𝑺𝑬𝑵𝑻𝑰𝑴𝑬𝑵𝑻𝑺

Les semaines passaient et se ressemblaient. La fin de l'année approchait et Adwin n'avait toujours pas mis du sien afin de conquérir Eloi. Il ne savait plus quoi faire pour attirer le rouquin qui était redevenu silencieux et aussi présent qu'un fantôme. Et pourtant, Adwin était persuadé qu'ils étaient maintenant amis. Enfin, c'est ce qu'il croyait. Mais aujourd'hui, il ne savait plus véritablement où en était leur relation. Depuis l'épisode à la cafétéria, Eloi n'avait plus tellement parlé à Adwin et pourtant, il savait où le trouvait et il avait en sa possession son numéro de téléphone. Quant à Adwin, il s'était dit qu'il avait certainement fait fuir Eloi à cause... À cause, des fruits ?

Les cours se terminaient dans une semaine et Adwin n'avait définitivement pas aperçu Eloi depuis plusieurs semaines maintenant, le rendant particulièrement silencieux avec son entourage.

- J'ai entendu dire que Eloi s'était battu avec Ethan. C'est pour cela qu'il n'est pas au lycée depuis plusieurs semaines, il aurait pris cher. Expliqua Nolann alors qu'ils étaient tous les deux dans la bibliothèque.

Adwin releva la tête, surpris par ce que venait de lui apprendre Nolann. Eloi avait tendance à se battre, depuis aussi loin qu'il s'en souvienne, mais le brun était toujours curieux de savoir les raisons pour lesquelles il le faisait. Et aujourd'hui n'échappait pas à l'exception.

- Pourquoi ?
- Aucune idée. Souffla Nolann. J'ai demandé à Eloi, mais il n'a pas voulu me dire, mais bon, tu le connais, Ethan a dû le vanner sur sa taille et il a vrillé, je suppose.

Adwin se sentit soudainement à côté de la plaque.

- Vous êtes en contact ? Eloi et toi ? Demanda-t-il avant de passer une main dans ses cheveux.
- Oui. Pas toi ? Demanda Nolann, prudemment.

Le décoloré observa Adwin pendant quelques secondes et en voyant que ce dernier ne réagissait pas, il souffla et posa son stylo sur son cahier avant de croiser ses bras fins contre sa poitrine couverte d'un simple tee-shirt des Backstreet boys.

- Ad'... Pourquoi est-ce que tu attends un signe du ciel ? C'est une putain de connerie le destin, crée ton propre destin et parle à Eloi. Avait-il dit en se mordant la lèvre.
- Chut. Siffla la bibliothécaire.

Nolann s'excusa brièvement avant de reporter son regard sur son meilleur ami qui abordait une mine songeuse.

- Pourquoi est-ce qu'il ne vient pas me parler, lui aussi ? Demanda bêtement le brun.
- Peut-être parce qu'il ne sait pas que tu es amoureux de lui ? Proposa Nolann.
- Je lui ai quand même tenu la main au cinéma. Je ne peux pas faire plus clair que cela, Nolann.
- Taisez-vous, bon sang ! S'écria la vieille femme une seconde fois.

Adwin rougissait face à cette deuxième remontrance. Ce n'était pas dans son habitude de déranger le calme des autres. Nolann leva son plus mauvais doigt discrètement en guise de réponse et rit fortement, il avait définitivement envie de se faire détester.

- Monsieur Hart, sortez de ma bibliothèque. Rétorqua la responsable derrière ses lunettes rondes.

Nolann se leva alors précipitamment, Adwin a sa suite. Le blondinet passa la porte la tête haute et Adwin s'apprêta à en faire de même.

- Psit !

Le brun s'arrêta et regarda autour de lui. Le regard inquisiteur de Madame Rosa parcourut son corps.

- Adwin !

