Chapitre 11 : Action
— Les garçons ? Les garçons, réveillez-vous.
Je ferme encore plus fort les paupières et enfonce ma tête dans la niche d'obscurité en face de moi, qui s'avère être le pli du bras de Louis. Ce dernier a d'ailleurs sa main dans mes cheveux, je peux le sentir.
— Hm, je grogne.
— Allez les garçons. Je reconnais la voix de ma mère. Il est 7h20, on part dans même pas une demi-heure, réveillez-vous.
Cette fois, c'est au tour de Louis de bouger mais il ne le fait pas pour se lever ni rien, non, il fait simplement comme moi ; il cherche le pli d'obscurité afin de terminer sa nuit.
Je me rends compte à ce moment-là que nous nous sommes endormis dans la salle de jeux et que nous nous réveillons emmêlés. Je ne sais pas vraiment comment on est, mais je sais que mon haut de corps est sur ses jambes, et que ces dernières servent d'oreiller à Louis. On est en sorte de tête bêche, et ça n'a vraiment pas dû être confortable pour Louis qui a la partie basse du corps assise, mais le haut allongé. Outch.
— Je savais que ça allait être impossible de vous réveiller... elle soupire.
— Chérie ? Parle Robin. Tu veux que j'apporte le seau d'eau ?
— Le seau d'eau ? Non, non. Allez les garçons, vous voulez éviter le seau d'eau, croyez-moi.
— Juste cinq minutes de plus, souffle Louis.
— Je vous ai laissé vingt minutes de répit... mais, eh, vous vous êtes couchés à quelle heure ?
Aucune réaction ; nouveau soupir de la part de ma mère.
On a dû se coucher assez tard pour être honnête. On a regardé Grease, un peu dansé, possiblement chanté à tue-tête ; Louis a complimenté Olivia Newton-John, mais également les talents de danseur de John Travolta, puis on a mis The Notebook. L'ambiance était tout de suite plus calme, on était en boule dans le grand canapé en cuir, et j'avais emmené ma couette. J'ai presque réussi à être assez convaincant pour prétendre que ma gorge n'était pas serrée à la fin et Louis a failli me convaincre qu'il n'était pas atteint par le film.
Ensuite, puisque nous n'étions pas fatigués, ou presque pas, et que je pense nous apprécions le moment, j'ai proposé Big Fish, étant donné que nous en avions parlé plus tôt dans notre conversation sur l'amour. Aimant l'univers de Tim Burton, nous nous sommes émerveillés, nous avons émis nos théories, fantasmé sur l'amour d'Edward et Sandra... Et évidemment, on ne s'est pas arrêté là. On aurait dû dormir, aller tranquillement dans la chambre et nous reposer, mais nous étions lancés et c'était bien. Alors on a mis le film De l'eau pour les éléphants, pour rester sur le thème de l'amour déchirant. Les larmes étaient réelles, mais nous n'en avons pas discuté. Je crois que nous nous sommes endormis environ dès que le générique a commencé. Il devait être 4h30, peut-être 5 heures... Et Louis a raison ; un réveil à 7 heures, ou même 7h20, en plein mois d'août, ce n'est pas humain.
— Petits feignants, je vais allumer la lumière là -
— Non s'il te plaît mère Anne ! supplie Louis, et je comprends à ce moment-là que sa tête est dans la pliure de mon genou.
— J'aime beaucoup ce titre mais tu ne m'achèteras pas avec des belles paroles... nom de Dieu, dans quelle position êtes-vous ?
Nous haussons les épaules en même temps et même si je ne la regarde pas, je devine que ma mère roule des yeux. On doit ressembler à deux gamins emmêlés et oh, c'est ce qu'on est.
— Ok, je veux pas savoir, elle ajoute finalement. Je veux juste que vous vous leviez.
— Pas tant que c'est pas une heure à deux chiffres, je grogne.
— Il est 7 heures, genre comme 0 et 7, alors ça fait deux. Allez, debout mes larves.
Elle se dirige vers la porte, appuie bien sur l'interrupteur afin d'allumer la lumière, et s'en va tranquillement. Je grogne en même temps que Louis puis j'ouvre un oeil.
