Chapitre 6 (Suite)
La pagaille régnait à l'intérieur du métro, comme si les occupants étaient partis en trombe. Ce n'était pas un vrai métro, bien sûr, mais une réplique soigneusement conçue pour l'Escape Game. Les trois amis se tenaient là, chacun d'eux avec une expression mêlant curiosité et défi.
Le wagon semblait tout droit sorti des hangars de la RATP, avec ses strapontins aux rayures bleus, violets et rose, des affiches représentant les différents arrêts de la ligne de métro, et même le plan du réseau ferroviaire de Paris. Le chrono fut déclenché, coupant court leur admiration face au réalisme du décor.
— Bon les gars, on a 60 minutes pour refaire démarrer ce métro qui s'est stoppé à quai. L'interrupteur rouge est notre objectif principal. Alors au boulot pour le retrouver, déclara Ezra, le leader autoproclamé du groupe.
Son enthousiasme était accueilli par l'indifférence de Charlie qui se demandait encore pourquoi on l'avait traîné dans ce bourbier. L'erreur venait d'elle. En aucun cas, elle aurait dû partager avec lui son désintérêt pour les jeux d'évasion. La voilà coincée dans un métro avec un mec qui essaie d'impressionner la femme qu'il aime. « Ça va être long », pensa-t-elle en regardant ses compagnons s'afférer à la recherche de pistes à suivre.
Loin des réflexions de sa petite amie, Eva, excitée par la situation, répondit avec le sourire au coin :
— Alors, commençons par fouiller les environs. Il doit y avoir des indices cachés quelque part.
Plusieurs éléments composaient le décor l'habitacle. Au fond du wagon, on apercevait une échelle qui était suspendue au mur. Des affiches publicitaires étaient collées un peu partout, renforçant le réalisme de la réplique. Des vêtements traînaient sur les sièges tandis que d'autres jonchèrent le sol. On retrouva également une cage de transport pour animaux abandonné dans un coin du wagon. Son propriétaire l'avait sans doute pris avec lui.
Alix, l'œil alerte, rassembla les divers vêtements laissés sur les sièges du wagon. En fouillant dans les poches d'une veste, elle trouva un ticket de métro.
— Regardez ça, annonça-t-elle au reste du groupe. On dirait bien que j'ai trouvé le premier indice.
— Bien joué, la félicita Ezra, rassemblons tous les indices au milieu pour avoir une bonne vision du jeu.
Ils acquiescèrent tous avant de reprendre la fouille du métro. Chaque objet, chaque détail semblait cacher un indice potentiel. Alix trouvait souvent les premiers indices, tandis qu'Ezra et Eva, plus réfléchis, les analysaient pour découvrir leurs significations.
Trois billets de métros avaient été découverts. Accroupie au sol, Eva examina sur toutes les coutures les différents éléments et découvrit un message codé : « Attention, chien méchant », lut-elle à voix haute.
Ni une, ni deux, Alix se précipita vers la cage de transport d'animal. Une clé était cachée dans la couverture. Une nouvelle piste de trouvée. Au préalable, Ezra avait repéré une serrure, mais lorsqu'ils essayèrent d'actionner le mécanisme, rien ne se passa. Ce n'était pas la bonne serrure.
— Mettons la de côté en attendant, fini-t-il par conclure., déposant la clé avec les autres indices jusque-là rassemblés.
Et la chasse aux indices repris. Toujours vive, Alix repéra un journal posé sur l'un des sièges. Elle le feuilleta rapidement, et, un petit bout de papier tomba de l'une des pages. Impatient de savoir quel était ce nouvel indice, Ezra se rapprocha d'Alix. Une proximité qui ne lui déplut pas, profitant de l'odeur de fleur d'oranger de la jeune femme.
— Les chiffres sont la clé, annonça-t-elle au reste de l'équipe. Ça doit être pour la mallette à outils.
Eva se dirigea immédiatement vers le coffre. Comme elle s'y attendait, un cadenas à code verrouillait l'objet, nécessitant une combinaison de quatre chiffres pour l'ouvrir.
— Je pense qu'on doit trouver un code, déclara Ezra, inspectant à son tour le cadenas.
— Bien vu Einstein, la nargua Charlie, assise sur un des strapontin. Ton intervention aide beaucoup.
Prêt à répliquer, le jeune homme se fit interrompre par Alix qui posa sa main sur son épaule, lui intimant de ne pas répondra à la provocation de son amie. Du côté de Charlie, elle reçut une pichenette sur le front de la part de sa copine qui la regarda d'un air réprobateur.
