Chapitre 34 : Refuge

L'ascenseur se stabilise. Nous sortons en courant à toute allure. Je n'en peux plus. Je ne sens plus mes jambes.

Nous arrivons dans un bidonville et l'odeur qui en ressort me donne la nausée. Des enfants à moitié nus jouent dans la boue, près des habitations qui manquent de s'écrouler. Nous croisons des femmes qui nous regardent bizarrement dans le village un peu plus loin. Nous ralentissons le pas. Il y a toujours un risque que Maru et les gardes nous rattrapent mais nous n'en pouvons plus. Je ne sais même pas où nous allons.

Si seulement j'avais tiré une deuxième fois sur Maru. Je l'aurais peut-être touché. J'en aurais été fière. Tellement fière.

Je regarde les six adolescents qui courent, eux aussi, autour de moi : Julian, grand et squelettique, les joues rouges par le chaud et l'adrénaline, Alizée, dont les larmes coulent encore pour la perte de Simon et Grégory, Jim, dont l'arme trop lourde le ralentit, William, qui peine à nous suivre, souffrant de plus en plus, et Karl, dont la concentration le rend encore plus froid et distant que d'habitude.

Nous arrivons à l'orée d'un bois.
Je ne savais même plus que cela existait encore. Des arbres, la plupart des saules pleureurs, des racines, des orties : la nature. Je l'avais oublié.

Nous nous engouffrons dans le mélange de feuilles et de bois sec. Je laisse Alizée et Jim me dépasser pour aider William à avancer. Je prends son bras et le passe par-dessus mon épaule. Ainsi soupesé, nous progressons dans la broussaille. Je distingue à peine la silhouette des autres dans l'ombre des saules pleureurs.

Alizée revient elle aussi sur ses pas pour m'aider avec William.

- Qu'est-ce qu'il a eu ? me demande-t-elle, des larmes pleins les yeux, en prenant son autre bras.

- Une balle dans la hanche. Pendant la rébellion du cycle trois.

Nous allons plus vite grâce à elle. William respire difficilement, mais au moins il n'a plus à faire d'effort pour avancer.

Je me griffe dans les branches. Mes pieds s'enfonce dans la terre et les tas de feuilles mortes.

Brusquement nous arrivons dans une clairière illuminée par le soleil. Alizée s'arrête. Je l'imite. Les autres aussi. Dans la clairière, j'aperçois une espèce de cabane. Du bois scié sans précision. Des tuiles noircis par le temps. Et la mousse a pris place entre les tuiles.

- Voilà ! fait Julian, reprenant son souffle devant la cabane. Voilà notre refuge !

- Le refuge de tout ceux qui contestent le gouvernement actuel et les quatre Cycles, ajoute Alizée, à bout de forces.

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