Chapitre 1

J'avance machinalement vers le palais de justice, droite et apeurée, tenant fermement la main de ma grande soeur, Katniss. Cette année, c'est ma première année. J'arrive sur la grande place où une horde d'enfants rangés par groupe d'âge se tiennent. Ils regardent tous l'estrade où deux urnes  contiennent tous les prénoms d'enfants de mon district. Une à gauche pour les garçons et l'autre à droite pour les filles.
Avec Katniss, nous sommes les dernières à passer notre doigt pour qu'on puisse nous prélever une goutte de sang. Nous passons en vitesse cette étape puis je rejoins ma soeur avant de me retrouver seule. Elle m'attrape par le bras et me tourne vers elle. "Va rejoindre ton groupe d'âge et on se retrouve après la moisson. Tout va bien se passer mon petit canard. Je te le promets." Je n'ai pas le temps de l'enlacer que deux pacificateurs s'approchent de nous pour nous séparer. Je rejoins donc mon groupe au niveau de l'estrade où je m'installe près de Dana, une fille de ma classe. Je lui adresse un hochement de tête qu'elle me rend puis une dame du Capitole prend place au niveau du micro. Elle le tapote puis entame son discours : " Bienvenue, bienvenue, bienvenue pour cette moisson de la 74ème édition de nos Hunger Games. Bien, nous allons procéder au tirage au sort et comme toujours, les dames d'abord."
Elle s'approche de l'urne contenant les prénoms des filles de notre district. Je suis affolée, j'ai le coeur qui manque un battement et ma respiration est irrégulière. Je tremble de peur et essaye pour m'apaiser de me souvenir des quelques paroles de Katniss.
Elle décachète le fameux nom puis reprend de sa voix aiguë, typique du Capitole :

- Le tribut femelle du district 12 qui aura la chance de participer à la 74ème édition des Hunger Games est... Primrose Everdeen.

J'ouvre grand la bouche, choquée, n'étant pas sure d'avoir bien entendu mon prénom. Mais ce qui confirme mes doutes ce sont tous ces visages qui braquent leur regard sur moi. Certains de tristesse, d'autres d'étonnement, sans émotion ou même soulagé de ne pas être choisi . Je décide donc de me déplacer tant bien que mal vers l'estrade.
"Approche petite", me lance la dame du Capitole. Je monte les escaliers et vient me placer à ces côtés. Des larmes de peur m'envahissent et coulent inconsciemment le long de mes joues. Le sentiment de peur me submerge dans tout mon corps. Je suis tellement concentré sur ce sentiment que je n'entend même pas le tribut garçon qui m'accompagnera. "Bien bien, maintenant que nos tributs du district 12 sont moissonnés, je n'ai qu'une chose à leur dire : Joyeux Hunger Games et puisse le sort vous être favorable."

-Ahhhhhh !!!!

Je me réveille tout en sueur en hurlant. Tout ça n'était qu'un cauchemar, un cauchemar plus vrai que tous ceux que j'ai pu faire sur ma première moisson. Ma soeur, ayant entendu mes cries, accourt dans la chambre et vient se poser près de moi pour me prendre dans ses bras.

- Chut, c'est fini, me rassure t-elle.

- C'était moi, dis-je entre deux sanglots.

Elle me laisse déverser ma tristesse puis reprend :

- C'est ta première année Prim, ça ne tombera pas sur toi.

Je hoche la tête avant de remettre ma tête dans le creux de son cou. Mes sanglots cessent puis j'atteins son oreille avant de lui chuchoter : "Tu peux me chanter quelque chose ?" Elle me donne son accord d'un simple signe de tête puis commence de la voix la plus belle du monde et qui apaise toutes les souffrances. La même voix, le même don et le même pouvoir que ma soeur a hérité de mon défunt père. S'il était en vie, beaucoup de choses auraient changé mais je me laisse bercer par la douce mélodie de Katniss avant de rejoindre son chant.

