Chapitre 2 : Cloud Fall

Chapitre 2 – Cloud Fall

2.

Les pieds de Peter faisaient un étrange splash à chaque pas qu'il faisait.

Ses Converses avaient été trempées par la pluie, et la pression qu'elles exerçaient contre le sol immaculé de la Tour Stark les faisait se frotter douloureusement contre ses pieds. Et chuinter.

Le bruit était à la fois fascinant et dégoûtant. Peter en fut tellement captivé qu'il faillit passer devant l'ascenseur qui le mènerait aux quartiers des Avengers sans le voir. Quand il s'en rendit compte, et qu'il fit demi-tour, il se retrouva debout devant l'ascenseur sans avoir aucune idée de ce pour quoi il était là.

Il était venu pour une raison. Une raison importante. Mais après, ses chaussures avaient commencé à chuinter, et le sans-abri dehors lui avait vaguement rappelé un type qu'il avait vu à Burger King, et –

Peter s'affaissa contre la porte de l'ascenseur. Son esprit tournait à cent mille à l'heure, et même s'il essayait, il n'arrivait tout simplement pas à se concentrer.

Il y avait quelque chose d'important. Bon sang. Quelque chose qu'il devait faire... ?

Ses chaussures chuintèrent à nouveau quand il se redressa péniblement.

Mon Dieu, pourquoi tout était-il aussi nébuleux ? Nébuleux. Là. Ça lui semblait familier. Ça, c'était important. C'était à propos des nuages. Les nuages étaient importants. Enfin, ils étaient pénibles quand il se balançait de toiles en toiles à travers la ville, et les nuages voulaient aussi dire « la pluie », ce qui était vraiment pénible quand il patrouillait parce que son costume, en dépit de tous les gadgets que Tony avait intégrés, devenait quand même irritant quand il était mouillé –

Tony. C'était important, ça aussi. Les nuages et Tony.

Peut-être que c'était pour ça qu'il était actuellement debout au beau milieu du hall vide de la Tour des Avengers, à deux heures du matin, et seulement vêtu d'un pantalon et d'un sweat à capuche tâché. Tony était là. Probablement. Et les nuages aussi s'il montait assez haut.

Ouais. C'était pour ça qu'il était là. Pour parler à Tony, et aux nuages.

Attendez. Non. Ce n'était pas ça.

Splash.

Mon Dieu, c'était tellement bizarre. Un son tellement bizarre. Il avait cru que l'eau ne pouvait pas faire de bruit. A moins que ce ne soient ses chaussures qui fassent ce bruit ? Mais ce n'était pas possible, parce que d'habitude, elles ne faisaient pas ce bruit – mais là encore, l'eau non plus. C'était une sorte de combinaison bizarre entre les deux. De la Physique. Trop cool –

- Mr. Parker, résonna la voix de F.R.I.D.A.Y. à travers le vestibule. Puis-je vous aider à trouver Mr. Stark ?

Peter sursauta tellement fort qu'il se retrouva, l'instant d'après, à s'accrocher au plafond. Et puis, la seconde d'après, il était de nouveau par terre. Étendu au sol, la tête palpitante. Ses mains et ses pieds étaient étrangement engourdis. Tout comme le reste de son corps, en fait. Huh.

- -r. Parker ? résonna de nouveau la voix de F.R.I.D.A.Y. Vos signes vitaux ne sont pas stables. Dois-je appeler M. Stark ?

- N-non.

Peter tenta de se remettre sur ses pieds, et se retrouva rapidement avec sa tête couchée sur le sol.

Au bout du troisième essai, il fut enfin debout. Ou pratiquement. Il était définitivement sur les genoux – et c'était suffisant pour aller jusqu'à l'ascenseur. Il écrasa sa main sur le bouton d'appel, avant de glisser de nouveau sur le sol. Le carrelage était froid contre son visage chaud. Son visage était chaud. Vraiment très chaud.

Mon Dieu. Son visage était en feu.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent devant lui et Peter rampa à l'intérieur. Il n'était pas sûr de savoir pourquoi, mais il était dans le hall – qui était vraiment cool et tout – mais ne valait certainement pas le trajet depuis le Queens. Enfin, en tout cas, Peter croyait qu'il venait du Queens. Probablement. Il ne pouvait pas se rappeler exactement, mais ça semblait être juste.

