Chapitre 5
Les sept hommes ne prirent que quelques minutes pour atteindre le dernier étage. La plupart d’entre eux avaient une silhouette athlétique, qui leur permit de conserver un rythme efficace malgré leur nuit difficile. Jack et Steve, en revanche, n’eurent pas les mêmes facilités. Mais ils ne se laissèrent pas distancer et atteignirent le dernier étage avec eux, rouges écarlates et hors d’haleine, mais vivants.
— Bon, souffla Brad, les mains sur les hanches, dont les muscles semblaient lui tirer. Ouvrons cette putain de porte.
— Les trois gars ont intérêt à être derrière, gronda Jack, qui peinait toujours à reprendre sa respiration.
Sur ces mots, il donna le feu vert d’un léger signe de menton à leur meneur, qui ne se fit pas prier. Il appuya son épaule contre l’epaisse paroie et actionna la poignée. Le mécanisme gémit et une mare de poussière s’échappa des boulaux de métal. Brad grogna sous le poid de la porte et Bradley se pressa pour l’aider. A deux, ils parvinrent à la pousser et la lumière inonda le couloir. Bradley émit une quinte de toux, une main porté aux lèvres. Cette foutue poussière l’empêchait de voir et de respirer correctement. Comme si le soleil ardent ne l’aveuglait pas déjà suffisemment.
Les cinq autres firent pression sur son dos pour qu’il avance, ce qu’il finit par faire, prudent. Les choses n’étaient pas normales, et il avait un étrange pressentiment.
— Youhou ! appela Ryan, la main portée au front pour y voir plus clair. Y a quelqu'un ?!
— Bah oui, croassa Johnny, un sourcil moqueur arqué. Y a nous, ducon.
Ryan lui tira la langue, une grimace mauvaise au visage, et Hugh se détourna de ce drôle de conflit, hilare. Il remonta jusqu’à Bradley, une ride perplexe tirée entre les sourcils :
— Je ne crois pas que ce soit normal, toute cette histoire.
— Ouais, j’crois pas non plus, soupira Bradley.
Il promenait son regard sur le paysage aride, vide de vie, une pierre pondue au fond de son estomac. La chose en était même alarmante. Le toit était couvert de sable, et il n’y avait là nulle trace de vie. Aux alentours, quelques immeubles défréchis pointaient leur nez hors du sol. Tout autour, ce n’était que désert et désolation. Si les trois hommes étaient perdus dans ce paysage morbide, alors Bradley ne croyait pas qu’ils aient pu y survivre. Seulement, il se demandait comme ils avaient attertit là. À la droite du panorama, c’était une cité brûlée qui s’étendait tandis qu’à gauche, l’on n’avait... rien, en fait. Et Bradley ne connaissait pas d’autre mot pour le décrire. Un creux, entre les dunes de sable écarlate, du vide, même parmi les rares molécules d’air, et du néant, étendu sur ces plaines arides, comme un virus qui aurait tout décimé sur son passage.
— À coup sûr on est en pleine apocalypse, pouffa Chris, bien que cela ne soit absolument pas drôle.
— Ou bien on est morts, rechigna Jack.
— Morts ou pas, murmura Brad d’une voix dure, nos trois gars ne sont pas ici.
— Alors au moins on sait que on n’est pas dans Very Bad Trip, positiva Bradley.
Mais il se dit ensuite que Phill, son personnage dans le film, aurait prononcé les mêmes paroles. Ce qui n’aida pas à le rassurer.
Mais tandis que Hugh réprimait un soupir, Bradley perçut dans le vide de bruits et de vents une étrange quincophonie. Les sourcils froncés, il pivota sur lui-même. Puis son regard fut attiré par un reflet émanant du toit d’en face, et il ne fallut pas plus de quelques secondes à son esprit pour réagir.
— PLANQUEZ VOUS ! hurla-t-il, attrapant Hugh au passage pour le plaquer au sol.
Ils roulèrent jusque sous un amat de débris. Au même instant, l’air était aspiré avant d’être brutalement relâché sur les sept hommes. Un puissant rugissement leur arracha les tympans, et les petites balles métalliques fusèrent plus rapidement que la foudre.
— Bordel, il se passe quoi ?! rugit Brad, dont le haut du front avait été entaillé et ruisselait de sang, tout en s’écroulant aux côtés de Hugh et de Bradley.
— On est en train de nous mitrailler, sanglota Jack, lui coincé entre les débris du monticule derrière lequel les trois hommes se protégeaient.
Et Jack disait vrai. Le concert d’armes à feu faisait saigner les oreilles de Bradley, qui tout comme son esprit épuisé, ne souhaitait qu’une chose vaine : que tout cela ne soit qu’un rêve. Ou une farce. Ou l’un des effets secondaires de ces stupides drogues qu’ils avaient avalé la veille. À moins, et ce scénario était probalement le pire de tous, qu’après Very Bad Trip, ce plateau tournant ne les ai déposés dans American Sniper. Et si tel était le cas, alors la mort les guettait et finirait par les prendre. Bradley n’en avait aucun doute.
Il abaissa le regard et vit dans la poche de Hugh les petites pilules translucides lui faire de l’œil. Il se demanda alors si ce monde n’était pas un mélange de ses films et si ces choses dans le sachet n’étaient pas les drogues d’un autre de ses films. Car si tel était le cas, cela représenterait un avantage considérable.
— Limitless, murmura-t-il d’une voix à peine audible, le regard rivé sur les pilules.
Un seul de ces machins étendrait ses compétences cérébrales pour des heures entières, faisant de lui un quasi sur-homme. Il pourrait repérer la menace d’en face en une brève œillade et trouver une solution à leur situation aussi aisément qu’il respirait.
Si, bien entendu, il s’agissait de ces fameuses pilules qui n’existaient même pas dans son vrai monde. Et pour seulement envisager de les avaler, il faudrait être suffisamment fou pour croire qu’il avait été plongé dans Very Bad Trip et American Sniper. Et dans ce cas, Limitless. Chose qui était moyennement plausible.
Il reprit sa respiration, réprima une toux sous la quantité de poussière qu’il avala, et plongea vivement la main dans la poche de Hugh. Il en tira une pilule, la jeta en travers de sa gorge et la laissa glisser, le cœur battant, le long de son œsophage. Si cela lui conférait les capacités attendues, alors il saurait.
Et si il saurait, alors ils seraient vraiment dans la merde.
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