"Sous le vieux saule, au fond de la prairie,
L'herbe tendre te fait comme un lit,..."

- Tu te rappelles cette chanson ?, commence t-elle

- Oui

- alors chante-la et rendors-toi. Je reviens...

- Où vas-tu ?

- dans la forêt mais je reviens vite. Je te le promets.

Elle se desserre de mon étreinte pour que je puisse m'allonger. Elle replace une mèche de mon visage derrière mon oreille avant d'ajouter : " Je t'aime".

Je la regarde se lever puis quitter ma chambre me laissant seule avec les paroles de cette chanson en tête ainsi que sa douce voix qui tintent encore dans mes oreilles. Je l'entends enfiler ces chaussures et son manteau mais quand j'entends la porte de notre maison s'ouvrir, je crie :

- Katniss ! Katniss !

Je l'entends courir dans les escaliers pour retrouver ma chambre. Dès qu'elle passe l'entre bâillement de la porte, elle s'affole.

- Qu'y a t'il Prim ?!

- Attends, je voudrais te donner quelque chose...

Elle me regarde me lever pendant que je m'approche lentement d'un tiroir. J'en ressors un foulard et le lui tends.

- Pour toi, je me suis dit que tu devrais le prendre pour te porter chance avant la moisson.

Elle ouvre doucement le foulard et sors le fromage de chèvre que j'ai fabriqué spécialement pour elle.

- Oh Prim...commence t-elle.

- Non, Katniss, c'est normal. Tu en as tellement fait pour moi alors qu'enfin, je peux t'offrir quelque chose pour toutes les choses que tu as faite pour moi. C'est une manière de te remercier alors mange-le avec Gale, vous en aurez plus besoin que moi.

Elle s'approche de moi et vient m'enlacer.

- Merci Prim.

Je resserre un peu plus mes bras autour de son cou puis elle me chuchote :

- J'y vais si tu veux manger un bon petit plat après la moisson...

- Ok.

- Je t'aime.

- Moi aussi.

Et cette fois-ci, elle quitte pour de bon la maison après avoir refermer la porte d'entrée avec un grand fracas. En général, quand elle claque la porte de la maison comme cela, c'est qu'elle vient de croiser ma mère avant de partir chasser.

