4ème Chance
Après l'épisode de la caricature, j'ai faillis abandonné. Alban m'avait complètement décourager. Tout mes signaux ne servaient à rien après tout, puisque personne ne captait quoi que ce soit.
Mais j'ai repris espoir lorsqu'Eugénie s'est penchée par dessus mon deuxième auto-portrait, non caricaturé, où le but était de faire tomber les masques.
Encore une fois, c'est ce que j'ai fais. Je ne pensais vraiment pas que quelqu'un réagirait. Mais je m'étais trompée.
Tu as toujours eu un côté un peu immature, enfantin, même à notre âge. Des fois, il m'attendrissait, moi et mon instinct maternel. Mais souvent, il m'agaçait. Ton attitude beaucoup trop naïve m'exaspérait. Je ne dis pas que tu étais trop bête. Loin de là. Tu avais la meilleure moyenne de la classe, tu étais déléguée depuis deux ans, et tu savais que des fois, la vie n'était pas toujours rose. Ce n'est ce que je te reproche, Eugénie. Ce qui m'énerve, c'est que tu te sois penché sur mon dessin en t'exclamant d'un ton sucré, puérile, exaspérant, et surtout, surtout, extrêmement faussement apitoyé :
- Oh ! Elle pleure la fille sur ton auto-portrait ? Qu'est-ce qui lui est arrivé ?
À cet instant, tu aurais pu ouvrir toute les barrières, Eugénie. Vraiment. J'aurais été capable d'éclater en sanglots en plein milieu de salle d'art plastique. J'aurais pu tout vider. Mais je me suis rappelé de "l'épisode parapluies". Je me suis rappelée d'Éva, qui n'en avait strictement rien à cirer de ce que je lui disais. Et j'ai tourné la tête pour vérifier que tu m'écoutais. Évidemment, tu étais entrain de parler avec quelqu'un d'autre à l'autre bout de la table.
Maintenant, Eugénie, réfléchit bien. Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans le mot "auto-portrait" ? La "fille sur ma feuille", comme tu l'appelais, était censée représenter son auteur, donc moi. Je croyais que tu apprenais tes leçons, Eugénie. Et dans la leçon de ce jour là, il y avait la définition "d'auto-portrait".
Mais il n'y a pas que ça. Tu sais, souvent je me suis demandée pourquoi je ne supportais plus Alban. Je vais te dire, en plus de m'avoir fait deux coups dans le dos, que je n'ai toujours pas digéré au passage, il m'a volé l'attention d'une de mes meilleures amies. Et au moment où j'avais le plus besoin d'elle.
Tu sais, toute cette période où on voulait qu'il nous lâche, qu'il nous laisse tranquille, il s'accrochait à toi, et tu rentrais avec plaisir dans son jeu.
Oui, cette personne au bout de la table avec laquelle tu discutais lorsque j'ai tourné la tête, Eugénie, c'était Alban. Et c'est surtout pour ça que je lui en veux. À lui, et à toi.
Parce qu'il t'a volé l'occasion de me sauver.
Quelqu'un qui, pour toi, est invisible.
Louise.
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