1. Overwhelmed

Tony ne savait pas depuis combien de temps il se battait aux côtés des autres Avengers contre une gigantesque armée de robots appelés les Spider-Slayers, dont le seul but était de détruire Spider-Man. Dirigés par Spencer Smythe, ils avaient poursuivi Peter Parker dans tout New-York, saccageant la ville. Le jeune homme avait réussi à vaincre nombre de ses ennemis, et les Avengers avaient été alertés suite aux nombreux dégâts qu'ils avaient commis, afin de pouvoir mettre les civils à l'abri et de venir en aide à l'adolescent, trop borné pour le demander de lui-même.

Tony ne savait même pas pourquoi ces espèces de robots-tueurs en avaient après le jeune super-héros. Tout ce qu'il savait, c'était que leur unique cible était Peter. Ils le poursuivaient sans relâche, ne s'intéressant pas une seule fois aux autres Avengers présents, lesquels s'acharnaient pourtant sur eux pour les éliminer.

- Cap', sur ta gauche, le prévint Clint dans l'oreillette, et Tony vit Steve esquiver un Spider-Slayer qui s'élançait dans sa direction, avant de lui envoyer son bouclier d'un coup sec, le décapitant.

Le robot s'écrasa contre le bitume chaud, les fils arrachés qui ressortaient de son cou métallique crépitant dans un dernier sursaut électrique.

Tony n'eut pas le temps de s'appesantir sur la scène qui se jouait près de lui qu'une salve de nouveaux robots se précipita sans prévenir sur Peter, qui était déjà en train de s'occuper de deux autres Spider-Slayers, dos à eux.

- Spider-Man ! s'écria Natasha en se jetant sur un des robots, tandis que Tony tirait sur deux autres avec ses propulseurs.

Peter se retourna subitement et en esquiva un, qui percuta l'immeuble derrière lui et le détruit partiellement. Quelques secondes après, une forte explosion retentit à l'endroit où il s'était écrasé, et des cris retentirent.

- F.R.I.D.A.Y. – commença Tony.

- Une conduite de gaz a explosé, patron, répondit instantanément l'Intelligence Artificielle, alors qu'à l'écran s'affichaient les dégâts causés par le robot et par l'explosion, ainsi que les silhouettes thermiques des civils qui se trouvaient dans l'immeuble. Analyse de la structure en cours. Effondrement imminent.

Avant que Tony ait pu esquisser le moindre geste, effectuant des cercles dans les airs pour se débarrasser des Spider-Slayers, Peter prit la parole à travers leur réseau de communication :

- Je me charge des civils ! couvrez l'extérieur du bâtiment, ce sera plus facile à défendre !

Il avait l'air essoufflé, et Tony pouvait dire qu'il ne l'avait jamais vu aussi sérieux depuis qu'il le connaissait. Il avait pour habitude de l'entendre parler et parler et parler sans relâche, faisant des blagues sur tout et n'importe quoi, même dans les situations les plus inappropriées. Mais là, rien.

De nombreuses protestations fusèrent dans le canal de communication, mais Peter, fidèle à lui-même, n'écouta rien. Au lieu de ça, il donna un coup à un robot qui se jetait sur lui, avant d'entrer dans l'immeuble en proie aux flammes.

Mon Dieu, ce gosse allait le tuer d'inquiétude, un jour.

Tony se focalisa sur la bataille pour endiguer ses craintes. Son cœur battait durement contre sa poitrine. Et puis, rapidement, enfin, ils parvinrent à venir à bout des Spider-Slayers, certains s'effondrant au sol comme s'ils venaient d'être déconnectés, tandis que Peter, aidé de Clint et Sam, continuait à faire sortir tous les civils suffoquant de l'immeuble.

- Spider-Man, Hawkeye, Faucon, au rapport, les interpela Captain, alors que le Quinjet, piloté par Banner, se posait tout près d'eux.

- Les civils sont presque tous évacués, ce sont les derniers, répondit Sam avec un sifflement de douleur.

Soulagé et essoufflé, Tony poussa un léger soupir en se dirigeant vers le Quinjet, dont la rampe arrière s'ouvrait. Cap et Natasha lui emboitèrent le pas en regardant autour d'eux pour s'assurer qu'aucun autre robot ne se pointait, quand un grincement sonore les fit soudainement se retourner.

Les yeux écarquillés, ils observèrent la structure de l'immeuble, ravagée par les flammes, se tordre sur elle-même. Des cris retentirent à l'extérieur, poussés par les civils que Clint, Peter et Sam avaient fait sortir, et Clint et Sam s'empressèrent de les faire quitter les lieux le plus rapidement possible.

- Le bâtiment s'effondre, Patron.