Depuis la mort de mon père, c'est Katniss qui s'est toujours occupée de moi. Ma mère nous a abandonné laissant Katniss alors qu'elle n'avait que dix ans, la charge de m'élever. C'est elle qui part chasser dans la forêt désormais, grâce au petit arc que mon père lui a fabriqué quand elle était petite.
Je me souviendrais toujours de ce moment, Katniss et mon père rentrant à la maison, les mains pleines d'écureuils et de plantes comestibles, nous habitons certes à la Veine - le quartier le plus pauvre du district 12-mais grâce au talent de mon père pour la chasse et qu'il a transmis à Katniss, on n'avait toujours de quoi se rassasier quelques temps.
Mais depuis la mort de papa, il est arrivé que certains hivers, nous manquons de provisions et n'avions plus de nourritures. Seulement de l'eau que nous procurait la neige. Les hivers sont rudes au district 12...
Néanmoins, les rapports que j'ai avec ma mère se sont améliorés quand j'ai atteint mes dix ans. Je suis descendue un jour dans sa chambre voulant avoir une personne pour me consoler d'un cauchemar car Katniss n'était pas à la maison. J'ai toqué doucement à sa porte et je l'ai ouverte. Elle m'a regardé de haut en bas, sans rien me dire. Elle était pétrifiée sur place. Je me suis approchée d'elle doucement et j'ai l'ai serré dans mes bras. Je ne sais pas vraiment ce qui m'a pris de faire ça, j'avais sans doute besoin de sentir les bras de ma vraie mère m'enlacés. Elle m'a rendu mon étreinte et nous sommes restées cinq bonnes minutes dans les bras l'une de l'autre sans rien nous dire. Je lui ai juste demandé en desserrant mon étreinte si elle allait bien. Elle a alors parlé pour la première fois depuis quatre ans, elle m'a répondu :" Oui ma puce, je suis heureuse que tu sois redescendue. Tu es tellement belle. Tu me manques tellement." J'ai alors pris en compte ses paroles et je suis restée avec elle jusqu'au retour de Katniss. Elle m'a montré son atelier-là où elle soignait les personnes de notre district - et j'ai commencé à aimer toutes les choses qu'elle me montrait et quelques temps plus tard, je suis devenue son assistante. Ça avait mis un coup à Katniss quand elle nous a vu ensemble chaque jour après cette réconciliation. Katniss a toujours du mal à la pardonner et elle l'évite toujours. Je pense qu'elle n'a pas accepté le fait qu'elle nous a abandonné pendant quatre ans. Elle avait sûrement besoin d'elle. Disons qu'elle n'a pas eu une véritable vie de petite fille et qu'elle a tout sacrifié pour moi, pour me sauver et j'y repense chaque jour et tout le temps.
La situation a changé à présent et ma mère s'est remise à cuisiner les proies que Katniss rapportait de la foret avec son ami Gale, elle a recommencé à nous parler et tout est presque redevenue comme avant. Seulement, ma mère reste dans des moments de solitude et ne parle plus pendant certaines journées. Sûrement qu'elle doit refaire le point, seule dans sa chambre comme Katniss mais elle, c'est dans la forêt. Quant à moi, c'est dans la lecture avec le peu de livre que je possède chez moi c'est à dire ceux de l'école et ceux des manuels de cuisine et de santé de ma mère. Une chose est sûre c'est que maintenant, je sais que je veux être médecin plus tard, comme ma mère.

Mon intuition de tout à l'heure a été bonne puisque ma mère rentre dans ma chambre.

- Coucou ma puce, tu as fait un cauchemar ?

- Oui mais ne t'inquiète pas, je vais bien maintenant...

- Bon dans ce cas,...

- Tu voulais me demander quelque chose ?, je la questionne.

- Oui, tu veux te promener dans le district avec moi avant que je te prépare... ?

- Oui si tu veux.

Je sors de mon lit et pars enfiler ma paire de bottines marrons. Je déambules les escaliers en bois sous les yeux médusées de ma mère. Elle prend son gilet et sors à ma suite. On ne dit rien, on regarde le soleil surplombée notre district et les familles enfermées dans leur maison redoutant la moisson comme nous. Les volets de toutes les maisons de la Veine sont fermés, tout est vide, tout est mort, comme si le village avait disparu, plus aucune trace de vie à l'affût.
Mon pas est lent lorsque je passe à la limite de notre district avec ce haut grillage électrique pour nous empêcher de nous enfuir à travers toutes cette vaste forêt. Je regarde mes pieds sans rien dire quand j'aperçois deux tâches rouges dans les feuillages. Je m'arrête pour être sûre que je n'hallucine pas. Et non ! Je ne rêve pas, des petites fraises des bois se trouvent à mes pieds.

- Maman, viens voir !

Elle se retourne et s'approche de moi.

- Regarde, il y a des petites fraises des bois.

Elle met sa main devant sa bouche en voyant ce petit arbustes d'une vingtaine de petites fraises. Son expression était comme si tout cela était un signe, un signe de chance et de bonheur avant une heure terrible, une petite lueur d'espoir. Ce spectacle est juste magnifique pour nos yeux alors que nous sommes assez pauvres.

- Ne laissons pas ce spectacle Primrose, cueillons-les !, lance ma mère.

