Chapitre 6 : Free Fall
Chapitre 6 – Free Fall
+1.
- Et ensuite on a la réunion trimestrielle avec Devin, de la comptabilité, il a quelques suggestions à faire sur la ligne qui sortira à l'automne –
Tony passa une main sur son visage pour chasser l'épuisement qui le menaçait. Et échoua. Misérablement.
Il baissa les yeux vers le visage de Pepper, qui illuminait l'écran de l'ordinateur posé sur ses genoux, dans le lit, et soupira.
- Tu sais, je suis presque sûr que la plupart des couples qui font des appels vidéos – après des semaines sans se voir, je veux dire – zappent les discussions de comptabilité et passent directement à une ambiance un peu plus « Netflix and Chill ».
Pepper leva les yeux du rapport qu'elle était en train de lui lire, le regardant à travers l'écran de l'ordinateur, avec un petit rictus amusé sur les lèvres.
- « Netflix and Chill » ? demanda-t-elle en haussant les sourcils. Tony, tu es à New-York et je suis en Croatie.
- Ça peut marcher. Je suis quelqu'un de très imaginatif.
Un petit rire s'échappa des lèvres de Pepper. Ses yeux se baissèrent et on put entendre le bruit du papier froissé à travers les haut-parleurs quand elle rangea ses dossiers.
- Oh, je sais.
Mon Dieu. Ce ton sensuel obligea Tony à réajuster l'ordinateur qui reposait sur ses jambes, car le pantalon de pyjama qui les recouvrait était devenu un peu serré.
- Vraiment ? murmura-t-il en posant l'ordinateur sur le lit et en s'allongeant sur le ventre pour regarder Pepper. Et que savez-vous exactement, Miss Potts ?
Pepper se pencha vers l'écran doucement, posant ses coudes sur le bureau sur lequel était perché son ordinateur, et croisa ses mains sous son menton pour regarder Tony. Seigneur, ce regard faisait quelque chose à Tony – et ce, peu importe le nombre de fois qu'elle le lui avait lancé.
- Je sais que tu as une réunion avec le Secrétaire d'État ce matin, à huit heures, et qu'il est déjà trois heures, murmura-t-elle d'un ton séducteur.
Il fallut une minute entière à Tony pour que les mots fassent sens dans son esprit. Quand ce fut le cas, son visage dut exprimer de la déception car Pepper laissa échapper un léger rire avant de se rasseoir dans son siège.
- Va dormir, Tony.
Tony secoua la tête, passant une main dans ses cheveux avant de se tenir sur les coudes.
- Nan, cette vue est bien mieux que tout ce dont je pourrais rêver.
Les yeux de Pepper brillèrent. Son sourire s'agrandit.
- Je croyais que tu étais très imaginatif ?
- Je le suis, mais même moi j'ai des limites, rétorqua Tony, un sourire fendant son visage. Ton visage est tel que même mon génie n'arrive pas à l'imaginer –
Pepper était pliée en deux, et riait hystériquement, avant même qu'il ait pu finir.
- Oh, mon Dieu, haleta-t-elle, c'était horrible.
Elle se pencha de nouveau en arrière, se rasseyant dans son siège, et chassa les larmes qui s'étaient échappées de ses yeux.
- C'était –
- Romantique, dit Tony.
Elle explosa de nouveau de rire.
- J'essaie d'être romantique, continua-t-il. Je te courtise, et tu –
Tony s'interrompit immédiatement quand toutes les lumières de la chambre se mirent à clignoter d'une lumière rouge inquiétante – et tout de suite après, une alarme retentit dans tout le Complexe.
Pepper couvrit ses oreilles avec ses mains. Même à travers l'ordinateur, l'alarme devait être assourdissante.
- Qu'est-ce que c'est que ça ?! s'écria-t-elle, les yeux écarquillés.
- Je dois y aller, cria Tony par-dessus l'alarme, et il sentit la panique grandir dans sa poitrine. Je suis désolé – mais il faut que je –
- Tony ?!
Tony referma l'ordinateur avant que Pepper ait la chance d'entendre quoi que ce soit d'autre. Il était debout dans la seconde qui suivit, enfilant rapidement le sweatshirt qu'il avait jeté à travers la pièce avant de s'effondrer dans son lit, un peu plus tôt. Il passa sa tête par l'encolure et ouvrit la porte. A peine eut-il mis un pied dans le grand hall que quelque chose de grand et chaud le percuta. La force de la collision aurait pu le jeter au sol si des mains fermes ne l'avaient pas rattrapé.
Steve était juste derrière lui, ayant l'air tout aussi éreinté, et agrippait fermement les épaules de l'homme plus petit pour éviter qu'il ne tombe.
- Qu'est-ce que c'est, bon sang ? haleta Steve, mais l'air farouche qui illuminait son regard fit comprendre à Tony qu'au fond, il avait compris.
- Une brèche dans le périmètre de sécurité, murmura Tony.
Steve carra la mâchoire. Le blond lança un regard derrière lui – en direction de l'entrée.
- Il faut qu'on regroupe les autres – commença Steve, mais Tony avait déjà commencé à réfléchir.
- Natasha, Vision et Bruce sont là, Rhodey est à Manhattan, donc il peut être là en quelques minutes si je l'appelle –
- Sam est ici aussi, il est rentré tard cette nuit –
- PETER !
Tony s'écarta, se défaisant de la poigne de Steve, et descendit les escaliers en trébuchant dans sa précipitation.
- Peter est ici ! I-il faut que –
Steve le suivit et ils atteignirent le couloir qui menait aux autres chambres.
Ils eurent à peine le temps de vérifier deux pièces qu'un énorme boom retentit dans le bâtiment, et tout le complexe trembla violemment. Steve et Tony trébuchèrent – percutant douloureusement les murs du couloir.
- Qu'est-ce que c'est que ce – F.R.I.D.A.Y., qu'est-ce qui se passe ?! s'exclama Tony, en se remettant sur ses pieds.
Steve fit presque un bond jusqu'à lui – l'adrénaline activant tout ce qu'il y avait de super chez le supersoldat – et aida Tony à se tenir debout.
- De nombreux hommes armés sont entrés dans le complexe par le mur Nord, résonna la voix de F.R.I.D.A.Y., mais le son grésillait.
Le mur Nord ? L'ordinateur central. Celui qui gérait la sécurité du complexe. Les enfoirés.
- F.R.I.D.A.Y., verrouille tous les accès. On passe en manuel. Brouille tous les signaux, efface tous les codes d'accès et fais sauter l'ordinateur central – littéralement. Je veux l'entendre exploser, haleta Tony alors qu'ils atteignaient le bout du couloir.
Ils faillirent percuter Bruce et Peter.
Les quatre ouvrirent la bouche pour parler – la confusion et la panique déformant leurs traits – mais un énorme boom résonna à travers tout le complexe, et le sol sous leurs pieds fut de nouveau secoué.
Tony empoigna le bras de Peter et l'attira vers lui, le plaquant contre sa poitrine et le protégeant du mieux qu'il pouvait alors que le plafond au-dessus d'eux tremblait de façon inquiétante. Steve et Bruce s'accrochèrent l'un à l'autre du mieux qu'ils purent – mais après avoir tremblé un moment, le sol redevint stable, et le bâtiment resta intact.
