Chapitre 8 : Une Histoire de Clan
Svenn fixait son miroir vide d'images, l'esprit ailleurs, lorsque Fergus arriva. Il avait tenté de voir Silke une nouvelle fois, mais il y avait des interférences. Depuis qu'elle avait rencontré cet homme au bandeau, il avait de plus en plus de mal à la trouver. En vérité, il n'avait pas pu la voir du tout. Et cela lui brisait le moral. Pourtant il devait s'estimer heureux, non ? Depuis l'affaire des Géants, une semaine plus tôt, ils n'avaient plus subi d'attaque.
-Nous devons parler.
Autant dire que l'entrée en matière du dragon n'arrangea pas les choses. Toute discussion commençant par cette phrase annonçait une catastrophe.
-De Rika ? proposa-t-il en abandonnant la contemplation du miroir.
-De... Non, non, pas du tout, fit Fergus, médusé par la question. Je voudrais d'abord t'expliquer quelque chose. Enfin, te raconter une histoire.
Il n'était pas particulièrement emballé, ce que son aîné dû voir. Pourtant, il continua sur sa lancée, assis sur son lit, les doigts entrelacés. Svenn fronça les sourcils. Il semblait nerveux. Fergus dégageait très rarement cette impression. Même lorsqu'il lui avait annoncé qu'il devrait rester ici jusqu'à la maîtrise de ses pulsions, il n'avait pas eu l'air si tendu.
-Il y a fort longtemps, le Clan des Fergusons était craint par tous. Vikings dans l'âme, ses membres participaient à bon nombre de guerres, et principalement contre les démons, qui ravageaient la surface de la Terre en cette époque reculée. Un jour, la fille du chef de clan périt des mains de Lucifer.
Blanche ? Il parlait bien de Blanche. Concentré, Svenn se réinstalla dans son fauteuil. Il ne s'était pas attendu à ce genre de discussion. Pourquoi... Pourquoi Fergus abordait-il le sujet, maintenant ? Le passé de sa sœur ne le concernait pas vraiment.
-Ce jour-là, le Clan jura devant les dieux de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour venger cette guerrière. Les dieux leur donnèrent le seul don susceptible de leur faire atteindre leur but : d'humains, ils devinrent des métamorphes, dotés des formes des créatures les plus terrifiantes du bestiaire de ce monde.
Fergus se passa une main sur la nuque, les rivés sur le sol. Son récit lui coûtait. Les souvenirs, réalisa Svenn, pesaient lourd sur ses épaules. Peut-être se sentait-il responsable de ce qui se passait, aujourd'hui ?
-La découverte des nouvelles capacités du Clan fut difficile. Mon père, le chef à l'époque, avait un comportement de barbare. Il usa de ces compétences non pas pour se venger de Lucifer, mais pour gagner du pouvoir sur l'humanité. Il nous gouvernait avec cruauté. C'est probablement ce qui a poussé mon oncle à partir.
Il soutint le regard de Svenn, devenu incapable de respirer. Non...
-Mon oncle se nommait Vassili. Il était l'un des plus grands guerriers de son époque, et était devenu un métamorphe lui aussi. Quand il est parti, nul ne la plus jamais revu.
Vassili. Par tous les dieux ! C'était le prénom de son père. Le cœur battant la chamade, il se redressa, pour faire les cent pas dans sa chambre.
-Attend... Tu... Tu veux dire que mon père est ton oncle !?
-Effectivement. Il a vécu jusqu'à notre époque, ou du moins, jusqu'à ta naissance. Par je ne sais quel miracle, il a échappé à la malédiction.
La malédiction ? Quelle malédiction !? Non, ce n'était pas le moment de poser cette question. La plus importante était...
-Tu es mon cousin !?
-Effectivement.
-Mais c'est impossible ! Enfin tu... On... Que... Comment !?
Fergus secoua la tête, l'air désolé.
-Si j'avais su mon oncle vivant, si j'avais su qu'il était capable d'avoir des enfants, je t'aurais cherché jusqu'au bout du monde, Svenn. Malheureusement, je n'avais pas ces connaissances.
Un silence stupéfait, pour le jeune homme, s'installa entre eux. Finalement, ce fut lui qui reprit la parole.
-Je... Heu... Comment ça, être capable d'avoir des enfants ? C'est en rapport avec la malédiction ?
-Effectivement, soupira Fergus en se redressant, le dominant de toute sa taille. Elle s'est abattue sur le Clan suite aux exactions de mon père. C'est aussi la cause de la triste vie de ma sœur. Si l'un d'entre nous meurt, nul ne pourra venir le remplacer.
-Je ne comprends pas, souffla Svenn, alors qu'une idée terrible germait dans son esprit.
-Nous sommes maudits, cousin. Nous ne sommes pas autorisés par les dieux à avoir des enfants. Nous sommes tous stériles.
