Chapitre 1.
Je m'avance lentement dans ce couloir sombre, le contrat entre mes mains. Elles sont devenues si moites... J'avance encore. La tête baissée. Si bien, que je peux voir mes pieds marcher mécaniquement. Je ne contrôle plus rien. Je suis dégoûtée d'avoir lâchement abandonné: ils auraient eu honte de moi. Malheureusement je l'ai compris trop tard. Moi-même, j'ai honte de ce que je suis et de mon acte irréversible que je m'apprête à faire. Ma tête se lève désespérément. Ce couloir si étroit et obscur sent l'humidité. J'ai l'impression que c'est le même qu'il y a cinq minutes. L'odeur, la luminosité: tout est inchangé. J'avance toujours. Arrivée au bout de ce couloir, je lève ma tête qui est toujours si lourde. Je remarque un mur.
Je ne comprends pas ce qu'il se passe. La curiosité prend le dessus et je touche ce mur. Des lettres apparaissent d'un bleu turquoise magnifique. Elles forment un texte identique à celui qu'il y a dans mon contrat : le règlement. Il stipule qu'il ne faut point tuer ses pairs, en aucun cas divulguer le nom de l'entreprise, de ses collègues et bien sûr du chef. Qu'on lui doit le respect et qu'on est obligé d'exécuter tous ses ordres. Sans exception. Il est interdit de dire ce que l'on pense ou même d'évoquer à quelle religion nous appartenons. Puis, les droits du travail et des salariés ne sont plus valable dans l'enceinte de cette entreprise privée. Nous n'avons plus de nom mais un numéro. Un sourire de dégoût apparut. C'était sûrement pour faciliter la notation de tous les décès par jour dans le registre de la morgue. Et la conclusion s'impose d'elle-même : une fois ce contrat signé, nous devenons des monstres à cause des ordres que ce dictateur nous donne. On doit obéir en faisant des actes traumatisants en ne ressentant aucune culpabilité. Mais aussi, nous perdons toute forme d'humanité. Elle est dût à notre perte d'identité : notre mort sera aussitôt oubliée. Une fois l'affichage du règlement terminé, je l'accepte, ce qui est une chose faite. Ensuite j'entre mon numéro d'identification et mot de passe qui sont délivrés dans mon contrat. Mon numéro était le 722 187.
Une fois que validé, le mur s'ouvre dans un bourdonnement. J'aperçois des personnes de tout âge. Ils sont là, dans cette immense salle qui ressemble à un entrepôt. Elle me donne la migraine à cause de la puissante odeur de sueur. Ils s'entraînent pour se battre chacun dans leur coin. L'un aux bras nus. L'autre à l'épée. Ils avaient tous, sans exceptions, quelque chose de noir à leur cou. Je pensais que c'était un collier. Je m'avançais lentement dans cet univers inconnue pour moi, où je ne voulais pas me faire remarquer. J'étais comme un Cheval de Trois. Malheureusement, ma présence est déjà dérangeante. Tout le monde arrête ses entraînements, et m'observe. Je ne me suis jamais sentie aussi seule. Dans cette foule j'entends "C'est elle" et ils commencent à s'approcher de moi. Par peur, je fais un pas en arrière, mais pas un second : le mur derrière moi s'est déjà refermé. Ils s'approchent de plus en plus. Je regarde autour de moi. Ils sont partout. Il n'y a aucune issue. Je suis totalement perdue. J'observe alors cette foule. Elle ressemble à une meute de loups affamés. Ce ne sont que des hommes. Les femmes ont toutes le crâne rasé. Elles sont toutes restées là, à attendre. Elles possèdent toutes des hématomes sur leurs corps. Ces femmes sont comparables à des agneaux sans défense, comme je le suis actuellement. Ils sont à cent mètres de moi, un léger sourire aux lèvres. La peur me donne l'impression que mon coeur va sortir de ma poitrine. Ils sont à cinquante mètres de moi et un énorme sourire sadique plaqués aux lèvres. Je suis tétanisée par la peur. Ils sont là, devant moi et l'un me fixe tout en gardant ce sourire. Ce monstre me dit : « Toi, tu n'aurais jamais dût entrer ici. ». À ces mots, il m'attrape le cou et me plaque contre le mur. Je n'arrive plus à me débattre. Quelqu'un me frappe dans les côtes. Je crie. Lui, me tire les cheveux. Je tombe. On me met des coups de pieds dans les côtes. Un liquide se répand dans ma bouche : mon sang.. Ils frappent encore plus fort. Je hurle tel un chien qui hurle à la mort.
