Dans la fête ambiante qu'était devenue de sa vie, le monde est soudain devenu silencieux.

14h40. L'ambiance est tellement étrange. Maladive.
Figé dans un silence funeste, le froid mordant s'insinue, chaque expiration formant des volutes de vapeur dans l'air. Eris hésite un instant à imiter, avec ses doigts, les fumeurs qu'elle voit au loin. Mais elle se retient, car elle n'est plus une gamine.

Elle cherche à faire passer le temps en observant les autres présents, tous en costumes sombres ou en robes noires, murmurant ou absorbés par leurs téléphones. Mais parmi eux, une figure se détache : Demeter, la sœur de la défunte. Grande et singulière avec ses cheveux roux, trop vifs pour l'occasion funèbre.

Dans cette scène à la fois solennelle et macabre, Demeter semble être la seule à sa place, à avoir été présente à ses côtés. Ce constat laisse Eris envahie par un sentiment de culpabilité, la poussant à sortir son téléphone pour s'occuper. A travers le reflet de son écran, elle réalise à quel point son pull rayé gris et rouge fait tache dans l'ambiance morne qui règne.

Perdue dans les applications inutiles, consciente qu'il n'y a personne à contacter, aucun message à attendre, Eris se sent étrangère à tout cela. Son téléphone, son pull rayé, tout semble gâché aujourd'hui.

Avant qu'elle ne puisse s'y perdre davantage, la porte de l'église s'entrouvre enfin, libérant un souffle de chaleur qui dissipe le froid glacial de dehors. Eris se questionne sur sa légitimité à être ici. Pourtant, elle sait qu'elle doit rester. Elle doit rester, pour Mei.

Comme de mise, le ciel est toujours gris lors des enterrements, c'est la norme.

Mais Mei était dans tout, sauf dans la norme.
Son cercueil vert pastel le montre trop bien.