Chapitre 9 : Une Annonce Surprenante
Rika se réveilla avec la pire surprise possible. Debout devant le miroir, elle fixait son reflet, livide. Durant la nuit, sa morphologie avait totalement changé. De mince, elle était devenue... Grosse.
Elle passa une main sur son ventre déformé, des dizaines d'émotions se combattant en elle. Blanche lui avait dit que cela risquait d'arriver. Elle avait appelé cela... Le déni ? Oui. Son état portait un nom parfaitement connu des humains, même par ceux de l'époque du vivant de la Lare.
Le déni de grossesse.
Les paupières closes, elle refoula les larmes qui menaçaient de poindre, risquant de laisser la panique la submerger. Ses symptômes n'avaient laissé aucun doute, selon Blanche : elle était enceinte. Mais refusant la réalité, son corps avait fait en sorte de dissimuler les signes physiques. Aussi, maintenant qu'elle savait, maintenant qu'elle n'avait plus d'autres choix que de se confronter à la réalité, son ventre s'arrondissait. Preuve flagrante d'une grossesse avancée.
D'une vie, fragile et unique, grandissant en son sein. À elle, une assassin en puissance, une femme qui ne connaissait uniquement la guerre et le sang.
-Rika ? Par tous les saints !
Barbatos la soutint au moment où elle chancelait, submergée par l'ampleur de sa situation. Il l'aida à s'asseoir, la mine inquiète. Par chance, ni Morten ni Silke ne se manifestèrent. Mais avoir l'ange dans ses pattes, à cet instant, ne la ravissait pas particulièrement.
-Que comptes-tu faire ? demanda-t-il, à assis sur ses talons devant elle. Tu ne peux pas rester dans cet état. Pas seule.
-Je suis parfaitement au courant, espèce d'emplumé, grinça-t-elle en se redressant.
Par chance, son mauvais caractère lui donnait une force insoupçonnée. Marchant de longs en large, elle réfléchit à toute vitesse, sous son œil vigilant. Elle ne savait absolument pas comment gérer cette grossesse. C'était la première fois depuis des siècles qu'une Némésis tombait enceinte hors des programmes de reproduction de Lucifer, aussi ne savait-elle pas tout à fait comment les choses allaient se dérouler.
Elle s'arrêta, pour fixer son ventre.
Un rugissement retentit dans le Havre.Bon sang. Ce n'était vraiment pas le moment !
Les poings serrés, elle descendit sur la place, où les enfants jouaient. Un Géant tentait de se former malgré les barrières magiques, son visage à moitié sortit du sol, son bras tentant d'attraper certains des jeunes Némésis. La colère flamba en elle. Morten et Silke arrivaient déjà en courant, à moitié réveillé. Les choses étaient difficiles pour eux, en ce moment. Elle en avait conscience.
Et cela n'améliora en rien son humeur.
Son pouvoir se répandit autour d'elle, à une vitesse telle que Fenric le loup sauta sur le Géant la seconde suivante. Elle n'eut pas même besoin de se déranger. Il se rua dans la cavité crânienne de son adversaire, sectionna le fil de pouvoir d'un coup de dent précis. Tout s'effondra en un tas de pierres inanimées, tandis que Morten la fixait avec des yeux ronds, à l'instar de sa sœur.
-R... Rika ? bafouilla-t-il en pointant son ventre du doigt.
-Ce n'est pas le moment de me faire chier, cingla-t-elle en continuant sa route.
*
Ils étaient assiégés.
Depuis l'aube, le Clan Ferguson était attaqué sans relâche par les sbires de Lucifer, avec à leur tête une blonde hargneuse, qu'il lui semblait connaître. Elle rugissait des ordres aux Géants de Pierre venus en finir avec les alliés d'Exil, des démons se faufilant entre eux pour se heurter aux rangs des métamorphes, et ainsi les empêcher de grimper dans le crane des colosses.
Les rugissements de guerre emplissaient le vallon, tandis qu'une forte odeur de sang imprégnait l'air, accompagné du fracas des armes s'entrechoquant dans une pluie d'étincelles. Au milieu des siens, Fergus hurlait des ordres, sans s'arrêter de combattre. Ses hommes étant mêlés aux démons, il ne pouvait plus prendre sa forme de dragon, sans risquer de blesser les siens.
