Le 22 mars.

Moi, malade dans un taxi irlandais qui put.

Je ne sais pas ce qu'il sent le plus mauvais, le gars du taxi ou ce vieux tacot ?

Le pire, enfin tout dépend du point de vue, c'est que ce vieux gars est super sympa. Un peu du genre le vieil oncle qu'on une voit qu'une fois tous les 36 du mois, mais qui arrive toujours les bras chargés de tout et de rien et qui vous fait rire de mille façons.

La route vers le sud du pays se passe plutôt bien, le chauffeur et moi nous comprenons d'une certaine façon. Entre explosion de rires, mouvements de sourcils très particuliers et bruits en tous genres.

Il y a aussi les imitations, ha les imitations...

Je ne sais pas vraiment comment, mais nous avons fini par imiter le gorille... Enfin lui en lâchant le volant. C'était hilarant ! Il a vraiment tout fait les gestes, bruits tout !

Alors oui voir cet homme qui attaque la cinquantaine imiter cet animal pendant que je me tordais de rire sur la banquette arrière restera définitivement un très bon souvenir !

Bref, tout ça pour me dire qu'il y avait un zoo pas loin de la chambre d'hôte que j'allais squatter pendant les quinze prochains jours. Dire que dans quinze jours je retourne en France...

Enfin que quelques jours ! Puisqu'après c'est direction le Boutant ! Deux pays qui sont dans un autre monde ! Et ce n'est que le début...


Quand j'arrive devant la chambre d'hôte, je ne peux m'empêcher de penser à ma mère. Elle aurait adoré cette bâtisse, toute en pierre, aux volets de couleurs criardes et avec des jardinières bien remplis à chaque fenêtre. Je laisse tomber au sol mes deux bagages et prends en photo cette grande maison, histoire de compléter ce tableau il y a une vielle dame qui attend sur le pas de la porte.

Elle est souriante et quand elle me voit prendre une photo elle se met à taper la pose. Elle appuie simplement son épaule et sa petite tête grisonnante contre le chambranle de la porte, peint lui aussi en couleur, et me sourit doucement. Un peu comme ma bonne vieille grand-mère. 




Terrassé par un cancer de la gorge.

Ironie du sort bonjour !


Finalement je prends au minimum trois millions de photos, au minimum, mais je n'en envoie que deux à ma mère. Une globale et une avec un gros plan de la petite dame qui m'attend toujours.

— Tu es la petite franchie ? Elle me demande avec une voix chevrotante et avec un accent de grand malade. La petite mamie part dans un fou rire à s'en décrocher une cote quand elle voit ma tête. Remarque j'ai été si choqué de l'entendre parler, baragouiner, dans ma langue que j'aie fait un arrêt sur image avec les yeux écarquillés et sûrement la bouche légèrement ouverte.

Pour le coup je pense que le filet de bave n'était pas en option.


— Viens t'installer jeune fille, ton repas est prêt. Je n'ai pas eu le temps de répondre qu'un jeune homme, franchement à mon goût, sort, pieds nus, et viens vers moi. Sans un mot, mais avec un sourire à faire fondre... soyons polis n'allons pas au bout de ma pensée.

Mais il est clairement canon ! Il vient, s'empare de mes deux valises et rentre chez lui toujours aussi silencieux et souriant. Je me tourne vers le vieux gars du taxi et lui fais un clin d'œil vraiment exagéré, celui qui nous fait ouvrir la bouche et tout. Il me répond en levant ses deux pouces et les agite de haut en bas.

Y'a pas à dire je l'adore lui et son vieux tacot puant.


Dans ma chambre je prends un peu de temps pour refaire mon pilulier et ranger mon bazar de nana.

Quand je regarde par la fenêtre de ma chambre la mer est à perte de vue. Il n'y a pas franchement foule et quelques parts je trouve ça bien. J'aime la foule et le bruit, j'aime le mouvement et les odeurs de la ville et des gens. Mais ici, tout ça n'a pas sa place. C'est un peu comme un sanctuaire. Un endroit où l'on vient se ressourcer. Se rappeler qui on est.

Ce soir ma cicatrice sur mon sein droit me tiraille un peu sûrement le temps. Il vire au gris depuis quelques heures. Je soulève mon haut et me place devant un miroir.

— Je te préviens ma petite vérole d'amour si tu me fais chier je te scalpe moi-même et te remplace par une prothèse ! 

En bas, il y a un vrai festin sur la table en bois aussi épaisse que haute, tant de choses qu'il y a de quoi nourrir une cargaison de soldat ! C'est un « TTTTTTTT » très autoritaire qui me fait sortir de mes pensées, la vieille petite mamie est en train de taper la main de mon futur quatre heures avec une spatule en bois. Ce dernier a essayé de lui piquer un genre de cookies juste énorme. Lui, le cookie j'entends, pas mon futur quatre heures, il faut plus un bol énorme qu'on trouve dans les boutiques de nos parcs d'attractions préférés pour le tremper dans du lait qu'un petit bol classique.

Type saladier quoi. 


Elle s'approche de moi et m'en propose un, bien sûr j'en prends un et croque dedans à pleines dents en regardant le beau gosse tout en faisant un mouvement, à peine, provocateur avec mes sourcils. Il a marmonné quelque chose dans sa langue en levant les yeux au ciel ce à quoi a répondu la petite mamie par un nouveau « TTTTTT ».

J'ai ri.

Il m'a regardé. 

Il a ri.

Heureusement que je ne manque pas d'éducation sinon je lui aurais sauté dessus comme une chatte en chaleur...

Il faut que je demande à mon oncologue si le traitement provoque des attaques de libido... 

Peut être pas en faite...

Quand la couverture téléphonique fit son grand retour, car mon portable ne cesse de sonner pour tel ou tels nocifs' 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top