Chapitre 12 : Seule dans le Noir


Le mariage devait avoir lieu le lendemain, dans le fief des Ferguson. Le mariage entre un membre du clan et l'un des chefs d'Exil représentait l'alliance entre eux. Cela prouverait au Clan qu'il avait une place dans la guerre contre Lucifer, en dépit de ce qu'ils pouvaient parfois prétendre. Pourtant, depuis l'attaque des Géants de pierre, ils abordaient de moins en moins le sujet. Ou était-ce du fait de la grossesse de Rika ?

Elle n'en savait fichtrement rien, et n'avait aucune envie de s'appesantir sur le sujet. Pour le moment, elle se trouvait dans les appartements de Hell, transformés pour l'occasion en sale d'essayage pour jeune mariée. Elles tentaient de faire rentrer Blanche dans sa robe, tandis qu'à l'extérieur, membres d'Exil et du Clan travaillaient pour rendre les lieux féériques. Oh, et pour les sécuriser, aussi. Il y avait toujours une menace d'attaque de géants de pierre, mais après tout, ils étaient en guerre. Il ne fallait pas s'attendre à une période de paix juste le temps d'un mariage. S'il l'apprenait, bien au contraire, Lucifer se ferait un malin plaisir à s'inviter à la fête.

-Arrête de faire ta tête des mauvais jours, Rika, lança Blanche, en train de se faire torturer par sa sœur.

Cette dernière serrait les lacets de son corsage, les joues rouges sous l'effort fourni. Pourtant fine, la future mariée n'avait vraiment pas besoin de ça pour être mince. Contrairement à Rika, qui se faisait l'effet d'une baleine échouée sur le lit de Hell.

-Je ne fais pas une mauvaise tête. Je pense juste que tu n'es pas obligée de t'engoncer dans un truc pareil.

-Nergal aime bien les corsets. Je voudrais lui faire plaisir.

Ha. Ceci expliquait cela.

-Quoi qu'il en soit, tu as une robe à mettre, pour demain ?

Les deux sœurs la regardèrent, avec un sourire machiavélique. Rika, elle, fixa son ventre.

-Non. Mes proportions ne correspondent plus vraiment à mes tenues.

Fergus lui avait prêté une chemise et un pantalon pour la journée, tant elle avait grossi cette nuit encore. Il ne restait plus qu'une semaine et demie avant le terme, aussi son tour de taille croissait-il de façon exponentielle.

-Tu devrais aller voir avec ton petit ami. Il serait certainement ravi de t'offrir quelque chose.

-Votre frère n'est pas mon petit ami. Nous sommes simplement bloqués ensemble par un enfant commun.

-Tu présentes les choses de façon si romantique...

-Oh, ça va, ça va ! Je vais le voir. Aidez-moi juste à me redresser.

Une fois sur pieds, elle grimaça. Elle commençait à avoir mal au dos. Il était temps d'atteindre la fin de cette maudite grossesse, vraiment. Face à cette mauvaise humeur, son enfant donna un petit coup, comme pour lui rappeler son existence. Bien malgré elle, elle sourit en posant les mains sur son ventre. Serait-ce un garçon ou une fille ? Elle commençait à se poser la question.

-Tu me dégoûtes.

Elle leva les yeux sur Bélinda. Apparemment incapable d'aider aux préparatifs, elle paraissait avoir attendu sa sortie des appartements de Hell. Des cernes sous ses yeux d'un bleu purs, elle la fixait avec une haine évidente. Rika fronça les sourcils. Que lui voulait-elle donc, encore ?

-Tu n'es qu'un assassin, continua-t-elle, les poings serrés, les mâchoires crispées. Tu ne mérites pas de garder cet enfant. Tu dois le laisser au Clan. Et ensuite, disparaître !

Elle avait presque crié ce dernier mot. La Némésis haussa un sourcil. Cette femme était rongée par la jalousie, c'était évident. Car non seulement Rika bénéficiait d'une grossesse dont elle avait toujours rêvé, mais en plus elle était plus ou moins avec son ex. Cela avait de quoi attiser certaines haines. Mais ce n'était pas une raison pour lui parler de la sorte.

-Je te conseille de changer de ton, Bélinda, siffla-t-elle.

Aux bords de la place centrale du bâtiment, où tous s'activaient, personne ne faisait attention à elles. Tous étaient trop occupés, par une si belle journée, à préparer le mariage. Pourtant, lorsque la métamorphe se mit à hurler, tous se figèrent, les yeux ronds.