Sa lame trancha la panse d'un démon à tête de chien, tandis que Milan, sous sa forme de Minotaure, chargeait un autre. Une main de pierre s'abattit à côtés d'eux, fauchant au passage un Ferguson. Par chance, il n'eut qu'une jambe brisée, mais Fergus se rua en avant pour le protéger. Vladimir arriva en courant pour évacuer le blessé. À l'arrière garde, Hell soignait les blessés, le plus vite possible.
Dans le chaos ambiant, nul n'avait eu le temps de prévenir Exil de ce qui se passait. Tout du moins, Fergus avait été dans l'incapacité de le faire.
Furieux, il se jeta sur la main du géant, pour remonter le long de son bras titanesque. La tête de pierre se tourna vers lui, le visage millénaire tordu par la colère. Il tenta de l'expulser telle une mouche, mais il s'arrêta juste à temps. Le bras se remit à la verticale, menaçant de le faire tomber sous le choc de la gravité.
Sans se laisser démonter, Fergus déploya ses ailes de cuir rouge, pour se ruer dans le crâne du géant. Sa lame sectionna la vie du géant, et il dut sortir à toute vitesse. Il n'atterrit pas par hasard : avec un rugissement de fureur, il percuta la blonde, la chef de l'attaque. Elle émit un couinement, surprise de cette attaque aérienne. Autour d'eux, les démons se précipitèrent pour lui venir en aide, mais les Ferguson dotés d'ailes se précipitèrent pour le protéger.
-Maudit Clan ! siffla la blonde en se redressant, la joue en sang. Je vous détruirai jusqu'au dernier !
Cela ressemblait fort à une revendication personnelle. Pourtant, il ne prit pas le temps de poser de questions. En grande partie à cause du poing gigantesque qui l'envoya valser dans les airs. Le choc lui fit survoler la bataille, pour s'écraser contre le bâtiment du Clan. Sonné, il retomba sur le sol, laissant un cratère dans le mur. À quatre pattes, il secoua la tête, cherchant à reprendre quelque peu ses esprits.
-Ils commencent à me fatiguer, ces têtes de roche, râla quelqu'un, à ses côté.
Il reconnut aussitôt ce timbre. Rika se trouvait non loin de lui, environnée d'une brume qui, pour une fois, était de bon augure. Il ne pouvait voir son visage, mais sa mauvaise humeur était évidente. Par tous les diables, que fichait-elle là !?
Ses Ancêtres apparurent à une vitesse spectaculaire, surgissant en plein milieu des rangs ennemis. Des loups, des faucons, des cerfs, des ours, des centaines de métamorphes de brume se heurtèrent aux démons, dont les hurlements retentirent aux oreilles de Fergus.
-Rika la Némésis est parmi eux !
-Fuyez !
-À l'aide !
Les ordres de la blonde retentirent, mais nul ne chercha à les exécuter : face à la démonstration de pouvoir de la Némésis, tous prirent leurs jambes à leurs cous. Seuls les géants n'en eurent pas le temps. Ils s'effondrèrent tels des châteaux de cartes, des formes de brumes surgissant de leurs orbites.
Face à une telle débandade, les Ferguson restèrent cois. Ils avaient rarement assisté à une telle chose. Fergus se remit sur pieds, le dos encore douloureux de son atterrissage forcé. Soudain, le silence s'abattit sur le vallon. Les démons et la blonde avaient disparu, certainement par l'un des portails sauvages donnant sur les Enfers.
-Merci, fit-il à Rika, en s'approchant d'elle. Sans toi, nous aurions vraiment eu du mal à.. à...
Elle venait de se tourner vers lui, avec en avant un argument qu'il n'avait encore jamais vu jusqu'à présent. Un ventre rond tendait désormais son t-shirt, le prenant complètement au dépourvu. Il l'avait vu la veille. Ils avaient fait l'amour la veille. Alors comment pouvait-elle...
-C'est une longue histoire, fit Barbatos.
Il n'avait pas aperçu l'ange jusqu'à présent, mais il ne le vit pas plus en cet instant. Bloqué sur le ventre de Rika, il cligna plusieurs fois des paupières, cherchant une explication logique à cette brusque prise de poids. Car elle n'avait pas « grossi » au sens calorique du terme. Cela ressemblait foutrement à...
-Regarde-moi dans les yeux, crétins de dragon, cingla-t-elle.