L'ascenseur était aveuglant.

Le moindre recoin était blanc. Le plafond. Le sol. Les murs. Ça irradiait douloureusement derrière les paupières closes de Peter. A tel point que ça lui prit plusieurs longues secondes avant qu'il puisse ramper à l'intérieur, et quand il réussit, il n'était qu'une masse tremblante allongée sur le sol. Bon sang, ça faisait mal. Quelqu'un devait éteindre cette clarté.

Dans un doux cliquetis, les lumières se tamisèrent immédiatement, prenant une teinte orangée, et Peter faillit pleurer de soulagement.

- M-merci, F.R.I.D.A.Y.

Les portes se fermèrent lentement, et l'ascenseur bougea.

Peter – en utilisant la barre de soutien en métal qui faisait le tour des parois de l'ascenseur – se remit sur ses pieds. Ou, en tout cas, ce qu'il pensait être ses pieds. Ils étaient en-dessous de lui, et le tenaient debout, mais il ne pouvait pas les sentir. Il ne pouvait pas non plus sentir ses mains.

Sa tête, il pouvait la sentir. Elle était lancinante. La lumière vive avait brisé quelque chose en lui et maintenant, tout ce qu'il pouvait sentir était cette douleur aveuglante et palpitante.

Il s'affala contre le mur, en partie pour essayer de se ressaisir, et à moitié pour rester debout. Ses jambes engourdies menaçaient de flancher, alors il se pencha sur la barre en métal en s'appuyant dessus légèrement. Ok. De tout son poids, en fait.

Merde. Il ne se sentait vraiment pas bien. Mais il fallait qu'il reste debout. Il était là pour une raison. Une raison importante – il ne pouvait simplement pas s'en rappeler.

Oh. C'est vrai ! Tony ! Les nuages et Tony. Il devait parler aux nuages et à Tony. Non. Ça ne semblait pas correct. Si ?

L'ascenseur s'arrêta avec une petite secousse, et le petit mouvement fut suffisant pour déstabiliser Peter et le pousser jusqu'aux portes. Sauf qu'il n'y avait plus de portes.

Il y avait à la place un Tony Stark vraiment réel.

Peter tomba la tête la première – prêt à heurter le sol pour ce qui lui semblait être la millième fois depuis les dernières heures – quand des bras chauds s'enroulèrent autour de lui et le sauvèrent d'une douloureuse rencontre avec le carrelage.

- Petit ?

Ce simple mot fit tourner la tête de Peter. Une nouvelle rotation. Un tourbillon ? Parce que ça tournait, définitivement – et les bras de Tony, enroulés autour de lui et le mettant gentiment sur ses genoux, firent tout tourner encore plus fort.

Peter devait lui dire quelque chose. Il n'était pas sûr de ce qu'il devait dire – mon Dieu, sa tête tournait tellement – mais il devait définitivement lui dire quelque chose.

- M-mr. Stark – commença Peter, en levant les yeux pour regarder l'homme plus âgé avec des yeux grands ouverts.

Wow. Son bouc était si bien taillé. Comment Peter avait-il pu ne pas le remarquer avant ?

- Peter ? demanda Tony, clairement déconcerté. Qu'est-ce que tu fais ici, petit ?

Tony retira ses mains une fois qu'ils furent tous deux agenouillés, en toute sécurité, sur le carrelage, mais il semblait que même cette position n'était pas assez stable pour Peter, car il commença à tomber sur le côté, sans les mains de Tony pour le stabiliser.

- Wow ! Merde !

Les mains de Tony agrippèrent brusquement la capuche de Peter pour accompagner doucement sa chute.

- Gamin, qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que tu es blessé ?

- O-oh, h-hey, Mr. Stark.

Mon Dieu. C'était sa voix ? Était-elle tout le temps aussi aiguë ? Pourquoi personne ne le lui avait dit !

Dire... il avait quelque chose à dire. Il avait quelque chose à dire à Tony. Et aux nuages.

- Peter, qu'est-ce qui se –

- NUAGES !

Tony, qui était penché sur Peter, les sourcils froncés, se recula. Huh. Avait-il crié ? Il pouvait à peine entendre ses propres mots – mais à présent, il ne pouvait plus rien entendre tout court. Sauf un bourdonnement. Ouais. Il pouvait entendre un bourdonnement – et un chuintement. Mon Dieu, ce bruit était bizarre –

- -eter !

