Coucou! Désolée ça fait un bail que je n'ai plus posté, j'ai un peu de mal à prendre confiance en mes écrits en ce moment mais ça me passera.
Bonne lecture !

Jane. 

La serdaigle est excédée. Elle s'est relevée avec la raideur d'un balai et effectue, depuis lors, les cent pas.

-Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu!

June agite ses mains avec une frénésie semblable à son débit de parole. Je suis incapable de m'exprimer entre deux de ses exclamations de panique. Je parviens déjà à peine à capter son regard.

Installée contre le tronc du grand chêne, je suis témoin de son affolement, impuissante.

-June, laisse-moi au moins...

-Des mangemorts Jane, oh mon Dieu!

-June....

-Non d'un gnome ! Pas toi, Jane ! Impossible !

-June, calmes toi s'il te plaît...

La concernée me dévisage, les traits déformés par la terreur. J'entrevois dans ses iris noisettes le destin tragique qu'elle me présage.

-Calme ? Mais je suis très calme ! Ce n'est pas moi qui risque de me faire zigouiller par le plus grand mage noir de l'histoire !

La serdaigle travaille un instant sur sa respiration, sans succès. Elle reprend de plus bel, le souffle coupé,

- Quoi qu'avec un peu de chance, tu finiras avec un éclair sur le front, tu seras assortie à Potter ! L'élue numéro deux ! Les orphelins en puissance !

-Ne deviens pas ridicule, je n'ai pas...

-Je savais bien que tu trainais un peu trop avec Zabini. Il en est un aussi n'est-ce pas ? J'en mettrais ma baguette à couper !

-June, si tu voulais bien m'écouter...

Elle balance à nouveau ses mains, cette fois pour se prodiguer de l'air. Son impassibilité légendaire s'est volatilisé. On croirait voir Paige appréhendant les examens de fin d'année.

-Nous avons passé des mois, des MOIS à essayer d'éviter cela et ce petit imbécile de Malfoy n'a pas eu la brillante idée de m'avertir !

-Drago l'a appris récemment. Je suis désolée de te l'avoir caché, j'étais bien trop en colère...

-Est-ce qu'ils t'ont fait du mal ? Et toi, tu en as fait ? As-tu la moindre idée de l'engrenage qui s'est mit en place à ton insu ? Mais qu'est-ce qui t'es passé par la tête !

-PAR MERLIN, TU VAS M'ÉCOUTER OUI ?

Les poumons gonflés au maximum, la Ryan s'apprêtait à entamer une nouvelle tirade. June se retient alors de tout mouvement. Elle semble enfin remarquer la détresse de mon regard. Elle scrute mon visage cerné, mon expression apeurée et mon ventre noué par l'angoisse.

Elle semble conclure en son for intérieur que je n'ai nullement besoin de reproche supplémentaire. Sa réaction ne m'est d'aucune utilité. J'étais venue quémander support, conseils, solutions, jusque-là June ne coche aucune de ces cases.

D'une longue expiration, la protégée de McGonagall évacue peu à peu l'effroi qui la domine.

- J'ai conscience du poids de ma décision, je reprends plus calmement. Seulement si c'était à refaire, je n'hésiterai pas. Paige deviendra une femme d'exception, elle ne mérite aucune des horreurs que sa lignée allait lui réserver.

-Parce que tu les mérites peut-être ?

Je ne peux nier que tout dans leurs pensées, leurs actes, leurs paroles, me révulse au plus au point. Je les hais, eux et leur satané sentiment de supériorité. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que la place qu'il m'instaure à leur côté reste de façade.

Au cœur de tout ce chaos, il est préférable pour mon mental de me focaliser sur Paige. Je ne peux l'abandonner, je n'en ai pas le droit.

June cesse enfin de gesticuler. Elle se révèle étrangement calme.

-Ce n'est pas toi Jane, rien de tout cela n'est toi. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne vois comment te retirer de cet engrenage.

-Tu ne peux pas et ce n'est pas ce que je te demande. 

