les sourcils. La voix était lointaine. Je clignai plusieurs fois des yeux tandis que l'homme sortait une bouteille d'eau miniature d'une main. Son autre bras était derrière mon dos, et sa main me tenait fermement l'épaule, m'empêchant ainsi de toucher le goudron. Je tentais de me redresser et il m'y aida avant de me donner la dite boisson.
-Tenez, buvez. Vous êtes bien pâle, ça va aller? Me demanda-t-il alors.
Je bus une bonne gorgée, faisant diminuer le volume d'eau de moitié avant de répondre.
-Oui ça..ça va aller, ...merci beaucoup.
Je passai ma main sur mon ventre, inquiète, mais sentis rapidement les coups de mon petit d'homme. Soulagée, j'adressai un sourire au jeune homme et ne me gênai pas pour le détailler plus précisément. Il dégageait un charme qui ne me laissais pas indifférente. Je lui tendis alors la main, et décidai d'entamer la discussion d'une voix charmeuse.
-Marion, enchantée, vous êtes...?
On peut dire que je ne perdais jamais la face, moi. Enceinte, dans une situation plus que gênante, je continuais de charmer mon monde. Je n'y pouvais rien, j'adorais ça, vraiment, même si désormais j'aspirais à plus de calme dans ma vie. L'arrivée prochaine de mon fils me donnait envie de routine, et, soyons fou, pourquoi pas d'un homme qui se coucherait et se lèverait avec moi chaque jour?
-Eric. Puis-je...Puis-je vous offrir un café?
Je soulevai un sourcil. D'entrée, comme ça, il tentait de me draguer? Mes supposions furent alors balayées quand il ajouta:
-Je me sentirais mal à l'aise de vous laisser partir sans vous avoir vu manger quelque chose...
Bien sur...Une femme enceinte qui fait un malaise en pleine rue....Ce n'était rien d'autre que de la compassion. Une pointe de déception pinça mon cœur mais j'acceptai tout de même l'offre avec plaisir.
On était installé depuis une bonne heure et nous riions de tout et de rien. L'entente s'était faite naturellement. Eric avait deux ans de plus que moi et était cadre chez Psiltech, une boite d'informatique réputée pour ses logiciels anti-viraux et anti-malware. Il était célibataire, je m'en étais assurée, et semblait d'une grande gentillesse.
Malheureusement, notre petit rendez-vous improvisé fut rapidement écourté. Eric devait rejoindre des amis pour une soirée et était déjà en retard. Après s'être assuré que j'allais bien, il disparu dans la foule, non sans m'avoir laissé son numéro de téléphone griffonné à la va vite sur la paume de ma main.
J'effleurai ce dernier en souriant avant de sortir pour rejoindre Alice qui devait m'attendre. On avait prévu une soirée entre filles et je devais la retrouver chez elle. Je repassai par chez moi afin de ranger mes courses et enregistrer le numéro d'Eric dans mon mobile. Ce ne fut qu'une fois prête pour notre soirée que je réalisai avoir complètement oublié les courses que je devais acheter. Je soupirai, me désespérant moi-même, et me promis de retourner au magasin à la première heure demain, et ce après être passée m'acheter un petit déjeuné à la boulangerie afin d'éviter un nouveau malaise.
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