Les mains de Tony étaient de nouveau agrippées autour de son sweat, et le secouaient.

- Peter !

La tête de Tony apparut soudainement dans son champ de vision, devant lui. Wow. C'était un joli bouc.

- Peter, tu m'entends ?

Il y avait une main sur le visage de Peter, brossant ses cheveux en arrière. Tony était vraiment proche de lui, à présent. Il le regardait dans les yeux, la panique inscrite dans tous les traits de son visage. La panique ? Tony paniquait. Peter devait-il paniquer ? N'était-il pas déjà en train de paniquer ?

- Les nuages ! dit de nouveau Peter, en levant une main pour agripper le t-shirt rouge de Tony.

Cela lui permit de se redresser de quelques centimètres.

- Il faut que je parle aux nuages !

Attendez. Non.

- Il faut que je vous parle !

Ouais. C'était ça.

- ... et aux nuages aussi.

Huh.

- Ok, acquiesça doucement Tony, en repoussant légèrement Peter contre le sol. Ok. Prends une grande inspiration, gamin. Parle-moi. Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Les nuages –

- Tony –

Peter tourna la tête quand il entendit cette nouvelle voix – mon Dieu, combien de personnes vivaient ici – et son regard tomba sur Captain America, qui se tenait debout derrière Tony, de façon gênée et maladroite.

- Tony, qu'est-ce que –

Captain America s'avança vers eux, ses yeux fixés sur Peter.

- Qui est-ce ? Qu'est-ce qui s'est passé –

- Est-ce que Bruce est ici ? le coupa Tony en gardant une main appuyée sur l'épaule de Peter pour le maintenir au sol, l'autre contre son cou.

Quoiqu'il trouvât, ce n'était clairement pas ce qu'il cherchait car l'agitation de Tony grimpa en flèche.

- Oui, il est à l'étage. Tony –

Tony le coupa à nouveau sans même lancer un regard dans sa direction.

- F.R.I.D.A.Y., dis à Bruce de descendre ici, maintenant –

Le Captain les rejoignit après quelques secondes, tombant à genoux de l'autre côté de Peter, et plaça une main sur l'épaule de Tony. I-il n'était pas censé être là. Pas ici. Pas avec Tony.

Tony.

Tony qui était revenu de Sibérie avec du sang sur chaque parcelle de son corps – et quelque chose de brisé dans les yeux. Ils étaient amis. Et Steve l'avait laissé pour mort. Steve. Captain America. Avait laissé. Tony. Pour mort.

- ELOIGNEZ-VOUS DE LUI !

Peter, avec les quelques forces qui lui restaient, se jeta sur le Captain, pour le repousser loin de Tony. Le Captain ne s'était pas éloigné aussi loin que ce que Peter aurait voulu, mais il recula quand même – les yeux grands ouverts.

Peter bougea pour le repousser à nouveau – pour le faire dégager loin d'eux – quand des bras s'enroulèrent à nouveau autour de lui. Le retenant.

- Peter ?! cria Tony. Peter, stop !

- Non ! se débattit Peter. Je le laisserai pas s'approcher de nous, je le laisserai pas vous blesser !

Le Captain fit un autre pas en arrière, semblant déconcerté.

- Il n'est pas là pour nous blesser ! argumenta Tony, en repoussant Peter sur le sol et en mettant une main sur sa tête pour forcer Peter à le regarder. Il n'est là pour blesser aucun de nous, ok ? On a parlé de ça. Cap est ici pour discuter des Accords, tous les Avengers sont –

- Non, maintint Peter, ses yeux faisant l'aller-retour entre le Captain et Tony, si vite que ça lui donnait le vertige. Nonononononon –

- Peter ! STOP !

Le cri de Tony traversa le brouillard qui enveloppait Peter. En quelque sorte. Partiellement. Sa tête arrêta de tourner, en tout cas.

- Je pense que tu as été drogué, dit lentement Tony, une fois que Peter se fut concentré sur lui. Ok ?

Peter regardait Tony avec des yeux vides.

- Ok ? Tu m'entends ?