Mais Tony n'eut le temps de rien faire d'autre que de se précipiter vers les quelques civils qui étaient encore tout près de l'immeuble, les repoussant brutalement de l'autre côté de la route. Il les protégea de son armure et se releva brusquement quand, de nouveau, un grincement terrifiant retentit et alors, le bâtiment s'effondra sur lui-même, dans un amas de flammes et de poussières, provoquant un gigantesque fracas étourdissant. La terre trembla sous leurs pieds.

Il ne fallut qu'une seconde pour que tous ces évènements se produisent en même temps.

Il ne fallut qu'une seconde supplémentaire à Tony pour se rendre compte que quelque chose n'allait pas.

Parce que Peter était manquant. Peter n'avait rien dit, il n'était pas aux côtés des civils, ni aux côtés de Clint et Sam, ni près de Steve et Natasha.

Peter n'était pas là.

- Spider-Man, au rapport, réagit immédiatement Natasha quand elle fit le même constat que Tony.

Elle courut jusqu'à l'endroit où l'immeuble s'était effondré, surmontant les gravats, une main couvrant sa bouche et son nez pour éviter que la poussière qui enveloppait encore les débris n'entre dans ses poumons et la fasse suffoquer.

- Spider-Man, répéta-t-elle. Quelle est ta situation ?

- F.R.I.D.A.Y., cherche Peter, ordonna Tony en essayant de calmer les battements frénétiques de son cœur, se précipitant à la suite de Natasha, comme tous ses autres coéquipiers.

Tony plana au-dessus de la montagne de béton, de tuyaux, de plâtre et gravats en tous genres, pour éviter de faire bouger la structure, au cas où Peter se trouverait vraiment en-dessous de tout ça. Et Tony espérait que ce n'était pas le cas, vraiment, parce que... parce que Peter ne pouvait pas avoir reçu tout un immeuble sur lui. Ce n'était pas possible.

Il se le refusait.

Peter était sa responsabilité. Il refusait qu'il lui arrive quoi que ce soit parce qu'il n'avait pas été assez attentif à lui.

Sa respiration était laborieuse alors qu'il attendait, vainement, la réponse de Peter dans les oreillettes. Seul le silence leur répondait, tandis que chacun leur tour, ils l'appelaient.

- Peter ! répéta Tony en se dirigeant vers la signature thermique que faisait apparaître F.R.I.D.A.Y. sur l'écran.

Mais il était difficile de savoir précisément il se trouvait en cet instant, parce que tout n'était qu'un chaos sans nom, et Tony n'osait rien bouger, de peur d'aggraver la situation. S'il déplaçait le mauvais morceau de béton, il pourrait écraser définitivement Peter.

Il ne pouvait pas risquer la vie du gamin sans réfléchir avant.

Mais il ne pouvait pas non plus attendre trop longtemps ; l'adolescent devait sans doute suffoquer, là-dessous, l'oxygène viendrait rapidement à lui manquer, et il était peut-être blessé...

- PETER ! Peter ! s'écria-t-il pour la énième fois en espérant recevoir une réponse.

- Tony, il faut qu'on le sorte d'ici ! s'exclama Clint d'une voix tendue.

Tony ne répondit pas, réfléchissant à toute allure au meilleur moyen de procéder, mais son esprit était comme bloqué. Il n'arrivait pas à se concentrer, à se focaliser ; il tournait inlassablement autour de la phrase Peter est bloqué là-dessous, Peter est bloqué là-dessous, Peter est bloqué là-dessous, Peter est bloqué là-dessous, Peter est –

- Bon, tout le monde se bouge, faites attention à ce que vous touchez, s'exclama Steve, décidant de prendre les commandes, comme s'il avait compris l'incapacité de Tony à réfléchir.

Tony aurait voulu protester ; à ses yeux, aucune décision n'était la bonne. Tout ce qu'il voulait, c'était simplement revoir Peter entier et vivant. Juste retrouver le gamin sans aucune blessure, et rentrer à la maison. L'entendre babiller pour ne rien dire, le harasser pour qu'il regarde enfin Star Wars avec lui.

Retrouver son gosse. En vie.

Il crut qu'une éternité était passée. Véritablement. Chaque morceau de gravats en impliquait un autre, les canalisations détruites jaillissaient tout autour d'eux, et c'était sans fin. Tony avait l'impression qu'ils n'avançaient pas, que leur déblaiement était inutile.

Jusqu'au moment où Tony crut entendre quelque chose.

C'était comme un murmure au milieu des cris et du chaos qui régnaient tout autour de lui, et Tony pensa avoir rêvé. Il attendait si désespérément de retrouver Peter, qu'il aurait pu imaginer ce souffle de voix.

Mais alors, il arrêta tout mouvement et s'agenouilla au milieu des briques rouges et du plâtre défoncé, sa respiration se coupant pour entendre ce qu'il voulait si désespérément entendre.

Le silence fut long. Seulement entrecoupé par le bruit du béton que les autres continuaient de déplacer sans relâche, et Tony aurait pu pleurer de frustration. Il se releva donc et continua à déblayer le chemin, s'aidant des indications données par son Intelligence Artificielle.

