Chapitre 17 : Un Dragon Comblé
Svenn se réveilla avec une vive douleur aux cotes. Et complètement nu, vu comment le soleil commençait à bruler ses fesses. Un peu perdu, il releva la tête d'un tas de cailloux, des petits graviers plantés dans sa joue.
Où se trouvait-il ? Il se souvenait... De quoi ? Ha, oui... le Clan des Ferguson avait été attaqué. Il était déjà en passe de perdre définitivement le contrôle avant ça et... Cet enfoiré de Barbatos avait fait sauter les derniers verrous de sa conscience, pour le lâcher sur l'ennemi !
Pas étonnant qu'il ai un désagréable gout de sang et de minéral dans la bouche. Écœuré, il se remit debout tant bien que mal. Ha... Oui.
Il se trouvait en haut de la corniche surplombant le Clan.
Comment avait-il atterri ici ? Énervé par son trou noir, il entreprit de descendre la pente, entièrement nu. Lui et sa pudeur, en plus... Depuis son arrivée ici, il passait la majorité de son temps les fesses à l'air ! Il n'en pouvait plus de rougir en permanence !
Il lui fallut une bonne heure pour atteindre les premiers bâtiments du Clan. Au passage, il découvrit les immenses rochers en forme de corps des Géants de Pierre. Tiens, il y avait aussi eu des démons. Il ne s'en souvenait pas, de ceux-là. Avec un peu de chance, cela justifiait le sang qui irritait son palais.
Quoi qu'il en soit, il croisa un certain nombre de Ferguson. Chacun se retourna sur son passage, avec des murmures. Quoi ? Qu'avait-il fait, encore ? Gêné de devoir marcher en protégeant sa nudité, il accéléra le pas. Il donnerait tout pour avoir un pantalon, là, maintenant !
-Tu vas avoir un coup de soleil sur les fesses.
Évidemment. Hilare, Barbatos se posa devant lui, au milieu des membres du Clan. Passant un bras autour de ses épaules, il l'attira rapidement dans ses appartements, afin de le soustraire aux regards étranges.
-Qu'ont-ils ? s'inquiéta-t-il en allant droit dans la salle de bain, pour nouer une serviette autour de sa taille. J'ai tué quelqu'un, hier ?
-Nan. Hier, tu as sauvé le Clan à toi tout seul.
Svenn revint dans la chambre, sourcils froncés. Il avait toujours un gout atroce dans la bouche, mais pour le moment il ne pouvait pas se brosser les dents. Barbatos avait l'air trop sérieux pour cela.
-Bien sûr que non. Tu étais là. Hell aussi, ainsi que tous...
Le Sérpahin secoua la tête.
-Non. J'ai transféré Hell en Exil dès ta transformation, et moi j'ai dû partir en urgence au Havre des Cimes.
-Je... Je ne comprends pas.
-C'est toi qui as détruit tous les Géants de Pierre et les démons qui gisent là bas, lui expliqua lentement l'ange. C'est pour cela que les Ferguson te regardent bizarrement.
-Heu...
-Parce que tu es aussi puissant que Fergus. Et du coup, toutes les donzelles libres vont te proposer de les culbuter puisqu'en plus, tu es le premier Ferguson à être né. Alors, heureux, mon grand ? Tu as un harem à tes pieds !
Mais alors là... Pas du tout. Il n'était pas heureux du tout.
Car avec un tel jeu de massacre, comment allait-il pouvoir approcher Silke ?
*
Assise aux côtés du berceau, après avoir été remise sur pieds par Hell, la jeune maman contemplait sa petite fille avec émerveillement.
Certes, la moitié du Havre était détruit. Certes, Blanche avait animé une armée d'ustensiles pour tout remettre d'aplomb, voir même mieux qu'avant. Certes, son propre frère avait vu la naissance de trop près à son gout.
Mais tout cela ne changeait rien au fait que sa fille était là, bel et bien vivante.
Sa minuscule petite main s'était refermée sur son doigt, avec une confiance absolue. Des petits cheveux noirs ornaient sans tête ronde, duveteuse. Ses traits frôlaient la perfection...
-Elle est superbe.