Quand Peter continua à regarder l'homme plus âgé avec de grands yeux, Tony laissa échapper un souffle, et rapprocha Peter plus près de lui – plaquant Peter contre sa poitrine. Wow, Tony était vraiment chaud. Oh, mon Dieu. Est-ce qu'il était malade ? Il avait des problèmes cardiaques, mais comme il en parlait toujours de façon désinvolte, Peter ne s'en était jamais inquiété. Et s'il était vraiment malade ? Et si –

- Je suis pas malade. Je suis pas malade. Tu es juste froid.

La voix de Tony coupa court aux pensées qui tournoyaient dans l'esprit de Peter. Avait-il parlé tout haut ? Oh, mon Dieu. Qu'avait-il dit d'autre ?

- Tu es vraiment gelé, petit, tu trembles. J'essaie de te réchauffer. Concentre-toi sur moi, ok ? Détends-toi et concentre-toi – tu vas bien aller. On va s'occuper de toi et –

- Tony ?! Qu'est-ce qui se passe, bon sang ?!

De là où il se tenait, pratiquement écrasé contre la poitrine de Tony, Peter pouvait à peine apercevoir l'homme aux cheveux châtains qui sortait de l'ascenseur. Il se précipita vers Peter, laissant tomber un large sac près des jambes de Peter, avant de se pencher au-dessus de lui pour mieux l'observer à travers ses lunettes.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est qui ? demanda l'homme en fouillant dans son sac et en en sortant différents équipements médicaux.

- C'est Underoos, murmura Tony en recouchant Peter sur le sol, doucement, pour que l'homme puisse mieux l'observer.

- C'est Spider-Man ?

L'attention de Peter se tourna de nouveau vers le Captain – qui se tenait toujours à quelques mètres d'eux, les regardant avec stupéfaction.

- C'est un adolescent !

- Et tu as quatre-vingt-dix ans, rétorqua Tony. On fait pas vraiment de discrimination à cause de l'âge, ici.

- Tony – commence doucement l'homme à côté de lui, en prenant sa pression artérielle.

Tony le coupa.

- Bruce, s'il-te-plait. Pas maintenant.

Les yeux de Tony se posèrent successivement sur les deux hommes, avant de se poser sur Peter. Tout ça l'avait épuisé.

- S'il-te-plait, dit Tony, en leur jetant un coup d'œil. Aide-moi avec lui, et j'expliquerai plus tard. Promis.

L'homme qui se tenait à côté de Peter – Bruce – acquiesça et retourna vers – Putain de merde ! Bruce. Bruce Banner. Peter était couché sur le sol juste à côté de Bruce Banner. Peter était affalé sur le sol, sa tête lui tournait et son dernier repas était proche de refaire surface, à côté de Bruce Banner.

Huh. Il ne se sentait vraiment pas bien.

Et bizarre. Et froid.

- Est-ce qu'on sait où il est allé – parce que si on sait où il est allé, peut-être qu'on pourrait –

Bruce se tut quand Peter parla.

Enfin, ça ressemblait à sa voix, mais il n'en était pas sûr. Il ne pouvait même plus sentir les traits de son visage. Ni tout le reste de son corps.

- M. Stark, murmura Peter.

Bon sang, il était fatigué, maintenant.

- Je me sens pas très bien.

Les mots avaient été prononcés doucement – Peter pouvait à peine s'entendre – mais ils figèrent toute la pièce. Toutes les conversations s'arrêtèrent subitement et les trois hommes furent autour de lui en un instant.

- F.R.I.D.A.Y., effectue tous les scans que tu possèdes –

- La pression artérielle est élevée – trop élevée – on a besoin de –

- Tu as dit que tu avais besoin de savoir où il était, on ne peut pas tracer son téléphone, ou quelque chose comme ça ? Je pourrais suivre ses déplacements et –

Peter flottait. Ou peut-être qu'il nageait. Nager, c'était cool. Relaxant. Ça pourrait l'aider à soulager la douleur dans son corps – sauf dans sa tête. Sa tête pulsait. Et, mon Dieu, l'eau était bruyante. Vraiment bruyante. Comme un hurlement.

Pourquoi l'eau lui hurlait dessus ?

- PETER ?!

Il tremblait à nouveau. Ou quelque chose tremblait, et il tremblait avec lui.

- Peter ?! réponds-moi, bon sang !

Wow. L'eau était autoritaire.

- Réveille-toi !

- M-mr. Stark ?

Même la voix de Peter était douloureuse, maintenant. Mon Dieu. Est-ce que cette nuit pouvait être encore pire ?