Avant qu'ils puissent se remettre sur leurs pieds, une autre personne tourna à l'angle du couloir et faillit percuter Bruce. Le docteur laissa échapper un petit cri de surprise – et se teinta légèrement de vert – mais quand il vit que c'était Sam, qui haletait derrière lui, il se reprit.
- Qu'est-ce qui se passe, bordel ?! s'écria Sam.
- On est attaqués, répondit brièvement Steve.
Il posa une main sur l'épaule de Bruce, observant l'homme qui prenait plusieurs inspirations pour se calmer. Après un moment, Bruce finit par hocher la tête dans sa direction et Steve s'écarta.
- Ça, j'avais compris, souffla Sam, lançant un regard vers l'endroit d'où les explosions avaient eu lieu. Par qui ? Et pour quoi ?
- Aucune idée, répondit Steve, avant de se tourner vers Tony. La seconde explosion venait de toi ?
- Non, dit Tony. Crois-moi, quand l'ordinateur central explosera, on le saura.
- Pourquoi vous faites sauter l'ordinateur central ? demanda Peter, d'une voix plus basse que celle des autres – qui parlaient entre eux – mais Tony l'entendit. On ne pourrait pas l'utiliser à notre avantage ?
Tony, qui avait libéré le petit de l'étreinte dans laquelle il l'avait enfermé, le regarda clairement pour la première fois. Il était raide, ses yeux alertes observaient les alentours au moindre bruit, et il était seulement vêtu de son pantalon de pyjama, de son t-shirt trop large I survived my trip to New-York que Tony lui avait donné plusieurs mois avant, et portait ses lance-toiles – et Tony soupçonna qu'il ne les avait jamais enlevés.
Il y avait aussi de la crainte dans ses yeux. Cela poignarda profondément Tony, et lui donna envie de sortir et faire dégager ces enfoirés lui-même.
- Ça ne peut être un avantage que si on a le contrôle dessus, répondit honnêtement Tony.
Le gamin était intelligent – trop intelligent pour son propre bien, la plupart du temps – et lui mentir ne servirait à rien. Même si Tony se détestait pour ça, ils auraient sans doute besoin de lui pour se sortir de là.
- Et je ne pense pas qu'on aura le contrôle dessus pendant longtemps.
Peter acquiesça rapidement, jetant un nouveau coup d'œil à travers le couloir.
- Hey, regarde-moi, murmura Tony en se rapprochant de lui pour avoir l'attention du petit, pour qu'il se concentre sur autre chose que le plan que les autres essayaient de faire.
Les grands yeux de Peter se posèrent sur lui sans aucune hésitation – et bon sang, la confiance qu'il voyait dans les yeux du gamin finirait par le tuer un jour.
- Tout va bien se passer, dit Tony avec force. Je vais nous sortir de là – reste juste près de moi.
Peter acquiesça, un peu plus fermement cette fois, et Tony hocha la tête en même temps. Ok. Bien. Un Peter qui comprend, c'est un Peter en sécurité.
Maintenant, en ce qui concernait la partie sortir tout le monde d'ici...
- Où est Vision ?
La voix de Steve était fatiguée, mais ferme. Ses instincts de soldat avaient fait surface, et il était à présent en plein mode combat. Jusqu'ici, son plan avait été de regrouper l'équipe et découvrir ce qui se passait. Tony ne pouvait discuter aucun de ces points.
- Il est sorti se promener, hier soir, mais je ne sais pas s'il est revenu, répondit Sam rapidement. Et Natasha –
Les lumières du bâtiment – qui s'étaient éteintes dès que la première alarme avait retenti – s'illuminèrent brutalement avant de s'éteindre à nouveau. Le couloir fut plongé dans l'obscurité pendant une seconde avant que les lumières rouges s'allument et les baigne d'une ombre écarlate.
- Tout le monde se tient – et couvrez vos oreilles ! s'écria Tony en attirant de nouveau Peter contre lui et se jetant avec lui sur le sol.
Une seconde plus tard, quelque chose de fort, et de massif, les recouvrit tous les deux.
Steve.
Tony n'eut pas la possibilité de questionner le supersoldat car une grande lumière avait jailli à l'extérieur du complexe, à travers les vitres – et une seconde plus tard, un boom retentissant résonna à travers le complexe.
Les vitres se brisèrent directement – le verre retombant tout autour d'eux – et le bâtiment fut de nouveau secoué. Sauf que cette fois, c'était comme des tremblements de terre, et Tony serra les dents alors que son cœur battait fort contre sa poitrine. Pendant un long moment, tout fut flou. Le bâtiment tremblait trop violemment pour qu'on puisse se concentrer sur autre chose sans vomir, alors Tony ferma les yeux et enleva ses mains de ses oreilles pour recouvrir les yeux de Peter du mieux qu'il put.
Il ne fallut que quelques secondes avant que le bâtiment cesse de trembler, mais ils eurent l'impression que ça avait duré des heures.
Un silence suivit.
- Ça, souffla Tony, c'était l'explosion de l'ordinateur central.
Le poids de Steve au-dessus d'eux disparut aussi vite qu'il était apparu. Tony se releva aussi, et aida Peter à faire de même. Tony posa un œil sur lui – il avait quelques égratignures causées par le verre qui étaient déjà en train de guérir, mais à part ça, il était en un seul morceau. Les autres étaient relativement dans le même état.
Steve était celui qui semblait avoir reçu le plus de verre, en protégeant Tony et Peter qui étaient les plus près des fenêtres, mais malgré ça, il n'avait également que quelques éraflures.
Une ombre les enveloppa soudain quand une autre silhouette tourna à l'angle du couloir. Steve se mit devant tout le monde avant même que Tony ait pu y penser, mais un instant plus tard, les lumières rouges éclairèrent une tête aux cheveux de la même couleur, et il se détendit, soulagé.
- Natasha, soupira Steve.
La jeune femme posa sur eux un regard critique, et quand elle sembla satisfaite de voir qu'ils étaient tous en relativement bon état, elle se relaxa légèrement.
Elle lança un sourire narquois à Tony.
- Toujours pas du genre à partager, à ce que je vois, murmura-t-elle, en faisant un signe de la tête en direction de l'endroit où l'ordinateur central s'était trouvé.
Tony haussa les épaules.
- Personne ne joue avec mes jouets.
Natasha se rapprocha un peu, directement sous la lumière rouge qui clignotait, qui révéla quelques gouttelettes rouges qui recouvraient son cou et le côté gauche de son visage. Il y avait des tâches sombres sur son costume noir.
- Tu vas bien ? demanda Tony, en voyant les tâches.
Steve et Sam – qui étaient en train d'observer les dégâts – se retournèrent et les virent également.
- Où est-ce que tu es allée ?
- J'ai fait un détour – et rencontré un de nos invités, dit Natasha en essuyant nonchalamment les gouttelettes rouges qui avaient éclaboussé son visage. Pas très bavard, mais il n'avait pas besoin de l'être.
Elle leva son autre main, dans laquelle elle tenait une paire de jumelles nocturnes high-tech.
- Ce sont des jumelles de niveau militaire, dit Sam en les regardant.
