You can't buy happiness
C'est dans une ambiance moite et poisseuse sur fond de musique country démodée, que je vis ce garçon qui criait à la mort sur une estrade improvisée. Il se mit à chanter de manière incompréhensible des paroles qu'on aurait cru bibliques.
1m75 sans compter les converses qui avaient un jour dû être blanches, cheveux blonds mal lavés encadrant un visage mal rasé, je me surpris à observer cet être totalement défoncé enseveli sous quatre couches de tissus bien épais.
À côté de lui, le cadavre d'une guitare mal aimé, peut-être mal accordée.
Un vieil homme d'une cinquantaine d'années, le crâne un peu dégarni, vêtu d'un veston havane, s'approcha du pseudo chanteur puis le saisit brusquement par le col :
- Kurt maintenant tu dégages ! Le chenil c'est pas ici !
Il le relâcha puis le poussa violemment hors de la scène. Kurt dirigea son corps - presque instinctivement - vers le bar avant de prendre appui sur celui-ci. Des gouttes salées perlaient sur son front et ses mains tremblaient. Ses yeux d'un bleu étrange me faisaient face.
Soudain, un sourire vint élargir ses lèvres minces puis il cala son bras derrière mes épaules.
- Tu sens le teen-spirit, lui fis-je remarquer de ma voix grave.
Kurt, qui avait sans doute mal compris ce que je venais de dire, me rétorqua :
- C'est parce que je suis encore un ado déguisé en grande personne. Il faut se méfier des adultes...
- Léna.
- Léna... répéta-t-il.
Puis, tout en buvant une gorgée d'alcool que j'avais commandé, il affirma tel un prophète écervelé :
- On n'achète pas le bonheur, mais on peut s'acheter autre chose pour s'en fabriquer.
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