Tony apparut progressivement dans son champ de vision – tout comme le reste de la pièce ensuite. Peter était de retour sur le sol, un Tony dévasté penché sur lui. Le Captain était de l'autre côté, une main posée contre la gorge de Peter, et l'autre sur l'épaule de Tony. Bruce était introuvable.

- Bon Dieu, gamin !

Les doigts de Tony se resserrèrent autour des épaules de Peter.

- Ne refais jamais ça.

Peter entendit clairement les mots. Clairement. Mais ils n'avaient aucun sens.

- Petit ?

Tout à coup, le visage du Captain apparut juste à côté de celui de Tony. Mon Dieu, ses yeux étaient tellement sincères – non. Non. Peter était en colère contre lui. Il avait fait quelque chose. Quelque chose... mais ses yeux étaient juste tellement sincères.

- Tu dois nous dire ce qui s'est passé. Est-ce que tu as pris quelque chose ? Est-ce que quelqu'un t'a injecté quelque chose ?

- Les nuages.

Les mots sortirent de la bouche de Peter dans un désordre confus.

Le Captain le regarda, comme s'il lui avait poussé un troisième œil.

- Quoi ?

- Aucune idée. Il n'arrête pas de parler des nuages, répondit Tony avant même que Peter ait le temps de déchiffrer les mots.

Il continuait à regarder Peter – ses doigts se serrant et se desserrant autour de ses épaules. Le contact le gardait étrangement sur terre. Peter était inquiet à l'idée de s'envoler si le contact cessait.

- Où est Bruce ? poursuivit Tony.

Il leva légèrement la tête vers le plafond.

- F.R.I.D.A.Y., demande à Bruce ce qui lui prend si longtemps.

Quelques instants plus tard, la voix de Bruce résonna contre les murs. Oh, mon Dieu. Était-il un fantôme ? Est-ce qu'il était mort ? Non –

- Tony, je fais de mon mieux. Il y a un millier de drogues qui pourraient être dans son système – ça va prendre un petit moment avant de pouvoir restreindre leur nombre. Fais en sorte qu'il reste calme et qu'il ne bouge pas, ok ? Il ne faut pas qu'on le bouge trop avant qu'on en sache plus –

- Nuages.

La voix du Captain coupa Hulk-le-fantôme au milieu de sa phrase. Malpoli.

Les yeux de Tony se posèrent finalement sur l'homme agenouillé à côté de lui. Il le regarda silencieusement pendant une seconde.

- Nouvelle suggestion, dit Tony d'un ton pince-sans rire en regardant le Captain. La diarrhée-de-mots-météorologiques est contagieuse.

- Non, Tony, argumenta le Captain, en s'animant. Nuage. Comme un nuage de poudre ?

Le cœur de Tony rata un battement, et il se retourna vers Peter.

- Peter, est-ce que quelqu'un t'a lancé de la poudre au visage ?

Des mots. Peter entendit clairement des mots. Que faisaient les gens avec des mots, déjà –

- Peter !

Les mains qui étaient serrées autour de ses épaules se déplacèrent pour reposer sur son visage, et Tony le regarda droit dans les yeux.

- Concentre-toi. Est-ce que quelqu'un t'a jeté de la poudre.

Poudre. Nuages. Ouais. Ouais.

Peter acquiesça.

Il se souvenait de ça. Mon Dieu, ce nuage avait été horrible. Ça lui avait brûlé la gorge. Ses yeux –

- Est-ce que tu portais ce sweat ? continua Tony, sans que sa prise autour du visage de Peter ne se desserre.

Pour être honnête, Peter n'en était pas sûr – il avait été plutôt préoccupé par le nuage qui lui dévorait le visage – mais il croyait que oui. Il acquiesça à nouveau.

Et une seconde plus tard, il souhaita ne pas avoir dit oui. Il eut à peine le temps d'hocher la tête que des mains le saisissaient pour le mettre dans une position assise. D'autres mains se rajoutèrent et quand il fut bien redressé, son sweat à capuche lui fut retiré.

Il avait pensé avoir froid, avant ça, mais ce n'était rien comparé au moment où l'air frais de la pièce entra en contact avec son torse dévêtu.

- On doit amener ça à Bruce, murmura une voix qui n'était définitivement pas celle de Tony – et causa une certaine irritation chez Peter, parce qu'il était en colère contre elle... mais il n'était pas sûr du pourquoi.