- Ça ne vient pas de n'importe quelle armée, ajouta Natasha en les donnant à Tony. Ce sont des commandes spéciales – tu les reconnais ?
Tony les regarda, et son estomac se retourna.
- Ross.
Natasha acquiesça.
- D'après ce que j'ai pu constater, il y a trois équipes – toutes composées d'une vingtaine d'hommes. Deux viennent par l'est, et l'autre par l'ouest, dit-elle. Ils utilisent le lac pour se couvrir.
Tout le monde se figea dans le couloir.
- Pourquoi Ross nous attaque ?! pesta Wilson.
Il fit un geste en direction de Tony.
- Je croyais que vous étiez potes, tous les deux ?
- Ouais, répondit Tony d'une voix trainante, son visage plissé de frustration. Disons qu'on ne s'entend pas très bien, ces derniers temps.
Quand il vit que tous les visages se froncèrent de confusion, Tony soupira et continua.
- J'ai abimé son bateau – j'imagine qu'il le prend personnellement, du coup.
- C'était toi, dit Steve, bouche bée.
Les autres les regardèrent – déconcertés.
- Les caméras et les panneaux de contrôle étaient tous en maintenance quand je suis arrivé au Raft (1) – c'est toi qui as fait ça ?!
Tony roula des yeux d'un air exagéré.
- Non, dit-il d'un air sarcastique. Ils aiment simplement faire des redémarrages du système pendant des heures avec quatre prisonniers de haute priorité à bord.
- Tu nous as aidés à sortir ?
Tony savait que la stupéfaction de Sam n'était pas volontairement vexante – mais il ne pouvait nier que ça le blessait un peu. Il avait essayé. Bon sang, il avait à peine dormi au cours des derniers mois pour tenter de remettre de l'ordre dans les Accords, mais il supposait que la méfiance était justifiée. C'était quand même douloureux. Il avait – au cours des dernières semaines – vraiment commencé à accorder de la valeur à Sam. Il était quelqu'un de bien. Juste et honnête.
Et Tony était, et bien, Tony.
Il avait fait trop d'erreurs pour être considéré comme étant quelqu'un de bien.
- Et bien, je vous ai en quelque sorte mis à l'intérieur, alors ça semblait assez juste – mais ce n'est probablement pas le bon moment pour parler de ça, murmura Tony, en jetant lui aussi un œil en direction de l'endroit où s'était trouvé son magnifique ordinateur central, et où il ne devait rester qu'un tas de cendres fumant.
- Il savait que c'était toi ? demanda Natasha, en commençant à comprendre.
Tony haussa les épaules.
- Bah, il n'y a pas énormément de personnes qui puissent hacker sa superbe boite de conserve flottante.
Cela rendit la pièce silencieuse pendant quelques secondes.
- Soixante hommes, murmura finalement Sam, brisant le silence. C'est plutôt flatteur.
Bruce soupira – sa peau pâle seulement tachetée de vert – et il parla pour la première fois depuis que toute cette merde avait commencé.
- Bon, et bien disons que ça complique un peu les choses – je veux dire, ils ne sont pas vraiment nos ennemis. Alors qu'est-ce qu'on fait ?
- On fuit, répondit immédiatement Tony.
- Quoi ? intervint Steve, à la fois stupéfait et énervé. On ne peut pas laisser faire ça. Ils ont attaqué l'endroit où nous habitons – c'est eux qui se sont désignés comme des ennemis en faisant ça –
- On peut pas se battre, commença à argumenter Tony.
- Bien sûr qu'on peut ! tempêta la voix de Sam.
- On n'a pas accès à l'armurerie, les coupa fermement Tony. On n'a accès à aucun des costumes ni à aucune des armes.
Cela attira l'attention de tous.
- Quoi ? s'exclama Sam, ce qui lui valut une tape douloureuse derrière la tête de la part de Steve.
- On peut pas y accéder sans l'ordinateur central pour l'ouvrir.
- Alors pourquoi tu l'as fait exploser, bordel ?! s'énerva Sam en se rapprochant de lui.
Tony ouvrit la bouche pour répondre, mais Natasha le fit à sa place. Elle se plaça entre les deux hommes en regardant Sam d'un air que Tony n'aurait pas voulu voir dirigé vers lui. Sam sembla ressentir la même chose. Il fit immédiatement un pas en arrière.
- Parce qu'on ne pourra jamais arriver là-bas avant eux, dit-elle calmement, mais il y avait clairement un avertissement dans sa voix. Il vaut mieux que personne n'y ait accès plutôt que ça tombe entre leurs mains.
Sam soupira – mais acquiesça. Steve hocha aussi la tête.
- D'accord, dit-il, en faisant un signe de tête en direction de Tony avant de faire face au groupe. Où est-ce que cela nous mène ?
- A faire face à soixante mercenaires sans aucune arme ou à se retirer, répondit Bruce avec logique.
La réalité de leur situation les frappa, et le silence se fit.
Derrière Tony, Peter serrait et desserrait ses mains nerveusement. Tony lui lança un regard, avisant sa peau pâle et le léger tremblement de ses mains.
Steve ouvrit la bouche pour parler mais Tony l'en empêcha.
En lançant un dernier coup d'œil à Peter, Tony empoigna Steve par son t-shirt et l'emmena plus loin du groupe – pas trop loin, mais assez pour leur donner un peu d'intimité.
- Je sais que tu veux te battre – mais on ne peut pas. Je ne peux pas, dit-il doucement.
Il faisait attention à l'ouïe surdéveloppée de Peter derrière lui, qui regardait Tony et Steve, en tirant nerveusement sur son t-shirt I survived my trip to New-York.
- Je ne me battrai pas, ajouta-t-il, en détachant son regard de Peter pour regarder Steve. Il faut que je le sorte d'ici.
Il n'y avait aucune place à la protestation dans la voix de Tony. Il ne flancherait pas sur ce point. Chacun d'entre eux était déjà concerné par tout ça – mais Peter pouvait être épargné par les Accords. Il pourrait retourner à la maison, chez May, comme il était supposé le faire dans quelques jours, et ne jamais regarder en arrière. Mais si Ross découvrait quoi que ce soit à propos de lui –
L'image de Wanda, attachée et immobile dans sa cellule, sur le Raft, le frappa avec violence. Ross l'emprisonnerait. Tony était sûr de ça. Qui était-il, après tout ? Pas un supersoldat mondialement connu. Pas un vétéran de l'armée. Pas un espion renommé responsable de plus de crimes que n'importe qui d'autres.
C'était juste un enfant. Un gamin du Queens. Un gamin que Ross pourrait enlever, ce dont personne ne se rendrait compte.
A part Tony.
- Je sais que tout en toi te dit de te battre. C'est dans ta nature. De te tenir debout et de faire quelque chose, continua Tony avant que Steve n'essaie de l'interrompre.
Il inspira profondément.
- De te tenir droit et de dire non, c'est toi qui bouges.
Tony avait besoin que Steve comprenne.
- Mais il faut que tu comprennes que le monde a changé. Il n'y a plus de champs de bataille. Les guerres se déroulent chez nous, maintenant. Avec des grenades chimiques lancées dans des hôpitaux et des bombes artisanales dans des concerts, qui ne sont rien d'autres que des gamins qui se font exploser.
