4ème mois - partie 1

J'avais fais ma visite mensuel du quatrième mois il y a quelques jours. On m'avait donné quelques prises de sang à faire. Rien d'extraordinaire: Glycémie, hépatites, fer, MST, IST, toxoplasmose...Et d'autres termes que je ne comprenais pas. Tout ce que je savais, c'était que je n'aurais qu'une piqûre à faire avant d'obtenir tous les résultats. Encore heureux! J'avais horreur des piqûres. Toutefois, je reportais ces examens au lendemain. Aujourd'hui, j'avais un objectif bien plus effrayant. Et j'étais bien capable d'accepter de me faire vider de mon sang afin d'y échapper. Mais puisque ce n'était pas chose faisable, je me retrouvais, depuis une bonne heure, devant le miroir de ma salle de bain, à répéter une tirade que je n'arriverais certainement pas à prononcer jusqu'au bout.

-Bon Alice, il faut que je te parle. Non écoute moi. Voilà, tu me connais, je suis assez directe..parfois, et je n'aime pas les blabla inutiles. Bref heu, je suis enceinte et ça fait déjà 4 mois....Ho putain c'est nul nul nul, bon je la refais...Alice...

La sonnette retentit. Trop tard! Je me vis pâlir tandis que j'enfilais ma robe de chambre afin d'accueillir mon amie dans une tenue un peu plus présentable qu'une vieille culotte et un débardeur. Mes mains étaient moites et je les frottai l'une contre l'autre. Mon estomac commença à faire des siennes. Je n'avais pas encore pris mon petit déjeuné, redoutant ces foutus nausées qui m'empêchaient de garder le ventre plein le matin. Au moins, en retardant l'échéance, je me sentirais mal moins longtemps dans la matinée...C'était une façon de voir les choses, reculer pour mieux sauter ou je ne sais quoi.

-Allez Marion, tu peux le faire, une...deux....trois...

J'inspirai un grand coup et ouvris la porte sur ma meilleure amie. Elle me détailla de la tête aux pieds et se pinça les lèvres en entrant.

-Marion, gronda-t-elle, je sais que je ne suis pas ta mère mais des fois je me demande si je ne devrais pas lui dire de venir te foutre un coup de pied au cul.

-Alice...

-Qu'est ce que tu fais encore en pyjama? Je t'ai trouvé un entretien dans la boite de l'ami d'un ami d'un de mes amis qui me devait un service. Ne me le fais pas regretter Marion je te jure. Je t'aime mais je pourrais vraiment te faire la gueule si tu la joues pas sérieux sur ce coup là.

-Alice....

-Oui, je sais, tu penses trouver toute seule un travail, tu penses t'en sortir seule, que t'es assez grande blablabla mais Marion s'il te plaît, ça fait combien de temps que tu cherches du boulot et que tu ne trouves rien? Alors mets ta putain de fierté de côté un instant et accepte mon aide. Et puis ce n'est pas comme si tu étais prise, moi je ne peux que te dégotter des entretiens, mais tout se jouera réellement à ce moment-là et je ne serai pas là pour te tenir la main.

-Alice! Criai-je afin de capter son attention.

Mon amie se tut et me regarda enfin. Bon sang, j'avais oublié qu'il était si difficile de la calmer quand elle était ainsi lancée. Je me pinçais l'arrête du nez en fermant les yeux. Elle m'avait donné mal au crâne, et, bien que ses remarques m'aient un tantinet vexée, je n'étais pas d'humeur à relever, bien trop préoccupée pour cela. Il fallait que je lui annonce la nouvelle, d'autant qu'en un mois mon ventre avait bien commencé à pointer et la réalité de ma grossesse me frappait désormais en plein visage. Je ne pouvais plus prétendre que ce n'était pas réel, et je ne pourrai le cacher éternellement. J'avais fais l'échographie des trois mois il y a environ deux semaines. Je savais le sexe de mon enfant, je l'avais vu bouger, j'avais entendu son cœur et, même si je ne le sentais pas encore bouger, je savais que ce n'était qu'une question de temps. Ma grossesse était bientôt à la moitié de son parcours et personne n'était encore au courant. Ça craignait...JE craignais.

-Marion? Ça va?

