Le 25 mars.


Moi médecin, qui joue avec Loti. Rectification qui évite les griffes de ce Felis Catus !

Cette boule de poil est un démon !

Elle me saute dessus, enfonce ses griffes, me mordille, passe son temps à miauler ! C'est limite si je ne me fais pas embrouiller quand je rentre du boulot ou que j'ai oublié de changer sa litière. Le pire, je crois, c'est quand elle n'a plus à manger...


Elle est tellement mignonne...


Dans un bon mois je dois la faire stériliser, c'est que m'a dit la nana de la clinique véto de la rue Rivoli. Nadine, je crois. Bref, avant de passer la porte de la salle du personnel je sors mon portable et accède à mes photos.

Au passage je vois que j'ai encore des mails non lus... Je verrais plus tard, j'ai eu mon lot de pub pour un moment merci.

Avant qu'Andrew ne l'ouvre je lui montre le petit monstre qui m'a explosé les mains.

Finalement hier je ne lui ai rien envoyé, j'avais trop envie de le voir gagatiser en direct.

Ouais par ce qu'il a beau dire, mais il est comme tout le monde ! Que celui ou celle qui n'a jamais craqué devant une petite boule de poil qui dort les quatre fers en l'air et au nez rose lève la main !

— Quoi ? HOOOO... Je n'ai pas écouté la suite, de toute façon mon portable a miraculeusement disparu. De temps en temps j'entendais d'autres cris dans le même genre, signe que mon téléphone était encore dans le coin.

Finalement je le récupère bien plus tard dans la matinée. Pour être exact c'est ma secrétaire qui me le ramène avec mon millième, au moins, café. Et j'avais raison, mon collègue lui a ramené un super greffoir d'après lui.


Et si je me le collais direct en intraveineuse, je parle du café. Je regarde mes bras, heureusement qu'on peut piquer sur des griffures...

Saloperie.

La matinée se passe sans que je n'aie le temps de souffler. Il n'y a pas grand-chose à dire par le fait que personne ne mourra avant au moins huit mois... Une petite victoire en soit. Aller hop une autre tasse de kawa pour fêter ça !

— Docteur n'oubliez pas votre opération. Je relève les nez de mon portable, moi qui venais, à l'instant, de me décider de faire un peu de vide dans ma boîte mail... 15 h 15, salle jaune, ablation de la thyroïde de Monsieur Dumba. Me précise Gladisse ou Glad pour les intimes. Moi quoi.

C'est la belle infirmière que je ne dois en aucuns cas être présenté à mes parents...

Ni aux autres d'ailleurs... Non vraiment il ne faut pas. De toute façon elle se présente toute seule et se débrouille toujours pour prendre ce qu'il y a prendre. En d'autres termes, c'est une nana qui écoute ses envies.


Même si elle est carrément canon ! Elle est encore plus belle quand elle est entre mes cuisses... Stop ! Je suis au travail !

— Tiens. Elle me donne une assiette pleine de pâtes avec tout pleines de bonnes choses au passage elle vire mon portable des mains.

Merde...


Salope... Je sais c'est méchant, mais salope quand même.


— Alors comme ça tu as une petite boule de poil ?

Je ne fais qu'opiner du chef, notre relation n'est pas du tout basée sur de l'amour et tout le tintouin qui va avec. Du coup je ne vois pas pourquoi je ferais plus que le minimum syndical avec elle. Dans le fond je n'en ai jamais vraiment eu envie et quand je me forçais ça sonnait vraiment faux.

Elle baragouine je ne sais quoi encore une bonne heure avant qu'elle ne se fasse appeler, tout ce que j'ai retenu c'est qu'elle veut venir à la maison bientôt.


Sa sans-souci. Tant qu'elle joue plus avec moi qu'avec Loti moi je suis prenant.

Je n'ai pas regardé mon portable quand elle était la car elle se mêle de tout, elle est du genre a avoir un avis sur tout et tout le monde et là ça me fait bien chier.


Du coup me voilà à quelques mètres de la salle jaune pour aller me laver les mains, en pleine exploration de mes mails. Darty le retour, la Fnac l'éternel, mails frauduleux d'EDF bonjour, connerie forever, a voir plus tard, de la merde et .... ho bordel !