Je me rus sur le petite arbuste avec l'aide de ma mère et cueillons ses minuscules petites fraises qui feront notre dessert iau retour de la moisson-si tout se passe bien...-, j'en connais une qui risque de se régaler ce soir. Bien sûr je vais lui faire la surprise.
On prend bien soin de poser les fraises dans le petit panier de ma mère avant de rejoindre le centre ville. Il n'y a personne aux alentours. Nous sommes les seules inconscientes à venir nous balader dans le district. Je demande alors à ma mère.

- Maman, est-ce que je peux passer à la boulangerie observer les pâtisseries ?

Elle hoche la tête avant d'ajouter :

- Je rentre à la maison, rejoins moi après et rentre dans cinq minutes, il faut que tu te prépares.

Je hoche la tête à mon tour et cours jusqu'à la boulangerie. Je me colle à la vitre et observe ce mélange de couleur : violet, rose, vert, jaune. Des millions de macarons que je prends plaisir à observer même si la tentation d'en goûter un même si nous n'en avons pas les moyens me ronge l'esprit. Je n'entends que trop tard l'ouverture de la porte de la boulangerie avec grand fracas laissant apparaître une femme boudinée, le visage stricte et repoussant. Elle commence à s'avancer vers moi et elle me crie :

- Fiches le camp, petite fille incapable de la Veine ! Ici, nous n'observons pas, on achète c'est tout.

Je ne lui réponds pas que je postillonnes à ses pieds et par en courant jusqu'à ma maison. Moi qui est de tempérament doux et calme, je viens de me comporter comme une petite insolente et mal élevé. Je me sens soudain honteuse de cette réaction assez stupide même si cette femme l'a bien cherché.
Je rentre alors dans la maison essoufflée et reste un moment à reprendre mon souffle derrière la porte.

Après m'être calmée, je rentre dans le salon et ma mère m'ordonne d'aller prendre ma douche. Ce que je fais sans rouspéter. Une baignoire est installée dans la chambre de ma mère. Je me déshabille et plonge dedans. Le contact de l'eau sur ma peau me refroidit. Elle est tellement froide. Je me savonne mes longs cheveux blonds ains que mon corps et je frotte fort mes ongles et mes pieds tout poisseux. Je sors alors après m'être rincée et me sèche rapidement pour ne pas attraper froid . Je rentre dans ma chambre et trouve ma tenue pour le poisson. Une petite jupe beige et un chemisier à manches courtes blancs qui appartenaient à Katniss. Elle aussi a porté ses vêtements lors de sa première moisson.
Je l'enfile donc avec hâte en me disant que sa tenue lui aura porter chance. La jupe est un peu grande mais le chemisier me va comme un gant. Je déboule alors dans le salon. Ma mère me regarde et me fait installer devant le miroir de notre salon. Je me met debout et elle me fait ma coiffure avec mes cheveux encore légèrement mouillés. Elle me fait deux petites tresses et me voilà enfin prête. Je commence maintenant à stresser et à appréhender la moisson qui est désormais dans une heure. Mais ce qui m'inquiète encore plus à ce moment, c est se Katniss n'est toujours pas revenue des bois. Ma mère commence à s'impatienter elle aussi et se ronge les ongles.

Puis juste un bruit de porte de l'entrée me fait comprendre que c'est quelques secondes d'angoisse sont effacés. Elle déboule dans la pièce bousculant ma mère au passage pour l'empêcher de dire un mot par rapport à son retard et s'approche de moi.

- Oh mais regardes-toi, tu es magnifique...

Je me lève et lui souris lorsqu'elle s'accroupit devant moi avant de reprendre.

- Mais dis-moi, il me faut ranger ta queue mon petit canard !

Elle prend le bas de mon chemisier et le dissimule à l'intérieur de ma jupe. Je lui souris mais au moment où j'allais la prendre dans mes bras, ma mère brise le silence et s'adresse à Katniss :

- Je t'en ai préparé une à toi aussi !

Ma soeur se fige et éteint le sourire qui s'étendait sur ses joues avant de me donner un baiser sur ma petite joue rebondie et quitter la pièce pour se rendre à la salle de bain.

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