Eloi avait littéralement passé la plus belle année de sa vie. Et tout n'était que surprise. Surtout pour quelqu'un comme lui. Qui était gueulard, mais tout aussi farouche. Il n'avait pas tellement d'amis depuis son entrée au lycée. Il s'était habitué à sa solitude et il aimait ne devoir rendre de comptes à personne. Il était souvent mal poli mais il s'en fichait, tout ce qu'il voulait c'était quitter cet endroit au plus vite. Il n'aimait pas particulièrement le lycée mais il était obligé d'étudier, il rêvait de devenir un grand poète. Aussi étrange que cela puisse être, mais il adorait la poésie, il aimait également les comédies romantiques, les bières, le vert et toutes ses nuances, et il aimait le fait de tomber amoureux. Bien que cela ne lui arrivait pas souvent et qu'il évitait constamment le sujet aux repas de familles.

Puis Adwin l'avait bousculé, ce grand gars aux cheveux bouclés dont il avait passé le temps à ignorer. Et là, tous ses plans étaient tombés à l'eau. Il avait vaguement entendu parlé de Adwin Hall durant sa scolarité mais il ne s'était jamais attardé sur l'homme en question. Il refusait de le regarder, de lui donner une quelconque importance. Il semblait si parfait, trop parfait pour être vrai. Qu'il ressentait de la jalousie à son égard, toutes les filles le voulait, ne passait pas un jour sans que Eloi n'entende le prénom du brun au détour d'une conversation. Mais au fond de lui, Eloi savait que s'il l'ignorait ce n'était pas à cause de la jalousie qui rongeait son cœur, mais à cause des sentiments qu'il lui portait inconsciemment.

Même du coin de l'œil, il voyait les moindres faits et gestes du brun, chaque jour qui passait il faisait comme s'il n'existait pas alors qu'il ne voyait que lui. Lui et son sourire magnétique, sa prestance de mannequin, son rire innocent et ses yeux, ses yeux qui avaient une couleur unique en son genre, une couleur que Eloi s'imaginait grâce aux descriptions improbables de ses camarades de classe. Jusqu'à ce qu'il ne le bouscule, Eloi n'avait jamais vu ses yeux. C'était à partir de ce moment-là que le vert est devenu l'une des choses qu'il aimait le plus sur terre.

C'était à partir de ce moment-là que Adwin est devenu la chose qu'il aimait le plus sur terre.

Il ne pouvait plus se défaire du regard farouche qu'il lui avait lancé après s'être excusé pour l'avoir bousculer. Il ne pouvait plus se défaire de ce visage si attrayant. Il ne voulait désormais que lui, voir ses yeux hypnotisant, sentir son odeur lorsqu'il passait près de lui et entendre son propre cœur cogner au rythme du rire du brun.

Il était putain d'entiché jusqu'à la moelle.

Adwin était déjà gravé dans son âme.

Et les gravures ne s'effacent jamais.