Le 26 avril.
Moi malade, qui se croit dans le jardin de jurassic Park.
C'est incroyablement beau. Je ne connais aucun mot qui pourrait décrire ce que je vois depuis hier. Rien qu'en arrivant, à peine passé l'immense porte en bois j'ai eu l'impression d'entrer dans un autre monde. J'en ai eu le souffle coupé.
Puis cette porte, sérieusement il ne manquait plus que le logo rouge et noir et cerné de jaune du célèbre film de Spielberg, mon préféré de tous les temps ; pour compléter le tableau. Tout est si différent à l'intérieur de ces murs. Même les bruits changent.
Je ne m'en étais pas rendu compte avant, mais il y a des tas de bruits dans notre pseudo silence. Le frigo, le craquement de nos meubles, les lignes électriques... tout fait du bruit dans le fond et finalement on ne les entend plus. Comme quoi, on s'habitue à tout.
Ici, les animaux remplacent l'électroménager et quand ils se taisent le vrai silence prend place.
Ça aussi c'est incroyable.
Le vrai silence, celui qui n'est pas pollué par le fond sonore qu'on entend plus à force du temps, est à la fois très lourd et trop léger.
Il peut disparaître en une fraction de seconde, un battement de cil, parfois avant même que l'on ne comprenne ce qu'il se passe. Et quand il s'étire, il nous plonge dans nos pensées. Celles que l'on préfère ignorer pour notre propre bien et parfois celui des autres.
La verdure aussi ! Jamais je n'ai vu autant de plantes et de couleurs ! C'est magique ! Quand on est tous descendus du second bus, il n'était pas en retard et avait de quoi combler un creux. J'ai vraiment eu l'impression d'être plongée dans les premières minutes du film de science-fiction. Avant que tout parte en cacahuète bien évidemment.
Certaines plantes sont si hautes qu'elles chatouillent mes coudes, oui mes coudes. Notre guide, un gars miniature qui parle tout le temps, il est plus petit que moi ! Nous a expliqué que dans ce parc national il y a un très grand nombre de plantes rares. Soit dit au passage, je ne savais pas qu'une plate pouvait être en voie de disparition. Certaines ont une odeur bien particulière, très sucrée et une autre plus rare ne peut pas être sentie par tout le monde.
D'après le guide, cette fleur est surnommée la plante fantôme. Les scientifiques expliquent que c'est grâce à une certaine connexion nerveuse que l'on peut la sentir ou non. En tout cas elle est visible par tous et c'est tant mieux, car elle est superbe.
Sur chacun de ses pétales ronde et blanche il y a un dégradé de couleur opale. C'est un peu comme voir la palette d'un peintre après des heures de frénésies créatrices.
La nature est tout bonnement incroyable. Dire qu'on la détruit.
Tout autour des trois arbres qui soutiennent notre cabane, il y a un lit de petits cailloux blanc qui tranche avec tout le vert et le marron ambiant. D'ailleurs, la nature, la vraie nature, à une odeur bien a elle aussi ! Et elle est bien loin des gaz d'échappement !
Digne d'un parfum d'exception.
Pour monter ranger nos affaires, il faut que l'on prenne place sur une nacelle en bois qui est hissée à la force des bras.
D'ailleurs, je suis scotchée. Seulement trois gaillards, aussi grands que notre guide et épais que moi, nous on monté nos valises, l'aventurier et moi en une seule fois ! Comme quoi il ne faut pas sous-estimer les petits hommes !
Tout en haut, hier soir comme ce matin, je me suis mise sur l'espèce de petit balcon en bois clair qui fait le tour de notre cabane. Et encore une fois, je me suis dit que le bel irlandais et moi on aurait été bien ici.
Toute cette beauté à tendance à me rendre nostalgique, je crois.
Tout en soufflant je rentre et cherche une bonne paire de chaussettes, tout à l'heure on part pour une randonnée dans le parc. Ils nous ont promis qu'on allait voir une troupe d'éléphants. Je n'en ai jamais vu autre que dans un zoo, zoo en tous genres très largement arpenté avec ma petite sœur.
— T'as du dentifrice ? La voix de Nikolas ne résonne pas, le bois ne rend pas d'écho.
Je lève les yeux et rentre de nouveau dans notre petit chez nous, ça me colle des frissons bien beurk de me dire que ceci est chez nous !
— Tiens, je ronchonne en lui tendant un tube qui ne fera pas long feu.
— 'Ci.
Tout en finissant de m'habiller, je vérifie mon portable, juste un mail de ma mère et une tonne de pub. Tiens encore un marabout qui prétend pouvoir lire les lignes de ma main à distance.
— Tout le monde est prêt ?
— Quelle gamelle remarque mon coloc' en passant devant moi torse nue avec le sourire aux lèvres. Y'avait ça, tient. Il me tend un petit flacon brun plein de pilules claires.
Pilules que j'utilise occasionnellement contre certains effets secondaires de mon traitement, de ma condition comme dirait certain !
Un frisson glacial traverse mon corps, de la tête aux pieds sans discontinuer. Tout ce que je suis capable d'entendre et de sentir c'est mon cœur qui manque d'exploser chaque seconde.
— Moi aussi j'ai le droit à une petite aide pour dormir, une aide légale. Qu'il me dit en me faisant un clin d'œil tout en se relevant. Il pose le tube dans mes mains et retourne dans la salle de bains.