Tony passa une main lasse sur son visage.
- Si on se bat, on envenime cette merde qui nous tombe dessus, et ce sont les personnes autour de nous qui seront blessées.
Les mots flottèrent dans l'air pendant quelques secondes.
- Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? demanda doucement Steve.
- Qu'on fuie, répondit Tony. Crois-le ou non, mais ça pourrait jouer en notre faveur. Ross a commis une erreur en commanditant cette attaque. Il est en train de perdre la main sur les Accords, et je suis prêt à parier que c'est pour lui une tentative de nous provoquer et de nous faire rompre les traités qui nous lient aux Nations Unies. S'il échoue – si le complexe est vide quand il y rentrera – alors rien ne sera de notre faute. Il nous a attaqué sans préambule et a rompu une des closes du contrat. Ça pourrait nous permettre de faire pression sur le Conseil qui ne veut pas céder sur les points qui nous intéressent, souffla Tony, en espérant que Steve n'allait pas aller contre lui, pour une fois. Ce n'est pas une défaite – c'est un retrait stratégique.
- Je suis d'accord avec toi.
Tony soupira, prêt à argumenter, et les mots de Steve firent ensuite sens dans son esprit.
- T-tu – attends – quoi ?
- Je suis d'accord, dit de nouveau Steve, son regard se posant sur les autres derrière eux, ce qui acheva de le convaincre. Ce qui me pose problème, ce sont les détails. Comment on s'enfuit ? demanda-t-il. Si on n'a pas accès à l'armurerie, j'imagine qu'on n'a pas non plus accès au garage ni au hangar, ni à aucune autre pièce dans laquelle il pourrait y avoir un moyen de transport. Alors à moins qu'on ne s'enfuie en courant, je n'ai aucune autre option.
Huh. Tony n'avait en fait pas pensé aux détails. Il avait été trop focalisé sur le fait qu'il devait convaincre Steve d'être d'accord avec son plan, pour ne serait-ce qu'en élaborer un.
Tony ouvrit la bouche pour parler, mais fut interrompu par une voix juste derrière eux.
- Il y a une ferme, à six kilomètres d'ici, environ, dit Natasha en faisant sursauter Tony, ce qui la fit sourire d'un air moqueur. C'est notre voisin le plus proche, continua-t-elle, quand elle vit que ni Tony ni Steve ne voyaient où elle voulait en venir. Les équipes de Ross arrivent par l'ouest, si on sort d'ici par le mur Nord, on pourrait les éviter et arriver à la ferme en une heure, expliqua-t-elle. Mr. Beauchamp a soixante-douze ans et il est adorable.
Wow. Les mots sonnaient faux, dans sa bouche.
- Je suis sûre qu'il serait d'accord pour nous laisser une voiture.
Tony lui lança un regard.
- Est-ce que t'as espionné tous nos voisins ? demanda-t-il.
Elle pencha la tête sur le côté.
- Pas toi ?
- Tu as vraiment besoin d'une aide psychologique, rétorqua Tony.
Il ouvrit la bouche pour continuer à parler, mais il n'en eut pas le temps car un nouveau boom résonna à travers le complexe. Le bâtiment fut secoué si violemment qu'ils s'effondrèrent tous au sol.
Tony se précipita vers Peter, qui était déjà en train de se relever. Bon sang, ce gamin était rapide.
Peter se remit sur ses pieds en aidant Tony à faire de même avec une main forte, et Tony enroula un bras protecteur autour de ses épaules.
Natasha se releva rapidement.
- Je pense qu'ils sont à l'intérieur, murmura-t-elle.
Sam aida un Bruce vraiment très vert à se relever également, et jeta un œil autour de lui.
- C'est le moment d'y aller, alors.
Tony acquiesça, en poussant Peter devant lui pour qu'il sorte par une des fenêtres qui avaient éclaté.
Il était temps de foutre le camp d'ici.
- Reste à côté de moi, et près du sol, murmura Tony en tirant Peter derrière lui alors qu'ils marchaient tous les six en direction du lac.
Peter hocha la tête de façon saccadée, n'essayant même pas de se défaire de la poigne de Tony, enroulée autour de son bras. Le silence de Peter était perturbant. Le petit n'était jamais silencieux. Pas depuis que Tony l'avait rencontré. Et maintenant, en dépit de toutes ces fois où il avait souhaité que le gamin se taise juste pendant quelques minutes, il sentit qu'il avait désespérément besoin d'entendre Peter jacasser à propos de quelque chose. N'importe quoi.
- Tout va bien se passer, souffla Tony en faisant se baisser Peter pour se mettre à couvert dans les buissons qui bordaient le lac, au moment où Steve leur fit signe de s'arrêter avec la main. Tout va bien se passer. On va se sortir de là.
Steve et Natasha étaient juste devant eux, guidant le petit groupe à travers les arbres en essayant de leur faire gagner du terrain sur les soldats. Bruce était à côté de Tony et Peter, et se cachait derrière un arbre.
Sam était à quelques mètres derrière eux, fermant la marche et s'assurant qu'ils ne se faisaient pas attaquer par derrière.
Un groupe de soldats apparut soudainement à quelques mètres devant eux. Ils marchaient à travers les bois, leurs armes automatiques levées et prêtes à servir, alors qu'ils avançaient vers le complexe. Ils disparurent après quelques instants, et Steve leur fit signe qu'ils pouvaient avancer de nouveau.
- Peter ? souffla Tony doucement en voyant que le petit ne répondait pas.
Steve leva encore la main et ils se mirent à couvert dans les buissons une nouvelle fois. Tony profita de cette pause momentanée pour poser son autre main sur l'épaule de Peter et le forcer à le regarder. Sa panique grimpa en flèche quand le gamin refusa de le regarder dans les yeux.
- Petit ? J'ai besoin que tu me dises que tu vas bien. Ok ?
Les yeux de Peter se levèrent vers lui. La terreur qu'il y vit frappa Tony, fort. Bon sang, ce gamin causerait sa perte. Et avant que Tony ait pu lui demander ce qui n'allait pas – et comment il pouvait l'arranger – le petit parla.
- Et s'il savait qui je suis ?
Les mots étaient à peine audibles, mais Tony les entendit.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Peter jeta un œil en direction du complexe.
- Ross. Et s'il savait qui je suis ? souffla Peter. Qu'est-ce qu'il va m'arriver ? Et à May ? à mes amis ? demanda-t-il, la panique grandissant dans ses yeux. Je peux pas être la raison pour laquelle il leur arrive quelque chose. J-je peux pas –
- Tu ne le seras pas, le coupa Tony en resserrant ses doigts autour de l'épaule de Peter. Rien ne va t'arriver, lui assura-t-il. Ross ne sait rien.
- Vous ne pouvez pas le savoir –
- Si, je le sais, siffla Tony en forçant le petit à se baisser davantage quand des soldats passèrent près d'eux. Et je ne le sais pas seulement, je m'en suis assuré, continua-t-il, soufflant à peine les mots, mais il était certain que Peter les entendait. Tu l'as oublié, mais j'ai accès à tout ce qu'il y a dans sa boite de conserve flottante. Je connais toutes les informations qui passent sur son bureau, et il n'y a jamais rien eu à propos de toi.