C'est mon instant, elle me réclame l'honnêteté dont je n'ai pas fait preuve ces derniers mois. Inhabile avec les déclarations, j'hésite. Une charge me pèse sur la poitrine, telle une enclume. Deux issues s'offrent à moi, laisser ce poids me faire sombrer ou me libérer du panel d'émotions qui m'enchainent depuis bien trop longtemps.

-Ma vie dépend à présent de leur bon vouloir, il n'y a plus d'échappatoire, c'est trop tard. 

Je m'interromps à l'entente de cette voix chétive. June n'a pas bougé d'un iota, néanmoins son regard s'est adoucit. Sa colère se dissipe peu à peu. Elle est simplement inquiète, je le sais bien.

Je réprime d'un revers de main la larme prête à se manifester.

-Je pensais être une grande fille. J'étais certaine d'être capable de vous protéger de tout cela, d'être assez forte pour rester insensible à mon propre sort mais...

-Mais ?

- Mais il y a toute cette suite d'évènements sur laquelle je n'ai aucun contrôle. Si je n'ai personne à qui en parler je...

La fidélité de Drago et Blaise ne tient qu'à un fil. Je ne peux me confier à eux. Dans cette sordide affaire, nous risquons tous les trois notre sûreté.

-Lucius m'a entrainé comme une folle ces derniers mois afin de préparer cette première rencontre. Tu aurais vu son soulagement quand pour mission on m'a ordonné d'assassiner une elfe de maison.

-Jane, tu...

-J'en étais incapable. Je me serais dégoutée jusqu'à la fin de mes jours, alors j'ai désarmé Lucius Malfoy qui s'apprêtait à le faire à ma place. Leur maître a été explicite, je vais bientôt devoir faire mes preuves en rivalisant contre ses partisans. Il m'a à l'oeil. 

June s'accroupie devant moi. Elle couvre mes épaules de ses mains.

-Je ne peux plus, June.... plus toute seule... J'ai besoin d'une amie, j'ai besoin de toi.

La Ryan n'est pas souvent d'une grande douceur dans ses propos. June a toujours exprimé son soutien à sa façon. Elle fait primer les actes aux paroles.

-Très bien, tu veux une amie, c'est bien cela ?

J'approuve.

-Alors, tu l'auras.

Ses pupilles se plantent dans les miennes.

-Jane, de combien de temps disposons-nous avant votre prochaine réunion ?

-J-je n'en sais rien. Sûrement une semaine, peut-être deux avec de la chance.

-Laisse-moi quarante-huit heures, d'accord ? Ce sera amplement suffisant pour échafauder un plan d'action.

-Un plan d'action ?

Le sourire confiant qu'elle me révèle me revigore quelque peu. June empoigne sa main dans la mienne.

-Tu sauras te défendre si ces salopards venaient à t'ordonner un affrontement, je te le promets. Avec tes compétences et mon génie, j'éprouverai presque de la pitié pour l'inconscient qui se dressa devant toi.

Je l'enlace. Le geste la surprend comme si son corps n'y était plus accoutumé. Elle ferme ses bras autour de moi avec une maladresse attendrissante.

-Merci June....

-Pas besoin de remerciements, nous n'en sommes plus là toutes les deux.

La serdaigle se racle la gorge, se contenant de me tapoter le dos.

-Ne me caches plus rien petite idiote, compris ?

-Plus de cachotteries, c'est promis.

Elle  hoche la tête.

-Bon maintenant libères moi, quarante-huit heures s'écoulent bien plus vite qu'on ne le croit.

-Que dois-je faire pour t'aider ?

-Rien, tu me retarderas plus qu'autre chose. Contente-toi de rester en vie. 

Je glousse malgré moi tandis que la Ryan se dégage doucement de mon étreinte. En l'observant s'éloigner, je ne peux m'empêcher de l'interpeller,

-Tu ne vas rien faire d'inconsidéré n'est-ce pas ?

-Voyons Jane, la vie n'aurait aucune saveur sans un brin d'illégalité!