Il se fit violence pour y parvenir. Ses iris, noirs, l'accusaient nettement, mais de quoi ? Sonné, il eut l'impression de se retrouver comme par magie dans son salon, laissant Hell se débrouiller avec le reste du Clan.
Seul avec Rika et Barbatos, il se passa ne main sur la nuque, contractée au possible. Un silence pesant régnait sur la pièce, tandis qu'aucune des personnes présentes ne parvenait à ouvrir la bouche.
C'était évident. Vu son état, Rika était certainement venu mettre un terme définitif à leur relation. Après tout, il n'était là que pour son apprentissage des choses du sexe. Et au vu de son ventre proéminent, elle avait clairement su mettre les choses en application. Avec un autre que lui.
-Je...Heu... Je suppose : félicitation, commença-t-il en lui adressant un sourire rassurant. Morten doit être fière.
Elle plissa les paupières, visiblement sur le point de le gifler. Qu'avait-il donc fait ? Incapable de rester en place, il se redressa. Il avait dit cela le plus calmement possible, mais bon sang, une envie de violence démangeait ses poings. Morten... Il comprenait mieux la raison de son attaque, maintenant que...
-Tu n'es vraiment qu'un crétin, Fergus Ferguson, cingla-t-elle. Morten est mon frère, pas mon amant.
L'air de rien, Barbatos consulta son téléphone, apparemment bien décidé à faire comme s'il n'entendait rien. Lui, en revanche, fut fichtrement soulagé, et surpris, d'apprendre la nouvelle.
-Oh... Heu... Je ne savais pas, désolé.
Il y eut un nouveau silence, durant lequel la Némésis le fixa, comme s'il était le dernier des imbéciles.
-Je... Heu... Connais le père ? demanda-t-il à tout hasard.
Cette fois-ci, elle écarquilla les yeux, n'en croyant pas ses oreilles.
-Je connais le père ? Je connais le père !? C'est tout ce que tu trouves à me dire !? explosa-t-elle en se dressant d'un bond.
Fergus fixa de nouveau son ventre, avant de revenir à son visage, sourcils froncés. Pourquoi se mettait-elle dans une telle colère ? Ha oui... Il devrait peut être précisé.
-Évidemment. Ce ne peut pas être moi.
-Ha oui !? Et pourquoi, hein !?
-Parce que je suis stérile, Rika !
Elle éclata d'un rire cynique, ce qui le fit hausser un sourcil. Puis, contre toute attente, elle s'empara de sa main, pour la poser d'autorité sur son ventre. Il sursauta presque en sentant quelque chose, en elle, remuer.
-Tu es le seul homme avait qui j'ai fait l'amour, Fergus Ferguson. Alors a ton avis, qui est le père de mon enfant ?
Complètement statufié, il fixa sa main sur elle. Il chercha du regard Barbatos, dont le hochement de tête le rendit un peu plus confus. Puis Rika, qui semblait se retenir de le cogner si fort que ses idées se remettraient en place. Ce fut l'enfant en son sein qui donna un coup, dans sa main. Contre toute attente, il tourna de l'œil.
*
Il ne dut pas rester inconscient très longtemps, car il revint à lui au son de l'hilarité de Barbatos, penché au-dessus de lui. Un téléphone à la main, il le filmait ou prenait une photo de lui, les larmes aux yeux tant il riait.
-Le grand Chasseur de Démon, qui tombe dans les pommes comme une donzelle ! s'exclama-t-il. Tout un mythe qui s'écroule !
Il l'empoigna par le devant de son t-shirt, pour lui décocher un coup de poing l'envoyant valser au loin. Assise sur le fauteuil, Rika gardait les deux mains sur son ventre, les yeux plissés à son intention. Méfiante. Déçue.
Fergus la considéra, son cœur battant de nouveau la chamade. Sans un mot, il vint s'agenouiller devant elle. Il posa ses doigts près des siens, et, paupières fermées, il attendit. Un signe ? Peut-être. Il n'osait y croire. Il savait que Rika n'était pas du genre à se donner au premier venu, et Morten était visiblement son frère. Mais... La Malédiction du Clan était bien réelle. Il ne mentait pas. Depuis leur transformation, les Fergusons n'avaient pu enfanter. Puis il se souvint de Svenn. Son cousin, né il y avait vingt ans à peine.