Là !! Un mail venant de Loti Alice ! Juste sous mon pouce, je m'arrête à quelques centimètres de la porte de sécurité les yeux figés dessus. Je suis figé tout juste capable de respirer, ma main de libre se fige sur mes cheveux et je regarde partout autour de moi pour partager ma joie, par ce que oui je suis joyeux comme un môme devant un énorme paquet de bonbons, mais je suis surtout tout seul comme un con dans le couloir.


— Putain.... Je souffle tout bas en reposant enfin mes yeux sur mon précieux.

— Alors tu fou quoi ?! me demande l'anesthésiste un peu en colère, au passage il me fait sursauter.


Je regarde l'horloge murale. Il n'est que 15 h 41...


Pas le temps d'en dire plus que je me fais embarquer comme un bleu dans la salle, on me déleste de mon portable pour mieux faire de moi le chirurgien qu'on attend que je sois.

Je me prépare minutieusement en secouant légèrement la tête de gauche à droite, pétard...

Pendant que quelqu'un me relit le dossier, je me saisis du scalpel et regarde la gorge que je dois soigner. Pour aller un peu plus vite, je suis bien tenté d'arracher cette foutue thyroïde à la con avec mes dents...


Je pince mes lèvres en faisant une drôle de grimace.


L'impatience me va mal. Je vais me la jouer soft... Je crois que c'est mieux... Pour tout le monde. Je m'étire la nuque et entre la peau du chirurgien.


Pendant que je suis en plein effort, l'une des infirmières de bloc se met à danser sur ce qu'il passe à la radio et une autre à chanter. Ca se finit par une imitation pourrit de la Macarena avec des déhanchements dégelasse sur un tube sordide des années 80. Non je n'y ai pas participé, pas pu du moins avec les mains en pleine action ça aurait fait désordre, mais j'ai chanté !


Une version un peu plus gore quand même, il faut se l'avouer je suis un très mauvais chanteur.


Si quelqu'un se demande un jour ce qu'il se passe dans un bloc, dites-vous que vous dormez, et que c'est mieux ainsi.


17 heures sonne quand je sors enfin du bloc je me précipite sur mon portable, je tiens à préciser que mon patient va bien, juste comme ça.


Au cas où.

De : Loti Alice

À : Apps Dorian.


Comment va mon très cher Oncologue ? De mon côté tout va bien dans le pays des lutins. Que vous dire de plus ? Je prends mon traitement tous les jours, je visite beaucoup, je ne vomis presque pas. Du moins qu'une fois par jours...

Tout ceci n'est pas très utile, en faite je vous écris ce soir pour vous montrer que vous vous trompez. Et non je n'ai pas honte de faire la leçon à mon médecin. Vous trouverez donc ci-joint quelques photos ou vous verrez avec un gobelet rempli de bière. Je vous vois d'ici faire la tête, la même que quand je vous ai annoncé que je partais en voyage. Autant vous dire que non je n'ai pas été malade. Pas plus que d'habitude du moins...


Je vous laisse profiter de mes photos qui a mon avis valent plus qu'une thèse, anti thèse et conclusion !


Bonne journée !!


Heureusement que je viens de m'asseoir... La... Je regarde les photos qu'elle m'a en effet envoyées en pièce jointe. Je la vois sourire à l'objectif avec un gobelet vert remplit, sur une autre un grand gaillard roux tout sourire la tient par la nuque et fait mine une de lui lécher la joue pendant qu'il prend la photo sur celle-là aussi elle part dans un fou rire. Sur toutes les autres je l'ai vois toujours aussi souriante et pleine de vie.

Je me mets aussi à sourire quand je me rends compte que le vernis qu'elle porte est fuchsia et qu'il est tout écaillé.

Je me relève pour fermer la porte de mon bureau avant de m'asseoir de nouveau, mon portable collé dans ma main.


De : Apps Dorian

À : Loti Alice

Objet : Pourquoi ne pas avoir mis d'objet ?

Votre très cher Oncologue va très bien, même si je dois bien avouer que votre nouveau ? Vice n'est pas forcement à mon goût, d'un point de vue purement médical bien sur ! Pour le reste...


D'après ce que je vois, il fait beau au pays des lutins et les gens sont... Chaleureux ?

Niveau traitement vous avez ce qu'il faut ?

Vous dites que vous visitez, je veux bien vous croire, mais cela ne colle pas trop avec les photos que vous m'avez envoyées.


Bonne journée à vous aussi.


Je suis obligé de préciser que je souris comme un con ?


Putain ! Ce que je suis vulgaire aujourd'hui !! 

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