7ème session
Cette soirée qui a tout changé
Nous sortions d'un bon restaurant, quand nous avons aperçu un jardin. Mes sœurs et moi avons accouru et nous avons joué pendant un moment. Toboggan, balançoire ; tout y est passé.
Nous avons fini par rentrer à l'hôtel, et c'est là que je me suis précipitée aux toilettes. J'ai vomi.
C'était bizarre parce que ça ne m'arrivait jamais. Mais on ne s'est pas beaucoup inquiété. Mes parents se sont dit que j'avais du mal digérer, en plus j'avais fait de la balançoire juste après m'être rempli le ventre, on sait bien que ce n'est pas vraiment recommandé.
Je vous avoue que je ne me souviens pas trop de l'enchaînement des événements. C'était en 2014, j'avais à peine huit ans. Mais on est rentrés à Nice et je me souviens seulement du stade où ça n'allait plus du tout.
Je vomissais constamment. Il m'était impossible d'avaler quelque chose, et même sans rien manger, ça arrivait.
Je ne me souviens plus vraiment de l'enchaînement des choses. Ni combien de temps ça a duré avant que mes parents commencent vraiment à s'inquiéter. J'ai été voir un médecin généraliste plusieurs fois, tout était normal. J'ai dû arrêter d'aller à l'école.
Jusqu'au jour où mes parents ont décidé de m'emmener chez un spécialiste. Un cardiologue ou un neurologue, je ne sais plus vraiment. Lui nous a conseillé d'aller à l'hôpital, et c'est ce qu'on a fait.
Arrivés là-bas, on m'a examinée, je n'avais toujours rien aux premiers abords. Puis, prise de sang, scanner. On a attendu toute l'après-midi. Ma mère a dû rentrer pour s'occuper de mes sœurs. Puis enfin, on nous a dit qu'ils n'avaient rien trouvé, une fois de plus. Tout paraissait parfaitement normal.
Je me souviens parfaitement, en sortant de l'hôpital, j'ai demandé à mon père si j'allais enfin arrêter de vomir. « Normalement oui », c'est ce qu'il m'avait répondu. J'ignore s'il le pensait vraiment ou s'il voulait juste me préserver. Que je mange enfin.
Dans tous les cas, ça a fonctionné. Dès qu'il m'a dit ces mots-là, j'ai retrouvé l'appétit. Il m'a acheté une bouteille d'Oasis, que j'ai bu dans la voiture, pendant le trajet jusqu'à la maison. En arrivant dans notre rue, il m'a laissée devant le portail de notre immeuble pour aller mettre la voiture au garage. Je suis donc montée, ma mère m'a ouvert, et j'ai couru aux toilettes pour tout vomir.
Le diagnostic
On m'a ramenée à l'hôpital un autre jour. J'ai fait un I.R.M, ce truc m'a terrorisée. Trente minutes allongée dans une machine qui fait un bruit terrible, assourdissant, sans pouvoir bouger. Demandez ça à un enfant de huit ans.
Pourtant je l'ai fait. J'ai fait ça, et j'ai fait tout ce qu'on m'a dit de faire. Je voulais que ça s'arrête. Je voulais aller mieux. Que tout redevienne comme avant.
Alors je suis restée là, immobile dans cette machine pendant trente minutes, avec ce vacarme pas possible. J'ai pleuré silencieusement, et je me rappelle que les larmes m'ont chatouillée en tombant. Mais je n'ai pas bougé. J'osais à peine respirer.
Fini cet enfer, on a encore une fois attendu les résultats. Je crois que ça a pris plus de temps cette fois, on a dû rentrer à la maison. Et puis, quand les résultats sont enfin tombés, c'est là que tout s'est mis en place. J'avais une tumeur au cervelet.
Ce n'était que le début de l'enfer.
Je vous avoue que je ne me souviens pas vraiment de l'enchaînement des choses. Ça fait neuf ans maintenant, j'étais jeune et je faisais seulement ce qu'on me disait de faire. Je ne sais même pas si j'avais conscience de ce que j'avais vraiment. J'ai été hospitalisée, et mes parents alternaient pour rester avec moi la nuit. Le jour aussi, ils étaient toujours présents. J'ai passé des mois dans les couloirs et chambres d'hôpitaux, et pas à un seul instant mes parents ne m'ont laissée seule. Je voyais cependant très peu mes sœurs, qui n'étaient que rarement autorisées à entrer dans ma chambre.
Le 4 juin 2014, je suis passée au bloc opératoire. J'avais été transférée la veille de l'hôpital Lenval, un hôpital spécialisé en pédiatrie, avec des murs de couleurs pastel, partout, des dessins d'animaux, d'enfants, bref, un hôpital pédiatrique. À l'Hôpital Pasteur. Un vieil hôpital aux murs ternes et froids.
Ma mère m'avait lavé les cheveux. Mon grand-père m'avait offert un iPad mini, avec sa fameuse coque jeune. J'étais la plus heureuse. Il n'y avait pas internet à cet hôpital et mon père avait été au mcdonald's pour installer des jeux pour moi. Je me souviens d'une photo de ce jour où ma mère est en train de me sécher les cheveux, moi, assise dans mon lit. Ce jour-là, mes deux parents s'étaient libérés pour passer la nuit à mes côtés. Ils avaient confié mes sœurs à une amie proche de ma mère, qui les a gardées pour la nuit, puis emmenées à l'école.
Je me souviens vaguement d'être dans un couloir, à moitié consciente. Il y avait le bruit d'une télévision et les lumières étaient tamisées. Mais j'étais certaine qu'il y avait des gens dans cette pièce, comme si j'étais dans un couloir où une salle d'attente, je ne sais pas trop. Je pense qu'à ce stade on m'avait anesthésiée et je commençais à m'endormir. Dans un état entre le sommeil et la réalité.
L'opération a duré quatre heures. Quatre heures pendant lesquelles ni mon père, ni ma mère n'ont quitté la salle d'attente. Si ce n'est pour aller acheter à manger ou passer aux toilettes.
Les jours suivants l'opération ont été très flous. J'étais dans un état mi-conscient, sous l'effet des médicaments. J'ignore où j'étais, mais il faisait sombre. Une salle sombre, sans aucune lumière. Je ne voyais pas l'heure passer, je n'ai aucune idée de combien de jours sont passés. Je me souviens de la présence de mon grand-père et de mes parents, chacun leur tour.
La fin du cauchemar ?
À ma sortie de l'hôpital, j'étais la plus heureuse. C'était enfin terminé, du moins c'est ce que je pensais.
J'ai dû gardé pendant des semaines ma "coiffure" du bloc opératoire. Je n'osais pas toucher à mes cheveux, les défaire. C'était encore trop sensible. Je me souviens de ma première vraie sortie, qui n'était pas un trajet hôpital-maison ou maison-hôpital. J'ai été chez ma grand-mère avec mon père. Il faisait beau, j'étais heureuse de sentir le soleil sur ma peau, de marcher ailleurs que dans les couloirs de l'hôpital.
Tout allait pour le mieux de mon côté. Mais ce que j'ignorais ; c'était loin d'être terminé. Les médecins n'ont jamais lâché mes parents qui ont tout fait pour me protéger.
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