L'enfant à naître donna un nouveau coup, sous sa paume. Le souffle coupé, il croisa de nouveau le regard de Rika. Alors, il reconnut sa peur. La peur d'être seule, la peur d'être mère, la peur de l'avenir. Celle de ne pas être crue.
Lorsqu'il la prit dans ses bras, elle mit un long moment à se détendre. Mais finalement, elle lui rendit son étreinte, enfouis son visage dans son torse. Pour une raison inconnue, elle était enceinte. De lui. Elle allait être la mère de son enfant. De leur enfant. Elle.
Il la serra un peu plus étroitement contre lui, son cœur battant à tout rompre.
Jamais, au grand jamais, il n'aurait imaginé une telle chose.
*
Tout comme les autres, Svenn avait vu arriver le ventre rond de Rika avec stupéfaction. D'ailleurs, il n'en revenait toujours pas. Comment pouvait-on doubler de volume à une telle vitesse ?
Assis sur le rebord de la fontaine, il fixait la porte de Fergus, dans l'expectative. Son instinct lui criait qu'il y avait un souci. Tout autour de lui, le Clan se remettait de l'attaque, avec l'aide de Hell. Épuisée, la Pheonix vint s'installer à ses côtés, une bouteille d'eau à la main.
Soigner les Ferguson était l'un de ses devoirs. Une obligation, même, s'il écoutait les maudits égoïstes qui garnissaient les rangs du Clan. Depuis qu'il avait eu connaissance de la malédiction, il comprenait mieux. Si l'un mourait, rien ni personne ne pourrait venir le remplacer. À chaque mort, c'était une partie de l'avenir des Fergusons qu'ils enterraient.
-Tu as fait du bon boulot, lança Hell, après avoir vidé la moitié de sa bouteille d'eau. Tu n'as pas perdu le contrôle de toute la bataille.
Il sourit, en dépit de son pincement au cœur.
-Cela est toujours insuffisant pour approcher Silke.
-Chaque chose en son temps, mon grand. D'abord, tu dois pouvoir tenir durant le mariage de Blanche.
Le mariage ! Bon sang, il avait complètement oublié ! Lors de sa dernière venue, la lare avait bien insisté pour qu'il soit présent. Par chance, elle ne lui avait pas demandé d'être son témoin. Il n'aurait jamais supporté une telle pression sans se transformer. Par contre, il risquait fortement de croiser Silke, durant la cérémonie. Elle était obligée d'y assister. Blanche était comme une mère, pour elle.
Silke... Son cœur se serra de nouveau. Il l'avait entraperçu. Il devrait en être heureux, car il s'agissait de beaucoup plus que ce qu'il avait eu ces dernières semaines. Mais cela équivalait à donner une unique gorgée d'eau à un assoiffé. Il avait besoin de plus, de beaucoup plus.
Il prit une profonde inspiration, tremblante. Le dos de sa main commençait déjà se modifier, à cette simple penser. Il n'était vraiment pas prêt pour une confrontation.
*
Bon. Sa vie changeait, elle en était parfaitement consciente. Mais bon sang, elle n'avait aucune envie d'en arriver à une telle extrémité !
Face à Fergus, Rika le fixait avec une hésitation allant du soulagement à l'envie de l'étrangler. Il voulait qu'elle reste. Là. Au milieu d'un Clan qui n'était pas le sien, avec une greluche qui se prenait pour le centre du monde et l'avait insulté au vu et au su de tous. Il y aurait un meurtre avant la fin de sa grossesse.
-Je prends ton regard pour un non, fit Fergus, avec un sourire un peu contrit.
-Écoute, tu es peut-être le père de cet enfant, mais ça reste mon corps, j'irais où je voudrais. Je n'ai pas autant travaillé sur le Havre des Cimes, pour me retrouver bloqué au milieu de métamorphes belliqueux.
-Tu parles de Bélinda, c'est cela ?
Rika se redressa, une main sur son ventre, contrariée. Bélinda.
-Oui. C'est elle, n'est-ce pas ? Celle qui t'a aidé à te transformer, la toute première fois ?
Il haussa un sourcil surpris. Installé sur le fauteuil, il avait tout d'un top-modèle humain, avec un style ours des plus sensuel.
-Tu sembles bien au courant des choses du Clan.
-Barbatos est très loquace, depuis hier, cingla-t-elle. Et il est évident que Bélinda a envie d'être la chef du Clan avec toi. Je ne prétends pas t'obliger à rester avec moi à cause de notre enfant. Fais ce que tu veux, retourne à ses côtés et mène la vie idéale que tu recherches.