Le ton de mon amie se voulait doux et son regard était inquiet. Des larmes s'étaient mises à couler sur mes joues. Foutues hormones. Je lui fis signe de s'asseoir et partis nous chercher deux verres d'eau. Je ne faisais que reculer l'échéance, je le savais, mais au moins cela me permettait de reprendre contenance.

-Je...J'ai appris quelque chose le mois dernier qui...qui va changer considérablement ma vie.

-Un travail???! Non ça serait ça tu n'aurais pas l'air si...perdue. Ho mon dieu! S'écria-t-elle de façon exagérée, une main devant la bouche. Tu as attrapé une grave maladie!

-Non Alice, laisse moi finir s'il te....

-Tu es enceinte! S'exclama-t-elle alors.

J'ouvris la bouche et la refermai, incapable d'ajouter quoi que ce soit. Elle avait dit ça en s'esclaffant, mais doucement je vis son sourire disparaître. Ma mine grave devait fortement l'aider à reprendre son sérieux.

-Non...Marion..Tu es enceinte...Mais..mais...Comment?

-Heu bah...Il était collé à moi, il m'a retiré mon...

-Non c'est bon, je sais comment, me coupa-t-elle en insistant sur le verbe savoir, et je ne veux aucuns détails. Putain Marion tu déconnes. Qu'est-ce-que tu vas faire?

-Je ne peux plus avorter..C'est trop tard...Et tu me vois abandonner mon enfant? Jamais je ne me le pardonnerais.

Alice resta un instant silencieuse. Elle semblait chercher une solution, mais je savais que je n'avais pas trente-six mille options. J'avais, certes, fait une chose complètement inconsciente, mais je n'étais pas non plus stupide. J'étais au courant de ce qu'impliquait le fait d'avoir un enfant dans ma situation.

-Depuis combien de temps?

-Pardon?

-Depuis combien de temps es-tu enceinte?

Je me mordis la lèvre. Alice n'allait pas apprécier du tout.

-4 mois.

-Et tu le sais depuis...?

-Un tout tout petit mois....

J'espérais que minimiser cette information atténuerait la gravité de la chose, mais Alice me regarda avec des yeux exorbités...Je devrais lui dire qu'elle ressemblait plus à une chouette qu'à une fille en colère quand elle faisait ça, mais ce n'était certainement pas le moment.

-Un...Mois...Un mois que tu sais que tu vas avoir un enfant et tu ne me le dis que maintenant. Je..Je sais que tu ne me dois rien, mais..mais je suis ta meilleure amie...Je...

-Si ça peut te rassurer, la coupai-je, je ne l'ai pas encore dis à ma famille...ni à personne d'ailleurs.

Elle me regardait à présent d'un air désolée. Je m'étais enfermée dans ce secret durant un mois, et elle semblait essayer d'imaginer ce que j'avais pu ressentir. Quand à moi, en ce moment, je me sentais comme un enfant pris en flagrant délit et je détestais ça. Je n'étais plus une gamine depuis longtemps, pourtant, j'avais toujours autant de mal à faire face à mes responsabilités, à mes obligations, ou même à ma vie tout simplement.

-Que comptes-tu faire? Me demanda-t-elle doucement, me serrant doucement la main.

-Je ne sais pas Alice..Je ne sais pas...J'ai peur, j'ai si peur....Je..Je ne sais pas si je suis prête à être mère mais...mais abandonner ce bébé je...Je ne sais pas, j'en serais peut-être incapable je...Mais je n'ai pas le choix, je ne peux pas...

Je commençais à suffoquer. Les sanglots m'empêchaient de continuer et je m'écroulai en larmes dans les bras de ma meilleure amie.

-Chut calme toi Marion, je suis là, tout va bien aller. Quoi que tu fasses je te soutiendrai, ne t'inquiète pas.

Alice dormit à la maison ce soir-là. Je savais que le plus dur était devant moi. J'allais devoir affronter mes parents et leur annoncer ma grossesse, mais je ne me sentais pas encore capable de leur faire face. Moi-même je n'avais pas les réponses à la moitié des questions qu'ils allaient forcément me poser. Alors me retrouver face à eux, sans aucun élément à leur fournir, non ce n'était vraiment pas envisageable...

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