2. SOS Flash

Peter aurait dû se douter que tout ça s'éterniserait. Il y avait eu plein d'indices qui prouvaient que ça se passerait comme ça ; il n'avait juste pas réussi à les voir.

D'abord, MJ était un bourreau de travail.

La jeune fille était impitoyable avec ses camarades et ça, tout le monde le savait. D'une certaine manière, ça faisait d'elle une meilleure cheffe d'équipe ; elle était si sévère que personne n'osait faire de mauvaises blagues et s'entrainait sans relâche pour le prochain Décathlon Académique. Même Flash, qui pourtant était toujours si prompt à ennuyer Peter, ne faisait rien.

Ensuite, la finale était samedi prochain.

Alors, évidemment, MJ avait augmenté la fréquence de leurs entraînements. Les questions fusaient à toute vitesse, et toute l'équipe était concentrée à son maximum. Même Peter se donnait à fond, lui qui était souvent distrait par ses occupations avec Spider-Man et les soirées au labo avec Tony. Il avait mis tout cela de côté, cette semaine, et passait ses soirées à réviser avec May, qui le bombardait de questions.

Enfin, c'était une soirée qu'il avait promis de passer avec Tony.

Peter aurait donc dû se douter, rien qu'avec ce dernier indice, que leur entraînement s'éterniserait ; les choses tournaient toujours mal quand il était question de Tony. Bon, cette dernière affirmation était uniquement spéculative, mais ce soir, elle faisait particulièrement sens.

Souvent, Tony proposait à Peter de passer une soirée avec lui et d'aller manger quelque part, d'aller voir un film (ce qu'ils faisaient souvent à la Tour, en raison de la célébrité parfois absurde de Tony, qui déchainait les foules où qu'il aille). Tony aimait passer du temps avec Peter et se réservait presque toujours une soirée avec lui chaque semaine, lorsqu'il n'était pas pris par ses obligations avec Stark Industries.

Ce soir était donc réservé à Tony et Peter, de fait.

Sauf qu'MJ avait aussi décidé que c'était un soir d'entrainement. Ainsi, Peter était resté à l'école après les cours avec ses camarades, dans la salle qui leur était dédiée, et il avait prévenu Tony qu'il serait sans doute en retard à leur petite soirée. Tony, fidèle à lui-même et peu désireux de manquer la moindre minute disponible qu'il avait spécialement réservée à son gamin, lui avait répondu qu'il viendrait le chercher et l'attendrait à la sortie de l'école, avant de l'amener dîner dans le restaurant de son choix.

Peter attendait donc dix-neuf heures avec impatience. Ses jambes se balançaient rapidement sous sa chaise, ou son pied tapait rapidement et nerveusement le sol.

- Ok, plus difficile, maintenant, dit MJ, les yeux rivés sur sa petite fiche, tandis que les étudiants qui lui faisaient face la regardaient avec un air de concentration absolue, leurs mains prêtes à buzzer. Quelles sont les propriétés de deux énantiomères ?

Il y eut deux secondes de flottement. Puis, la main de Peter s'abattit sur le buzzer.

- Deux molécules énantiomères ont les mêmes propriétés physiques, dont la solubilité et la température d'ébullition, mais n'ont pas les mêmes propriétés chimiques. Elles peuvent être, euh, différenciées par une propriété optique, qui est la déviation de la lumière polarisée : l'un des composés la dévie à droite et l'autre à gauche.

Un silence se fit pendant que tout le monde le regardait, et Peter esquissa un sourire gêné. C'était une question difficile, mais qu'il avait révisée avec le Docteur Banner la semaine dernière. Peter n'était pas aussi bon en Chimie qu'en ingénierie ou en Physique, mais il avait beaucoup travaillé la matière avec Bruce et May, afin de pouvoir répondre au plus de questions possibles.

- Bien, finit par répondre MJ en posant les yeux sur lui à son tour, un petit sourire presque invisible au coin des lèvres, et Peter sentit son cœur battre un peu plus vite. Quel est le phénomène chimique qui intervient lors de la sursaturation ?

Les questions se succédèrent ainsi pendant deux longues heures et, quand Peter baissa les yeux sur sa montre, il était déjà dix-neuf heures vingt. Tony allait sans doute l'engueuler pour son retard, il détestait attendre.

- Euh, MJ, l'interrompit-il donc alors qu'elle ouvrait la bouche pour débiter une autre question, et elle leva vers lui un regard mi-interrogateur, mi-meurtrier.

Peter déglutit.