— Arrête de faire l'enfant Charlie, l'intima-t-elle, et lève ton cul de cet chaise. On ira plus vite à quatre.
Incapable de refuser quoi que ce soit à Eva, elle décida de prendre part au jeu. Enfin. Pendant ce temps, Alix continuait à parcourir le journal, cherchant une nouvelle piste pouvant les aider.
— Il y a un article sur un accident de métro qui date de l'année dernière, dit-elle soudainement. Et ils mentionnent le numéro d'immatriculation du train... Attends !
Ce numéro lui disait quelque chose. Elle se tourna vers Charlie qui malgré son désinvestissement devait sans doute avoir la réponse. La mémoire de son amie pouvait leur être utile.
— Quel est le numéro d'immatriculation de ce métro ?
— M4268, pourquoi ?.
— Bingo ! S'exclama-t-elle, les numéros correspondes. Ce sont peut-être le code que l'on recherche.
Sans perdre une seconde, Ezra tourna les chiffres sur le cadenas qui sans surprise s'ouvrit. A l'intérieur se trouva une petite boite avec une serrure. A son tour, Alix pris la clé trouvé plus tôt et se hâta d'ouvrir le coffre.
— Je peux être utile pour éteindre un feu et pour m'échapper par le toit, lu Alix récupérant le morceau de papier.
— Nous voilà bien avancé, soupira Charlie, s'asseyant de nouveau sur un strapontin. A part une extincteur, je ne vois pas ce qui peut éteindre un feu.
— Et la seconde partie de l'énigme, tu en fais quoi ? Demanda Ezra la rejoignant.
— J'y réfléchit.
L'équipe tourna en rond un moment, cherchant à quel objet pouvait correspondre cet énigme. Mais les minutes défilèrent sans qu'une réponse leur vint en tête. C'est alors qu'un bruit se fit entendre. Le Game master leur envoya une aide. L'écran affichait : « Cela peut se trouver sur un camion de pompier. »
— Qu'est-ce qu'on retrouve sur un camion de pompier ? Questionna Alix
— Tu as les gyrophares, le tuyau, la grande échelle, la hache...
Les mots se turent. Charlie venait de réaliser une chose. Au fond du wagon se trouvait une échelle. Elle se leva brusquement, ce qui surpris son voisin et se dirigea vers l'objet. Cette échelle n'avait rien de particulier. Pourtant, elle était persuadé qu'un indice s'y trouvait.
— Tu penses qu'il s'agit de l'échelle ? se rapprocha Eva, un peu dubitative.
— J'en suis presque sûre.
— Ça fait sens, valida Ezra qui à son tour analysa l'échelle.
Ils touchèrent, regardèrent, essayèrent de la décrocher du mur, montèrent dessus mais, rien à faire. Ils ne trouvèrent rien. De nouveau coincée, Charlie s'assis, attendant une nouvelle intervention du maître du jeu. Mais, ils n'eurent pas besoin, puisque qu'Alix remarqua que les barres de l'échelle semblaient creuses. Elle approcha son œil et, là, apparut une clé caché à l'intérieur d'une des barres.
La jeune femme se précipita vers une tige en plastique qu'elle avait repéré dans un sac, et la glissa à l'intérieur de la barre. La clé tomba au sol sous le regard de ses autres compagnons. La partie pouvait reprendre.
— Bien joué Alix, siffla Ezra, impressionné par l'analyse rapide de sa partenaire.
— C'est l'expérience qui parle, mon p'tit.
Ils éclatent de rire, amusés par la réplique d'Alix. Leur complicité était palpable. Loin de se laisser attendrir par le flirt de ses compagnons, Charlie récupéra la clé et l'enfonça dans la première serrure qui avait découvert. Un clic se fit entendre. Le petit accès donnait accès à l'interrupteur rouge. La mission semblait approcher de la fin. Charlie tira alors sur l'interrupteur.
Une secousse violente secoua le wagon, suivi d'une voix enregistrée qui résonna dans les hauts parleurs : « Flash info, on m'informe qu'on a perdu le contrôle d'un métro stationné à Stalingrad pour cause de panne. Quatre techniciens sont abord et leur vie sont en danger. »
— Quoi ! Ce n'est pas fini, s'indigna Charlie.
Personne ne porta d'attention à la plaignante. L'une des portes du métro se déverrouilla, donnant accès au tableau de contrôle. Une nouvelle série d'énigme les attendait. Cette fois-ci, elles étaient sous forme de puzzles et de cryptogramme. « Ça n'allait pas être une partie de plaisir », pensa Ezra
Les trois amis se penchèrent sur ce nouveau défi. Entre les chiffres, les lettres, ils ne savaient pas où donner la tête. Sans parler des indices qui semblaient se multiplier à mesure qu'ils progressaient. Les minutes s'égrenaient rapidement, la pression montant alors qu'il se débattaient avec ces codes complexes. Eva, concentrée, déchiffrait une suite de nombre compliqué pendant qu'Alix et Ezra manipulaient un étrange mécanisme en métal.