Adwin fronça les sourcils avant de regarder à sa gauche, derrière une étagère de livre se trouvait Eloi. Il avait l'air ridicule, caché derrière l'étagère qui ne le couvrait que partiellement. Adwin eut envie de rire, mais il se retint avant de s'approcher doucement de lui.

- Eloi ? Que- Demanda-t-il finalement, l'air de rien.

Mais Eloi l'attrapa par le poignet, le tirant jusqu'au fond de la bibliothèque sans qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit. Il s'arrêta finalement entre deux grandes étagères de livres, à l'abri des regards. Le garçon aux cheveux auburn se plaça face au brun avant qu'ils ne commencent à se dévisager.

- Q-Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Adwin, en regardant autour de lui.

Et c'est en reportant son regard sur l'homme face à lui qu'Adwin remarqua son visage marqué par les hématomes. Il grimaça, ce n'était pas beau à voir. Pourquoi fallait-il que Eloi abîme son si beau visage ? Il n'en prenait pas soin et cela attrista le brun. Et son cœur se serra d'autant plus lorsqu'il imaginait la douleur que devait éprouver Eloi.

- Ç-Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu. Avait-il dit simplement en réponse au brun.
- Qu'est-ce qu'il t'ait arrivé ? Demanda Adwin en touchant ses hématomes du bout des doigts.

Eloi ferma les yeux au toucher du brun avant de les réouvrir et de lui sourire tendrement. Il attrapa sa main qui ne cessait de parcourir son visage avant de la retirer, gardant tout de même ses doigts entrelacés aux siens.

- Tu as mal ? Poursuivit Adwin.

Les yeux d'Adwin pétillaient de douleur et d'amour envers le rouquin. Et Eloi ne pouvait s'empêcher de se sentir attendri par les gestes du brun.

- Ne t'inquiète pas pour ça. Avait simplement dit le rouquin. J'ai quelque chose pour toi.
- P-Pour moi ?

Eloi hocha simplement la tête avant d'attraper un vieux livre juste au-dessus de l'épaule d'Adwin, le frôlant par la même occasion, affolant tous les sens du brun. Le rouquin avança près de lui avant de se mettre sur la pointe des pieds.

- Est-ce que tu t'y connais en poème ? Susurra Eloi dans son oreille.

Adwin avala durement sa salive avant de secouer la tête négativement. Il ne s'était jamais vraiment intéressé à la poésie. Il trouvait cela magnifique, mais il avait du mal à s'y identifier.

Eloi ouvrit le vieux livre et s'arrêta sur une page en particulier, il semblait savoir où chercher.

Il releva les yeux vers le regard chaud et profond du brun avant de lui sourire une énième fois, Adwin était capable de s'abandonner juste à cette vision.

- Idole de ma vie, mon tourment, mon plaisir. Dis-moi si ton envie s'accorde à mon désir ? Comme je t'aime en mes beaux jours, je veux t'aimer toujours. Il avait récité en regardant Adwin dans les yeux.

Eloi plongea ses pupilles dans celle du brun, assumant ce qu'il ressentait juste en le regardant. Adwin loucha assurément sur les lèvres fines du garçon auburn avant de revenir sur ses yeux. Ils brillaient, d'envie, de hâte, il ressentait lui aussi le besoin de sceller leurs lèvres. Leurs fronts se collèrent subitement et l'odeur chocolat du rouquin pénétra les entrailles du bouclé. C'était réel et sans attendre une seconde de plus, Adwin plaqua ses lèvres délicatement sur celles de Eloi.

Les yeux désormais clos, il se mouvait gracieusement contre ses lèvres douces. Il avait attendu ce moment depuis si longtemps. C'était encore mieux que dans ses pensées. Les mains d'Adwin passèrent dans la nuque de Eloi tandis que ce dernier mit ses mains sur la mâchoire du brun, approfondissant le baiser. Le romantisme, la douceur et la pureté de leur échange reflétaient leur relation naissante.

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