Les yeux de Peter lâchèrent les soldats pour se fixer sur Tony. Tony ne regarda pas ailleurs.
- Je m'occupe de toi, petit, souffla-t-il. Et je réduirai Ross en cendres avant même qu'il te touche, ou n'importe qui d'autre autour de toi.
Un petit sourire incurva les lèvres de Peter.
- Merci, Mr. Stark.
Tony grogna doucement.
- Me remercie pas, gamin, dit-il en les faisant se relever tous les deux quand Steve leur fit signe qu'ils pouvaient avancer. C'est moi qui suis venu te chercher, tu te rappelles ?
Une autre explosion retentit derrière eux. La tête de Peter se retourna vivement vers le complexe, un grognement s'échappant de ses lèvres.
- Quoi ? demanda Tony.
- J'ai laissé mon devoir d'Espagnol à l'intérieur, râla Peter après quelques secondes.
Tony aurait pu pleurer de soulagement. Ça c'était le gamin qu'il connaissait.
- Je te ferai un mot, promit Tony d'un ton léger. Tu aurais dû voir ceux que je faisais quand j'étais encore à l'école, une fois –
- Baissez-vous !
Tony poussa Peter à terre dès que les mots sortirent de la bouche de Steve.
Ils avaient été repérés.
Une pluie de balles s'abattit tout autour d'eux. Tony jeta un coup d'œil vers le haut quand une intense lumière inonda les arbustes derrière lesquels ils s'abritaient.
Un hélicoptère. Merde.
- Bordel, ça rend les choses encore plus compliquées.
Sam apparut à côté de Tony et Peter, partageant exactement les mêmes sentiments. Peter lança lui aussi un regard vers le haut.
- Je peux m'occuper d'eux.
Et sur ces mots, il partit.
Lançant une toile sur l'arbre à côté d'eux, Peter se propulsa dans les airs, à la poursuite de l'hélicoptère.
- Quoi ?! Non ! lui cria Tony.
Une nouvelle averse de balles fut tout ce qu'il reçut en réponse. Agrippant Sam par son t-shirt, Tony les cacha tous les deux derrière un arbre tout près.
Tony se pencha en avant pour regarder par-delà le tronc qui obstruait sa vision, frénétiquement, pour essayer d'apercevoir Peter.
- Tu peux le voir ?! cria Tony à Sam – qui regardait de l'autre côté de l'arbre pour essayer de trouver le petit, lui aussi.
- Non, souffla Sam, en se remettant derrière le tronc quand les coups de feu reprirent. Putain, ce gosse est rapide !
- Et les autres ?!
Sam secoua la tête.
- Je ne –
Un sauvage et guttural rugissement l'interrompit.
La respiration de Tony se bloqua dans sa gorge, et son cœur cogna durement contre sa poitrine, alors que les yeux de Sam rencontraient les siens.
- Est-ce que c'est – commença Sam, les yeux grands ouverts.
- Bruce, finit Tony alors que le Hulk laissait échapper un autre rugissement et que les coups de feu reprenaient avec encore plus de férocité.
Sam hocha la tête. Il se pencha sur le côté du tronc pour voir et se figea. Tony suivit son regard et aperçut la silhouette du Hulk à de nombreux mètres d'eux – soulevant plusieurs dizaines de soldat avec une rage sauvage.
- Est-ce que ça complique les choses pour nous ? demanda doucement Sam.
Tony – qui avait déjà oublié le Hulk, et fouillait le ciel à la recherche du moindre signe de Peter – ne répondit pas.
- On devrait –
Tony ne sut jamais ce qu'ils auraient dû faire. Avant que Sam ait pu continuer, une grande lumière éclata à quelques mètres d'eux – et une explosion déchira le ciel et la forêt toute entière.
Le souffle balaya les arbres où Sam et Tony s'étaient réfugiés, les repoussant violemment.
Tony percuta le tronc d'un arbre proche de lui – fort. Il s'effondra sur le sol, en dérapant dans la terre.
Bon sang. Tout tournait autour de lui. Tout hurlait. Les oreilles de Tony sifflaient si fort qu'il ne put même plus entendre les coups de feu. Il ne pouvait plus rien entendre du tout.
Il força ses yeux à rester ouverts, en voulant obliger ses rétines à rester stables, mais échoua.
Ils se refermèrent après quelques instants – l'image d'un petit corps se précipitant vers le sol imprimée sous ses paupières.
Tony sursauta brusquement.
Le bruit des coups de feu et l'odeur âpre de la fumée et de la chair brûlée n'avaient jamais permis un retour lent ou doux à la conscience, pour Tony. Et malheureusement, il était étonnamment familier avec les deux.
Il se mit sur ses pieds, sa tête lui hurlant son désaccord avec le fait d'être debout. Il y avait du sang qui coulait le long de sa nuque, glissant de ses cheveux pour disparaitre sous son sweatshirt, et ses yeux refusaient de faire le point, toutefois il se fraya malgré tout un chemin à travers la forêt. Restant près du sol, il traqua le moindre signe des autres. Sam s'était trouvé près de lui – il s'en rappelait très bien – mais les autres ?
Un rugissement enragé provenant du complexe lui fit comprendre où se trouvait un de ses coéquipiers, mais il n'y avait aucun signe des autres. Est-ce que Ross les avait enlevés ? Tués ? est-ce qu'il –
Tony s'arrêta net dans sa course quand son cerveau atrocement embrouillé, et probablement commotionné, fit enfin le point sur toutes les informations qu'il avait emmagasinées depuis une heure, depuis que l'alarme de sécurité avait retenti. Tout d'un coup, tout fit sens.
L'image d'un petit corps, frêle, jeté du ciel apparut soudainement dans son esprit, se rejouant inlassablement comme un mauvais film. Encore. Et encore. Et un millier de fois encore après ça.
Peter.
Peter était tombé.
Peter était tombé et Tony n'avait rien fait.
Tony leva les yeux, fouillant frénétiquement le silence pour ne serait-ce qu'apercevoir le petit. Il slalomait à travers les arbres, contournant les petits feux et priant pour apercevoir le moindre mouvement. Le moindre mouvement de cette petite silhouette, beaucoup trop rapide.
Et alors il la trouva. Sauf qu'elle n'était pas dans le ciel.
Le petit corps flottait, atrocement immobile, à la surface du lac. L'eau ondulait lentement autour de ses boucles indomptables, de ses pieds nus, et s'infiltrait à l'intérieur du t-shirt blanc I survived my trip to New-York qui poignardait Tony de culpabilité à chaque fois qu'il le voyait. A chaque fois, à l'exception de ce moment où il posa les yeux sur Peter – immobile, brisé, et étendu à la surface du lac, face contre l'eau. Parce qu'à ce moment précis, rien n'aurait pu l'achever davantage que cette vision.
- Peter.
Il était sûr d'avoir crié le nom, mais ce ne fut qu'un murmure. Une prière.
Mon Dieu. Non.
Tony trébucha dans sa précipitation en sortant des fourrés aussi rapidement qu'il le pouvait. Perçant la surface du lac en quelques secondes. Toute précaution oubliée.