-Tu n'es rien ! Tu n'es qu'une immonde salope qui a réussi à se faire engrosser par l'un des puissants de ce monde ! Tu ne mérites rien d'autre que le mépris, tu n'es qu'une...

-Silence !

Son cinglement fit sursauter l'assemblée, à l'instar de la brume qui s'enroula autour de ses chevilles, à une vitesse anormale. Alimentée par la colère, elle invoqua ses Ancêtres, sans réellement en avoir conscience. Des silhouettes s'élevèrent autour d'elle, tandis que Bélinda reculait, les yeux écarquillés, soudain terrifiée. Une main sur son ventre, Rika la fusilla du regard.

-Je ne suis pas une catin qui s'amuse à vendre son corps pour survivre, Bélinda Ferguson ! Je suis une Némésis, ancien Bourreau de Lucifer, soldat dans les guerres infernales et désormais femme libre !

Elle esquissa un sourire cruel. Prés d'elle, Fenric grondait de façon menaçante, écho à son humeur.

-Et comme tu le dis si bien, je suis un assassin. Tu veux goûter à mes compétences, ma belle incapable ? Car selon les rumeurs, ton utilité est nulle dans un clan de combattants tel que le tien. Tu es restée dans les principes de femmes faibles, te contentant de cuisiner et de coudre, tandis que des femmes telles que Hell tentaient de sauver les siens !

-Rika ?

Fergus fendait la foule, livide. Mais elle n'y prêta pas attention. Pas plus qu'à la présence, dans son dos, de deux sœurs Ferguson. Tout ce qui l'intéressait, c'était cette misérable métamorphe, qui la menaçait de prendre son enfant.

-Personne ne touchera à mon sang, tonna-t-elle. Prétends encore une fois vouloir me l'arracher, et ta vie ne sera plus qu'un mauvais souvenir !

Bélinda tourna les talons, les larmes aux yeux. Elle disparut au loin, tandis que Fergus, lui, rejoignait la Némésis. Il ne ralentit même pas, en dépit de la brume et du danger qu'elle signifiait. Un bras autour des épaules de Rika, il l'embrassa sur la tempe, devant tous. Un geste qui fana quelque peu sa colère.

-Je suis fière de toi, murmura-t-il à son oreille.

-Pourquoi ?

Il lui fit un grand sourire, creusant des fossettes sur ses joues.

-Parce que tu t'es retenue de la tuer.

Ouh. Il était vrai qu'il l'avait souvent vu détruire des choses, sous l'emprise de la colère. Elle détourna le regard, sans pour autant se détendre. Les métamorphes reprirent leurs activités, non sans murmurer entre eux. Elle en avait assez, de ces confrontations avec Bélinda. Elle aurait bien aimé s'épargner ce type de stress. Elle gérait mieux le combat que les querelles personnelles, auxquelles elle n'avait quasiment jamais été confrontée.

-Fergus. Pourquoi m'en veut-elle à ce point ?

Il resta un instant interdit.

-Tu veux que je te raconte notre histoire, c'est ça ?

Elle hocha la tête. Sa main se resserra un peu sur son épaule, pourtant, il l'entraîna à sa suite. Rika le suivit sans rechigner, un peu perturbée. Fergus allait-il réellement lui expliquer son passé ? Il parlait facilement de son Clan, de leur passé commun, mais elle l'avait rarement entendu évoquer l'aspect personnel de son histoire.

Cela le rendait nerveux, car ils allèrent directement dans sa cuisine. Pourtant, il ne sortit aucun ingrédient pour commencer un gâteau. Il s'assit devant elle, les mâchoires serrées. Un fin duvet les recouvrait, lui donnant envie d'en tester de nouveau le piquant. Hum...

-Bélinda et moi étions mariés.

Oh... Elle n'avait pas pensé à cela. Gêné, Fergus lui prit la main, entrelaçant les doigts aux siens.

-Nous l'étions avant la bataille contre Lucifer, qui nous priva de ma sœur. Malheureusement, suite à cela, nous avons tous été transformés, et... Hum...Nous étions toujours son l'égide de mon père. C'était lui, le chef de Clan.