- Il faut – il faut vraiment que j'y aille, on est venu me chercher ce soir...

Flash émit un petit bruit moqueur, et regarda Peter avec un air complètement désabusé.

- Qui pourrait être venu te récupérer, je croyais que les pauvres comme toi rentraient en bus ? persifla-t-il.

Peter se retourna de nouveau vers MJ, sans prêter attention à Flash, l'ignorant royalement. Ce petit prétentieux ne méritait même pas qu'il s'énerve.

- Il nous reste encore une série de questions, et après on aura fini, lui répondit MJ en lui lançant un regard nonchalant, le dissuadant de protester.

Tony allait définitivement le tuer.

Et quand on parlait du loup... son téléphone vibra dans sa poche, lui indiquant qu'il avait reçu un message. Discrètement, l'adolescent le sortit sous la table, et l'écran s'alluma, laissant apparaître une petite vignette avec un aperçu du message. Peter le déverrouilla.

Pour une fois que je suis en avance, gamin, toi tu es en retard...

- Parker, t'es avec nous ? demanda MJ.

- Il répond à sa mère imaginaire, rétorqua Flash, et Peter l'ignora de nouveau, les mains un peu tremblantes.

- Ferme-là, Flash, le défendit Ned, puis il se pencha vers Peter pour murmurer dans son oreille. C'est Monsieur Stark qui vient te chercher encore une fois ?

Peter acquiesça discrètement.

- Génial, souffla son meilleur ami en se repositionnant sur sa chaise pour ne pas se faire engueuler par MJ, qui débitait des questions à toute vitesse.

De nouveau, le téléphone de Peter vibra contre sa cuisse. Une fois. Deux fois. Trois fois.

Mon Dieu, Tony allait vraiment le tuer. Peter savait que l'homme était tout sauf patient, et il ne voulait pas le voir débouler ici comme une furie pour voir ce qui lui prenait tant de temps. Flash n'en finirait plus de l'embarrasser après ça...

Peter ?

Il faut vraiment que je vienne voir si tu ne t'es pas fait kidnapper par un de ces maudits Spider-Slayers ?

Tu comptes me faire poireauter comme ça toute la soirée ? Est-ce que tu m'as vraiment posé un lapin, gamin, à moi ?

Peter ne put s'empêcher de sourire aux messages, avant de se reconcentrer sur les questions posées par MJ quand Ned lui donna un coup de coude au moment où il allait commencer à taper une réponse. Sauf que son esprit était trop ailleurs, maintenant. Il avait attendu cette soirée toute la semaine, sachant qu'il n'avait pas vu Tony depuis la dernière fois, étant donné qu'il avait préféré réviser pour le Décathlon Académique.

De nouveau, son téléphone sonna dans sa poche, mais ce n'était pas une petite vibration cette fois. C'était une longue vibration. Et quand Peter posa les yeux dessus, ses craintes se confirmèrent : Tony était en train de l'appeler.

- J'suis désolé, il faut vraiment que je réponde, s'excusa nerveusement Peter en se dépêchant de quitter la salle, sortant dans le couloir.

Il répondit à la dernière tonalité, mais Tony ne lui laissa même pas le temps de parler.

- Enfin ! s'exclama-t-il d'une voix faussement joyeuse et derrière laquelle on pouvait entendre l'agacement. J'ai cru que tu avais été kidnappé, je voulais vérifier que tu étais encore en vie. Non, parce que je ne sais pas si tu te souviens bien, mais on s'était donné rendez-vous à dix-neuf heures, gamin, et même si je sais que c'est moi qui t'ai appris qu'il ne faut jamais être à l'heure, j'aimerais bien que tu n'appliques pas ce principe avec moi, on est d'accord ?

- Tony, je suis désolé, répondit Peter en se retenant de rire, la tension qu'il avait accumulée cette semaine se relâchant soudainement à l'entente de la voix de son mentor. Vraiment, mais tu connais MJ et les entraînements, elle n'a aucune notion de l'heure...

- Ça ira pour cette fois, persifla Tony au bout du fil, mais essaie de te dépêcher un peu, parce que si je te ramène trop tard, tu sais très bien que c'est moi qui vais subir le courroux de cette délicieuse May...

- Je sais, je sais –

- Qu'est-ce que tu fous, Pénis ? l'interrompit tout à coup Flash, en ouvrant la porte d'un coup sec, ce qui fit sursauter Peter qui ne s'y attendait pas.