- PETER !
Le gamin ne bougea pas.
Tony courut le long de la berge, ses pieds trempés par l'eau glacée. Non. Non.
Non.
- Peter...
Les mots s'échappèrent de sa gorge, résonnant à travers les arbres. Tony tomba à genoux. Les pierres qui recouvraient le fond du lac s'enfoncèrent douloureusement dans ses rotules. Tony le remarqua à peine. Il ramena le corps près de lui, retournant le garçon sur le dos, l'attirant contre sa poitrine.
- Peter... ? haleta Tony.
Le garçon ne réagit pas. Ne bougea pas.
Ne prit pas d'inspiration.
- Non –
Les mots s'échappèrent à nouveau de la gorge de Tony. Il se pencha au-dessus de Peter, pressant désespérément ses doigts contre le cou de l'adolescent et approcha son oreille de ses lèvres. Priant pour que son souffle soit simplement trop faible pour qu'il puisse l'entendre.
Mais ce n'était pas le cas.
L'immobilité absolue fut tout ce que sentirent ses doigts, tout ou plus. Même s'il pressait très fort ses doigts contre le cou du petit, il ne trouvait pas de pouls.
Mon Dieu. Non. Non.
- Peter ? l'appela Tony, en commençant à devenir hystérique, rapprochant le garçon plus près de lui. Peter ? S'il-te-plait... non. N-ne me fais pas – je t'en prie – Peter ?!
Tony glissa une main sur le front de Peter – chassant les cheveux trempés de son visage.
- Non, s-s'il-te-plait – non. Non.
Les arbres qui les entouraient, lui et Peter, explosèrent soudainement d'une lumière vive. Un instant plus tard, le rugissement d'une autre explosion assourdit Tony – à tel point qu'il se pencha davantage au-dessus du corps sans vie de Peter, le rapprochant de sa poitrine, et serrant les dents pour s'empêcher de pleurer. Le bruit résonna dans sa tête pendant de longues secondes, faisant siffler ses oreilles.
D'une certaine manière, cela réveilla une partie de son cerveau qui avait été comme court-circuité quand il avait trouvé Peter dans le lac.
Qu'est-ce qu'il était en train de faire ? Bordel – pourquoi perdait-il autant de temps ?
Baissant les yeux vers Peter, il s'accrocha à la légère chaleur qu'il pouvait sentir émaner de la peau du petit, et à la petite teinte de rose qui demeurait sur ses lèvres pâles.
Tony sortit de l'eau, avec le gamin dans ses bras, en seulement quelques secondes. Il retourna sur la rive et tomba à genoux, allongeant Peter sur le sol terreux. Sans perdre une seconde de plus, Tony se redressa sur ses genoux, pencha la tête du petit en arrière, noua ses doigts au-dessus du t-shirt I survived my trip to New-York trempé, et commença à appuyer sur le sternum de Peter. La poitrine du gamin s'enfonçait à chaque compression, mais demeurait immobile.
Trois compressions. Deux respirations.
Tony savait ça. Il connaissait la science derrière ça. Faire circuler le sang, le garder oxygéné, pour continuer à alimenter le cerveau. Empêcher le cœur de s'affaiblir.
Mais, bordel... c'était Peter.
- Allez, petit, haleta Tony, sans cesser d'appuyer ses paumes contre le sternum du gamin.
Fort. Tony pouvait sentir des côtes se briser sous ses mains, mais il n'osa pas faire diminuer la pression. Il fallait que ça marche. Il le fallait.
L'espoir avait fleuri dans la poitrine de Tony quand il avait remarqué que le corps de Peter était encore chaud. La chaleur impliquait la vie. Cela impliquait que le gamin n'était pas resté sans vie pendant trop longtemps.
Cela signifiait que c'était quelque chose que Tony pouvait réparer. Qu'il devait réparer.
- Allez, petit, s'il-te-plait, souffla Tony, en finissant sa première série de compressions.
Il se pencha au-dessus de la tête de Peter, ouvrit sa bouche avec ses doigts et posa ses lèvres contre les siennes. Il souffla de l'oxygène dans les poumons immobiles de Peter. Baissant les yeux, Tony observa la poitrine de Peter monter et descendre sous la force de son souffle, et s'immobiliser.
Il se pencha et souffla encore dans les poumons du petit. A nouveau, la poitrine de Peter monta et descendit, avant de s'immobiliser.
- Nom de Dieu, gamin, me fais pas ça – s'énerva Tony en se redressant, croisant ses doigts sur la poitrine de Peter à nouveau.
Il recommença sa série de compressions – plus durement, cette fois. Désespérément. Il fallait que ça marche. Il le fallait.
Il regarda réellement le corps du petit pour la première fois depuis qu'il l'avait trouvé. Il avait une petite coupure sur le front, de laquelle s'écoulait du sang, doucement, alors que Tony continuait à appuyer sur la poitrine du gamin, et il avait quelques brûlures le long de ses bras – mais à part ça, il avait l'air en un seul morceau. A l'extérieur, en tout cas.
Mon Dieu, Tony espérait qu'il n'y avait pas de dégâts à l'intérieur, qu'il était en train d'aggraver.
Il finit sa série de compressions, et se pencha ensuite sur le visage de Peter pour souffler deux fois dans les poumons du petit. S'écartant légèrement, Tony pressa de nouveau ses doigts contre le cou de Peter, et approcha son oreille de ses lèvres.
Rien.
Quelque chose qui s'apparentait à de l'effroi descendit le long de la colonne vertébrale de Tony, mais il refusa de le laisser s'y installer. Non.
Non.
L'effroi impliquait l'échec. Et il n'avait pas le droit d'échouer.
- Allez, petit, siffla Tony entre ses dents, s'écartant et croisant de nouveaux ses mains au-dessus du sternum de Peter.
Il appuya de façon régulière.
- Respire, bordel ! ordonna-t-il avec force.
Mon Dieu, Tony était épuisé – ses bras étaient douloureux – mais il ne s'arrêterait pas. Il ne s'arrêterait jamais si cela voulait dire que ça allait finir par fonctionner.
Tony continua ses compressions – s'arrêtant à peine pour prendre une inspiration qu'il insufflait ensuite dans les poumons immobiles de Peter.
Il s'écarta et appuya ses doigts tremblants contre son cou pour sentir un pouls. Rien.
- Non. Non. N-ne fais pas ça – plaida Tony, en ne pensant plus à rien d'autre qu'à l'absolue nécessité pour le petit de respirer.
Il noua ses doigts ensemble au-dessus de la poitrine de Peter et reprit ses compressions. Appuyant contre le sternum de l'adolescent avec les dernières forces qui lui restaient.
- Reviens, haleta Tony.
Son impuissance se changea en rage, alors que le garçon demeurait immobile, allongé sur le sol, sous ses mains désespérées.
- Tu n'as jamais renoncé à rien de toute ta vie, alors bats-toi, bordel.
Des gouttes d'eau provenant des cheveux trempés de Peter coulèrent le long de ses joues pâles – le mouvement provoqué par son corps secoué par les compressions frénétiques de Tony.
Cette petite teinte de rose sur les lèvres du petit, dans laquelle Tony avait placé tant d'espoir, avait disparu désormais. Une teinte bleue terrifiante avait pris sa place.
