Chapitre n°3: Départ

Dorian

J'avais préparé mes affaires toute la journée. J'avais dit à mes parents qu'en vue de mes résultats des années précédentes, le proviseur de mon lycée m'avait recommandé à une école très prisée et qu'elle serait payée grâce à une bourse. Ils avaient tout gobé. Enfin, ils étaient surtout heureux de ne plus avoir à me récupérer complètement ivre chez un de mes nombreux amis. Mon père m'avait tout de même demandé pourquoi ils récupéraient des lycéens en plein milieu de l'année scolaire. J'avais dû prétexter que cette école spéciale avait des quotas à respecter pour avoir les financements de l'État et qu'un de leurs élèves était parti. Après ça je me suis moi-même posé la question. Pourquoi venir me démarcher au mois d'octobre ?

Mon sac était prêt depuis dix minutes quand je vis un corbillard noir se garer devant chez moi. Un frisson me parcouru le dos, exactement le genre de voiture qui conduit les familles à l'enterrement de leurs proches dans les films américains. Winston sortit du véhicule et s'appuya contre le capot en m'attendant.

- Pa' ! Man' ! Le mec est là, je vais y aller!

Sans surprise, personne ne répondit.

- Merci, ça fait plaisir. Chuchotai-je

Soudain, Marine, ma plus petite sœur, sortit du couloir et s'approcha de moi en pleurant.

- Eh...! Mimi!

Je posai mon sac et lui caressai le dos. Je lui relevai la tête pour la regarder dans les yeux.

- Pourquoi tu pars? pleurnicha-t-elle

Marine n'avait que 9 ans et c'était le seul être vivant qui tenait à moi, elle était également la seule personne à laquelle je tenais. Ses yeux plein de larmes face à mon départ me firent l'effet d'un coup de poing dans le ventre. J'avais pris cette décision pour aller de l'avant, potentiellement avoir des réponses à mes questions, et laisser ma petite sœur derrière moi me fendait le cœur. Je n'y avais pas vraiment réfléchi, pensant que comme elle était aussi proche de mes parents, elle ne serait pas tant affectée, mais visiblement je me trompais.

- Mais mimi! Je vais revenir hein! T'inquiète pas. Dis-je en souriant. Je reviendrais certainement pour les vacances et puis il y a celles d'été !

- D'accord. Fit-elle pas très convaincue.

 -Bon, je dois y aller. Je lui embrassai le haut de la tête et partit.

Je sortis et rejoins l'homme, il avait commencé à lire un livre.

- Vous en avez mis du temps. Dit Winston quand j'arrivais à son niveau

- Ça pose un problème? Dis-je énervé

- Aucun, asseyez-vous.

Je m'exécutai et entrai dans la voiture. Je n'osais pas regarder en direction de la maison, je savais que Marine était assise sur le pas de la porte, sa peluche fétiche dans les bras. J'avais peur que si je croisais son regard, je sorte de cette voiture et je retourne à la maison. Mais j'avais pris une décision et je devais m'y tenir, au moins pour voir s' ils pouvaient répondre à mes questions, pourquoi pas faire cesser mes rêves et m'expliquer pourquoi je n'arrive pas à me reposer.

A peine partis, je me sentis bercé par la voiture et m'endormis, le front contre la fenêtre fraîche dans cette nuit d'octobre.


Capucine

J'avais décidé de ne pas aller au lycée pour pouvoir préparer mes affaires, de toute façon, ça n'impacterait personne. Ni mes camarades de classe, ni mes professeurs, et encore moins les éducateurs du foyer. Ils avaient d'autres choses à faire comme surveiller que Dany ne tente pas de se suicider pour la cinquième fois cette semaine, ou que Loredana ne fugue pas pour rejoindre son oncle alcoolique. A côté de ça, me laisser à un parfait inconnu pour aller dans je ne sais quelle école dans je ne sais quel lieu ce n'était pas bien grave. Ce mec pouvait m'enlever, personne ne s'en rendrait compte.

Je m'énervais toute seule depuis tout à l'heure et ça ne servait à rien. Je finis par fermer d'un coup sec mon sac de sport et sortie du foyer à six heures tapante. Là, je vis un corbillard noir et l'homme de ce matin assit contre. J'étais assez surprise de voir débarquer une voiture aussi luxueuse mais en y réfléchissant et en voyant la tenue de Parkinson je me dis que ça devait aller avec son personnage. Il était tout de même drôlement pressé d'enlever une adolescente.

- Allez-y montez, je vais mettre votre sac dans le coffre.

Je montai sans piper mot. Peut-être qu'il allait m'emmener dans le fin fond d'une forêt et me torturer pour se venger du fait que j'ai laissé mes parents mourir dans l'incendie ? Ou peut-être qu'il voulait m'enlever pour vendre mes organes ? Ou encore pour m'emmener dans un hôpital psychiatrique et ça serait pour ça que l'assistante sociale et la psychologue m'auraient laissée partir sans explications ? Je secouai la tête et me recroquevillai sur mon siège. J'espérais que le voyage ne soit pas trop long, je détestais la voiture encore plus lorsqu'elle était conduite par un inconnu. Et je n'avais toujours pas décidé si je devais lui faire confiance ou non. Quand il commença à rouler, je vis par la fenêtre que nous passions dans la rue où j'avais vécu avant l'incendie. On m'avait dit que l'incendie avait été maîtrisé de justesse avant qu'il n'atteigne la maison des voisins. Ils n'avaient pu retrouver aucun corps, il restait seulement quelques os. Il y avait eu une cérémonie il y a une semaine, ils les ont fait incinérer et mis dans ce qu'ils appellent "le jardin du souvenir". Je n'y suis pas allée. En partant de cette maison j'avais fait mon choix, et mon choix était de faire une croix sur mon passé. Je détournais le regard et me concentrais à présent sur les coutures du siège pour faire passer le temps.


Hortense

Julien et moi avions tous les deux préparé nos affaires et nous attendions désespérément devant chez nous que l'homme arrive. Celui-ci arriva à six heures pile de l'autre côté de la rue. Nous nous avançâmes lentement, retardant le moment de notre départ.

- Je vais mettre vos valises dans le coffre. Dit Rowling sans même nous saluer

Il les prit et les mit dans le coffre, nous invitant à nous installer à l'arrière.

Nous avions prévenu nos parents de notre départ en prétextant une bourse qui nous changerait d'école. Ils nous avaient cru. Ils n'étaient plus vraiment en état de réfléchir depuis l'accident, et ils n'avaient pas posé de question. Nous nous assîmes bien docilement sur la banquette et le chauffeur démarra. C'était un nouveau départ pour une nouvelle vie. J'espérais seulement que tout se passerait bien.

Pour me rassurer, pendant le trajet j'essayais de repenser aux choses que j'avais emmenées avec moi : un album photo, mon journal, des vêtements et des affaires de toilettes. Je commençais à me demander combien de temps le trajet allait durer. Nous ne savions rien de l'endroit qui nous attendait, et même de si cette école existait. J'avais fait quelques recherches et n'avais rien trouvé sur cet établissement. Le stress commençait à m'envahir quand Julien posa une main sur la mienne, comme s' il avait senti que j'en avais besoin. En le regardant, je me rendis compte qu'il était absorbé par les gouttes de pluies qui s'abattaient sur sa fenêtre. Je n'avais même pas remarqué qu'il avait commencé à pleuvoir.

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