La seconde paire de mains qui avait pris le pull de Peter s'éloigna.

Enfoiré. Peter savait qu'il ne l'aimait pas. D'abord il avait fait... quelque chose. Quelque chose de mauvais. Et maintenant, il avait volé le sweat de Peter. Bien. Très bien. Quand Peter se souvint enfin de qui c'était, il voulut –

Oh. Chaleur. Mmm. Chaleur.

Quelque chose d'incroyablement doux s'enroula autour de Peter, et les bras le maintinrent assis. Mon Dieu, c'était doux. Et Peter en profita pleinement. Le putain-d'enfoiré-pas-encore-identifié pouvait garder son sweat. Ça, c'était beaucoup mieux –

- Parle-lui, dit la voix qui n'appartenait pas à Tony, en resserrant fermement ce qui semblait être la meilleure couverture du monde autour de lui.

Mmm. Peut-être qu'il n'était pas tant un enfoiré que ça. Ouais. Qui qu'il soit, il pouvait rester –

- Garde-le réveillé.

Réveillé. Réveillé ? N'était-il pas déjà réveillé ? Peut-être pas. Cette couverture n'était qu'un rêve. Tous les rêves à propos de telles couvertures étaient de beaux rêves. Parfois, Peter avait de beaux rêves. Parfois il rêvait qu'il allait au Comic-Con avec Ned et qu'il passait au travers du fantôme de Léonard Nimoy – qui les amenait toujours sur une nouvelle planète pour vivre de grandes aventures.

Quelquefois, il rêvait de MJ. Il ne savait pas encore comment se sentir à propos de ça. Il ne se passait jamais rien entre eux ! Ils étaient juste tous les deux, assis côte à côte, à parler ou étudier. Juste un petit peu de normalité. Ces rêves étaient doux aussi, mais d'une autre manière. Ils réchauffaient toujours le cœur de Peter. Il était toujours tellement nerveux quand il était avec elle – tellement tendu à propos de ce qu'il lui cachait. C'était dur. Dans ses rêves, être avec elle était tellement... facile. Doux. Il n'y avait pas de vautours, d'araignées. Juste Peter et MJ. Prenant un café, ou se promenant dans le parc. Ouais. Il aimait ce genre de rêves.

Malheureusement pour Peter, les beaux rêves n'étaient plus aussi communs.

Maintenant, ses nuits étaient remplies d'immeubles qui s'effondrent, et d'avions. De retours à la maison pour voir que Tante May était partie. Ou pire. Morte. Ce rêve-là arrivait souvent – et à chaque fois, Peter passait le reste de la nuit assis à côté de sa chambre, ses bras entourant ses genoux. Avec la peur que, s'il s'éloignait trop, quelque chose pourrait lui arriver, et ça le faisait rester là jusqu'au petit matin.

Il ne pouvait pas la perdre. Il ne pouvait perdre aucun d'eux – mais c'était toujours ce qui arrivait. Dans ses rêves, on les lui enlevait tous. Un par un.

May. Ned.

Tony.

Tous disparus.

Et avec eux, une part de Peter.

- M-mr. Stark.

La voix de Peter semblait lointaine, même à ses propres oreilles.

Il savait vaguement que Tony lui parlait pendant qu'il alternait entre conscience et inconscience, mais il n'entendait pas grand-chose. Et rien ne faisait sens.

Plus rien ne faisait sens.

Peut-être que ce n'était pas vraiment un beau rêve.

Doucement, le visage de Tony entra dans son champ de vision. La tête de Peter reposait sur les cuisses de Tony, la couverture enroulée autour d'eux deux, alors que Tony le regardait. Il avait un bras autour des épaules de Peter, et l'autre reposait sur sa poitrine, qui se soulevait faiblement. Mon Dieu, pourquoi n'arrivait-il pas à respirer ? Et comment avait-il pu ne pas s'en rendre compte ? Qu'est-ce qui se passait ? Qu'est-ce qui lui arrivait ? Il n'aimait pas ça. Il n'aimait pas –

Le bras qui était enroulé autour des épaules de Peter se resserra pendant une fraction de secondes.

- Il faut que tu te détendes, gamin.

La voix de Tony avait l'air d'être hurlée à travers l'eau. Pouvait-on hurler à travers l'eau ?