Non. Non. Non. Non. NON.
Le mot résonnait dans la tête de Tony à chaque compression qu'il faisait contre le corps sans vie sous ses mains. Ce n'était pas en train de se produire. Ça ne pouvait pas – il ne pouvait pas – non.
- Non.
Le mot s'échappa des lèvres serrées de Tony. Il se pencha au-dessus de lui à nouveau et souffla deux fois dans les poumons du petit – observant comme sa poitrine montait et descendait à chaque fois – avant de se redresser et de se replacer sur sa poitrine une nouvelle fois, appuyant contre le sternum avec tout ce qu'il avait.
- Non. Vous ne pouvez pas le prendre.
Tony ne savait pas vraiment à qui il s'adressait. A Dieu ? A l'Univers ? Aux soldats qui avaient fait ça ? ça n'avait pas d'importance. Ils pouvaient tous aller se faire foutre – parce que Peter resterait ici. Avec lui. Tony s'en assurerait.
- Vous ne pouvez pas le prendre, répéta Tony, sa tête se penchant vers l'avant avec épuisement, et souffrance, mais ses mains ne faiblirent jamais alors qu'elles appuyaient encore et encore contre la poitrine frêle en-dessous de lui.
Ça ne marchait pas. Ça ne –
- N'importe quoi – n'importe quoi d'autre. Tu peux prendre n'importe quoi d'autre, mais ramène-le, plaida Tony, en s'arrêtant pour souffler deux fois dans les poumons du petit, avant de se redresser et de continuer à appuyer contre la poitrine immobile. Ramène-le juste – ramène-le-moi –
Un faible vrombissement fut le seul avertissement que Tony reçut avant que quelque chose ne percute la berge, à quelques pas devant Peter et lui. Tony se redressa – prêt à protéger Peter – quand l'armure en argent, qui lui était douloureusement familière, apparut dans son champ de vision, et s'ouvrit pour laisser Rhodey en sortir.
Seulement vêtu d'un boxer rouge, de ses attelles bioniques et de la montre que Tony lui avait offert à Noël – qui lui permettait d'appeler l'armure à lui – il avait l'air totalement ridicule en sortant de son armure à plusieurs millions de dollars. Si ç'avait été n'importe quel autre moment, Tony aurait ri et se serait assuré de prendre des photos.
Mais pas aujourd'hui.
Pas avec son garçon, toujours immobile sous ses doigts.
Les yeux de Rhodey se posèrent sur Tony, avant de se baisser vers Peter en-dessous de lui.
- Aide-moi –
Rhodey n'eut pas besoin qu'on lui dise deux fois.
Il fut à côté de Peter en une seconde, pressant ses doigts contre le cou du petit et soulevant une de ses paupières pour vérifier ses pupilles alors que Tony continuait ses compressions.
- Depuis combien de temps est-il inconscient ? demanda Rhodey.
Ses épaules étaient tendues alors qu'il se penchait au-dessus de la tête de Peter et passait ses doigts le long de sa plaie – où la petite coupure continuait à saigner.
- Quelques minutes, maintenant, souffla Tony en respirant de façon saccadée au rythme de ses compressions contre le sternum du petit. Je l'ai trouvé dans le lac.
- Sa blessure à la tête n'a pas l'air sérieuse, murmura Rhodey en se redressant pour regarder Tony effectuer les dernières compressions. Tu sais ce qui s'est passé ?
- Non, haleta Tony. Il est tombé. Je sais qu'il est tombé, mais je – je sais pas ce qui –
La voix de Tony se brisa et il se pencha sur la tête de Peter, soufflant deux fois dans ses poumons. Il se redressa – prêt à recommencer le massage cardiaque – mais Rhodey le fit à sa place.
Debout sur ses genoux, ses mains nouées ensemble, il appuya en rythme sur la poitrine du petit – ses compressions étaient plus fortes et plus régulières que celles de Tony.
Cela laissa Tony avec... rien. Rien à faire à part regarder Peter être secoué par chaque compression effectuée par les mains fortes de Rhodey. Regarder les gouttes qui continuaient à couler le long de ses joues pâles. Trop pâles.
Oh mon Dieu. Ils n'y arrivaient pas – Tony avait échoué. Il n'était toujours pas – il n'était pas –
- Tony, respire !
La voix de Rhodey traversa le flou que la panique avait créé en Tony. Ce dernier cligna des yeux en regardant son ami, qui continuait à appuyer contre la poitrine de Peter en regardant Tony, paniquant clairement.
- J'ai besoin que tu restes avec moi, ok ? Il faut que tu respires pour que tu respires pour lui, insista Rhodey en faisant un signe de tête en direction de Peter.
Tony acquiesça sporadiquement. Les mains de Rhodey s'arrêtèrent après un instant – et ce fut la seule chose dont Tony avait besoin pour se pencher de nouveau sur Peter et souffler deux fois dans les poumons du petit.
Rhodey reprit ses compressions aussitôt que Tony s'écarta.
- Tu ne peux pas être sous le choc maintenant, d'accord ? ordonna Rhodey, ses yeux fixés dans ceux de Tony. Je sais que c'est dur, mais il faut que tu –
- Choc.
Rhodey regarda Tony comme s'il avait perdu l'esprit – ce qui était arrivé quelques secondes avant ça, probablement.
- Tony – quoi ?
- Un choc.
Tony s'était remis sur ses pieds et se dirigea vers l'armure War Machine qui stationnait à côté d'eux, avant que son cerveau se mette à refonctionner pleinement. Un choc.
Un défibrillateur.
Tony glissa ses doigts entre les pans ouverts de l'armure et les faufila à l'intérieur. Ses mains hurlaient de douleur – du sang coulant des éraflures causées par les bords en métal de l'armure qui s'enfonçaient dans sa peau – mais il n'avait pas le temps d'y aller doucement.
Peter n'avait pas le temps qu'il y aille doucement.
Tony avait installé un défibrillateur dans l'armure de Rhodey quelques années plus tôt. Il était collé contre le réacteur sur sa poitrine, qui était lui-même pressé contre la poitrine de son ami quand il se trouvait dans l'armure, et pouvait être utilisé si quelque chose arrivait et que Rhodey était toujours à l'intérieur. C'était connecté au réacteur et programmé pour s'activer si le cœur de Rhodey s'arrêtait. C'était quelque chose que Tony avait ajouté plus tard. Ça l'avait fait se sentir mieux – mais il espérait que son ami n'aurait jamais à l'utiliser.
Tony n'avait jamais été aussi reconnaissant envers son anxiété paralysante qu'en ce moment-même – parce que toute sa crainte à l'idée de perdre Rhodey, quelques années auparavant, pourrait peut-être l'aider à sauver Peter aujourd'hui.
- Tony ?!
Tony réussit enfin à sortir le défibrillateur et revint près de Rhodey et Peter.
- Enlève son t-shirt, ordonna Tony, sa voix ferme et ses mains stables alors qu'il reliait les électrodes de défibrillation qu'il avait arrachées au plastron de l'armure à la petite source d'énergie isolée qu'il avait stockée plus bas dans l'armure.