Ils se regardèrent, la vérité s'installant lentement entre eux. Son cousin. Sa famille. Il avait toujours une famille, qui ne soupçonnait même pas son existence, à cause d'une malédiction les condamnant pour l'éternité. Et pourtant, lui était né, de l'amour d'un Ferguson en fuite et d'une métamorphe normale.
-Désolé pour tout ça, fit le dragon. Je...
-Fergus Ferguson, ça fait une heure que je te cherche ! beugla Barbatos en apparaissant soudain entre eux. On a une réunion d'urgence en Exil !
Le Séraphin ne parut pas même voir l'ambiance délicate pesant sur la chambre. Il empoigna le métamorphe par son t-shirt, pour disparaître instantanément. Svenn, soufflé par la scène, fixa le vide, à l'instar de son terne miroir.
Mince. Il aurait bien aimé y aller, à cette réunion.
*
La nouvelle frappa Rika, plus fort encore que le poing d'un Géant dans le Havre des Cimes. Les attaques étaient quasiment journalières, depuis une semaine, ce qui ne facilitait pas sa vie. Sans l'aide de Silke et Morten, elle n'aurait jamais été en mesure de protéger les enfants. Oui. Elle n'aurait pas pu. Un comble !
Depuis trois jours, ses pouvoirs avaient tendance à lui faire défaut. Ses Ancêtres peinaient à apparaître autour d'elle, et quand bien même, cela lui causait une peine terrible. Elle était malade, peut-être ?
C'était la raison de sa présence en Exil. Dans la maison même de Blanche, alors que la lare se rapprochait de son mariage. D'ailleurs, elle semblait légèrement paniquée à son arrivée, comme si la perspective la ravissait autant qu'elle la terrorisait. Toutefois, Rika n'avait pas le choix. Pour avoir vécu longtemps dans le château de Lucifer, aux côtés de plusieurs générations de Némésis, Blanche était la mieux placée pour savoir ce qui lui arrivait. Et comme son pouvoir était défaillant, elle n'osait invoquer ses Ancêtres pour savoir de quoi il en retournait.
Maintenant, elle le savait. Et la nouvelle la choquait au plus haut point.
Le teint de Blanche était devenu livide lui aussi, et lorsque Barbatos revint dans la maison, elles n'avaient toujours pas bougé. En vérité, Rika l'entendit à peine. Il était accompagné, semblait-il, mais le regard dans le vide, elle n'y prêta pas attention.
-... ka ? Rika, tout va bien ?
La voix, chaude et douce, lui fit l'effet d'un électrochoc. Sonnée, elle leva la tête vers Fergus. Agenouillé devant elle, il l'observait, l'inquiétude perçant dans son regard. Il caressa sa joue. Humide ? Était-elle réellement en train de pleurer ?
-Tu te sens d'en parler ? demanda-t-il.
Barbatos et Blanche avaient disparu, les laissant seuls. Quand bien même, la Némésis de s'en aperçut pas. Les larmes roulèrent sur ses joues, incontrôlables. Elle ne voulait pas céder face à lui ! Elle ne voulait pas de cette image de femme faible ! Il était arrivé au mauvais moment. Après une telle nouvelle, elle ne pouvait pas... C'était juste...
Les bras du métamorphe autour d'elle furent de trop. Elle s'agrippa à lui telle une naufragée, un unique sanglot déchirant sa gorge. Il la serra un peu plus contre lui, son souffle contre son oreille.
-Rika ?
Non. Elle n'avait vraiment pas envie de parler en cet instant. Le baiser qu'ils échangèrent avait le goût de larmes, mais cela ne les arrêta pas. Fergus lui répondit avec une ferveur ardente. Sans poser de questions, il lui donna la seule chose dont elle avait besoin en cet instant : lui, de manière inconditionnelle.
*
Silke sauta en arrière, évitant de justesse le poing qui se fracassa au sol. Le Géant projeta des millions d'éclats de pierre autour de lui, ébranlant la montagne elle-même. Le souffle court à cause du froid, la neige lui arrivant à mi-mollet, la Némésis maudit ces fichues créatures.
Morten et elle parvenaient de justesse à protéger le Havre des Cimes. En vérité, sans les sortilèges de protections implantés partout dans la forteresse, les géants se seraient certainement frayé un chemin depuis longtemps. Mais maintenus à l'extérieur, elle et le métamorphe affrontaient ces colosses sur une crête neigeuse, celle-là même où une folle l'avait attaquée pour avoir des informations sur Svenn.
-Sur ta gauche !
-Je fais ce que je peux, sale borgne !