Et puis, de nouveau...

Tony arrêta tout mouvement, une nouvelle fois. Même son cœur s'arrêta pour écouter...

- T-Ton...

Des pleurs. Des sanglots. Et entre les cris faibles et déchirants, son prénom murmuré comme un mantra, seulement entrecoupé par les larmes.

Tony crut qu'il allait se mettre à pleurer lui aussi.

- Peter ?! s'écria-t-il, assez fort pour que le petit l'entende. Tiens bon, gamin, je suis là. Je vais te sortir de là !

Il continua à répéter des phrases rassurantes, alors qu'il entendait toujours les faibles sanglots du petit bloqué sous des tonnes de béton. Et enfin, il le vit.

Le rouge et le bleu.

Le costume assombri par l'eau qui coulait et la poussière qui s'était collée dessus. Le costume tâché par le sang. Le sang du gamin, de son gamin.

- Peter, je suis là, petit, je suis là, essaya-t-il de le rassurer alors que ses sanglots redoublaient d'intensité.

D'un geste attentif, pour éviter que tout ne s'effondre sur Peter, Tony repoussa un large morceau de béton entremêlé de câbles et de barres de fer en tous genres, et enfin, enfin, il put voir le visage masqué du jeune super-héros blessé et piégé. Celui-ci releva la tête vers lui. Une entaille dans sa joue dévoilait sa peau rougie et humide, et les yeux semblaient dysfonctionner.

Le cœur de Tony rata un battement et il s'agenouilla près de Peter, qui tendit faiblement un bras vers lui, le cherchant.

- T-Tony... S'il – s'il-te-plait..., gémit-il alors que sa tête retombait brutalement sur le sol.

- Je suis là, je vais te sortir de là, murmura doucement Tony, la gorge serrée en voyant la détresse de l'enfant.

Il agrippa un autre pan de mur qui écrasait littéralement Peter, et le petit gémit de douleur quand il le repoussa au loin.

- Ça va aller, Peter... Je vais te sortir de là, je te le promets... Tends le bras, bambino, tends le bras vers moi...

Sanglotant toujours, son corps secoué par de violents tremblements, Peter tendit vers Tony un bras tailladé et instable. L'Iron Man saisit immédiatement sa main.

- Je te tiens. Je te tiens, gamin, je suis là, je suis avec toi. On va rentrer à la maison.

Tony se retenait de pleurer en entendant les gémissements de douleur de Peter.

Doucement, il se glissa près de lui et souleva une barre de fer qui écrasait la jambe de l'adolescent, enroula un bras autour des épaules souffrantes du petit et le tira pour le sortir de là, ignorant ses cris de douleur. Selon F.R.I.D.A.Y., il avait une commotion cérébrale sévère, de nombreuses côtes cassées, une épaule déboitée ainsi que le genou droit foulé.

Il était gravement blessé.

Peter retomba dans ses bras suite à la manœuvre, et Tony le serra doucement contre lui, son cœur battant à toute allure, parce que le petit était , contre lui, blessé mais vivant, et qu'est-ce qu'il aurait pu demander de plus ?

Le gamin respirait.

- T-Tony...

- Je suis là. Shhh. Je te tiens.

Il avait les yeux à moitié ouverts et troubles. Sa tête reposait sur l'avant-bras métallique de Tony, et regardait directement son visage, ses yeux plantés dans les siens depuis que Tony avait rétracté son casque et enlevé son masque pour qu'il puisse respirer plus convenablement.

Des larmes roulaient sur ses joues et il avait l'air loin, très loin d'ici.

- P-papa..., gémit-il quand un autre sanglot passa la barrière de ses lèvres.

Et le cœur de Tony se brisa. Comme ça.

Il n'avait fallu qu'un mot.

Tony le serra plus fort contre lui alors que des larmes lui brûlaient la rétine.

- Je suis là, Underoos... Je vais te ramener à la maison...

Peut-être que c'étaient les mots que Peter attendait, parce qu'il se blottit plus près contre la poitrine de l'homme en armure, tremblant violemment. Il gémit quand le mouvement envoya une décharge de douleur dans ses côtes et dans son épaule, et Tony l'aida à enrouler son bras autour de son cou avant de se lever avec le gamin dans ses bras.

- Je l'ai, souffla-t-il dans l'oreillette avant d'activer les propulseurs de ses pieds pour se soulever légèrement de terre et quitter les lieux, afin de ramener Peter au Quinjet.

Il n'y avait rien de plus vrai. Il l'avait. Il tenait le petit dans ses bras, chaud, et vivant, et tremblant de douleur, gravement blessé, mais en vie. Il respirait.

Et Tony ne voulait rien de plus au monde, en cetinstant, que de tenir son gamin dans ses bras. 

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