Chapitre 9 : Phobie
Ses mains moites se referment sur mon cou. Je sens sa peau rugueuse contre ma clavicule, serrant ma nuque et la trachée. Mon père met toute sa force dans ses poignets, sa respiration devient haletante à cause de la dureté de la tâche.
À cause de ce foutu système politique, je vais me faire tuer par mes parents.
Dans un dernier effort de défense, sans conviction, je cherche de ma main libre un objet. Un vase, un bâton, une louche...
Ma main frôle nerveusement la surface de la table où je viens de me cogner. Mon père serre de plus en plus fort.
Le souffle court, j'examine les traits tirés par la rage de mon père. Ce n'est pas lui, je le sais.
Cet homme n'est qu'un vulgaire personnage de mon cauchemar. Un malheureux pion, une intelligence artificielle.
Ce n'est même pas réel.
J'ai extrêmement mal aux cervicales, et mes poumons sont sur le point d'exploser. Je ferme alors les yeux, tremblante de tous mes membres.
Je suis à présent dans une pièce sombre et humide, que je reconnais comme étant la cave de la maison.
Quand j'étais encore une enfant innocente et surtout ignorante, j'avais peur des ombres qui régnaient dans la cave. Une phobie normale, pour un enfant de mon âge : je refusais catégoriquement de me retrouver seule dans cette pièce glauque.
Ensuite, j'ai grandi, et la peur des ombres a persisté.
À l'évocation de ces douloureux souvenirs, j'ai un étrange pressentiment...
Les ombres noires se mettent à bouger, m'encerclant, et la cave devient de plus en plus petite, de plus en plus étroite. Je ne suis pas claustrophobe, cependant cela ne m'empêche pas d'être tétanisée.
J'essaye d'actionner la poignée de porte, en vain. Elle est évidemment verrouillée.
Je panique.
Le volume de la cave diminue fortement. Je décide de m'asseoir, là, juste au milieu, sur le sol humide, la respiration saccadée, et de ne plus bouger.
Faites que ce cauchemar s'arrête.
Ce n'est pas réel.
Brusquement, il y a des rires.
Je suis à l'étage de la maison. Le plancher craque, je n'arrive pas à voir distinctement les formes autour de moi. J'avance, mais sans vouloir avancer. Je marche, mais sans vouloir marcher.
Avec horreur, je vois le sol se dérober sous mes pieds. Impuissante, je tombe dans des escaliers, et à chaque marche la douleur est plus forte, je crie mais personne n'entend.
Les rires augmentent d'intensité, et la douleur est arrivée à son apogée, celle de la souffrance.
Puis, je ne sens plus rien.
J'ai atterri sur le tapis d'entrée, et mon bras forme un angle bizarre avec mon épaule, j'ai dû me tordre l'omoplate durant ma chute.
Ce n'est pas réel.
Je me réveille subitement dans la salle blanche. Les deux machines font un bruit pas possible, analysant mes actions et mon degré d'autonomie et de résistance.
Tous les cauchemars reviennent en rafale dans mon esprit: ma noyade, les petits clapotis de l'eau, la cave aux ombres, le plancher qui grince, ma chute effroyable. Et surtout mes parents.
" Pas toi. Toi tu dois mourir."
Alors je hurle à pleins poumons.
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