Boîte à musique

《 Mais je ne veux pas dormir ce soir. Et si je dois dormir, je ne veux pas me réveiller demain matin 》

S.J Watson

Oubliant ce curieux personnage, j'ouvris la porte de chez moi et invitais Jin à rentrer. Arrivés dans le salon, je constatais que Tomoe n'avait absolument pas bougé. Elle serrait toujours dans ses bras mon coussin et la seule chose qui avait changé était le positionnement de sa tête, elle était maintenant sur l'accoudoir avec le cou tordu, qui devait lui faire mal.

Jin: Elle est morte ou quoi ? Elle ne bouge même pas.

Je soupirais en écoutant la phrase de mon collègue et me dirigeais vers elle. Je m'accroupis face au canapé, à sa hauteur, et constatais qu'elle avait les yeux ouverts mais le regard vide, comme si elle était ailleurs. Alors, doucement, pour ne pas l'effrayer, je prononçais son nom...

Jimin: Tomoe... Je suis rentré.

Elle battit des cils, comme si elle se réveillait d'un rêve, et redressa douloureusement la tête en me regardant étonnée de ma présence.

Jimin: Si tu voulais te reposer, tu aurais été mieux dans ton lit, non ?

Elle baissa un peu la tête et ses yeux se recouvrirent d'une épaisse couverture de larmes. Peu à peu et d'une voix cassée, elle émit quelques sons pas vraiment clairs, avant de prononcer une phrase...

Tomoe: Il y a quelqu'un sous mon lit...

Jimin: Quoi ?!

Prenant un mouchoir sur la table, je tendis mon bras pour lui installer le fin tissu sur le nez et elle le tint d'elle-même pour se moucher.

Je tournais la tête vers Jin en effectuant un signe de tête et il partit vérifier les chambres.

Jimin: Tu as mangé ?

Tomoe: Non...

Jimin: Il est 13h passée, tu dois manger un peu.

Tomoe: Tu restes avec moi ?

Jimin: Oui, je vais rester avec toi.

Elle enleva le coussin de ses jambes et posa pied à terre pour se lever en même temps que moi. Nos mains liées, elle me suivit jusqu'à la cuisine où elle s'assit sur un siège, le temps que je réchauffe son repas. Alors que Jin réapparaissait, j'entendis Tomoe sursauter et revenir vers moi pour se cacher derrière moi, déboussolée parla situation.

Jin: Il n'y a rien, ni personne sous les lits.

Tournant ma tête vers elle, je lui soufflais doucement qu'il n'y avait pas de quoi être inquiet.

Jimin: C'est Jin, tu le connais, il était avec moi le plus souvent.

Elle ne disait rien mais relâcha légèrement la pression qu'elle avait mit sur mes vêtements et retourna doucement s'asseoir en regardant Jin qui venait vers moi.

J'enlevais son assiette du micro-onde pour lui poser devant le nez avec une fourchette et lui donnais aussi son médicament.

Jin: C'est quand même dingue.

Jimin: Quoi ?

Jin: Qu'avec toi elle ne fasse pas la même scène qu'à l'hôpital.

Jimin: Déjà, moi je ne l'attache pas, puis elle sait qu'elle peut avoir confiance en moi. Bon, on est encore loin des longues conversations, mais on avancera petit à petit.

Jin: Hum.

On discutait de tout et de rien, de ce que m'avait dit Lisa ou encore de la réaction de Mary au restaurant. Aussi étonné que moi, il ne savait pas réellement quoi dire.

Comme hier, Tomoe n'avait pas fini son assiette. Pour être plus à l'aise, on alla tous les trois dans le salon. La jeune bonde s'assit à côté de moi en reprenant le coussin dans ses bras. Elle le tenait tellement qu'il avait maintenant des marques. Alors que je discutais avec Jin, un verre de boisson chacun dans la main, je sentis ma manche se faire légèrement tirer.

M'arrêtant dans ma phrase, je tournais la tête vers Tomoe qui, le visage à moitié caché derrière son coussin, me regardait.

Jimin: Qu'est-ce qu'il y a ?

Tomoe: Tu restes avec moi aujourd'hui ? Tu as fini ton travail ?

Jimin: Ah. Nan, je suis désolé mais je vais devoir y retourner bientôt.

Tomoe: ...

Jin: Tu peux prendre ton après-midi si tu veux. Je peux gérer le reste seul, il nous suffit juste de trouver quand les deux lascars vont débarquer chez le type de ce matin. Je peux le faire tout seul.

Jimin: Tu sais très bien que nous n'avons pas le droit de prendre de jour de congé en pleine enquête.

Jin: Personne ne le saura puis , tu ne vas pas refuser une demande si gentiment dite. Ça fait à peine deux jours qu'elle est chez toi et tu n'es resté que rarement avec elle.