L'une des lamies l'attrapa par la taille, l'arrachant à la gangue de neige qui l'empêchait de bouger... Pour la projeter sur le poing du Géant. Elle courut sur les blocs de roches animés par une vie magique. Tout en grimpant, elle s'aperçut que les deux autres colosses cernaient Morten, sans parvenir à l'attraper. S'il ne pouvait pas atteindre la tête, il allait finir par se faire avoir !
Ni une, ni deux, Silke plongeant dans la cavité oculaire de son adversaire. Elle dégringola à l'intérieur, cul par-dessus tête, et manqua se heurter à la boule de pouvoir tenant lieu de cerveau. Bon sang, elle n'avait vraiment pas l'habitude d'affronter ces créatures ! Rika était la spécialiste, pas elle !
Le cordon tranché, elle se précipita vers la sortie. Alors que le géant tombait face contre terre, elle se jeta par son orbite vide, priant pour que la couche de neige soit suffisamment épaisse pour amortir le choc. Elle s'y enfonça avec un « blouf » sourd. Malheureusement, elle vit l'un des deux géants restant se tourner vers elle, avec un grondement semblable à une craie sur tableau noir. De la tristesse pour la perte de l'un de ses proches ? Elle n'en avait aucune idée, mais elle appela l'un de ses Ancêtres pour l'aider à sortir de son trou, profond d'au moins trois mètres. Trop lentement... C'était trop lent, il allait...
Encore à moitié dans la neige, elle voyait la gigantesque main de grès s'abattre sur elle. Elle allait y... Une main l'attrapa par sa doudoune, pour la projeter plusieurs mètres plus loin. Elle poussa un glapissement de surprise, car ce n'était ni son Ancêtre ni Morten, toujours aux prises avec l'autre créature. Roulant sur elle-même, elle se prépara à se battre... Mais ce qu'elle découvrit, ce fut une silhouette d'un blanc pure. Elle remontait telle une fusée sur l'avant-bras du géant, pour disparaître en une fraction de seconde dans son cran. Les grandes mains de rocs se levèrent vers le visage de pierre, pour tenter de chasser l'importun, mais il était trop tard.
Il s'effondra tête la première dans la neige, tandis que la forme blanche sautait, avec une élégance hors norme. La bouche ouverte, Silke l'observa, tandis que Morten en finissait avec son géant.
-Hé ! Appela-t-elle.
La silhouette se tourna vers elle, encapuchonnée. Entièrement vêtu de blanc, il devait s'agir d'un homme. Trop loin pour qu'elle puisse distinguer son visage, il se détourna... Et ouvrit une porte des Enfers, d'un simple geste de la main. Il y disparut, sans un regard en arrière, sans un mot de plus.
Soufflée, elle resta plantée là, la bouche ouverte. Morten la rejoignit, en retirant la neige de son col.
-C'est un de tes collègues ? demanda-t-il, à peine essoufflé par le combat.
-Non. Je croyais que c'était un des tiens.
-Je n'ai aucun collègue, moi.
Tous deux, ils fixèrent l'endroit où avait disparu la mystérieuse silhouette blanche. C'était quoi, ça, encore ?
*
Bon. Par chance, Blanche ne lui tenait pas rigueur pour ce qui s'était passé dans son salon. Avec ce qu'elle venait de lui annoncer, c'était une chance, car elle se sentait exténuée. Mais certaine de ses positions : quoi qu'il lui arrive, personne d'autre ne devait être au courant.
Juste Barbatos, qui eut la gentillesse de la raccompagner au Havre des Cimes. En se rendant en Exil, ce jour-là, Rika n'aurait jamais pensé revenir avec le Séraphin, et encore moins dévoiler la forteresse à ses alliés. Contrainte d'en discuter avec le Bourreau, ils avaient convenus d'un accord : s'il y avait du grabuge, elle n'avait qu'à appeler. Ce qu'elle ferait uniquement aux portes de la mort, bien entendu. Cela lui avait été déjà assez difficile de demander de l'aide, alors les contacter parce qu'elle ne pouvait pas gérer la situation ? Il faudrait laisser les Géants percer leurs défenses, pour en arriver là !
D'ailleurs, Morten et Silke étaient couverts de neige lorsqu'elle apparut sur la place du Havre. Ils sursautèrent en les voyant, déjà prêts à se battre. En reconnaissant le Séraphin, la Némésis poussa un petit cri de joie.
-Barbatos ! Comment ça va !?
-Bien, et toi ? Blanche s'inquiète, tu sais ?
-Désolée, c'est qu'il y a beaucoup à faire ici...
-Rika ! s'exclama Morten, en leur fonçant dessus. Tu peux me dire pourquoi un nouvel intru se trouve ici !?
Ha oui. Elle n'avait pas tenu au courant son frère de la situation. Elle ne le ferait pas, d'ailleurs.
-Tu ne serais pas le borgne qui fait les yeux doux à Holly Damon ?