— Ah ouais quand même... je dis.
— Hm ?
— Lève la tête, pour que je sorte ma jambe - oh et mon bras aussi, attends -
Un vrai sac de noeuds. C'est humain de bouger autant sur un canapé en plein sommeil pour se retrouver comme ça ?
Finalement, nous nous redressons tous les deux (j'ai des courbatures, c'est une blague j'espère ? On a fait de la lutte pendant notre sommeil ou quoi ?) afin d'être assis sur le canapé, et je fais tomber ma tête entre mes mains afin de me frotter les yeux.
— Il démarre vraiment mal cet irlandais, dit Louis en baillant, parce que déranger Louis Tomlinson dans son sommeil c'est déjà quelque chose de grave, mais déranger Louis Tomlinson dans son sommeil alors qu'il est bien, c'est encore pire.
— Ah parce que t'étais bien installé là ? Je m'amuse.
Louis hausse les épaules.
— Il a intérêt à en valoir le coup.
— Il a l'air sympa, je réponds. Ma mère a un peu échangé avec lui sur Facebook, oui, oui, tu m'as bien entendu, ma mère a ajouté ce gars sur Facebook pour lui parler - Louis pouffe de rire - et il semblait sympa.
— Eh bien... on verra.
J'acquiesce. Il serait préférable que Niall soit en effet sympathique parce que ça serait franchement dommage qu'on ne s'entende pas tous les trois. C'est un risque, en effet ; si seul Louis s'entend avec, ou si c'est seulement moi, cela va créer des sortes de tensions, et même s'ils ne sont pas censés être là pour faire copain-copain entre eux, c'est quand même important étant donné qu'on va vivre dans la même maison pendant quelques mois, ma maison.
La porte de la pièce s'ouvre brusquement sur ma mère.
— Un peu de nerf les... ah bah non, vous êtes réveillés. Wow, j'y croyais pas.
Je baisse les yeux vers ses mains, elle a un seau d'eau. J'entrouvre la bouche, les sourcils froncés.
— Maman ! T'allais pas oser quand même !
— ... Mais non... Je roule des yeux. Allez vous habiller, même si vous êtes toujours habillés... Vous savez que l'Homme a inventé les pyjamas ? J'hausse les épaules. Peu importe. Allez vous préparer, même si vous ne vous faîtes pas tout beau, pas besoin, on va juste chercher Niall. Mais je tiens à ce que vous veniez.
— Très bien, je soupire.
Vingt minutes plus tard, nous sommes tous dans la voiture. Les paupières lourdes et entre deux bâillements, Louis et moi bouclons nos ceintures.
»
— Pas encore, je dis en roulant des yeux. Sérieux ?
— Tu ne connais rien à la vie, répond ma mère en traçant HORAN sur la pancarte. Dans des années, ce sont des petites choses dont tu te souviendras qui te feront sourire. Je me démarque des autres, fils.
— +1 pour Mère Anne, intervient Louis.
— Mais c'est qui lui encore, je lève les yeux au ciel. On recueille tous les gamins à fort accent qu'on trouve ou c'est comment ?
— Je te retrouve pas au petit matin emmêlé avec tous les gosses au fort accent qu'on recueille... grogne-t-elle en remettant le bouchon au marqueur.
— +1 pour Épouse Anne, dit Robin.
Ma mère referme le coffre et une fois la voiture verrouillée, nous entrons dans l'aéroport. Nous nous dirigeons vers la porte d'embarquement numéro 7, là où le vol de Niall est annoncé, et nous attendons. Louis semble amusé de voir ma mère presque sautiller avec sa pancarte, et il semble se dire que ouais, c'est définitivement que dans les films qu'on voit ça, mais il prend ça à la légère, et il a bien raison.
Je me prends à penser encore une fois que l'arrivant a raté son vol, puisqu'il tarde franchement à arriver alors que les passagers du vol défilent devant nous, et mon état de fatigue certain n'arrange pas l'affaire. Les minutes paraissent presque des heures, et je pourrais presque m'endormir contre ce pilier où je suis appuyé — Louis aussi, mais nous restons silencieux.