- Putain, Flash ! siffla Peter en mettant une main sur le micro du téléphone pour que Tony n'entende rien. Dégage de là, j'arrive !

- Hé, fais attention à la façon dont tu me parles, Parker. Tu crois que t'es trop intelligent pour pouvoir t'éclipser avant la fin de l'entraînement ?

- C'est pas exactement ce que t'es aussi en train de faire ? répondit Peter en roulant des yeux.

Il fallait qu'il mette fin à cet échange avant que Tony n'entende quoi que ce soit de fâcheux, où il déboulerait rapidement ici pour exterminer Flash.

Sauf que, bien sûr, ç'aurait été trop beau que Peter réussisse à se débarrasser de cet idiot aussi facilement. Évidemment.

- Peter ? demanda Tony au téléphone, toute plaisanterie ayant déserté sa voix, et Peter grimaça.

L'araignée enleva sa main du micro, ses yeux ne quittant pas Flash qui s'apprêtait à répliquer, les joues rougies de colère.

- J'arrive, je me dépêche, je –

- Qui est aussi important pour que tu permettes de te barrer comme ça, hein, Pénis ? On te remplacera facilement dans cette équipe si tu ne veux pas de ta place, tu sais !

- Sérieusement, Flash, ferme-là et dégage ! siffla doucement Peter en replaçant sa main sur le micro, la colère s'insinuant dans ses veines.

Flash ne voyait-il pas qu'il était en danger de mort et que Peter essayait de le protéger ?

Il fit trois pas en arrière alors que la voix de Tony résonnait de nouveau dans le téléphone, semblant en colère également, tout à coup :

- C'est qui ?

- Personne, j'arrive –

- Non, non, non, ne me fais pas ce coup-là, gamin, dis-moi qui c'est ou c'est moi qui viens te chercher à l'intérieur –

- Oh non, je la fermerai pas, Pénis, pas avant que tu m'aies redonné ma place dans l'équipe !

- Sérieusement, tu ferais mieux de la fermer avant de te faire tuer, le menaça Peter à voix basse, alors que Tony tonitruait dans son oreille.

Et ça commençait à faire beaucoup de bruit, pour lui, tout à coup. Il fallait qu'il parvienne à juguler sa colère et sa panique, régler cette situation le plus rapidement possible et s'enterrer six pieds sous terre avant que ce soit Tony qui le fasse.

Oui, parce qu'il allait définitivement le tuer.

- Ah ouais, et qui pourrait bien faire ça ? ricana Flash en faisant un pas dans sa direction, un air à la fois hilare et énervé.

- Mon père, répondit Peter sans réfléchir, et il s'en voulut immédiatement parce que Tony l'avait entendu.

Qu'est-ce qui lui avait pris de dire ça ?

Tony n'allait plus jamais vouloir le regarder en face après ça... est-ce qu'il voudrait même continuer à le voir ?

Flash ricana, mais Peter avait soudainement mal à l'estomac.

- Ouais, depuis l'Enfer, c'est ça ?

Sa gêne fut oubliée à l'entente de ces mots, remplacée par une rage furieuse. Il serra les poings, en oubliant Tony au téléphone.

- Qu'est-ce que tu vas faire, Parker, me frapper ? parce que je dis la vérité ?

Mais il y avait un soupçon de peur dans son regard quand il vit la douleur et la colère qui dévastaient le visage de Peter, ainsi que ses poings serrés, et il fit un pas en arrière quand Peter s'approcha de lui.

- Je te jure que je –

- Hé, intervint soudainement une voix, juste derrière Peter.

Une main douce et chaude se posa sur son épaule, et Peter leva la tête vers Tony, qui regardait Flash comme s'il n'était qu'un insecte misérable qu'il n'allait pas tarder à écraser sous sa semelle immaculée.

- T'es qui, toi ? demanda froidement Tony – et rien que son regard aurait pu tuer Flash.

Ce dernier fit un pas en arrière, les yeux écarquillés.

Peter, lui, ne savait pas quoi faire. Sa colère était retombée au moment où Tony était apparu. C'était une sorte de soulagement pour lui, et il s'en voulut de penser ça mais c'était presque comme la concrétisation de ce qu'il avait dit à Flash quelques instants plus tôt... Son père était là. Il était là pour tout arranger, pour protéger Peter.

C'était tout ce dont il rêvait depuis qu'il était gamin. Utopiquement, sans jamais croire que ça arriverait un jour, se consolant simplement avec son imagination.