Cette remarque le fit plisser les paupières, l'air soudain contrarié. Oh. Elle avait peut-être touché une corde sensible.
-Me prétendrais-tu pour un goujat ? Je ne suis pas du genre à me pavaner au bras d'une autre femme sous le nez de celle que j'aime.
-Que veux-tu dire ?
Il se passa une main sur le visage, las. La nouvelle l'avait vraiment secoué. Autant qu'elle la veille. Pourtant, elle cheminait en lui, progressant vers une acceptation qui semblait presque lui faire plaisir.
-Bélinda n'est rien pour moi, Rika. Tu peux en être certaine.
-Tu m'en vois ravie. Mais tu sais très bien ce que je veux dire. Nous ne sommes pas destinés à être ensemble, Fergus. Mais par cet enfant, nous serons contraints de nous côtoyer. Pas de nous aimer.
Il la fixa, sans mots dire. Elle en fit de même, mais, n'y tenant plus, elle se dirigea vers la porte, à grandes enjambées. Elle était venue lui en parler, non ? C'était déjà une grande avancée, on ne pouvait pas lui en demander plus.
Contre toute attente, il ne resta pas en arrière. Elle ne savait pas ce qui l'avait interpellé dans ses paroles, mais cela le travaillait. Pourtant, il resta à ses côtés, jusqu'à la fontaine. Tous les membres du Clan, en dépit de l'attaque, la fixèrent, les yeux aussi ronds que son ventre. Elle n'en tint pas compte. Ce n'était vraiment pas le moment d'annoncer une grossesse à un peuple frappé par une malédiction de stérilité.
-Tu veux déjà rentrer ? demanda le Séraphin, avec un coup d'œil pour Fergus.
-Oui. J'en ai fini ici, déclara-t-elle en lui attrapant la main, afin qu'il la transfert directement au Havre.
-Rika.
Elle jeta un coup d'œil à Fergus, dont le visage était impénétrable. Ferme, virile. L'image même du chef de Clan.
-Ne reste pas loin de moi, s'il te plaît.
Cette demande, si simple soit-elle, forma un nœud dans sa gorge. Peut-être était-ce à cause de sa façon de le dire ? Ou de l'éclat fugace qu'elle crut lire dans son regard. Elle ne savait pas, mais en arrivant chez elle, elle se sentait mal.
-Tu peux rentrer chez toi, Barbatos.
-Tu es certaine ?
Elle hocha la tête, livide.
-Oui. J'ai besoin d'être seule.
Il ne posa pas plus de questions. Rika observa le grand palais, où elle percevait les éclats de rire des enfants Némésis, en train de jouer avec Morten, Silke et les Ancêtres. Elle se tourna vers la magnificence des montagnes, inspira profondément. Elle ne sentit le changement d'atmosphère qu'au dernier moment.
-La rumeur était donc vraie.
Une main enserra brutalement sa gorge, des griffes se plantèrent dans ses chairs, l'empêchant de crier. Les brumes se rependirent à ses pieds, mais le poids de sa propre malédiction s'abattit sur elle. Une douleur sourde se propagea dans son corps, court-circuitant toutes ses capacités à s'enfuir. Une seule personne pouvait produire cet effet sur elle.
Lucifer lui adressa un sourire cruel, ses yeux jaunes brillants de plaisir à la perspective de son supplice. Son visage couturé de cicatrices était illuminé par le soleil des Alpes.
-Rika ? Rika !
Un bruit de cavalcade. Silke ? Non, pas elle, par tous les dieux, ce n'était pas le.... Lucifer éclata d'un rire sinistre. Rika tenta de se débattre, d'appeler quelqu'un. Ou d'atteindre son téléphone, pour avertir Fergus.... Enfin, non Barbatos, il serait le plus à même de... Une gifle retentissante la sonna. La douleur se propagea en elle, majorée par son envie de meurtre envers Lucifer. Elle voulait se battre. Elle voulait en finir avec ce monstre, lui faire payer tout ce qu'il avait fait ! Elle déploya tout son pouvoir, faisant fi de sa souffrance, tentant de faire ployer sa malédiction face à sa volonté. Des larmes de sang roulèrent le long de ses joues. Lucifer sourit, tandis qu'en arrière-plan, Silke hurlait de douleur.
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