« Stop ! »
Cette forte voix grave se fait entendre dans cette salle de torture. Tout le monde s'éloigne de moi. Ma force m'abandonne. Cette souffrance, cette douleur... Je m'écroule à terre en sanglot. Je me répète : « soit forte, ne leur donne pas la chance de croire que tu es faible ». Je n'en reviens pas de ce qu'il vient de se produire, de la façon dont ils s'étaient jetés sur moi. Ça ne pouvait pas être réel. Mais ça l'étais.. Pendant que j'essaye de reprendre conscience, la scène se rejoue inlassablement dans mon esprit. Je crut qu'il avait un collier, mais non. C'était un numéro tatoué. Comme s'ils étaient des bêtes sans âmes. Et c'est ce que j'allai subir. Je voudrais m'enfuir mais je ne pouvais pas le faire. Alors que je persiste à essayer de reprendre mes esprits et calmer mon rythme cardiaque. Tout le monde se disperse. Ils forment une ligne où un homme âgé avance vers moi. Il est vêtu d'un blanc parfait, semblable à de la neige fraîchement tombée. Un chat d'un noir comme du charbon le suivait. Je suis toujours clouée à terre lorsqu'il s'approche : j'ai honte. Honte de pas pouvoir me lever alors que j'avais déjà subi beaucoup plus. Mais ma force de me battre s'était échappée au même moment qu'ils avaient quitté ce monde. L'homme est maintenant face à moi et son chat s'assoit juste devant mon visage. Il paraît sûr de lui, puis me regarde comme si je n'avais aucune valeur. Il apprécie la souffrance que je subis. Mais je ne veux absolument pas que cet homme aperçoive ma faiblesse. Aussi, je me lève lentement mais difficilement. Une fois debout, il m'oblige à le suivre.
On marche devant toutes les personnes qui ont former une ligne pour nous laisser passer. L'homme âgé marche sans faire attention à eux: ils ne valent rien. Tous les regards sont, une fois encore, rivés sur moi. On peux sentir toute la haine qui émane d'eux à mon égard. Je baisse la tête, mes pieds continuant de marcher machinalement, comme si on venait de me condamner à mort. Il fait coulisser la porte, pour se retrouver dans un couloir. Par chance, l'horrible odeur de la sueur ne se fait plus sentir. On tourne à gauche puis on prend des escaliers en acier. Au bout du deuxième étage, on marche dans une grande allée. À notre droite, il n'y a que des vitres où l'on peux encore voir ces deux groupes qui nous observent. Il ouvre une porte à l'aide d'un code et on entre. La pièce est toute blanche et très lumineuse. En plein milieu se trouve un bureau tout noir où le chat y est déjà confortablement installé. Alors que l'homme s'avance et s'installe lentement sur sa chaise. Le chat m'observe toujours avec son regard sombre. Je regarde cet homme avant de m'écrouler d'épuisement sur la chaise. L'ambiance se fait froide et pesante alors que je souffre. Je voudrais être partout, sauf ici, face à lui. Il me regarde avec un sourire en coin avant de me dire:
« J'imagine que je n'ai pas besoin de me présenter... dit-il avec son sourire narquois.
- Moi de même, dis je lentement pour éviter que le sang s'échappe de ma bouche.
- Je vous pensais plus forte que cela. Vous avez abandonné bien tôt.
-Vous m'y avez forcé !
Mon rythme cardiaque s'accélère.
- Vous êtes malheureusement capable de tuer trop de gens pour la simple et bonne raison que je sois avec vous .
Je commençais à avoir mal à la tête.
- Et tout ça pour votre simple satisfaction.
Chaque mots me fatiguent de plus en plus.
- Trop de gens sont morts par votre faute. Cela doit cesser.
-Ma chère... Dit-il en me regardant comme s'il voulait m'attendrir, rien ne va s'arrêter. Jamais. Vous allez juste prendre la relève de nombreux soldats. Vous en valez une vingtaine et il faut que je les économise.
- Je le sais déjà, c'est pour ça que je suis ici.
-Alors, qu'allez vous faire maintenant que vous êtes avec moi ?»
Lorsqu'il prononce ces mots, une joie interne s'empare de moi. Enfin, il me pose cette question. Je le regarde et réponds calmement:
« Obéir à tout vos ordres, afin d'éviter d'autres morts inutiles. »
Il me fit un signe de tête, satisfait. Mais je pense que celle-ci n'est qu'apparence, pour me mettre plus rapidement en confiance.
Mais je peux vous en faire la promesse: je vais me venger. Je vais tous vous tuer. En commençant par tous vos soldats et finir par vous. Vous, celui qui a tué juste pour que je sois là. Jamais, ô grand jamais, je serai avec vous, dans votre camps. Et vous allez payer pour ce que vous avez fait. Peut importe les conséquences et que je meurs ou non. Mais personne d'autre ne mourra par ma faute. Parce qu'ils étaient innocents. Parce que je les aimé.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top