Rika cligna des yeux, sans oser l'interrompre. Pourtant, elle ne voyait pas le rapport entre Bélinda et son père. Le pouce de Fergus vint tracer des cercles dans sa paume, tandis qu'il cherchait ses mots.

-Il était quelqu'un de cruel. Hell était enfermée pour permettre de soigner les membres du Clan. Elle était devenue une esclave, Rika. Et en tant que frère, je ne pouvais le supporter. Je... Hum... J'ai défié mon père. Je l'ai tué en combat loyal, pour prendre le pouvoir et sauver ma sœur.

Il s'éclaircit la gorge. D'instinct, elle resserra ses doigts autour des siens. Bizarrement, son cœur battait plus fort. C'était étrange. Pourquoi maintenant ? Cela n'avait pas de réelle importance, pour elle.

-Se retrouver femme de chef a tout à fait modifié l'attitude de Bélinda. Elle est devenue insupportable, hautaine, méprisante, et incapable de défendre les siens. Je partais presque tous les jours au combat, pour retrouver ce type de personne chez moi à mon retour. Peut être suis-je devenu intolérant avec ma prise de fonction, mais je ne l'ai pas supporté. Je l'ai quitté. Le divorce a mis plus de temps. Voilà. C'est tout ce qui nous lie.

-Vous ne vous êtes jamais remis ensemble, depuis ? Pas même pour une nuit ?

Il secoua la tête, avec un demi-sourire.

-Ai-je l'air de toucher une femme que je déteste ?

Elle sourit à son tour, bien malgré elle.

-Quoi ? Ça veut dire que tu ne me détestes pas ?

-Non, ma belle Némésis, souffla-t-il en posant son front contre le sien. Non, je suis bien loin de te détester.

*

Nergal regarda sa montre, avant de pousser un profond soupir. Non loin de là, Alastor releva la tête de ses ustensiles de torture, un sourcil haussé. Il faisait terriblement sombre, dans le puits, en dépit des braseros. Et le démon commençait à en avoir marre.

-Elle ne dira rien, dans l'immédiat, soupira-t-il. Laissons là pour ce soir.

-Vous abandonnez, misérables larves ? cracha leur détenue.

Ils se tournèrent vers leur captive. Enchaînée, nue, la blonde qui avait attaqué Svenn avait bien perdu de sa superbe. Ils avaient passés quelques heures à la cuisiner, néanmoins, elle ne leur avait rien révélé, outre une haine évidente pour le Clan Ferguson. C'était une dure à cuire. Mais pourquoi diable un général de Lucifer tenterait-il de s'en prendre personnellement à Svenn ? Ils n'y comprenaient rien, et son absence de confession leur compliquait la tâche.

-Il se marie demain, rétorqua Alastor, en plantant un couteau dans la table.

La métamorphe tressaillit, imperceptiblement. Nergal plissa les paupières, avec un sourire cruel. Elle commençait à être mure. Après une nuit à croupir dans les profondeurs du pic d'Exil, elle ne tarderait pas à leur révéler tout ce qu'ils voulaient savoir. Surtout que le Bourreau avait d'autres tours dans son sac.

-Blanche sait que je suis avec toi en même temps qu'avec elle, lança le démon duplicateur. Ça tendance à l'agacer, à cette heure-ci.

-Je comprends. Va rejoindre ta dulcinée.

Nergal hocha la tête, avec un sourire un peu stupide. Sa future femme... Demain, il se marierait enfin, en dépit de toutes les catastrophes qui leur tombait dessus. Il avait hâte, mais en même temps, un poids pesait sur son estomac. Rien n'était jamais simple, pour eux. Pourquoi leur ferait-on grâce d'un jour de calme, pour leur cérémonie ?

-Et toi ? Tu restes ici ?

-Oh non, rit Alastor éteignant les torches, une à une. Cassandra me tuerait.

-Hé... Hé !

Ils jetèrent un coup d'œil à la captive, livide sous le sang tachant son beau visage.

-Vous allez laisser une lumière allumée, quand même ?

-Pourquoi ? demanda gentiment Nergal.

-Je... Je suis nue, blessée, dans un cachot ! C'est déjà suffisant ! Vous ne pouvez pas...

-Te laisser seule, dans le noir, avec des rats et des squelettes autour de toi ? ricana Alastor. J'ai une tête de bon samaritain ?