Jimin: ...

Il se leva, s'étira de tout son long et prit la direction de la porte d'entrée.

Jin: Ne t'en fais pas Jimin, si j'ai un souci je t'appelle directement.

Jimin: Tu as intérêt.

Il claqua la porte en sortant. Je regardais la petite blonde à mes côtés qui regardait aussi la porte, pour voir son regard de nouveau se diriger vers moi.

Jimin: Tu veux faire quelque chose en particulier ?

Tomoe: ?

Jimin: Je suis avec toi jusqu'à demain matin alors, si tu veux faire quelque chose, on peut y aller, attends juste que je me change. Je reviens.

Tomoe: Hm.

Je partis dans ma chambre y prendre quelques affaires, un jogging fera l'affaire. A peine avais je mis un t-shirt plus confortable, que j'entendis un couinement provenant du salon.

Un couinement qui ressemblait à ceux qu'on émet lorsque des larmes menacent ou commençaient à couler sur notre joue douloureusement, accompagné d'une boule dans la gorge.

....


4h15

PDV Tomoe

Encore une fois, je m'étais endormie sur le canapé. Je ne savais pas réellement pourquoi cette chambre m'effrayait, alors qu'elle était accueillante et parfaite pour une personne comme moi.

Les yeux fermés et la respiration lente, je semblais dormir. Le coussin que je tenais était tombé au sol. Une musique se fit entendre dans mon rêve ou dans ma tête, une boîte à musique.

J'ouvrais les yeux, le cœur battant aussi vite que lorsqu'on se réveille d'un cauchemar terrifiant, et j'entendais toujours cette musique lente et peu rassurante qui me faisait l'effet d'un film d'horreur. Un long frisson me parcourut le dos et l'échine. Je regardais autour de moi, tout était noir, sans aucune lumière, ce qui me donnait des sueurs froides.

Tout semblait bien se passer malgré cette angoisse qui me tenait le cœur alors, je me levais doucement. Le volet n'était pas entièrement fermé, donc je voyais légèrement la lumière de la lune qui me rassura un peu. Je me dirigeais vers la chambre de Jimin mais n'entrais pas à l'intérieur. Il avait le volet grand ouvert alors sa chambre n'était pas totalement dans l'ombre. La mélodie continuait. D'où provenait-elle ?

Plus je m'éloignais du salon, plus elle semblait s'éloigner aussi. Je devais l'éteindre avant que ça ne réveille Jimin. Une maison vide de bruit, seulement cet horrible son qui passait en boucle, en pleine nuit... Je me pinçais les lèvres, pas vraiment rassurée. Revenue au salon, je cherchais cette boite à musique, jusqu'à entendre un bruit étrange venant des volets. Immédiatement, je tournais la tête. Horrifiée, je constatais que quelqu'un me regardait, avec un sourire aussi grand qu'effrayant.

Mon réflexe fut de reculer immédiatement en retenant mon cri de peur. Revenant à mon point de départ, c'est-à-dire m'écroulant sur le canapé, les pieds au sol, une respiration haletante avec tout le mal que j'avais à reprendre une bouffé d'air, je pris mon coussin contre moi. La seule chose qui me rassurait était de l'avoir contre moi. Alors que, paralysée, je fixais cette personne me regarder toujours de ses yeux vicieux par la fenêtre, je sentis quelque chose attraper ma cheville. Ne pouvant rien contrôler cette fois, je me mis à crier de peur en ramenant mes jambes hâtivement et le plus possible vers moi, les tenant et enlaçant mes bras autour d'elles, empêchant que quiconque ne les touche...

Cette musique était de plus en plus proche de moi. Je n'en pouvais plus de l'entendre alors, tant pis, je lâchais mes jambes pour tenir mes oreilles.

J'entendis un nouveau bruit. En levant les yeux, je vis en face de moi une ombre énorme qui se penchait vers moi. Ma respiration bruyante révélait la frayeur que je ressentais à ce moment-là. Je me sentais si chétive, si petite. Regardant à nouveau par la fenêtre, je ne vis plus le visage qui m'observait auparavant. Alors, ça veut dire que l'ombre en face de moi... C'était lui !? Cette idée me glaçait complètement le sang. Et cette musique... ARRÊTEZ CETTE MUSIQUE !

Entre quelques sanglots difficilement retenus, mes yeux se noyaient de larmes de plus en plus épaisses, m'empêchant de regarder l'ombre.

Moi: Pourquoi vous faites ça !? Laissez-moi tranquille ! Allez vous-en !

...: Tomoe.

Moi: Non ! Non, non, laissez-moi !

...: Tomoe ! Regarde moi !

Moi: PARTEZ !


https://youtu.be/UdkaiFPg2dM

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