Finalement, presque au milieu de nul part, un blond platine à racines brunes apparaît, et je devine que c'est Niall puisqu'il sourit à ma mère et sa pancarte. Je manque le malaise en voyant la grosse valise qu'il traîne derrière lui, me disant que je vais sincèrement y rester cette fois, mais Robin s'en charge avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, et Louis rit en remarquant mon expression merci-Dieu-d'avoir-entendu-mes-prières.
— Tu as fait bon voyage ? demande ma mère en lui tenant l'épaule.
— Super, c'était un peu long mais on pouvait dormir, regarder des films, manger et boire gratuitement alors ça va.
Il rit, alors ma mère fait de même. Honnêtement, cela se voit à des kilomètres que ce Niall est souriant, innocent, poli, et son fort accent va bien avec tout ça. Je pense qu'on est tombés sur deux garçons sympathiques pour l'échange de cette année.
— Salut, moi c'est Louis, dit celui-ci, tout souriant.
— Et moi Harry, je complète.
— Lequel est le fils de la famille ?
— Les deux, dit ma mère.
Je roule des yeux, et Louis explose de rire.
— Non, c'est moi, j'informe.
— Mais sa mère m'a adopté, enchérit Louis. Genre, je suis bien mieux que bouclette. Si t'es cool mère Anne t'adoptera aussi, et Harry finira par vivre tout seul dans une jungle reculée ou un truc comme ça.
Nous ne sommes même pas encore sortis de l'aéroport que Louis amuse déjà le monde et montre à Niall comment il est. Au moins il est rôdé, et vu son sourire, je pense qu'il apprécie déjà l'anglais. Je suis sûr qu'il va finir par rigoler alors qu'il dira des choses absolument pas drôles. Niall doit être ce genre de garçon.
— Niall, on a une surprise pour toi, dit Robin lorsque nous arrivons à la voiture.
Louis et moi nous regardons, les sourcils froncés. Ah bon ?
— Enfin, ce n'est pas vraiment une surprise, reprend ma mère. Évidemment nous allons laisser ta valise dans le coffre, mais comme tu viens d'arriver, qu'il est tôt, et que Robin et moi avons notre journée, nous allons visiter !
Si je pouvais m'effondrer au sol, je le ferais, et Louis s'effondrerait aussi et on roulerait en criant comme des bébés en caprice. Mais, bon... Faisons bonne impression à Niall.
— J'étais pas au courant qu'on allait sortir après, je dis.
— Je sais, répond ma mère, mais comme tu aimes bien te promener dans Henderson et ses alentours je me suis dit que ça te dérangerait pas. Bon, après, vu comment je vous ai retrouvé ce matin, avec seulement deux heures de sommeil au compteur...
— Vous avez fait quoi cette nuit ? demande Niall à Louis.
— On a regardé des films.
— Ah ?
— Peu importe, intervient Robin. Dans notre tête c'était prévu comme ça les garçons. Pour une fois qu'on peut faire un truc tous ensemble...
— On a été à Las Vegas la semaine dernière, je dis.
— Mais Niall n'était pas là. Vous préférez rentrer dormir ?
Je secoue la tête. Ce n'est pas parce que je n'ai pas envie de me promener toute la journée et que je suis fatigué que j'ai envie de rater ça. Vu la tête de Louis, je pense qu'il est sur la même longueur d'onde que moi.
— Tous à bord de la Styles mobile !
Je roule les yeux à la réplique de mon beau-père et nous montons dans le monospace. Pas très classe, la Styles Mobile.
— Donc toi c'est Niall Horan, c'est ça ? demande Louis au concerné en s'attachant.
— Oui, pourquoi ?
— Je réfléchis à un surnom.
Pourquoi je ne suis pas étonné ?
— Avec Horan c'est un peu compliqué... ah, je suis pas inspiré aujourd'hui. Je pouffe, il me lance un regard noir. On va rester sur Neil.
— Mais c'est pas beau ! s'offusque Niall.
— Ou Nialler, je propose.
Louis me regarde et semble réfléchir une seconde, puis Niall hoche la tête comme s'il donnait son accord pour ce surnom.