Rhodey n'hésita pas. Il agrippa le t-shirt de Peter et tira d'un coup sec. Le tissu se déchira au milieu, et il le repoussa pour dénuder sa poitrine.
Tony se pencha vers lui et connecta les électrodes sur le torse nu de Peter – un en haut, à droite, près du cœur, et l'autre en bas, à gauche – avant de se retourner vers la batterie qui devait charger le défibrillateur.
- Écarte-toi, dit Tony, et Rhodey s'exécuta.
Tony connecta le dernier câble à la petite batterie reliée au réacteur – pendant une seconde seulement – et le corps de Peter tressauta.
Avant de retomber contre le sol. Immobile.
Non. Non, il fallait que ça marche.
Rhodey se remit sur ses genoux et compressa de nouveau sa poitrine. Quand il s'arrêta à la fin de sa série, Tony abandonna le réacteur pendant un instant et se pencha en avant pour souffler deux fois dans les poumons de Peter.
Ils continuèrent leur cycle – Rhodey appuyant trois fortes pressions contre la poitrine du garçon et Tony lui insufflant deux souffles – et Tony gardait une main contre la gorge de Peter. A la recherche de la moindre pulsation.
- Stop, souffla Tony en reprenant la petite batterie qu'il avait laissée dans la terre, à côté de lui.
Rhodey écarta ses mains.
Tony connecta le dernier câble du défibrillateur à la batterie et le corps de Peter fut violemment secoué à nouveau.
Rhodey se pencha immédiatement pour reposer ses mains contre le sternum du petit, mais avant qu'il ait pu le faire, la poitrine de Peter se souleva légèrement, et il prit une petite inspiration.
- PETER ?!
Tony fut au-dessus de lui en un instant, tournant le garçon sur le côté alors qu'il toussait. Rhodey plaça une main sous sa tête, la redressant légèrement pour soulager la pression sur son cou, alors que Tony glissait une main dans son dos.
De l'eau jaillit de la bouche de l'adolescent alors qu'il se mettait à tousser violemment.
Quand sa toux se calma, il put enfin prendre une difficile inspiration. Tony le rapprocha de lui, frottant fermement sa main contre le dos du petit pour l'aider à nettoyer ses poumons, et avec son autre main, dégagea les cheveux qui lui tombaient sur le visage.
Ce qu'il vit sur ce dernier serra sa poitrine.
Les yeux de Peter étaient ouverts – à moitié seulement, et semblant clairement loin d'eux – mais il était là. Son regard papillonna, et quand il se posa sur Tony, il ne bougea plus.
- Tu vas bien, souffla Tony, déposant une main douce sur le front du petit alors que Rhodey s'écartait et retournait dans l'armure, pour demander de l'aide.
Les yeux de Peter clignèrent doucement mais ne regardèrent pas ailleurs. Sa respiration était faible et brève, mais c'était quelque chose.
C'était la vie. Et Tony s'y accrochait coûte que coûte.
- Tout va bien se passer, murmura Tony, des larmes débordant de ses yeux et roulant le long de ses joues avant de s'écraser sur le front de Peter – se mélangeant à l'eau du lac qui demeurait.
Le nœud qui s'était formé dans la poitrine de Tony au moment où il avait vu Peter, le visage face au lac, commença enfin à se desserrer – et alors, il entendit de nouveau tout ce qui se passait autour de lui, brutalement.
La forêt autour d'eux était toujours parsemée de petits feux, et au loin il pouvait entendre les rugissements du Hulk depuis le complexe.
- Ton équipe est saine et sauve, dit Rhodey, en revenant vers Peter et Tony.
Il s'agenouilla de l'autre côté de Peter à nouveau – et posa une main sur ses côtes, comme s'il avait besoin, lui aussi, d'avoir la confirmation physique que le petit respirait.
- J'ai essayé de les joindre par la radio. Les intrus sont partis – ils se sont retirés dès que le Hulk a fait son apparition. L'équipe était en train de fouiller les bois en vous cherchant tous les deux.
Rhodey fit un signe de tête en direction de Tony et Peter.
- Ils devraient être là dans quelques minutes.
Tony acquiesça, mais il écoutait à moitié. Il avait arrêté d'écouter dès que Rhodey lui avait dit que les autres étaient en sécurité. C'était tout ce qui lui importait – tout le reste, à ce moment-là, avec Peter vivant contre sa poitrine, n'avait pas d'importance.
Le monde entier pouvait brûler que ça n'aurait aucune importance. Tout ce qui comptait réellement était là, entier, et il respirait.
Peter se réveilla à cause d'un petit bip et il se rendit compte qu'il ne savait pas où il était. Ce lit était bien trop doux pour que ce soit le matelas cabossé qu'il avait chez May, et la pièce était totalement silencieuse, ce qui n'était jamais le cas, d'habitude. La mauvaise isolation et les voisins bruyants faisaient que la chambre de Peter était toujours pleine de bruits en tous genres – mais tout ce qu'il pouvait entendre, à présent, c'était les petits ronflements qui venaient de la chaise située près de son lit.
Il se força à ouvrir les yeux malgré l'épuisement. Ils étaient douloureux, tout comme le reste de son corps, mais il fallait qu'il les ouvre.
Quelque chose s'était passé. Quelque chose d'important.
La faible lumière lui brûla les rétines quand ses paupières finirent par s'ouvrir. Où qu'il soit, c'était sombre, mais pas complètement. Une petit – et sûrement très chère – lampe reposait sur la table près de son lit, illuminant suffisamment la pièce pour calmer la panique de Peter.
Parce que ça illuminait Tony.
Peter tourna doucement la tête – la douleur se réveillant dans son crâne et dans sa poitrine – pour regarder l'homme plus âgé.
Il était avachi sur un fauteuil, un bras coincé sous son menton et l'autre reposant sur le lit de Peter. Il y avait tout un tas d'équipements médicaux à côté de lui, reliés aux bras et à la poitrine de Peter – mais à part ça, la chambre ne ressemblait pas à une chambre d'hôpital.
C'était trop agréable pour ça. Il y avait un petit sofa de l'autre côté de la pièce, qui devait valoir tout ce qu'il y avait dans cette chambre et – peu importe l'heure qu'il était – aucun hôpital n'était aussi silencieux.
Sans parler du lit.
Il était tellement doux.
Délicieusement doux.
Non. Peter n'avait absolument aucune idée de l'endroit où il se trouvait – ou ce qui s'était passé pour qu'il se retrouve ici. Mais il se rendit compte, après avoir passé un moment à regarder Tony dormir à côté de lui, qu'il n'en avait pas grand-chose à faire.
Le sommeil l'appelait de nouveau. Il pouvait le sentir au bord de ses paupières alors qu'il sombrait doucement dans l'inconscience.
Quoi qu'il se soit passé, ça pouvait attendre.
Tony était juste là – alors Peter sut que tout irait bien.
**
(1) Dans l'Univers Marvel, le Raft apparaît notamment dans Captain America : Civil War. C'est une prison située en pleine mer, ultra sécurisée, détenue par le S.H.I.E.L.D. et l'armée américaine, donc Ross, en tant que Secrétaire d'Etat, y a évidemment accès et la contrôle. Notez-le bien, parce que ça a son importance pour la suite, héhé.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top