- Ça va aller – Bruce, Cap et moi nous occupons de toi – mais tu dois respirer. Inspire et expire. Inspire et –

- J'ai l'impression de tomber.

Les mots s'échappèrent de la bouche de Peter avant qu'il arrive à bien les formuler, mais Tony les comprit. Peter en était sûr. Parce que le moment d'après, ses mains le serrèrent un peu plus fort, un contact solide contre son épaule et sa poitrine.

Ça le gardait sur terre.

- Tu ne tombes pas.

La voix de Tony était un peu plus tranchante que ce qu'elle avait déjà été cette nuit-là. Ça traversa le brouillard de Peter, et Peter s'accrocha aux mots comme s'ils étaient la seule chose qui le gardaient sain d'esprit.

Peut-être que c'était le cas.

- Tu ne tombes pas. Je te tiens. Je te tiens toujours, gamin.

Tante May avait raconté à Peter, une fois, l'histoire de la pire gueule de bois de sa vie. Comment elle était sortie en douce de chez ses parents, avec son petit-ami du moment, et deux bouteilles de Bourbon Wild Turkey. Ils s'étaient cachés dans un immeuble abandonné jusqu'à l'aube. Elle ne se rappelait d'absolument rien – en fait, elle avait avoué que tout ce dont elle se rappelait de cette nuit-là était flou.

Du lendemain matin, cependant, elle s'en rappelait très bien.

Tout comme des toilettes dans lesquelles elle avait passé vingt-quatre heures à vomir à intervalles régulières.

Peter avait toujours pensé qu'elle exagérait un peu l'histoire pour son propre bien – vous savez, pour lui faire vraiment comprendre les effets néfastes de l'alcool, etc., etc.

Il commençait à reconsidérer la question.

Le corps entier de Peter lui donnait l'impression d'avoir été répétitivement écrasé par un train de fret. Un train de fret plein de rhinocéros. Un train de fret plein de rhinocéros, qui lui-même avait dévoré un autre train de fret plein de rhinocéros.

Et ça, ce n'était que pour son corps.

D'une manière ou d'une autre, aussi incroyable que ça puisse paraître, sa tête était dans un état pire encore.

Peter s'inquiétait sincèrement du fait que son cerveau soit actuellement en train de couler par ses oreilles, et –

- Tu nous fais finalement l'honneur de ta présence ?

Oh, mon Dieu, non. Pas de bruit. Jamais. Peter ne voulait que le silence. Son pauvre cerveau coulant ne pouvait le supporter.

- U-ugh. Non. Shhhh.

- Est-ce que tu viens de me dire chut ?

Mon Dieu, s'il-vous-plait, faites que ça s'arrête.

- Est-ce qu'un chut vient vraiment de sortir de ta bouche, dans ma direction ?

- Est-ce que je suis en enfer ?

La voix de Peter ressemblait à celle d'un fumeur de quarante ans. Huh. C'était bizarre.

- Est-ce que je suis en enfer ? Est-ce que vous êtes le diable ?

Un rire un peu forcé se fraya un chemin vers les oreilles de Peter. Ce rire semblait plein de soulagement – ce qui était extrêmement injuste, parce lui, n'était pas du tout soulagé.

- Tu n'es pas en enfer, gamin, dit la voix, en riant toujours. En ce qui concerne ta deuxième question – et bien, je ne peux ni confirmer ni démentir.

Peter entrouvrit finalement un œil.

- Mr. Stark ?

Tony lui fit un petit sourire narquois depuis la chaise dans laquelle il était avachi, juste à côté du lit que Peter occupait.

- Comment tu te sens ?

Peter grogna. Et le regretta ensuite quand cela lui fit mal.

- J'ai l'impression de mourir.

- C'est pas le cas – enfin, plus maintenant, dit Tony en haussant légèrement les épaules.

Les yeux de Peter s'ouvrirent d'un coup. En voyant son expression terrifiée, Tony continua.

- Tu étais en train de mourir. En quelque sorte. Peut-être. Ça n'a pas vraiment d'importance. Tu n'es plus mourant – c'est ça qui est important.

Sans tenir compte de sa tête douloureuse, Peter se mit en position assise. Il lança un regard à Tony, qui le regardait d'un air détendu.

- Quoi ? souffla Peter.

Les sourcils de Tony se froncèrent.

- Tu ne te rappelles de rien, pas vrai ? demanda-t-il.