— Il est brillant, dit Louis, mais ça m'énerve que ça soit Harry qui l'ait trouvé.
— Il n'y a aucune preuve de ça, dit ma mère.
— Eh ! j'interviens.
— Vraiment aucune, c'est vrai, ajoute Louis.
— Vous n'allez pas quand même pas oser...
— Définitivement aucune, enchérit Niall.
J'entrouvre la bouche.
— Mais, Robin !
Ce dernier secoue la tête.
— Je ne vois pas de quoi tu parles, Harry.
Je secoue la tête, absolument incrédule, la bouche toujours entrouverte, puis ils explosent tous de rire. Quoi qu'il en soit, les prochains mois vont probablement être intéressants.
»
La journée s'est passée comme prévue. Nous avons fait le tour d'Henderson, montré les endroits les plus typiques (il n'y en a pas vraiment des masses). À midi, nous nous sommes arrêtés dans une brasserie typique où Robin a payé le déjeuner. Puis nous avons continué, dans les quelques parcs, les rues bondées, les magasins, les places, et nous avons même élargi aux alentours : le désert, mon grand endroit. Nous ne sommes pas vraiment allés loin, parce que, eh bien, au bout d'un moment, c'est toujours la même chose, mais au moins cela a permis à Niall de voir un peu où il allait vivre pour les prochains mois (huit, en ce qui le concerne).
Ensuite, nous sommes rentrés. Je lui ai fait visiter la maison, et il était encore plus émerveillé que Louis a pu l'être. Je lui ai montré sa chambre, qui s'avère être l'ancienne de Gemma, où il s'est tranquillement installé. Pendant qu'il rangeait ses affaires dans la commode, Louis et moi sommes restés avec lui, histoire de rapidement discuter, même si je pense, l'envie de dormir était puissante. Mais, pas le temps pour ça, étant donné que nous avons été appelé pour dîner.
Là aussi, rien d'intéressant. Comme d'habitude. Nous avons simplement parlé de la journée. Ma mère a tout fait pour mettre Niall à l'aise, comme elle a fait avec Louis, et pour les deux, ça semble avoir très bien fonctionné. Le blond est déjà tout souriant, et tutoie mes tuteurs. Je suis content, ça fait très familial. Je n'aurais jamais pensé atteindre un tel schéma.
Nous sommes remontés dans les chambres. Je me suis dirigé vers la mienne, déjà endormi dans ma tête, mais Niall et Louis en ont décidé autrement. Et me voilà, affrontant des yeux bleus suppliant.
— J'ai dit non, je répète. Pas de j'ai déjà, je n'ai jamais.
— Mais pourquoi ! s'insurge Louis. On est trois, ça va être amusant. On va apprendre des choses, faire connaissance autour d'un jeu.
— Je ne trouve pas ce jeu amusant.
— S'il ne veut pas, ne le force pas Louis, dit Niall, affectueusement.
— Tu es capricieux, je dis à Louis avec un petit sourire.
Il me lance un regard noir.
— Très bien, pas de j'ai déjà je n'ai jamais ! J'ai compris !
Je n'aime pas parler de moi, alors ce n'est pas pour dévoiler toute ma vie privée ce soir. Je m'entends très bien avec Louis, je ne vais pas dire le contraire ; mais je n'en suis pas là avec lui. Confier mes secrets, ouvrir certaines plaies... ce n'est pas quelque chose que je fais facilement.
— Alors faisons un action ou vérité.
Niall me regarde, et hausse les épaules, grand sourire aux lèvres.
— Ok, je dis. Action ou vérité. Mais pas pendant deux heures, je suis crevé.
Louis semble absolument ravi, comme s'il avait gagné une bataille, mais il n'a rien gagné du tout ; le jeu c'est action ou vérité, pas vérité. Je sais très bien qu'il veut me poser plein de questions indiscrètes, mais dommage pour lui, je vais me contenter des actions.
Nous allons dans la salle de jeux et nous asseyons au sol, en sorte de triangle.
— Bon, qui commence ? demande Louis, et il est aussi heureux qu'un enfant à Pâques.
— Vas-y, dit Niall.
— Hm. Il réfléchit un peu. Niall, action ou vérité ?