Finalement, après un dernier puzzle résolu, par Charlie, le wagon s'arrêta brusquement. De nouveau la voix enregistrée résonna dans les hauts parleurs : « on m'informe que métro qui à dérailler a pu être arrêter. C'est l'heure des techniciens qui étaient à bord. Une équipe de secours va maintenant les récupérer. »
La porte de sortie s'ouvrit lentement, dévoilant les locaux de l'Escape Game. 59 : 59 était le temps qu'affichait le chronomètre. Ils avaient fini de justesse. En sortant du wagon, le maître du jeu les attendait, un sourire satisfait aux lèvres.
— Félicitation, vous avez réussi à une seconde de la fin. Les dernières secondes étaient exaltantes. Merci pour ce moment et j'espère vous revoir très vite.
*
L'après-midi touchait à sa fin dans une atmosphère d'euphorie. Après leur victoire dans l'Escape Game, ils étaient encore pleins d'adrénaline, le rire et les souvenirs récents flottant autour d'eux.
— C'était vraiment sympa, à refaire ! S'exclama Alix en s'accrochant au bras d'Eva, un sourire large sur le visage.
Tous acquiescèrent, même Charlie, qui, bien que presque contrainte à participer, admettait intérieurement avoir passé un bon moment. Elle n'était pas particulièrement fan de ce genre d'activités, mais parfois, être avec elles - sans Erza bien sûr - lui faisait du bien.
Charlie fut tirée de ses pensées en sentant la pression douce mais insistante d'une main autour de son bras. Elle leva les yeux vers sa petite amie, croisant son regard complice. Le message silencieux était clair : il était temps pour elles de s'éclipser.
— Bon, on va y aller, annonça-t-elle avec un petit signe de la main.
Le couple les salua rapidement avant de s'éloigner, main dans la main. Ezra les regarda s'éloigner au coin de la rue, avant de se tourner vers Alix. Maintenant seuls, un léger silence s'installa entre eux.
— Ça te dit qu'on prenne un verre avant de rentrer ? Lui demanda-t-il.
Alix sembla prise de court, ses yeux glissant un instant vers l'endroit où Charlie et Eva venaient de disparaître. Elle hésita, ses lèvres formant un sourire incertain, comme si elle pesait le pour et le contre.
— Hm... pourquoi pas, finit-elle par dire. Je connais un endroit pas trop loin, viens.
Ils avancèrent, leurs pas résonnant sur les pavés, bercés par l'effervescence du quartier. Avec Assurance, la jeune femme les guida dans les rues étroites du quartier, jetant parfois un regard en arrière pour s'assurer qu'il suivait bien.
— Voilà, c'est là, annonça-t-elle en désignant une porte discrète encadrée de plantes grimpantes.
Une lumière tamisée émanait de l'intérieur, éclairant l'entrée. Ils entrèrent dans le petit bar, accueillis par une ambiance feutrée et un décor aux minimaliste et moderne.
L'endroit était chaleureux, ce qui contrastait avec l'agitation de la rue. Quelques tables en bois, des fauteuils confortables et des vinyles accrochés au mur donnaient au lieu un charme unique.
Ils s'installèrent à une table près d'une fenêtre ouverte, d'où ils pouvaient encore sentir la brise douce de l'été. Ils échangèrent quelques mots légers, en commentant les détails de la journée. Le serveur arriva, les interrompront dans leur discussion, prêt à prendre leur commande.
— Alors, surprends-moi, lança Alix en posant son regard sur Ezra.
Pris de court, il parcourut rapidement la carte, cherchant le cocktail qui pourrait vraiment lui plaire. Encore une fois, il se retrouvait face à un casse-tête, déterminé à faire le bon choix. Après un instant de réflexion, il leva les yeux vers le serveur.
— Un Sex on The Beach pour moi et pour madame... on va partir sur un Sunset Spritz, s'il vous plaît, annonça-t-il avec assurance avant de se tourner vers Alix, lui adressant un clin d'œil.
Alix haussa les sourcils, visiblement impressionnée, puis acquiesça. Le choix d'Ezra était parfait, et elle se laissa volontiers tenter. Tandis qu'ils attendaient leurs verres, leurs conversations se firent plus animées, et les barrières entre eux semblaient peu à peu s'estomper.
Pakkum
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