Chapitre 1

Il battit des paupières.
Lentement.
Elles étaient toutes collées entre elles, avec ses cils entremêlés. Il se demanda pourquoi. Ses joues, teintes d’une légère barbe, étaient maculées de toutes sortes de choses. Bave, poudre blanche et rose, miettes collées de sucre.

Le silence était une douce et délicate mélodie à ses oreilles. Jamais il n’en avait entendue de si belle.

Soudain, l’on brisa un verre à ses tympans, et les éclats lui déchirèrent la cervelle. Il voulut hurler, se contortionner sous la douleur. À la place, il ne put que tirer sur ses paupières pour les forcer à s’ouvrir. La lumière qui l’innonda enfin lui révéla des draps, des cheveux, des silhouettes agitées. Il se demanda pourquoi toutes ces formes biscornues s’agitaient, faisaient danser leurs ombres sur les murs colorés. Ses sourcils se froncèrent, et il redressa doucement le menton. Colorés. Était-ce de drôles de motifs qu’il apercevait là, ou bien était-ce...

— Du sang... ? grinça-t-il dans un faible souffle.

Mais c’était parfaitement stupide. Pourquoi y aurait il du sang sur les murs de sa chambre ? Pourquoi des ombres y danseraient elles ? Pourquoi y avait il des cheveux dans son lit ? À son dernier souvenir, il n’avait pas les cheveux longs. Enfin, normalement. À moins qu’il soit plongé en plein rêve et qu’une licorne ne se décide à hénir sous ses yeux épuisés.
Ces mêmes yeux qui s’écarquillèrent lorsqu’il vit passer, là, au pied du lit, en chair et en os, un musclueux étalon couleur de jais. Il recula sur les oreillers, tant perdu qu’effaré, et sa tête heurta le coin d’un meuble. Il poussa un juron silencieux, se frotta l’arrière de la tête avec une grimace. Mais il s’immobilisa lorsqu’il réalisa ce qu’il venait de se produire. Comment aurait il pu se cogner contre un meuble tout en étant dans son lit ? À moins que le meuble ne se soit pris des ailes. Ce qui était parfaitement impossible.

Il dévisagea cependant l’étalon, le regarda poursuivre son chemin jusqu’à un corps étendu sous d’autres draps, entrevetré entre coussins et couvertures tâchées.

Il fronça de nouveau les sourcils. Entre les reliefs des couvertures, il discerna une mâchoire ciselée, un nez droit et parfait ainsi que de délicat cheveux blonds. Pourquoi ce visage était la parfaite copie de celui de Brad Pitt ? Le célèbre acteur ne pouvait pas être allongé dans sa chambre, à moitié nu. C’était encore plus improbable que de trouver un cheval dans sa chambre.
Aussi, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit, allongé en diagonale du sosie de la star, une silhouette qui lui était tout aussi familière.

— Je deviens fou... murmura-t-il en appuyant davantage sur le bleu à l’arrière de son crâne.

Il s’était cogné trop fort. Il avait probablement une hémorragie interne qui lui faisait voir n’importe quoi.

Soudain, on lui assena un violent coup entre les homoplates ; il étouffa un cri de douleur et on lui roula dessus. Lorsqu’il releva le nez, mi-agacé, mi-largué de sa situation, il trouva sur sa tête le pied d’un homme qu’il avait vu maintes et maintes fois à la télévision.

— Putain, mais où est ce que vous trouvez des masques aussi réalistes ? le devança cependant ce dernier, qui n’avait cependant toujours pas retiré son pied. Je veux les mêmes !

Mais il n’était pas d’humeur à rire, aussi il attrapa la cheville du clone parfait de Jack Black et l’envoya valser au coin du lit.

— De quoi parlez vous ?! tempêta-t-il, conservant cependant un ton de voix moyen.

Son mal de crâne ne s’était pas attenué.

— Vous ressemblez comme deux couilles parfaites à Bradley Cooper, s’amusa le maladroit.

Cette réplique l’acheva, lui fit perdre tous ses moyens. Son visage exprima l’incompréhension, le doute, l’hilarité, la frustration et enfin, la peur. Non pas parce que l’inconnu avait parlé de deux couilles identiques au lieu de l’expression "deux gouttes d’eau", mais parce qu’il n’était pas un imitateur.

— Mais je suis Bradley Cooper.

Le faux Jack Black perdit son sourire. Les mêmes émotions qui avaient traversé Bradley quelques secondes plus tôt déflirèrent sur son visage peint de cernes et d’une barbe sale. Bradley passa la main dans la sienne, inquiet. Le dégoût remplaça vite ses angoisses lorsqu’il en tira toutes sortes de choses toutes aussi inconnues que les identités des intrus de sa chambre.
Enfin, si ils étaient bien des intrus. Après ce qu’il venait d’entendre, il était soudain très probable que...

— Vous êtes Jack Black ? demanda-il, pourtant déjà presque certain de la réponse.

L’autre opina du chef. Les vertiges les attrapèrent et les secouèrent l’un comme  l’autre.
Les cheveux dans le lit de Bradley furent alors pris de frissons, et leur propriétaire revela doucement la tête. Jack et lui la dévisagèrent, perplexes, la regardèrent se redresser lentement. Mais lorsque deux épaules nues firent leur apparition, ils écarquillèrent les yeux, reculèrent vivement dans un hurlement de terreur. La jeune femme réalisa quelques secondes plus tard, ramena les couvertures sur ses épaules dans un long cri d’horreur.

Bradley sauta sur ses pieds, les yeux exorbités, puis se rendit compte qu’il ne portait qu’un caleçon. Il poussa un nouveau cri et s’époumona, totalement paniqué :

— POURQUOI IL Y A UNE FEMME NUE DANS MON LIT ?!

— POURQUOI IL Y A JACK BLACK ET BRADLEY COOPER DANS MON LIT ?! hurla-t-elle.

— POURQUOI VOUS ÊTES NUE ?! s’épouvanta Jack.

— Pourquoi il y a un cheval ? grommela une voix endormie non loin.

Bradley reconnut celle de Brad Pitt. Chris Pratt, étendu en travers de ce dernier, venait à peine d’ouvrir les yeux.

— Pourquoi je suis allongé sur Brad Pitt ?! geignit il d’une petite voix.

— Dites... lâcha une nouvelle voix non loin.

Ils pivotèrent tous dans sa direction et furent surpris de reconnaître Jack Sparrow.

— Pourquoi je suis un Pirate ? grogna Johnny Depp.

À ses pieds, étendu en étoile de mer et recouvert de bouteilles d’alcool, Ryan Reynolds fronça les sourcils :

— Pourquoi est ce que j’ai l’impression de voir de la merde dans ton pentalon, Jack Sparrow ?

En face, dans le même état, Hugh Jackman étira un faible sourire :

— Tu pues l’alcool et la drogue, mon pote.

Bradley crut qu’il allait perdre connaissance. Mais il dû à nouveau pivoter lorsque le dernier des intrus, Steve Carell, souffla la première question raisonnée :

— Mais... pourquoi est ce qu’il pue l’alcool et la drogue ?

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