De l'autre côté du berceau, Fergus lui fit un grand sourire. Lui aussi n'avait pas quitté leur fille des yeux depuis la naissance. Enfin, si. De temps à autre, il lui adressait un regard de pure adoration qui la mettait franchement mal à l'aise.
-J'ai du mal à croire qu'elle ait pu rentrer dans mon ventre, remarqua-t-elle.
-Les mystères de la nature...
Une joue sur le côté du berceau, elle lui sourit tendrement.
-Tu sais que tu es plutôt fertile, pour un homme censé être stérile ?
Il grimaça.
-Rika, arrête... Une fois que j'ai compris que la malédiction était levée, je n'ai pas mis ta parole en doute.
-Ha, ricana-t-elle. Tu reconnais ta paternité ?
Ils regardèrent de nouveau leur fille. À n'en pas douté, elle avait hérité de certains de ses traits. Rika espérait surtout qu'elle soit dotée de l'intelligence, de la douceur et de la perspicacité de son père. Son père...
-Oui. Je reconnais ma paternité et tout ce qui va avec. Tu... Comment allons-nous l'appeler ?
Elle apprécia le « nous ».
-Je ne sais pas... Je n'ai pas trop eu le temps d'y réfléchir.
-Mmh... Que penses-tu de Sunniva ?
Sunniva ? Elle fixa le petit bout au fond du berceau. Est-ce que Sunniva lui irait ?
-Cela veut dire « don du soleil », pour nous nordique.
Don du soleil... Cela lui parut tout à fait approprié. Elle caressa la tête de sa fille, un doux sourire aux lèvres.
-Sunniva... Oui, Sunniva, cela me va tout à fait. Ma petite Sunniva...
*
Fergus ne se lassait pas de contempler sa fille et Rika. Elle avait pris la petite dans ses bras pour lui donner le biberon –la Némésis refusait de lui donner le sein, car au moins le biberon, elle pouvait le poser pour saisir une épée-. Une scène qu'il n'aurait jamais cru pouvoir voir un jour.
-Fergus ?
-Mmh ?
Elle lui tendit Sunniva. Il resta figé devant elle.
-Quoi ?
-Tu es son père, fit-elle doucement. Tu as le droit de la prendre dans tes bras toi aussi.
Il fixa cette petite vie si fragile, soudain anxieux. Rika ne lui donna pas le choix. Elle lui mit sa fille dans les bras, avant de l'aider à positionner le biberon dans sa bouche. Ses yeux noirs grands ouverts, la petite happât le bout de la tétine avant de se mettre à téter gaiement. Elle ne quittait pas son père du regard.
-Tu triches, déclara-t-il. Avec tous les enfants du Havre, tu t'es entrainée bien avant moi.
-Tu feras un excellent père.
Le compliment lui alla droit au cœur. Avec un sourire timide pour Rika, il se concentra de nouveau sur Sunniva, de peur qu'il ne se soit passé quelque chose dans la seconde où il l'avait perdu des yeux.
Agenouillée devant eux pour bien les voir, sa belle Némésis se mordillait la lèvre inférieure d'un air tendu. Quoi ? Il faisait quelque chose de mal ?
-Fergus.
-Oui ?
-Je... Je crois bien que je suis amoureuse de toi.
Il oublia de respirer. Il ne sut combien de temps, mais il oublia totalement ce geste si simple, si utile à la vie. Car il fixa Rika avec des yeux ronds comme des soucoupes.
-Oh... Je vois quelle tête je devais faire, quand tu t'es confessé, marmonna-t-elle.
-Tu crois ? Tu crois ou tu en es sur ?
-Je...
Elle se mordilla la lèvre inférieure, rouge pivoine.
-Je suis certaine, Fergus. Je... Tu me connais. Je... Pense que ça fait un moment déjà, mais... Je refusais d'admettre que... J'étais tombée amoureuse de toi.
Sans cesser de donner le biberon à Sunniva, il se pencha en avant pour capturer ses lèvres. Ravie, Rika se redressa, les mains sur les genoux de son dragon.
Oui, elle les aimait de tout son cœur.
Lui et leur petite fille.
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