Il souffla la dernière torche, pendant que Nergal versait de l'eau sur les braseros. Les ténèbres s'abattirent sur la salle de torture, dans un silence pesant. Oh, pas pour eux. Ils étaient en leur fief, cela ne les ébranlait même pas.

-Cassandra est de plus en plus possessive, non ?

-Oui. Les nymphes sont réputées pour cela.

Les démons rirent, en remontant à la lumière de la lune. Elle baignait tout le village d'Exil. Auparavant, tous se seraient trouvés chez eux, à dormir paisiblement. Désormais, des gardes patrouillaient dans les rues, sur les remparts, afin de protéger les lieux. Avec toutes les attaques, ils avaient dû prendre des mesures de sécurité supplémentaires.

-Je ne suis pas contre, continua Alastor, les mains dans les poches. Vu le nombre de siècles où elle m'a traité comme un parfait inconnu.

-Hé, vous étiez amis !

Il lui jeta un coup d'œil irrité.

-Ça te plairait, que Blanche te regarde comme un simple ami ? Non ? Alors !

Plus tard, Nergal fit disparaître son double, pour rester en seul et unique exemplaire aux côtés de Blanche. Sentant la différence, elle lui fit un grand sourire en se blottissant dans ses bras. Son cœur battait vite, aussi la serra-t-il plus étroitement contre lui. Il avait du mal à croire en son bonheur, parfois. Blanche, sa belle Blanche...

-J'ai peur qu'il se passe quelque chose, demain, chuchota-t-elle, tout contre son torse.

-Entre Alastor, Barbatos, ton frère et moi, rien ne pourra aller de travers, ma chérie, murmura-t-il contre son oreille.

-Mmh... Dis-moi...

-Oui ?

Elle lui jeta un regard mutin, très significatif.

-Ça te dit de me compromettre une nouvelle fois, avant le mariage ?

*

Assis à même le sol, Svenn fixait Barbatos droit dans les yeux. Sa concentration était telle qu'un mince filet de sueur coulait le long de sa tempe, tout son corps tremblait. L'ange, lui, paraissait s'ennuyer royalement. Assit un tailleur, le menton dans sa main, il attendait, en faisant voleter un poignard dans sa main.

Cela faisait quatre heures qu'ils avaient rejoint la piste d'atterrissage, pour leur habituelle lutte nocturne. Des menottes entravaient lourdement les poignets de Svenn. Pourtant, il ne les sentait plus. Tout ce qui lui importait, c'était de tenir.

-C'est plus marrant quand tu te transformes.

Il serra les dents. Il ne pouvait pas répondre, sous peine de perdre le contrôle. Ce qui attira l'attention du Séraphin. Avec un grand sourire fourbe, il arrêta de jouer avec son arme.

-Oh oh... Tu ne peux pas me répondre ? Alors, alors... Si nous parlions de Silke ? C'est elle qui te fait craquer, non ? Tu es amoureux d'elle depuis combien de temps ? Deux, trois mois ? Depuis son arrivée ? Ça a été le coup de foudre ?

-Mmh...

Non, surtout ne pas répondre ! Svenn expira profondément, tous les muscles tendus. Il fixa la lune, avec une colère maîtrisée. Le mariage était pour demain. Il devait pouvoir se contrôler en toutes circonstances ! Même en présence de Silke !

-Tu as l'air encore plus vierge que moi avant mon bannissement de chez le Vieux, continua Barbatos, avec un grand sourire. Tu n'as jamais rien tenté avec elle ?

-Je... Mmh...

-Oh, c'est vrai. Vu son caractère, c'est plutôt elle qui a dû te faire quelque chose. Tu...

-Il s'en sort bien. Tu devrais le laisser tranquille, non ?

Ils sursautèrent de concert. Ni l'un ni l'autre n'avait entendu Rika approcher. Pourtant, elle avait plusieurs kilos en plus que d'habitude, et son ventre proéminent semblait les menacer.

-Tu ne devrais pas être couchée, toi ? lança le Séraphin. Tu n'es pas en état.

-Ne t'en fais pas, je suis simplement venue voir Svenn.

-Et Fergus ?

-Il m'a... Heu... Il me prépare à manger.

Le métamorphe perdit de sa concentration, mais cela ne le poussa pourtant pas à se transformer. Fergus, préparer à manger ? Il avait vraiment du mal à voir son colosse de cousin derrière les fourneaux. Outre pour les pâtisseries, s'entend.