— Vérité, répond le blond.
— Est-ce que tu as une petite-amie ?
Je sais que Louis ne le fait pas exprès, mais pourquoi une petite-amie ? Pourquoi pas quelqu'un ?
— Non, répond le blond. Je pense que c'est un peu stupide de partir en échange si tu es en couple... Enfin, bien-sûr c'est pas quelque chose que tu prévois et tout si tu tombes amoureux, mais le couple en prend peut-être un coup. Louis acquiesce. Enfin bon. Harry, action ou vérité ?
Louis me regarde, un sourire en coin. Je sais pertinemment qu'il attend que je dise vérité. Je pourrais même parier qu'il a chuchoté à Niall quelques questions à me poser.
— Action, je réponds en regardant Louis droit dans les yeux. Il lève les yeux au ciel.
— Ok alors... Essaie de faire une roue dans la pièce.
— Ce n'est pas très drôle ça, intervient Louis. Il faut que ce soit quelque chose de gênant.
— Je n'ai pas d'autres idées... réfléchit l'irlandais.
— On peut aussi arrêter, je suggère.
— Non, non, j'ai une idée de quelque chose de gênant, reprend Niall, pas très sûr, et j'ai peur. Tu as qu'à euh... Un truc amusant et gênant ? Ok, embrasse le ventre de Louis.
Je fronce les sourcils. D'accord, Niall ne connaît pas ma sexualité, alors il n'y voit aucun sous-entendu... si ?
— Euh, dit Louis, confus, comment ça ?
— Je sais pas, quelque chose comme Harry t'embrasse le torse et descend jusqu'au nombril et voilà. Juste une trainée de bisous. En mode, comme une fille.
Comme une fille. Évidemment. Mais au moins, il n'y a vraiment aucun sous-entendu. Alors ce n'est pas grave, je ne fais rien de mal ; le fais-je ?
— Tu as demandé quelque chose de gênant, reprend Niall. Tu n'as pas précisé pour qui.
— Euh, répète Louis, légèrement rouge, ouais, ouais, ok, mais... Enfin, c'est gênant.
— C'est le but, appuie Niall.
— Viens là, je tranche.
Au moins j'échappe à une vérité.
Je m'approche de Louis et remonte son t-shirt. Il est rouge pivoine et lorsque je le regarde, il détourne le regard. Lorsque je ne le fais pas, il me regarde. Je comprends sa gêne de toute manière. Niall semble trouver cela normal cependant.
— C'est ok ? Je demande quand même doucement.
Le châtain ne répond pas, acquiesce lentement. Comme une réaction honteuse, appréhendée.
J'embrasse la zone entre ses pectoraux. Il n'est pas vraiment musclé, mais un peu quand même. Les lignes sont visibles, mais il est pâle. Je suppose qu'à Doncaster, ils n'ont pas du soleil les trois quarts de l'année.
Je ne dépose que de chastes baisers, et descends doucement. Mais il bouge beaucoup, et je sens son ventre se contracter à plusieurs reprises. Alors je pose mes mains sur ses hanches afin de l'immobiliser, et j'embrasse sa peau jusqu'à arriver à son nombril. Je me relève ensuite, et remets le t-shirt de Louis à sa place. Puis je retourne à la mienne.
— Niall, action ou vérité ? je demande après m'être raclé la gorge.
— Vérité.
— Tu veux faire quoi plus tard ?
— Chanteur, il répond en haussant les épaules. J'aime vraiment le chant. Mais sinon, dans le genre métier réaliste... je sais pas, peut-être prof de musique ? Non, sérieux, j'en sais rien. Je ferai en sorte de prendre ce qui viendra.
J'acquiesce. Après tout, il n'y a pas de sous-métier et j'aime également énormément la musique.
— Louis, reprend Niall, action ou vérité ?
— Action, dit Louis.
— Fais un suçon à Harry.
Je ferme les yeux une seconde.
— Pourquoi on a ce genre d'actions ? je demande.
— On est que trois, et l'action est censée vous pénaliser, pas moi. Et Louis a demandé des choses gênantes, alors...
— Hors de question, je réponds. Louis ne me fait pas de suçon.
