Ouvrir les yeux

《 Elle qui l'aimait tant, elle le trouvait le plus beau de Saint-Jean 》

Patrick Bruel

Mary et moi étions en route pour le cinéma. Je m'étais excusé de mon retard, mais, avec un grand sourire, elle ne m'en avait pas tenu rigueur. Au contraire, elle comprenait que je travaillais sur quelque chose de compliqué. J'avais légèrement rit de gêne, puis nous étions partis. Je l'avais accueilli dans ma voiture et nous voilà maintenant sur le trajet. Elle n'avait pas dit un mot depuis et avait l'air terriblement intimidé.

En ce qui me concerne, je n'avais toujours pas le moral. Je ne souriais pas réellement, ce qui semblait la déranger, supposant certainement que je ne voulais pas sortir avec elle.

Jimin: Mary... Excuse moi si je ne suis pas très souriant, ce n'est pas contre toi, tu sais.

Mary: ?

Jimin: Aujourd'hui, je suis allé voir une patiente à l'hôpital et son état est bien plus inquiétant que je ne le pensais au départ.

Mary: Oh ! Et... C'est grave ?

Jimin: Je ne sais pas réellement...

Mary: Je comprends.

Jimin: Je me suis senti terriblement mal en la regardant. Cette fille semble avoir vécu des choses douloureuses, alors sa situation m'a un peu abattu.

Mary: Je vois. Je comprend, ne t'en fais pas. Passons simplement une bonne soirée qui te redonnera le sourire, d'accord ?

Jimin: D'accord.

Cette seule phrase de soutien m'avait donné le sourire, en réalité. Ce petit soutien de sa part me fit du bien à entendre.

Nous étions enfin arrivés au cinéma. Assis sur nos sièges, on attendait tous les deux que le film commence. On parlait simplement de tout et de rien. Enfin... Je parlais et elle m'écoutait raconter mes petites anecdotes de travail. Je la voyais sourire à tout ce que je disais, écoutant attentivement chaque mot prononcé le rose aux joues, comme si ce que je racontais la passionnerait toute sa vie, alors que je savais pertinemment que non. Je trouvais ses réactions vraiment mignonnes, que ce soit dans l'étonnement qu'elle pouvait avoir ou dans les moments marrants ou bien, même dans ses légères réponses brèves. Parfois, peut-être bien trop gênée, elle mit sa main devant sa bouche, pour cacher son embarras et son léger rire. Cette fille était mignonne en tout point, très délicate et me faisait penser à autre chose. Ce qui était, ce soir-là en particulier, plus que nécessaire.

Le film commença alors on se tut tous les deux. J'étais correctement installé dans le siège, les deux bras sur les accoudoirs à fixer l'écran. Ce film n'était pas réellement passionnant... Je trouvais bien quelques scènes pas trop mal, mais le reste du film se résumait à de longs blahblahs ennuyeux... Je tournais légèrement la tête et vis Mary qui semblait terriblement crispé, bien plus encore lorsqu'elle sentit que je la regardais. Involontairement, je posais ma main sur la sienne, attirant son attention et fit devenir son visage rouge coccinelle. Ce que je trouvais réellement adorable.

Jimin: Tout va bien ?

Mary: Oui oui, je... Enfin...

J'avais l'intuition qu'elle ne regardait pas réellement le film. Alors, je pris sa main, enlaçant ses doigts aux miens et la tirais du siège, l'emportant avec moi qui m'était levé, la tirant en dehors de la salle.

Mary: Mais Jimin, et le film ?

Jimin: Tu ne le regardais pas réellement, pas vrai ?

Mary: Non...

Jimin: Viens, je t'invite à manger quelque chose. Tu dois avoir faim, nous n'avons pas eu le temps de manger.

Mary: Non, ça v-* gruiiiik *...

Son visage devint affreusement rouge, peut-être encore plus que tout à l'heure, ce qui me fit rire. On partit tous les deux, main dans la main, direction une sorte de brasserie non loin d'où nous étions. Lâchant sa main, pour son plus grand regret, on s'installa à une table.

Elle ne mangeait pas grand chose, se retenant certainement le plus possible, incapable de manger quelque chose devant moi.

....

Je la raccompagnais chez elle car il se faisait tard. Elle commençait à parler un peu plus, se sentant, peut-être, plus à l'aise. Arrivés devant sa maison, elle s'apprêta à ouvrir la portière, mais avant elle me regarda et, certainement avec un élan de courage qu'elle avait préparé toute la soirée, elle s'approcha de moi pour déposer un baiser sur ma joue, me laissant une trace de rouge à lèvres. Ce baiser venant d'elle me surprit sur le coup mais me fit tout de même sourire.

Mary: A demain, Jimin.

Jimin: A demain, Mary.