-Je devrais lui offrir un tablier à fleurs. Il aime le rose ?

-Tais-toi, Barbatos ! s'exclama Rika. Je suis simplement venue voir Svenn !

-M...

Il s'arrêta, avant de dire « moi ?». Sa peau commençait à le chatouiller. C'était mauvais signe... Il ne pouvait pas craquer maintenant, avec une Némésis enceinte à côté de lui ! C'était bien trop dangereux ! Les choses ne s'arrangèrent pas quand elle s'approcha de lui, sans pour autant se mettre à sa hauteur. Vu son volume, elle ne pouvait plus vraiment le faire. D'ailleurs, Barbatos semblait prêt à bondir en cas de problème. Car il allait y en avoir un, au vu du regard qu'elle jeta à Svenn.

-Ma sœur t'aime réellement, jeune Ferguson. Elle t'a pleuré en te croyant mort. Aussi as-tu tout intérêt à te récupérer. Et vite.

-Je n'avais pas le choix ! s'exclama-t-il.

-Nous avons toujours le choix, Svenn. Le mien est de protéger ma sœur.

Elle se détourna, laissant les deux hommes médusés. Le Séraphin se tourna de nouveau vers le jeune métamorphe, avec un léger air de pitié.

-Ta future belle famille est pire que la mienne.

Il émit un grognement, en retournant à sa concentration. Malheureusement, constata-t-il en fixant ses mains déformées, il risquait bien de perdre la partie contre lui-même, ce soir.

*

Debout dans la cuisine, Fergus fixait son wok, dans lequel cuisait doucement le dîner. Il avait bien du mal à se concentrer, en grande partie parce que Rika était à l'extérieure. Ce n'était pas bon, s'il commençait à se sentir de la sorte, lorsqu'elle était loin de lui. Au moins l'avait-il persuadé de rester une nuit de plus à ses côtés.

Il fronça les sourcils, en tournant les vermicelles mélangés aux morceaux de porc. Le mariage était pour le lendemain, aussi était-il heureux pour sa petite sœur. Même si les circonstances de « nous pouvons mourir à tout moment » motivaient grandement la décision des futurs mariés. Mais entre deux batailles, ils étaient heureux. C'était l'essentiel.

-Ça sent délicieusement bon, lança Rika en entrant dans la cuisine.

Fergus lui fit un grand sourire, qui fut accueilli chaleureusement. Il contempla sa Némésis, une soudaine chaleur s'épanouissant en lui. « Sa » Némésis. Si jamais il le lui formulait de cette façon, elle lui arracherait probablement la tête, mais il ne pouvait pas se leurrer plus longtemps.

Il aimait Rika. Malheureusement, il ne savait pas comment le lui dire. Il en avait eu l'occasion, tantôt. Pourtant, il n'avait pas trouvé le courage de prononcer ces quelques mots. Car rien n'était moins certain que les sentiments de sa belle à son égard.

-J'espère que ça va te plaire, murmura-t-il en glissant une main derrière sa nuque, afin de l'attirer à lui.

Prenant garde de ne pas appuyer sur son ventre, il l'embrassa. Elle répondit à son baiser, avec cette douceur qu'elle ne montrait jamais. Personne ne l'avait jamais vu ainsi, à part lui. Un grognement lui échappa, alors qu'un sentiment de possession l'envahissait. S'il le pouvait, il ne laisserait aucun autre homme l'approcher de cette façon. Mais il l'aimait trop pour la forcer à rester avec lui. Si elle désirait partir, il ne pourrait pas lui dire non.

-Ça va ? murmura-t-elle, les sourcils légèrement froncés.

-Heu... Oui.

-Pourquoi as-tu l'air si triste, dans ce cas ?

Elle posa une main sur sa joue, piquant d'une ombre de barbe. Il ouvrit la bouche, tentant de formuler ces quelques mots, si importants. Pourtant, en contemplant ses yeux noir intense, il n'en trouva pas la force. Lui, un dragon, n'était qu'un pauvre lâche.

-C'est prêt, marmonna-t-il.

-Mmh... Avant de manger, peux-tu répondre à une question ?

Il haussa un sourcil, la poêle déjà en main. Les mains sur son ventre, elle lui fit un petit sourire, qu'il commençait à bien connaître.

-Tu savais que les hormones de la grossesse donnaient de furieuses envies sexuelles ?


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Tags: #paranormal