Quand Peter secoua la tête, Tony soupira et se redressa dans sa chaise.

- Et ben, il s'avère que tu devais passer la soirée à étudier avec ton « geek-dans-le-fauteuil », quand tu as apparemment entendu quelque chose et que tu es sorti avec seulement ton sweat.

Le dernier mot fut prononcé d'un ton sec. L'air décontracté de Tony se dissipa. Ah. Peter eut le sentiment qu'il allait avoir droit à un sermon.

Tony n'attendit pas le commentaire de Peter pour continuer.

- Steve a fini par trouver que c'était une fille qui avait crié. Elle dit qu'elle essayait d'acheter de la « bonne conso' » quand la transaction a mal tourné. Le dealer voulait un peu plus que de l'argent.

Les yeux de Tony se plissèrent en le regardant. Ouais. Peter était définitivement dans de beaux draps.

- Apparemment, un joggeur pieds-nus a accouru pour la secourir. Et a reçu de l'« éthéré » en pleine face quand les choses ont mal tourné.

De l'éthéré. Qu'est-ce que c'était ce truc ?

- C'est une drogue de rue hallucinogène et surpuissante – qui tue la majorité de ses consommateurs, donc j'imagine que ça ne sera bientôt plus très populaire, expliqua Tony quand il vit l'air de confusion que Peter arborait.

Peter hocha la tête.

Le regard de Tony se durcit.

- Tu as eu de la chance, murmura-t-il. La plupart des gens seraient morts en quelques minutes.

Peter hocha de nouveau la tête. Plus doucement.

Tony se pencha soudainement en avant, posant ses coudes sur ses genoux.

- Tu sais, ça m'a fait penser à quelque chose, dit-il en s'animant. Il faudrait vraiment rajouter un masque à gaz dans ton costume – oh, mais attends, tu en as un !

Ah. Ouais.

Peter voulut s'expliquer – mais Tony lui fit signe de se taire avec sa main.

- Je vais pas te hurler dessus. Non. Pas question. Parce que tu ne te rappelles même pas d'avoir fait ça, soupira Tony, avant d'hausser les épaules. Et May va t'engueuler assez pour nous deux quand elle sera là.

- Quoi ?! s'exclama Peter, et il frémit.

Le bruit le faisait toujours souffrir.

- Vous lui avez dit !

- Bien sûr que je lui ai dit, dit Tony en se renfonçant dans son siège, avec un air irritant d'autosatisfaction. Parce que – pour la première fois – absolument rien de tout ça n'est de ma faute.

Peter se rallongea dans le lit en grognant – et il grogna de nouveau quand le contact avec les coussins fit pulser sa tête plus fort.

- De quoi est-ce que tu te rappelles ? demanda Tony en baissant la tête sur son téléphone avec décontraction. Juste par curiosité. Et, aussi, parce que tu vas probablement être puni pendant la prochaine décennie.

Peter haussa les épaules. Et le regretta ensuite. Mon Dieu. Tout son corps lui faisait mal.

- Pas grand-chose, pour être honnête. Juste des sensations. Principalement de la confusion, marmonna Peter.

Il passa une main lasse sur son visage. Doucement – très doucement – quelques autres sensations commencèrent à lui revenir. Mon Dieu. Même essayer de se souvenir lui faisait mal.

- J'avais l'impression de m'envoler, un truc comme ça.

Même le fait de dire ces mots le fit se sentir à nouveau comme s'il s'envolait – et une autre sensation s'y ajouta. Une sensation de douceur, et de fermeté.

- Et quand vous étiez là, je ne m'envolais plus.

Tony leva brusquement la tête. Ses yeux étaient grands ouverts et il ne portait pas ses fameuses lunettes. Sans elles, il n'y avait rien pour dissimuler les émotions qui passaient dans ses yeux sombres – mais avant que Peter ait pu les identifier, ou même s'assurer qu'elles étaient bien présentes, ces émotions n'étaient plus là.

Elles furent remplacées par un charmant sourire et un petit rire.

- Je peux pas te laisser t'envoler – ma vie serait trop ennuyeuse, ricana Tony.

Il se mit doucement sur ses pieds, mais hésita.

Après cette seconde d'hésitation, il se pencha vers lui et posa une main douce sur l'épaule de Peter.

- Repose-toi, gamin. 

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