La question prit le métamorphe au dépourvu, qui ouvrit la bouche, la referma, sourcils froncés. L'ange lui fit un sourire démoniaque, apparemment très content de son effet. Cela devait être vrai, car elle crut voir les joues de son frère rougir légèrement.
-Holly n'avait pas pu nous en parler, à cause des attaques de Lucifer, mais en un mois elle s'est rattrapée. C'est donc pour cela que tu voulais ses cours ? Pour les enfants Némésis ?
-Tu lui as tout raconté !? s'exclama Morten.
-C'est compliqué, soupira-t-elle, soudain las. Ne pose pas de questions, s'il te plaît.
-Je vais rester avec vous pour les prochains jours, ajouta Barbatos, avec un grand sourire.
Cette fois-ci, les trois le fixèrent, sidérés. Il n'en avait pas parlé à Rika. Pourquoi faisait-il cela ? À cause de sa condition ? Bon sang, elle n'avait vraiment pas besoin d'un chaperon. Elle pouvait très bien se débrouiller seule ! Mais face aux autres, elle ne pouvait pas s'y opposer, sans risquer de se dévoiler. D'ailleurs, il le savait. Maudit manipulateur... Comment diable pouvait-il être un ange !?
-Je fais souvent cet effet ! déclara-t-il avec un grand rire hautain. Mais rassurez-vous, je disparaîtrai à la tombée du jour ! J'ai d'autres obligations auprès de Fergus.
-Fergus ? Comment ça ?
-Rien qui ne vous concerne, mes poussins. Allez ! Je vais vous préparer un festin à vous faire péter le bide ! Il y a une cuisine en état de marche, dans le quartier ?
Rika ne put s'empêcher de sourire. Une chose était certaine, avec Barbatos : il vous changeait les idées à la vitesse de l'éclair.
*
Glacé jusqu'aux os, Svenn épousseta la neige de ses bottes. Il claquait des dents, en totale contradiction avec la chaleur automnale régnant sur le Clan. En le voyant arriver, par le portail démoniaque, Vladimir haussa un sourcil suspicieux. C'était sa première sortie, depuis son arrivée ici, et il n'en avait référé à personne. Il allait en entendre parler, c'était certain.
Mais bon sang, après la nouvelle de Fergus, il avait eu un besoin immense de bouger. C'était alors que, dans son miroir, il avait découvert les trois géants face à Silke. Il n'avait pas pus résister. Il pouvait l'aider. Il n'avait pas à hésiter, non ?
Un sourire effleura ses lèvres. Il était parvenu à se contrôler, de justesse. Par chance, il avait évité l'implication émotionnelle en ne s'approchant pas trop de la Némésis. Néanmoins, une démangeaison parcourait son corps, comme si son enveloppe protestait, cherchant à se fendre en deux.
Il regarda sa main, avec un soupir. S'il était resté plus longtemps, la transformation aurait été pire. Pour une première sortie, avec une vision de dix secondes de Silke, il s'en était plutôt bien sorti, non ?
-Alors, comment va-t-elle ?
Son sursaut avait tout de celui du coupable pris sur le fait. Assis à l'ombre d'un arbre, un livre à la main, Fergus l'observait, avec un petit sourire.
-Heu... Je... Vivante. C'est tout ce que j'ai eu le temps de voir.
-C'est l'essentiel.
Il baissa de nouveau le nez sur son livre. Décontenancé, Svenn retira son manteau blanc.
-Tu... Ne m'en veux pas ? Tu ne vas pas me faire la leçon ?
-Si la femme que j'aimais été en danger, crois-moi, j'aurais fait la même chose. Rien ni personne n'aurait pus m'empêcher d'aller la chercher.
Fergus lui fit un petit sourire, creusant une fossette dans l'une de ses joues.
-Et puis, tu t'en es bien sorti, non ?
-Je... Heu... Suppose. Mais si je lui avais parlé, j'aurais certainement perdu le contrôle.
-Chaque chose en son temps, Svenn. D'abord être capable d'être au même endroit. Plus tard, la serrer dans tes bras. Tu devrais déjà lui apprendre que tu es toujours vivant.
Le jeune métamorphe se massa la nuque, mal à l'aise.
-Sans pouvoir la voir ? Mieux vaut rester mort pour le moment.
-Détrompe-toi. Voir la femme que l'on aime, même un court instant, tient du paradis.
-Tu penses à Bélinda, en disant cela ?
-Béli... Non, pas du tout. Pourquoi ?
-Mmh... fit Svenn avec un demi-sourire. Dans ce cas, qui t'a fait connaître ce type d'expérience ?
Fergus fronça les sourcils, ouvrit la bouche, avant de la fermer, sans répondre. Il semblait prendre conscience de quelque chose d'important. Le jeune métamorphe se détourna, avec un sourire. Finalement, peut-être n'était-il pas la seule personne lente d'esprit, en ce bas monde.
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