Ça me ferait une belle jambe en arrivant chez Eliott. Comment lui expliquer ça ? Non, hors de question. Je ne veux pas risquer une dispute salée.
— Alors fais-en un à Louis, reprend Niall.
Il n'arrête jamais ?
— Mais c'est plus une action pour Louis après, je me défends comme je peux.
— C'est votre arrangement ça.
J'aime franchement Niall, même s'il est là depuis seulement quelques heures, il est gentil, drôle, attendrissant, et on a envie de le protéger même s'il a notre âge ; mais pour le coup, je me sens trahi. Je vais l'appeler Judas maintenant.
— Approche, je dis à Louis.
Il me regarde un instant, comme pour jauger ma réaction, puis il vient et étend son cou légèrement. Il n'est pas vraiment serein, et je ne le suis pas non plus. Que je n'ai pas le suçon, ça m'arrange ; mais même si Eliott croise Louis, il va s'imaginer des choses, et pour le coup, oui, ça sera bien moi qui lui aura fait. Mais ce n'est qu'un jeu.
Je plaque mes lèvres sur son cou et commence à aspirer. Rapidement, je sens ses mains agripper mes cheveux. Peut-être que j'aspire trop fort, je ne sais pas. Sa peau a un goût salé pourtant vanillé, c'est amusant, alors je tourne davantage ma langue.
Je passe une main sur sa hanche et la serre pour le rapprocher de moi, afin de ne pas avoir à me pencher autant pour lui faire le suçon. J'aspire, je lèche, je ne sais pas trop ce que je fais ; mais les mains de Louis sont dans mes cheveux, mes mains sur ses hanches, ma bouche sur son cou, et je me recule soudainement. Louis est rouge, et je dois l'être aussi.
Je respire assez fort. Non, non, non. C'est mal. Jeu ou pas, c'est mal. J'ai un copain, peu importe comme est celui-ci ; je ne peux pas faire ça. C'est si mal.
Niall me regarde, dans une incompréhension totale, et Louis semble remettre ses idées en place. Il est confus aussi, c'est normal ; et moi je sais que je n'aurais pas dû faire ça. J'aurais pu arrêter le jeu. C'est mal.
Je me lève et sors de la salle de jeux à la quatrième vitesse. Je rejoins ma chambre, et ne cherche pas à comprendre ; je me cale sous la couette, et ferme les yeux. Je ne veux pas penser, je ne veux pas y penser, c'était un jeu stupide que je n'aurais pas dû accepter, et ce que je viens de faire est mal. Définitivement.
J'entends Louis et Niall discuter brièvement, et j'entends une porte se fermer — que je devine être celle de la chambre où le blond dort — puis quelques secondes après, celle de ma pièce s'ouvre. Je suis dos à celle-ci, mais je sais parfaitement qui c'est. Et comme il ne la referme pas tout de suite - je le vois à la lumière du couloir qui se reflète sur le mur - je l'imagine bien être tenu au milieu du seuil, penaud, confus, gêné.
Tu l'as voulu ton stupide jeu, tu l'as eu Louis.
— Je suis désolé. C'est moi qui aurait dû refuser. Je suis désolé si le jeu t'a blessé... C'était un simple jeu, pour rire, mais certains ont du mal avec ça, même pour rire alors... je, ouais. Je comprends. Désolé.
Je soupire.
— Non, non, c'est pas ça. J'ai pas de problèmes avec ça Louis.
— Oh... ouais. D'accord. Tant mieux. Ouais.
Et c'est peut-être pire en réalité, car si j'étais hétérosexuel, peut-être que je n'aurais rien ressenti pendant ce stupide jeu. Peut-être que je n'aurais pas l'impression de trahir mon petit-ami et de mériter les insultes et doutes qu'il émet.
— Alors... bonne nuit ?
Je suis toujours dos à lui, et je ne me retourne pas pour le regarder alors qu'il se couche après avoir éteint les lumières et fermé la porte de la chambre. Mais il s'apprête à parler, et je le coupe.
— Dors, Louis.
Étrangement, il le fait.
#
QUESTION N*11 : Action ou vérité ? 😝
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