D'ailleurs, même s'il ne voulait pas que Tony apprenne pour Flash, pour des raisons évidentes, il rêvait souvent que l'homme arrivait dans son école pour régler son compte à cet idiot, pour qu'il laisse enfin Peter tranquille. Il pensait simplement que ça ne resterait qu'un rêve...

- V-vous êtes... vous êtes Tony S-Stark ! bégaya Flash, et il baissa ensuite les yeux vers Peter avec un air incrédule. Tu connais Tony Stark ?!

Peter roula des yeux. Flash ne l'avait jamais cru à propos de son stage chez Stark Industries, mais il était certain qu'il ne l'ennuierait plus avec ça, désormais...

- Je t'ai demandé ton nom, je connais le mien, claqua Tony en dépassant légèrement Peter, se plaçant devant lui, comme pour le protéger. Dépêche-toi, j'ai pas toute la journée.

- F-Flash Thompson, M-Monsieur...

Tony eut un ricanement moqueur, avant de retrouver un air à la fois sérieux et dangereusement amusé – Peter savait qu'il devait probablement bouillir de rage intérieurement.

- Je vais être très clair, et écoute-moi bien parce que je ne le répèterai pas deux fois.

Il fit une pause théâtrale, alors que face à lui, Flash tremblait de terreur.

- A partir de maintenant, si tu t'approches à moins de dix mètres de Peter, je ferai de ta vie un enfer, c'est compris ? tu ne lui adresses plus la parole, tu ne le regardes même plus. Pigé ? J'ai tous les moyens du monde pour te faire payer tes propos, si j'entends quoi que ce soit, je n'hésiterai pas à mettre mes menaces à exécution. C'est clair ?

- O-oui, Monsieur, je suis – je suis désolé, Monsieur !

- Tu t'excuses pas envers moi, tu t'excuses envers Peter pour ce que tu as dit, ordonna Tony d'une voix froide en se décalant pour que Flash soit face à lui de nouveau.

Et Peter eut presque pitié en voyant son visage terrifié. Presque.

- Pa-pardon pour ce que j'ai dit sur ton père, dit-il en jetant des coups d'œil effrayés en direction de Tony qui ne le lâchait pas des yeux.

- Dégage, maintenant. Et que je n'entende rien sur toi, où tu entendras parler de moi, c'est clair ?

Flash acquiesça en tremblant de tous ses membres, avant de se retourner pour rentrer dans la salle d'entraînement, rejoignant les autres.

Et maintenant qu'il était seul avec Tony, Peter était nerveux. Il se tordit les doigts et évita de le regarder quand celui-ci se tourna pour lui faire face. Il était mortifié, parce que maintenant, Tony savait pour Flash.

Un doigt se posa sur son menton pour lui faire relever la tête, et il croisa les yeux de son mentor, dont le regard était indéchiffrable.

- Ça fait combien de temps que tu l'as sur le dos ? demanda-t-il.

Peter ne savait pas s'il était en colère ou pas, alors il haussa les épaules en détournant les yeux, les doigts de Tony toujours sous son menton.

Ce dernier l'observa un moment.

- Si jamais il refait la moindre chose, s'il te parle ou qu'il te touche, je veux que tu me le dises, Peter. Je suis sérieux.

Peter ne savait pas pourquoi ses yeux lui piquaient autant. Pourquoi il y avait cette gêne qui obstruait sa gorge et qui refusait de partir. Incapable de parler, il hocha frénétiquement la tête, et Tony finit par se dérider et lui sourire.

Il passa un bras autour de ses épaules, le serra brièvement contre lui, rassurant. Réconfortant.

Visiblement, il n'avait pas l'air de lui en tenir rigueur pour avoir dit qu'il était son père à Flash... Peut-être qu'il n'avait pas entendu ? 

- Va récupérer ton sac, je t'attends à la voiture. Et te laisse pas enrôler par cette fille, plaisanta-t-il alors que Peter lui offrait un sourire gêné avant de retourner dans la salle.

Il s'excusa auprès d'MJ, qui comprit, prit son sac, fit un petit signe à Ned pour lui faire comprendre qu'il lui expliquerait plus tard, et retrouva Tony près de sa Maserati rutilante, garée non loin de son lycée.

Il s'assit sur le siège passager, plaça son sac à ses pieds et fit un petit sourire à Tony.

- Bon, on va où, ce soir, gamin ?

- Où tu veux, souffla Peter, soulagé que les choses soient finalement aussi normales que d'habitude entre eux, malgré sa gaffe.

- Thaï ?

- Thaï. 

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