Elle sortit de la voiture, regagnant son logement. Quant à moi, je partis en essayant d'effacer le plus possible le rouge à lèvres de ma joue. Cette fois c'était sûr et certain, elle était carrément amoureuse de moi.

Cette soirée m'avait fait du bien et m'avait ouvert les yeux. Mary était une adorable et très gentille fille, peut-être juste un peu trop timide, mais ça passerait avec le temps. Avant d'envisager quoi que ce soit, je voulais apprendre à la connaître.

Bref !

Maintenant que j'avais les idées plus ou moins claires et que je me sentais moins abattu face à toute la noirceur de cette journée, je passais par l'hôpital où était Tomoe, avant de retourner chez moi. Je me sentais un peu mal pour elle de ma décision, mais je pensais que c'était la meilleure chose à faire. Elle m'avait demandé de l'aider à guérir et je pensais que l'envoyer là-bas serait le meilleur moyen pour elle. Ils ont l'habitude et connaissent leur métier, ils sauront s'occuper d'elle correctement. L'hôpital où elle était ne le pouvait pas. Ils me l'avaient bien assez dit.

Elle avait besoin de soins, d'urgence.

Je repris le même chemin et en arrivant près de la chambre de Tomoe, je reconnus le bureau du Dr. Ryuh. Il y était encore, n'ayant pas encore terminé son service. Il me reconnut directement et se leva pour venir me voir.

Ryuh: Vous êtes revenu la voir ? Elle vous attend.

Jimin: C'est vous que je suis venu voir.

Ryuh: Moi ?

Jimin: Vous pouvez me certifier qu'en allant là-bas, elle sera guérie ?

Ryuh: Ce genre d'établissement existe justement pour aider les patients atteints de troubles mentaux en tout genre. Là-bas, il y aura certainement des personnes capable de s'occuper d'elle, bien mieux que nous en tout cas. Elle aura un traitement adapté à son trouble, ce qui augmentera les chances pour elle d'aller mieux.

Jimin: ...

Ryuh: Vous aurez le droit aux visites, bien entendu.

Jimin: Je n'aime pas vraiment le fait qu'on risque de la prendre pour une folle...

Ryuh: Une fiche complète et détaillée de sa situation sera donnée, en même temps que son admission à l'établissement. Elle ne sera pas considérée comme une "folle", Monsieur.

Je réfléchissais encore un court instant à ma décision finale, mais je n'arrivais pas réellement à m'y résigner. On entendait tellement de choses, tellement de " on dit " concernant maltraitance, humiliation ou actes inhumains... J'avais peur de faire le mauvais choix...

Jimin: Si vous aviez le choix... Que feriez vous ?

Ryuh: Et bien... Aujourd'hui, encore, il a été impossible pour nous de l'approcher. La personne en charge de son plateau repas n'a put faire que quelques pas vers elle pour lui déposer son plateau, parce qu'elle lui hurlait de partir. Son état de panique et de phobie ne s'est pas amélioré, et ne cessera pas de s'aggraver toujours un peu plus chaque jour. Si ça ne tenait qu'à moi, elle y serait déjà.

Jimin: Je vois... Alors, je vous fais confiance. Donnez moi l'autorisation de transfert.

Il me tendit une feuille que je pris, le regardant à nouveau.

Jimin: Vous me certifiez qu'il n'y a pas de traitements inhumains là-bas ? Je n'aime pas ce genre d'endroits... Ils ne vont pas lui faire de mal, j'espère.

Ryuh: Non, non, non, pas moyen qu'ils fassent quelque chose comme ça. Je n'ai jamais entendu ce genre de choses venant de cet établissement. Vous savez Monsieur l'agent, dans ce bâtiment défile toute la détresse psychologique. Tout ce qui est crises d'angoisses, crises de nerfs, état suicidaire ou désespoir, c'est leur routine...

Jimin: ...

Ryuh: 20 infirmiers, 5 médecins et des internes se relaient 24h sur 24, prêts à répondre à toutes les demandes que cette jeune fille pourrait avoir. Il est fort possible qu'elle trouve enfin son remède.

Jimin: Ils utilisent des médicaments ?

Ryuh: Tout dépend du patient. Dans le cas présent, je ne peux pas vous répondre exactement. Ils essayent de ne pas assommer le malade avec des tranquillisants, mais parfois, selon la gravité, ils y sont bien obligés...

Jimin: ...

Je n'avais pas le choix... Il était préférable qu'elle ne me voit pas faire ça...

Alors que je signais la feuille, donnant mon autorisation, j'avais l'impression d'être un monstre en la faisant aller dans un hôpital psychiatrique.... L'envoyer à l'asile...

J'espérais que tout irait bien...

Ryuh: Le transfert se fera cette nuit. 


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