J'esquisse un petit sourire de circonstance, je dois plutôt le grimacer et me jette sur mon sac qui trône près de mon lit, en bois lui aussi. Tout est en bois de toute façon. Je farfouille comme une dingue dedans, quelques fringues à l'hygiène douteuse valdinguent autour de moi. Quand, enfin ma main percute ma boîte de médicament je respire de nouveau, je cherche ensuite, avec la même frénésie mes réserves.
Tout est là ! Putain tout est là ! La boîte en carton qui est entre mes doigts se froisse quand je la serre dans mon poing, tout va bien. J'ai juste oublié de ranger cette maudite boîte à la con ! Je me laisse couler sur mon tas en bordel et soupire de soulagement.
Il n'est rien pour moi, mais je ne veux pas voir de la pitié dans son regard lubrique.
— Poisson ou poulet pour midi ? Beugle de nouveau Terry qui n'a décidément pas besoin d'un porte-voix pour se faire entendre.
— Poulet ! je lui réponds de la même façon, poisson pour Niko !
— Non du poulet ! qu'il hurle a son tour en sortant de la salle d'eau tout en m'envoyant sa serviette en pleine poire.
Il râle comme un putois tout en rappelant Terry pour essayer de changer le plat de son repas.
— T'es chié !
— Aller bouge toi, c'est l'heure.
Pendant qu'on se faisait descendre, drôle d'expression ça « se faire descendre ». Il n'a pas arrêté de me dire à quel point je suis chié comme il dit. De mon côté, je me suis bien marée.
— Vous avez tous préparé quelques affaires ? Ce soir, on dort à la belle étoile.
Je tique et fais une tronche de dix pieds de long. Je hais le camping !
— On va dormir ou ? je lui demande prête a prendre la tangente ou a m'enchaîner au premier arbre venu pour ne pas les suivre.
— Dans des hamacs, qui sont eux même dans des tentes.
— On a été méchant ? Couine l'aventurier entre deux jurons.
On se regarde, on est aussi désespéré l'un que l'autre.
— Pensez aux bébés éléphants. Minaude Terry en battant de cils.
Si on parle de bébés animaux, je veux bien faire un effet, c'est toujours mignon quand c'est petit !
— Vous prendre garde serpents !
— Allé ! tous dans la jeep !
— Serpents ??!
— Oui, pas très gros serpents, comme ça serpente !
— « Comme ça » ??? Mais ça fait un bon mètre !
— Et si personne ne monte dans la jeep, on lâche les lions !
Elle n'a peu eu le temps de finir sa phrase que je me suis auto éjectée dans la bagnole la tête la première.
— Tu crois vraiment qu'il y a des lions ici ? Me demande l'aventurier en se penchant vers moi.
— Pas sûr, je lui avoue en me posant la même question. Par contre, je le crois pour les serpents.
On se regarde de nouveau tout en hochant la tête de haut en bas avec de gros yeux. Du coin de l'œil, je regarde la rousse qui a un sourire diabolique accroché sur son visage de rouquine bien trop mignonne pour être honnête !
Dès que le moteur se met à ronronner, on se fait chahuter dans tous les sens. Avec elle, on s'enfonce dans la forêt, j'ai plus l'impression qu'elle nous avale vu sa densité !
Tout autour de nous, des petits singes nous regardent comme des bêtes curieuses, on est chez eux après tout. Le conducteur, un homme avec un chignon fouillis bien noir, nous explique que ces animaux ont été sauvés des particuliers peu scrupuleux ou de zoo tout aussi peu regardant sur la santé et le bien-être de leurs petits protégés. Il nous dit aussi que certains viennent de laboratoire et que malgré tout ils n'en tiennent pas rigueur à l'homme.
Chose incroyable quand même, on les a maltraités au possible et ces boules de poiles trouvent encore la force de ne pas en vouloir au genre humain dans sa globalité.
Comme quoi la nature n'est pas humaine.
Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant une autre grande porte en bois foncé, elle fait un bruit infernal quand elle s'ouvre. Un truc à mi-chemin entre un grincement strident et le croassement lugubre d'un corbeau.
Je me marre doucement en m'imaginant encore entrer dans Jurassic Park. J'aurais aimé que ça existe, le côté sanglant en moins quand même !
Très en moins.
— Qu'est ce qu'il te fait rire ?
— J'ai l'impression d'être dans Jurassic Park.
— Le film avec les lézards qui ont la dalle ??
— C'est pas des lézards...
— Quoi alors ?
— Théoriquement, ce sont des oiseaux.
— Ils ont sacrément bien évolué les poulets !!
— Dire qu'ils terminent chez KFC...
L'aventurier et moi on se marre comme des tordus, même le petit couple rit avec nous.
Terry en profite pour traduire notre connerie à l'accompagnateur, un homme au cheveu court et plus trapu que notre chauffeur. Il se retourne d'un coup et fait mine de grogner en montrant toutes ses dents. Avec ses mains, il imite un dinosaure qui essaie de nous attraper.
Une fois de plus, on part tous dans un fou rire qui résonne dans toute la forêt.
On fait une première pause près d'un plan d'eau. Je lorgne sur le repas de Nikolas et souris comme une bien heureuse quand je me rends compte qu'il a bien du poisson. Lui, il me regard et me promet une morte lente et douloureuse pendant que je croque dans mon poulet a pleine dent.
Petite NDA de fin lecteurs de mon coeur ! N'oublie pas de venir nous rejoindre sur le forum pour papoter !! et de laisser une marque de ton passage ^^
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